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Une collection allemande de documents pédagogiques : Monumenta Germaniæ pædagogica

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Une collection allemande de documents pédagogiques : Monumenta Germaniæ pædagogica
Revue pédagogique, premier semestre 1887 (p. 537-544).

UNE COLLECTION ALLEMANDE
DE DOCUMENTS PÉDAGOGIQUES


Monumenta Germaniae paedagogica, publiés sous la direction du Dr Karl Kehrbach, à Berlin, chez Hofmann et Cie [1].

1er Volume : Braunschweigische Schulordnungen von den ällesten Zeiten bis zum Jahr 1828. Herausgegeben von Professor Dr Friedrich Koldewey, Direktor des herzoglichen Realgymnasiums in Braunschweig. (Règlements scolaires de Brunswick depuis les temps les plus anciens jusqu’en 1828. Édité par M. Koldewey, directeur du Realgymnase de Brunswick.)

Un certain nombre de savants ont entrepris de publier une vaste collection de documents pédagogiques des pays de langue allemande. Ils ont pensé fort justement qu’aucune étude, aucun commentaire ne valait les textes eux-mêmes, et que c’est par ceux-ci qu’il convient de commencer. On disserte parfois longuement sur les faits et gestes des anciens, et l’on oublie d’éclairer la lanterne, c’est-à-dire de mettre sous les yeux du public les documents primitifs et originaux.

Il est vrai que la plupart du temps ces documents sont dispersés, perdus soit dans des brochures, soit dans des volumes épars ou épuisés, soit même dans des archives inédites.

Ce qui importe, dans les questions scolaires, se sont, non seulement les grandes lignes, les principes généraux, mais aussi les mesures d’application, les détails, les programmes, les mille menus faits qui font pénétrer dans la vie des maîtres et des élèves.

C’est là ce que cette vaste et curieuse publication se propose de mettre à la portée de tous, en réunissant dans une série de volumes tout ce qui concerne l’histoire de l’enseignement dans les pays de langue allemande. Or, pour une longue suite d’années, pour des siècles entiers, il n’y a pas de différence sensible entre ces pays et les autres ; le centre de l’Europe ne diffère pas beaucoup de l’Occident et l’histoire pédagogique de l’Allemagne est à peu de choses près celle de la France, pour tout le moyen âge par exemple.

Les éditeurs comprennent, dans ces documents pédagogiques, dans ces « monuments » comme ils les appellent, les règlements scolaires, les programmes, les emplois du temps, les circulaires, les livres de classe, dont l’énumération, la description et souvent même la réimpression offriront une étude du plus sérieux intérêt, des mélanges pédagogiques, des réimpressions de brochures, des correspondances, des monographies, telles que l’histoire de pédagogues éminents ou d’importantes institutions.

Des hommes compétents se sont mis courageusement à la besogne, les matériaux s’accumulent ; les volumes se préparent. Déjà le premier volume paru donne un idée de l’utilité et de l’intérêt d’une telle collection. Il contient les règlements scolaires de la ville de Brunswick depuis les temps les plus reculés jusqu’à l’année 1828, qui a été décisive dans cette cité et lui a ouvert des voies nouvelles.

Les autres volumes se succéderont rapidement. Voici que nous recevons le deuxième, qui contient les institutions et règlements scolaires de la Société de Jésus de 1541 à 1599. Viendront ensuite les catéchismes des Frères moraves, réimprimés, annotés, expliqués, avec une étude sur les procédés pédagogiques de Herrnhut. Ensuite une histoire de l’enseignement des mathématiques au moyen âge ; puis les règlements scolaires de la Saxe, de la Basse-Autriche, de la Suisse allemande, des provinces de Prusse, de la Bavière, du Wurtemberg, de Bade, des villes Hanséatiques, etc.

On nous annonce un volume sur les grammaires allemandes au xvie siècle, un autre sur l’enseignement de la géographie à la même époque, un autre sur l’éducation des princes et princesses dans les maisons de Saxe, de Hohenzollern, de Habsbourg : une histoire de l’éducation militaire, etc., plus des études, au point de vue pédagogique, sur Erasme, Mélanchthon et autres.

Si l’on en juge par les pages déjà publiées, la collection sera complète, sérieuse, impartiale, et offrira aux historiens et aux pédagogues des sources précieuses pour la pureté et la richesse des informations.

Tout n’a évidemment pas la même valeur, et un gros volume in-8° de 600 pages consacré exclusivement à éditer les règlements scolaires de la ville de Brunswick peut paraître excessif et surabondant. Qu’est-ce que Brunswick, dira-t-on, pour qu’on lui donne une telle importance ? C’était une ville libre, une des cités de la Ligue Hanséatique, un grand entrepôt de commerce, et à ce titre, elle occupait une place considérable. Elle a, au xvie siècle, adopté la réformation avec ardeur, elle a eu l’honneur de posséder le célèbre réformateur Bugenhagen, l’ami et le confrère de Luther. On peut voir en elle un type intéressant ; sa vie civile, sa vie politique, sa vie locale ne manquent ni d’activité ni d’originalité. De plus, elle fournit des documents curieux sur le mouvement scolaire à toutes les époques de son histoire.

À Brunswick comme ailleurs, c’est l’Église au moyen âge qui a fondé les premières écoles. Elles étaient destinées à former des clercs et se rattachaient aux églises et aux couvents. Les plus anciennes connues de Brunswick sont celles des églises de Saint-Blaise et de Saint-Cyriace et celle du couvent de Sainte Égidie, fondées respectivement au xie, au xiie et au xive siècles.

Le troisième et le quatrième concile de Latran (1179 et 1215) avaient décidé qu’il devrait être accordé un « bénéfice » à un chanoine, à un maître auprès de chaque église cathédrale pour enseigner les clercs de l’église et donner gratuitement l’instruction à un certain nombre d’écoliers pauvres.

Le plus ancien document publié par le recueil des Monumenta date de 1951. C’est un jugement rendu par le duc Othon qui fixe les droits respectifs du Chapitre de Saint-Blaise et du Scholasticus, c’est-à-dire du chanoine spécialement chargé de l’école. Il y avait eu des difficultés, des conflits, des exigences réciproquement repoussées.

Le duc Othon décide que le maître d’école couchera dans le dortoir des enfants, comme faisaient ses prédécesseurs, les réveillera le matin, les mènera aux matines et y assistera, et corrigera, quand il y aura lieu, leurs « insolences ». Il surveillera la discipline du chœur, les études des écoliers, qui ont « hélas ! singulièrement baissé » ;  : l mènera ses élèves à la messe, il leur donnera des leçons lui-même, il les fera chanter au chœur, etc.

Il touchera deux écus par élève, mais il n’aura pas le droit d’expulser de l’école celui qui ne paierait pas ; il en réfèrent au doyen du chapitre.

Si le maître d’école enfreint ce règlement, s’il désobéit au doyen, il sera soumis à des peines que le duc Othor expose minutieusement. IL devra demander pardon à genoux au doyen et au chapitre : il sera condamné aux aliments du jeûne, sauf le dimanche, il aura un vêtement de deuil, il occupera une stalle infime dans le chœur, il devra y arriver le premier, en sortir le dernier, et il n’y remplira plus son office de chanoine, qui sera tenu par un autre tout le temps de sa pénitence. Il sera de plus soumis à une assez forte amende.

Cette situation difficile et humiliante était faite aussi aux maîtres des deux autres écoles de Brunswick. Seulement ils n’y appartenaient pas au chapitre ; ils étaient de simples subordonnés et ne trouvaient sans doute dans les dons en nature, qui tenaient presque toujours lieu de rémunération que de médiocres avantages ; car ils s’efforçaient de quitter la place le plus tôt possible pour devenir de pauvres prêtres de campagne.

Les écoliers de ces établissements étaient de deux sortes. Les uns étaient les novices, destinés dès l’enfance par leur famille à entrer dans les ordres ou dans un couvent ; ils étaient pour la plupart de familles riches, qui leur assuraient comme dot une certaine somme pour payer l’écolage, l’entretien et tout l’ensemble de la vocation. C’est pour eux proprement que l’école était fondée, les couvents ayant intérêt à préparer et à assouplir les esprits de bonne heure. Aussi prenaient-ils les enfants des leur plus bas âge Les autres écoliers, les laïques reçus par charité, étaient appelés tout bonnement « les pauvres ». Ils étaient presque toujours séparés de leurs camarades, riches, internes et destinés aux ordres : ils formaient l’école x extérieure », et les autres l’école « intérieure ».

Les enfants « pauvres », appartenant aux habitants de la ville ou des environs, venaient frapper à la porte des couvents ; on en recevait un certain nombre. Des legs et des fondations pieuses fournissaient à quelques-uns l’écolage et la nourriture ; les autres allaient mendier de porte en porte dans l’intervalle des classes en chantant des cantiques. Le nombre de ces écoliers mendiants alla grandissant dès le xiiie siècle : plusieurs même portaient déjà barbe au menton et n’étaient en réalité que des vagabonds de la pire espèce, insolents et voleurs. On sait qu’au temps de Luther la coutume des écoliers pauvres d’aller mendier leur pain en chantant par les rues subsistait encore, puisque lui-mème raconte comme une chose toute naturelle qu’il a fait ce métier dans son enfance.

Les règlements de Brunswick portent la trace de donations qui assuraient l’instruction gratuite, des dons de pain, même d’argent. et un asile au dortoir en échange d’un service régulier dans les chants du culte.

Les écoliers ainsi favorisés étaient appelés « choristes », et l’on avait un soin particulier de ceux qui se distinguaient par une belle voix.

La discipline de ces temps était rude. C’était pure douceur quand le maître se bornait à donner des soufflets, à tirer d’importance les cheveux et les oreilles. Le bâton ne quittait guère sa main, même quand il se promenait avec ses élèves les jours de fête : c’était l’insigne de sa charge. Les plus grands garçons, presque des jeunes gens, n’étaient pas l’abri des coups. Être à l’école s’appelait couramment « être sous la verge », et pour désigner les écoliers, on disait « les enfants sous le joug », pueri subjugales.

En 1370, les abbés des trois chapitres de Saint-Blaise, Saint-Cyriace et Saint-Égidie se rassemblent et font un règlement commun pour obvier à des abus et à des conflits qui s’étaient introduits et rédiger une sorte de loi d’instruction publique, réduite encore à ses premiers éléments, portant presque entièrement sur l’ordre, la discipline, les rapports des écoliers des différentes écoles et le paiement de l’écolage.

On sait que les études de ce temps, toutes faites en latin, portaient sur le trivium’', c’est-à-dire les trois branches suivantes : la Grammaire, la rhétorique et la dialectique. Dans certaines écoles, on pratiquait le quadrivium, c’est-à-dire qu’on ajoutait l’étude de la musique, pratique et théorie, composition, etc. On attachait à la musique la plus grande importance. Sans elle, les cérémonies du culte ne pouvaient avoir lieu, et moines et bourgeois tenaient avant tout à la régularité, à la beauté, à l’habileté du chœur.

La monotonie de la vie scolaire était coupée par des fêtes assez nombreuses, dont quelques-unes, comme la « fête de l’évêque », se composaient de bouffonneries étranges. Les écoliers prenaient l’on d’entre eux pour faire un évêque, un abbé, et le promenaient par les rues en grand costume avec tout l’attirail ordinaire des processions, cierges, chants grotesques, bénédictions, etc. La population prenait part à ces sortes de saturnales qui se terminaient toujours pur des batteries, des excès de boisson et des débauches.

De nombreuses ordonnances cherchèrent à mettre fin à ces coutumes, mais en vain. Celle de 4407, qui nous a été conservée, fait un triste tableau des mœurs des écoliers de ce temps.

Les maîtres, paraît-il, ne valaient pas beaucoup mieux. On nous les montre cherchant à se soustraire réciproquement leurs élèves, se faisant remplacer par des auxiliaires d’une ignorance crasse. Ils sont eux-mêmes légers et déshonnêtes ; leurs mauvaises mœurs sont d’un détestable exemple ; ils se querellent et se battent, traitent avec brutalité les enfants, quittent la classe au beau milieu d’une leçon, et abandonnent leurs élèves à la paresse, à la dissipation et au désordre.

La Réformation vint à point pour introduire dans ce domaine un esprit nouveau. Elle donna à l’enseignement public une meilleure direction et une impulsion vigoureuse. C’est le célèbre Poméranien Jean Bugenhagen qui fut envoyé à Brunswick, sur la demande des habitants, pour y organiser la réforme. Le règlement qu’il édicta en 1528 est d’une importance capitale. Il reproduit en réalité les idées que Luther et Mélanchthon exposaient et faisaient appliquer ailleurs. Mais Bugenhagen y apporte un zèle, une chaleur, un entrain qui lui font une place à part. Il recommande aux parents, avec une généreuse insistance, l’instruction et l’éducation de leurs enfants, au nom de leurs intérêts temporels et spirituels, pour la vie présente, pour la vie éternelle, pour le bien et la prospérité de l’État. On peut dire qu’il leur impose d’envoyer leurs enfants à l’école autant qu’on peut le faire sans employer de moyens matériels de coercition ; c’est une véritable obligation morale qu’il leur crée. Négliger ce devoir, c’est dit-il, fouler aux pieds ses devoirs de père, de chrétien, de citoyen, toutes ses obligations envers l’Église et envers l’État.

Il décrit les avantages de toute sorte que l’enfant doit retirer de l’école. Honte, s’écrie-t-il, à celui qui. pur indifférence ou par avarice éloigne ses enfants de cette source féconde de bénédictions !

C’était là un langage nouveau, une éloquence pénétrante, des arguments inouïs jusqu’à ce jour. Jamais on n’avait ainsi parlé des écoles ; jamais elles n’avaient pris une telle place dans la vie publique et privée.

Les traitements des maîtres sont augmentés ; on leur accorde un traitement fixe, un logement, une portion de l’écolage. D’autre part le prix de l’école est diminué ; les familles riches ne paient pour leurs fils que huit gros, les familles modestes six gros, les enfants pauvres sont reçus gratuitement « pour l’amour de Dieu ». La moitié de l’écolage est pour le directeur ; l’autre moitié est distribuée aux maîtres.

En fait, les pasteurs ne touchent pas beaucoup plus que les instituteurs ; ce qui ne veut pas dire que la bonne volonté du réformateur ait été toujours couronnée de succès. On voit encore des maîtres obligés de recourir parfois à l’hospitalité de la table des habitants.

En se chargeant de payer les traitements, la ville prenait le droit de nomination des maîtres. Cette innovation fut favorable ; les choix furent plus sérieux.

Bugenhagen, dans son grand règlement de 1528, est entré dans tous les détails ; il a tracé le programme des écoles latines, et y a ajouté les éléments du grec et de l’hébreu. Il a divisé l’enseignement classique en trois étages, pour ainsi dire, de telle sorte que les élèves puissent quitter l’école, selon les besoins de leur famille ou leurs propres facultés, après avoir parcouru l’un de ces cycles. Le troisième était destiné au petit nombre seulement, à ceux qui se préparaient aux études universitaires.

Il réorganise les écoles « allemandes », passablement négligées ; leur programme sans doute est modeste, et néanmoins l’écolage y est plus cher que dans les écoles latines, d’une part, dit le règlement, parce que les écoliers y restent moins de temps, et d’autre part, parce que les maîtres ne touchent pas de traitement par ailleurs.

Une des parties les plus remarquables de l’œuvre scolaire de Bugeuhagen, c’est la création d’écoles de filles. Il en établit quatre dans les différents quartiers de la ville, afin que les jeunes filles n’aient pas à aller trop loin de leur demeure paternelle ; les institutrices seront choisies parmi les femmes de bonne réputation et bien instruites dans l’Évangile. De tels établissements n’existaient pas jusque-là ; on n’y avait pas songé ; le besoin ne s’en était pas encore fait sentir.

Le règlement trace un programme peu étendu, qui peut être rempli, dit-il, ea un an et au plus en deux ans. « Des jeunes filles qui auront passé par cette école, ajoute-l-il, feront des femmes utiles, habiles, joyeuses, aimables, obéissantes, craignant Dieu, non légères et têtues, qui sauront mener leur maison en tout bien tout honneur et élever leurs propres enfants dans l’obéissance, l’honneur et la crainte de Dieu. »

L’idée était féconde autant que nouvelle ; mais elle dépassait l’époque où elle était émise pour la première fois. Les écoles de filles furent probablement créées à Brunswick ; elles ne paraissent pas avoir duré longtemps. Du moins on n’en retrouve plus trace dans les nombreux documents qui suivent.

Ils se succèdent à intervalles assez rapprochés, pendant tout le xvie et le xviie siècles. Ils ont pour objet de corriger et de compléter les programmes.

Il serait intéressant de les suivre un à un. Ils forment un tableau curieux de la vie scolaire et des progrès de l’instruction. On s’éloigne de plus en plus du trivium et du quadrivium. Le xviiie siècle surtout apporte de sérieux changements. Un des documents les plus étendus est celui de 1755. Il embrasse d’une manière méthodique tout l’ensemble des grandes écoles de la ville, l’inspection, l’enseignement, le choix des maîtres, leurs obligations, leur hiérarchie, leur traitement, les obligations des élèves, la discipline, l’enseignement, les classes, les études, l’assistance aux cultes et la participation aux enterrements, les fêtes, les congés, les vacances, les devoirs des parents, l’enseignement à la maison, etc. C’est une véritable encyclopédie pédagogique, dont une foule de traits jettent un jour curieux sur les idées et les habitudes de la bourgeoisie de cette époque.

L’année 18283 marque une ère nouvelle dans l’histoire de l’enseignement de la cité. On sentait depuis quelques années un relâchement et une décadence. Les études classiques baissaient ; les classes étaient envahies par une foule d’élèves paresseux, inintelligents, qui se traînaient avec peine et entravaient la marche des autres. Un pédagogue distingué, Scheffler, avait proposé un remède ; c’était de transformer l’un des deux collèges classiques en une école réale. Ses plans attirèrent l’attention, mais soulevèrent une opposition très vive.

Peu de temps après. on fit venir du dehors un homme éminent, connu déjà par les services qu’il avait rendus à l’enseignement ; c’était Friedemann. « Nous attendons de vous de grandes choses, » lui avait dit le surintendant général en l’installant.

En effet, comme il n’était pas de la ville, il n’avait pas les mêmes ménagements à garder que ses prédécesseurs ; il se mit à l’œuvre vigoureusement, ferma l’entrée des classes supérieures aux élèves qui ne lui en paraissaient pas dignes. « Il ne faut pas, disait-il encombrer l’académie de sujets incapables. »

La conséquence naturelle de ces rigueurs fut la fondation d’un établissement nouveau, à la tête duquel se mirent quelques hommes résolus.

« Cet établissement, dirent-ils, permettra aux jeunes gens de onze à seize ans non seulement d’acquérir les connaissances indispensables à tout homme cultivé, mais encore de s’ouvrir la voie de leur future carrière. Ceux qui doivent devenir marchands, régisseurs, soldats, artistes, architectes, mécaniciens, etc., s’y prépareront à exercer plus tard leur profession avec profit, et s’épargneront de longues, coûteuses et inutiles études. »

Le résultat dépassa toutes les espérances. Les études s’élevèrent dans les établissements classiques, et l’école réale se remplit d’élèves.

Les fondements étaient jetés de l’enseignement moderne, sous ses différentes faces et destiné aux différents besoins de la cité : le progymnase, le realgymnase, le gymnase supérieur, l’école bourgeoise constituent dès lors un ensemble auquel la ville de Brunswick a élevé des bâtiments superbes qui méritent le nom de palais et dont elle est justement fière.

Là s’arrêtent les documents relatifs à la ville de Brunswick. Ce qui a pu suivre ne lui est sans doute plus spécial, mais rentre dans l’organisation générale de l’instruction publique en Allemagne, particulièrement de l’enseignement primaire, dont les siècles précédents ne se sont guère occupés, et qui est le souci capital et nécessaire de notre siècle, où la démocratie déborde de toutes parts.



  1. Monumenta Germaniae paedagogica. — Schulordnungen, Schulbücher und pädagogische Miscellannen aus den Landen deutscher Zunge. — Unter Mitwirkung einer Anzahl von Fachgelehrten herausgegeben von Karl Kehrbach, Berlin. A. Hofmann et Cie.