tude d’animaux ennemis, tout nous oblige de travailler sans cesse à écarter le mal.
Nul homme ne peut seul se garantir du mal, et se procurer le bien : il faut des secours. La société est donc aussi ancienne que le monde.
Cette société est tantôt trop nombreuse, tantôt trop rare. Les révolutions de ce globe ont détruit souvent des races entières d’hommes et d’autres animaux dans plusieurs pays, et les ont multipliées dans d’autres.
Pour multiplier une espèce il faut un climat et un terrain tolérables ; et avec ces avantages on peut encore être réduit à marcher tout nu, à souffrir la faim, à manquer de tout, à périr de misère.
Les hommes ne sont pas comme les castors, les abeilles, les vers à soie : ils n’ont pas un instinct sûr qui leur procure le nécessaire.
Sur cent mâles il s’en trouve à peine un qui ait du génie ; sur cinq cents femelles à peine une.
Ce n’est qu’avec du génie qu’on invente les arts, qui procurent à la longue un peu de ce bien-être, unique objet de toute politique.
Pour essayer ces arts, il faut des secours, des mains qui vous aident, des entendements assez ouverts pour vous comprendre, et assez dociles pour vous obéir. Avant de trouver et d’assembler tout cela, des milliers de siècles s’écoulent dans l’ignorance et dans la barbarie ; des milliers de tentatives avortent. Enfin un art est ébauché, et il faut encore des milliers de siècles pour le perfectionner.
Quand la métallurgie est trouvée par une nation, il est indubitable qu’elle battra ses voisins et en fera des esclaves.
Vous avez des flèches et des sabres, et vous êtes nés dans un climat qui vous a rendus robustes ; nous sommes faibles, nous n’avons que des massues et des pierres : vous nous tuez ; et si vous nous laissez la vie, c’est pour labourer vos champs, pour bâtir vos maisons ; nous vous chantons quelques airs grossiers quand vous vous ennuyez, si nous avons de la voix, ou nous soufflons dans quelques tuyaux pour obtenir de vous des vêtements et du pain. Nos femmes et nos filles sont-elles jolies, vous les prenez pour vous. Monseigneur votre fils profite de cette politique établie ; il ajoute de nouvelles découvertes à cet art naissant. Ses serviteurs coupent les testicules à mes enfants ; il les honore de la