Dans cet état de choses, une grave détermination fut prise par Charles X et ses ministres. Le coup d’éventail donné par le dey d’Alger au consul français était jusque-là resté impuni. Encouragé par la faiblesse que révélaient dans le gouvernement français trois ans d’un blocus inutile, le dey d’Alger avait fait canonner le vaisseau d’un parlementaire, et forcé notre consul à Tripoli de quitter son poste en toute hâte. Où s’arrêterait l’outrage ? Combien de temps durerait l’impunité ? Une expédition contre les pirates d’Afrique fut résolue.
La Russie appuya fortement ce projet. La France lui plaisait campée sur la rive africaine de la Méditerranée, parce qu’elle pouvait y tenir en échec la souveraineté maritime des Anglais dans ces parages.
Sur ces entrefaites, deux hommes d’un esprit aventureux, MM. Drovetti et Liveron, arrivèrent à Paris. Ils se donnèrent aux ministres de Charles X pour les envoyés de Méhémet-Ali. Le pacha d’Égypte, disaient-ils, consentait à courir sus aux pirates, à envahir leur repaire, et à venger sur leur chef les injures de la France.
Ces singulières ouvertures, combattues vivement par MM. de Bourmont, ministre de la guerre, d’Haussez, ministre de la marine, de Guernon-Ranville et Courvoisier, reçurent au contraire du prince de Polignac l’accueil le plus empressé. Il les fit agréer au roi ; et, sans que le conseil eût été consulté, un traité fut conclu. Il contenait des stipulations étranges : la France s’engageait à fournir à Méhémet-Ali dix millions, des moyens de trans-