in-8, Stuttgart etTubingue ; 1828, et Munster, 1830 ; Quarante propositions d’une erotique religieuse, in-8, Munich, 1831 ; de la Bénédiction et de la Malédiction de la créature, in-8, Strasb., 1826 ; delà Révolution du droit positif, in-8, Munich, 1832 ; Idée chrétienne de l’immortalité en opposition avec tes doctrines non chrétiennes, in-8, Wurtzb., 1836, —Leçons sur une théorie future du sacrifice et du culte, in-8, Munich, 1836. Nous ne parlons pas de ses écrits purement politiques ou théologiques. X.
BACON (Roger) naquit probablement en 1214 dans le comté de Sommerset, non loin d’Ilchester. Sa famille était noble et possédait une grande fortune, qui fut compromise dans les guerres civiles du temps. Destiné à l’état ecclésiastique, il alla étudier à l’université d’Oxford ; il y rencontra des maîtres alors célèbres, unis entre eux par l’amitié, par un goût commun pour des sciences suspectes et dedaignées, et par l’indépendance de leur caractère. C’étaient Robert Bacon, Richard Fisacre, Adam Marsh, Edmond Rich, et surtout Robert GrosseTête, qui devint évêque de Lincoln, et resta jusqu’à sa mort l’ami et le protecteur de Roger. L’école d’Oxford a alors son originalité propre ; elle est indocile au joug de la discipline scolastique, et encourt souvent les arrêts du pouvoir ecclésiastique. Ses docteurs, si on les compare aux autres, sont presque de libres penseurs. Leurs leçons et leurs exemples ne furent pas perdus pour le jeune clerc, dont le caractère était par lui-même peu traitable, et dès l’année 1233, première date certaine de son histoire, il se signalait par des paroles audacieuses adressées au roi Henri III, réduit à subir publiquement les remontrances de ses barons et des membres du clergé. Bientôt après, il passa en France, et vint, comme tous les savants du temps, demander aux écoles de Paris le titre de docteur. Il arriva dans cette ville au moment où la scolastique y jetait le plus vif éclat ; mystiques, péripatéticiens, panthéistes, averroïstes et sceptiques s’agitaient autour des chaires de l’universi té et des ordres mendiants. Au lieu de prendre parti au milieu de ces débats, Roger Bacon, fuyant une agitation qu’il jugeait stérile, choisit pour maître non pas un de ces philosophes dont l’histoire a conservé le nom, mais un personnage obscur dont lui-même nous a fait connaître l’intéressante figure. C’est un solitaire, nous dit-il, qui redoute la foule et les discussions, et se dérobe à la gloire ; il a l’horreur des querelles de mots et une grande aversion pour la métaphysique ; pendant qu’on disserte bruyamment sur l’universel, il passe sa vie dans son laboratoire, à fondre les métaux, à manipuler les corps, à inventer des instruments utiles à la guerre, à l’agriculture, aux métiers des artisans. Il n’est pas ignorant pourtant ; mais il puise sa science a des sources fermées au vulgaire : il a des ouvrages grecs, arabes, hébreux, chaldéens ; il cultive l’alchimie, les mathématiques, l’optique, la médecine ; il apprend à son disciple les langues et les sciences méconnues, et par-dessus tout il lui donne le goût et l’habitude d’observer, de ne rien dédaigner, d’interroger les simples d’esprit, et de se servir de ses mains autant que de son intelligence. Pour tout dire, c’est le maître des expériences, dominus experimentorum, le plus grand génie de son temps, le seul qui puisse diriger l’esprit moderne à la recherche de la vérité. Bacon nous apprend qu’il est Picard, qu’il s’appelle Pierre de Maricourt ; nous avons de bonnes raisons de croire que ce grand homme ignoré est l’auteur d’un petit traité imprimé, de Magnete, souvent remarqué par les savants, et que son nom est bien celui qu’on lit en tête de cet opuscule, Pierre Péregrin. Pendant qu’il se forme auprès de ce maître, Bacon reste simple clerc, sans entrer dans l’un ou l’autre des deux grands ordres mendiants, pour lesquels il n’a jamais dissimulé son mépris. Un peu plus tard, un événement mal connu le décide à prendre la robe des franciscains ; il devait cruellement s’en repentir.
Vers 1250 il retourne à Oxford, et y acquiert par ses travaux « t son enseignement une renommée qui a laissé un souvenir durable dans les légendes populaires. Il y a là pour lui cinq ou six années qui sont les plus belles et les plus tranquilles de sa vie. Mais peu à peu, ses hardiesses, son dédain pour ses confrères, son mépris pour les autorités du siècle, et son zèle à réformer l’enseignement, soulèvent contre lui les défiances et bientôt l’animosité de ses supérieurs. Le général de l’ordre était alors Jean de Fidanza, le mystique auteur de Y itinerarium, l’homme le moins disposé à comprendre Bacon, et à lui pardonner son indocilité. En 1257 il force Bacon à quitter Oxford, où son influence devenait dangereuse, et lui impose une retraite, ou même un emprisonnement dans le couvent des Mineurs à Paris. Pendant dix années on y exerça sur lui une persécution dont il nous a laissé le lamentable récit. La discipline tracassière du cloître, avec ses rigueurs aggravées pour punir un rebelle, fut appliquée sans pitié à ce puissant esprit : défense d’écrire, d’enseigner, d’avoir des livres, et à chaque désobéissance, les châtiments réservés aux écoliers mutins, le jeûne au pain et à l’eau, la prison et la confiscation. Pendant ce temps, il n’eut qu’une consolation : il se prit d’affection pour un novice pauvre et ignorant, et par ses leçons, il en fit, assure-t-il, un des grands savants du siècle, parmi lesquels on cherche vainement son nom. Mais il y avait alors dans l’Église un prélat, tour à tour soldat et légiste, avant d’être prêtre, et plus éclairé que ces moines implacables : c’était Guy de Foulques, archevêque, cardinal, et légat du pape en Angleterre. Quelques amis de Bacon implorèrent son assistance, et l’intéressèrent au sort du savant religieux ; il lui écrivit avec bonté, l’encouragea ; mais son bon vouloir échoua contre la règle du cloître, et valut à son protégé un redoublement de rigueur. Bacon semblait à jamais condamné à la réclusion, lorsque, en 1265, Guy de Foulques devint pape, sous le nom de Clément IV. Dès l’année suivante, il écrivait au prisonnier une lettre dont on a le texte, et sans oser exiger qu’on le mît en liberté, il l’affranchissait du silence qu’on lui avait imposé, et lui ordonnait, « nonobstant toute injonction contraire de quelque prélat que ce soit, » de composer un ouvrage où il exposerait ses idées, et de le lui envoyer. La haine des franciscains n’en fut que plus irritée, et, sans désobéir ouvertement aux ordres du souverain pontife, ils prirent à tâche de mettre leur victime hors d’état d’en profiter. Pour travailler à ce livre, qui pouvait le sauver et faire triompher ses idées, Bacon aurait eu besoin d’une bibliothèque ; il lui fallait des aides pour ses expériences et ses calculs ; on lui refusait tout, jusqu’au parchemin pour écrire. Il était sans ressources ; il avait épuisé le peu d’argent qu’il tenait de sa famille ; il fut réduit à mendier, auprès de son frère aîné, qui, ruiné par la guerre civile, ne put l’assister ; auprès de grands personnages qui le rebutèrent, quoiqu’il leur montrât l’ordre du pape ; il dut épuiser la bourse de quelques amis, pauvres comme lui, et qu’il se désespérait de condamner à la gêne. Voilà quel fut