Comme je promenais un regard toujours attentif sur tous les détails de ce lieu désolé, je distinguai comme une tache noire accrochée à un buisson sur la paroi du rocher, à une certaine élévation. J’y courus, certain, à mesure que j’en approchais, que c’était une coiffure de marin, et, bien qu’elle fût placée trop haut pour que je pusse l’atteindre, je distinguai parfaitement la coiffure de drap bleu à galons d’or qui appartenait au grade de la Florade.
Il était donc là quelque part ! il était tombé, ou il avait été précipité du haut de l’effroyable falaise ! J’allais le trouver brisé dans les anfractuosités de la base, à moins que, lancé du surplombement le plus élevé, il ne fût au fond de la mer. Je tournai deux ou trois roches, et je le vis étendu sur un sable fin, la face tournée vers le ciel, les jambes dans l’eau jusqu’aux genoux. Je n’oublierai jamais la stupeur qui me paralysa un instant à la vue de ce jeune homme si beau, si actif, si rempli de toutes les flammes de la jeunesse et si fier de toutes les forces de la vie, ainsi couché sur le dos, dans l’attitude sinistre de la roideur cadavérique, avec sa face blême, ses yeux grands ouverts. On voit et on observe vite dans les moments de surexcitation. Je remarquai le changement que la mort avait apporté dans sa physionomie. Le cercle tantôt brun, tantôt rose qui semblait agrandir ou rapetisser ses yeux, selon le genre d’émotion qu’il éprouvait, s’était compléte-