tou, la capitale de la province. Les productions naturelles du pays attestent que ces montagnes de la Chine occidentale sont les premiers contre-forts du Thibet, comme les montagnes du nord de la province de Pe-tche-li marquent la limite du massif de la Mongolie. Des plantes et des animaux répandus dans les provinces orientales, et surtout dans la province de Kiang-sou, existent sous les mêmes latitudes dans le Sse-tchuen ; mais, ce qui est bien digne d’attention, on trouve souvent les mêmes genres représentés par des espèces distinctes. Sur les montagnes élevées, on voit beaucoup d’espèces qui habitent particulièrement la région du grand plateau central de l’Asie. C’est là que notre voyageur découvrit, errant solitaire dans les fourrés ou bondissant au milieu des roches escarpées, une remarquable antilope[1], que plus tard il rencontrera sur les pentes abruptes du Thibet. L’animal, aussi grand qu’un cerf, est vêtu de longs poils rudes d’une teinte cendrée ou roussâtre ; les Chinois, jugeant d’après la couleur, et considérant les poils qui retombent sur le cou à la façon d’une crinière, disent que c’est l’âne des rochers. Des troupes de chèvres de montagne, c’est-à-dire des antilopes à longue queue, parcourent les mêmes lieux, ainsi que des cerfs et des chevrotains à musc. Un blaireau roux, une grande marte, plusieurs petits rongeurs que notre missionnaire n’avait pas observés dans les autres parties de la Chine, habitent la région voisine du Thibet.
Les montagnes du Sse-tchuen sont le séjour de magnifiques oiseaux. C’est la patrie du faisan doré et du faisan argenté, introduits depuis longtemps en Europe, d’un splendide lophophore et d’un beau tragopan, qui sont répandus particulièrement dans le Thibet oriental[2]. Le faisan à collier, assez commun dans les parties de la Chine voisines du littoral, ne se trouve pas dans cette région, où il est remplacé par une espèce peu différente du faisan ordinaire que le père Armand David rencontrera en plus grande abondance dans la principauté de Mou-pin[3]. Le coucou du Cachemire, le grimpereau et le roitelet de l’Himalaya, ainsi que des merles du centre de l’Asie, fréquentent les montagnes du Sse-tchuen. Plusieurs jolies mésanges, que notre missionnaire n’avait encore observées sur aucun autre point de la Chine, ont été vues pour la première fois dans cette contrée. Un de ces petits oiseaux se fait remarquer par son charmant plumage : la tête, d’un ton vert un peu gris comme le cou, est semée de gouttes blanches ; les ailes et la queue, d’un noir brillant, sont ornées de flammes oranges, et une belle cou-