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une main gantée tient une fiole d'eau dans laquelle flottent de minuscules morceaux de plastique
La présence de microplastiques dans l’environnement est un problème mondial en pleine croissance. (Shutterstock)

Les microplastiques contaminent les Grands Lacs. Il faut diminuer la production et la consommation de plastique

Difficile de trouver un coin du monde sans microplastiques, ces particules qui mesurent moins de cinq millimètres. Elles contaminent l’eau potable, s’accumulent dans les aliments que l’on mange et ont été détectées dans le corps humain, notamment dans le sang, les organes, le placenta, le sperme et le lait maternel.

En avril dernier, des délégués de partout sur la planète se sont réunis à Ottawa pour le quatrième comité intergouvernemental de négociation chargé d’élaborer un traité international contraignant sur la pollution plastique. Cette rencontre a constitué une occasion unique de définir des stratégies pour lutter contre les impacts des plastiques, incluant les microplastiques, sur la santé humaine et l’environnement.

Mais savons-nous vraiment ce qu’il faudrait faire pour limiter l’accroissement des microplastiques dans l’environnement ?


Nos lacs : leurs secrets, leurs défis, est une série produite par La Conversation/The Conversation.

Cet article fait partie de notre série Nos lacs : leurs secrets, leurs défis. Cet été, La Conversation vous propose une baignade fascinante dans nos lacs. Armés de leurs loupes, microscopes ou lunettes de plongée, nos scientifiques se penchent sur leur biodiversité, les processus qui s’y produisent et les enjeux auxquels ils font face. Ne manquez pas nos articles sur ces plans d’eau d’une richesse inouïe !

La pollution plastique le long des côtes constitue un défi majeur pour les Grands Lacs : 86 % des déchets ramassés sur leurs plages sont partiellement ou totalement composés de plastique. Cette situation est inquiétante, car ces étendues d’eau approvisionnent 40 millions de personnes en eau potable et représentent un PIB combiné de 6 000 milliards de dollars. Or, de récentes études montrent que l’on atteint des niveaux de milliers de particules de microplastique par mètre cube dans certaines zones des lacs.

CBC News se penche sur la quantité de microplastiques dans les Grands Lacs.

Gestion des déchets plastiques

Il est peu probable que l’amélioration de la gestion des déchets suffise à résoudre le problème de la pollution par microplastique dans les Grands Lacs. Prenons l’un des déchets les plus couramment trouvés sur les plages : une bouteille de 500 ml en plastique. Si elle n’est pas ramassée et envoyée dans un centre d’enfouissement ou recyclée, elle se décomposera au fil des ans en microplastiques ; la désintégration complète de la bouteille en particules de 100 micromètres produit 25 millions de microplastiques.

À partir des concentrations de microplastiques observées et des débits d’eau des Grands Lacs, nous pouvons estimer les quantités annuelles de plastique qui doivent pénétrer dans les lacs pour correspondre aux concentrations de microplastiques observées.

Pour le lac Supérieur, cela représente la masse de plastique contenue dans 1 000 bouteilles. Mais le lac Supérieur est le plus propre des Grands Lacs. Pour les lacs Huron, Michigan, Érié et Ontario, les estimations sont respectivement de 3 000, 2 millions, 18 000 et 9 millions de bouteilles.

Selon les estimations du gouvernement fédéral, les Canadiens vivant dans le bassin des Grands Lacs jettent chaque année plus de 1,5 million de tonnes de déchets plastiques, soit l’équivalent de 64 milliards de bouteilles de 500 ml. Avec les États-Unis, la quantité totale de déchets plastiques dans le bassin des Grands Lacs s’élève à 21 millions de tonnes par an (soit 821 milliards de bouteilles de 500 ml).


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La fraction des déchets plastiques mal gérés qui s’infiltre dans l’environnement parce qu’elle n’est pas recyclée, incinérée ou enfouie est estimée àde 4 % à 7 % pour le Canada et les États-Unis.

Selon nos calculs, cela signifie qu’il faudrait moins de 0,001 % de la masse totale de plastique consommée annuellement dans le bassin des Grands Lacs pour générer le nombre de microplastiques présents dans les lacs. En d’autres termes, seulement 0,02 % des déchets plastiques mal gérés suffisent à expliquer les concentrations de microplastiques dans les Grands Lacs. Les 99,8 % qui restent se retrouvent sous forme de déchets de taille macro ou micro dans les sols, les cours d’eau, les étangs, les plages et le biote.

déchets plastiques sur le sol avec du bois flotté
Déchets plastiques sur les rives du lac Érié. (Shutterstock)

Ces calculs indiquent que la dispersion de particules microplastiques au cours de la durée de vie d’un produit, même très faibles et probablement inévitables, peut entraîner une accumulation importante de microplastiques dans l’environnement, y compris dans des zones très éloignées de la source de ces particules.

Si une meilleure gestion des déchets plastiques peut contribuer à réduire la pollution par les microplastiques, cela ne suffira pas à faire baisser les concentrations de microplastiques dans les cinq Grands Lacs.

Réduire la pollution

La pollution par les microplastiques provient non seulement des déchets présents dans l’environnement, mais aussi du plastique jeté à la poubelle. Même les plastiques à longue durée de vie, utilisés notamment dans le secteur de la construction, libèrent des microplastiques sous l’effet de l’usure naturelle.

Une fois qu’ils pénètrent dans un écosystème, les microplastiques deviennent extrêmement difficiles et coûteux à nettoyer. Le recyclage demeure la meilleure option dont on dispose actuellement, mais il a été démontré que ce processus produit également des microplastiques.

À l’heure actuelle, moins de 10 % du plastique produit dans le monde est recyclé. Comme la production de plastique devrait tripler d’ici 2060, la mise en place d’une économie du plastique entièrement circulaire – où tout le plastique est recyclé sans diffusion de particules microplastiques – représente un immense défi économique, social, environnemental et technologique.

En outre, il faudrait de nombreuses années pour instaurer un tel système, alors que la pollution par les microplastiques ne cesse de s’aggraver. Si nous voulons réellement réduire les concentrations de microplastiques dans l’environnement, nous devons commencer dès aujourd’hui à diminuer la production et la consommation de plastique.

This article was originally published in English

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