voyé, et fut introduit, par les combles du palais, dans un petit cabinet donnant à droite sur la cour et ne faisant point partie des appartements de la famille. Le duc d’Orléans était étendu par terre, sur un matelas, en chemise, et le corps à moitié dérobé par une méchante couverture. Son front était baigné de sueur, un feu sombre brillait dans ses yeux, et tout chez lui semblait trahir une extrême fatigue et une singulière exaltation. En voyant entrer le duc de Mortemart, il prit rapidement la parole. Il s’exprimait avec beaucoup de volubilité et d’ardeur, protestant de son attachement pour la branche aînée, et jurant qu’il ne venait à Paris que pour sauver cette ville de l’anarchie. En ce moment, un grand bruit se fit dans la cour. On y criait : Vive le duc d’Orléans ! « Vous l’entendez, Monseigneur, dit le duc de Mortemart, c’est vous que ces cris désignent. — Non ! non ! reprit alors le duc d’Orléans, avec une énergie croissante. Je me ferai tuer plutôt que d’accepter la couronne ! » Il prit une plume et il écrivit à Charles X une lettre qu’il remit cachetée à M. de Mortemart, et que celui-ci emporta dans un pli de sa cravate.
Coïncidence étrange ! Presque à la même heure où ces choses se passaient à Paris dans le palais du duc d’Orléans, la duchesse de Berri, à Saint-Cloud, se levait précipitamment, agitée de mille terreurs, et courait, à peine vêtue, réveiller le dauphin pour lui reprocher une obstination qui mettait en péril la vie de deux pauvres enfants. Rien ne saurait rendre le caractère de cette scène nocturne. Troublé, vaincu par les cris d’une mère en larmes, le Dau-