glantes. Arrivés sur la place de Grève, où gisaient encore quelques cadavres, ils furent frappés du calme lugubre qui y régnait. Ils convinrent alors de se partager les divers quartiers de Paris et d’aller partout répandre la fausse nouvelle qu’un rassemblement immense s’était formé devant l’Hôtel-de-Ville, et qu’on devait partir de là pour marcher sur le Louvre.
Déjà les ouvriers des faubourgs se préparaient à recommencer la lutte, mais des préoccupations d’un autre genre tourmentaient une certaine portion de la bourgeoisie. M. Baude, suivi d’une bande nombreuse avec laquelle il avait visité plusieurs casernes et interrogé la fidélité du soldat, trouva sur la place Royale une compagnie de gardes nationaux rangés en bataille. Il les harangua vivement, leur apprit que les troupes se laissaient partout désarmer, et voulut les entraîner sur ses pas à l’Hôtel-de-Ville. Il s’y refusèrent obstinément : ils ne s’étaient armés, disaient-ils, que pour sauver leurs maisons du pillage.
Pendant ce temps, un citoyen nommé Galle, perçait la ligne de factionnaires établie sur la place du Carrousel. Il s’avançait guidé par un inconnu auquel les soldats ouvraient passage. Introduit auprès du duc de Raguse, « Monsieur le maréchal, s’écria-t-il, d’une voix tremblante d’émotion, vos troupes tirent du haut de quelques balcons de la rue Saint-Honoré sur des citoyens inoffensifs ; ne pouvez-vous faire cesser de telles atrocités ? — Vous m’insultez, Monsieur, en me regardant comme l’auteur de pareils ordres, répondit le duc de