ment doctorale, je me sentais charmé et comme converti intérieurement par le spectacle de cette force épanouie, de cette ivresse de soleil, de cette intensité et de cette bravoure d’existence qui étaient si bien ce qu’elles voulaient être, et que tout caractérisait fortement : la figure, les idées, les paroles, les goûts, et jusqu’à ce nom horticole de la Florade, qui semblait être le bouquet de sa riante personnalité. Je le voyais presque tous les jours ; mais, au bout d’une semaine, un incident romanesque nous jeta dans une complète intimité.
Je fus, en vue des affaires personnelles qui me retenaient à Toulon, engagé à consulter un propriétaire résidant non loin du terrain dont j’avais hérité, et qu’il s’agissait pour moi de vendre aux meilleures conditions possibles. C’était un ancien marin, officier distingué, qui avait créé une bastide et un petit jardin sur la côte, pour ne pas se séparer de la mer et pour se livrer à la pêche, son délassement favori.
L’endroit s’appelle Tamaris. C’est un des quartiers (divisions stratégiques du littoral) qui enserrent le petit golfe du Lazaret, à une lieue de Toulon à vol d’oiseau. Ce nom précieux de Tamaris est dû à la présence du tamarix narbonnais, qui croît spontanément sur le rivage, le long des fossés que la mer remplit dans ses jours de colère[1]. L’arbre n’est pas
- ↑ Par corruption, les géographes ont écrit quelquefois Tamarin, croyant traduire littéralement, et confondant le tamarinier (tamarindus)