tresse ? Était-elle moins chère à ses amis parce qu’elle souffrait ? N’était-ce pas le moment de l’entourer de dévouement, de consolations, et de la défendre contre les dangers extérieurs ? Oui, certes, il ne s’agissait plus de songer à soi-même, de calculer le plus ou le moins de chances de sa destinée, le plus ou le moins de confiance et de sympathie que pouvait inspirer la Florade. Il fallait précisément aimer, conseiller, préserver, diriger la Florade, et faire que cette affection pleine d’écueils eût au moins ses jours de bonheur et ses refuges assurés dans le sein de l’amitié vraie. Oui, on lui devait cela, à lui si jeune et si téméraire, mais marqué par la destinée pour cette grande tâche de devenir en tout digne d’elle. On lui devait cela, à elle surtout, elle si pure, si douce, si maternelle et si vraie ! On se le devait à soi-même, pour échapper à la lâcheté du rôle d’ami pédant qui s’éloigne sans porter secours.
Et, comme elle pleurait encore en rendant à mes mains leur fraternelle étreinte et en m’interrompant pour me dire d’une voix entrecoupée que j’étais le meilleur des êtres, je la grondai de me parler ainsi. Voulait-elle flatter mon orgueil et me faire perdre la douceur de la servir ? Non, non, il ne fallait pas m’attribuer un rôle au-dessus de moi. Mon dévouement n’était que l’accomplissement du devoir auquel j’avais consacré ma vie. Ne m’étais-je pas donné aux souffrants et aux menacés de ce monde en me faisant