Les souvenez-vous/Bonté
BONTÉ
I
Celle qui nous émeut, c’est la bonté profonde,
Clémente à tous, suivant le précepte divin,
Et dont le geste égal sème au bord du chemin
Le froment du bonheur pour la moisson féconde.
La bonté qui s’ignore et ne calcule pas,
Qui va s’insinuant où règne la misère,
Celle qui sait aimer sans prendre un air austère,
Et fait en souriant un berceau de ses bras.
C’est la bonté qui cherche aux routes de la vie
Les malheureux lassés de souffrir chaque jour,
Celle qui peut guérir, ayant beaucoup d’amour,
Les cœurs blessés du mal douloureux de l’envie.
La bonté si vaillante et si pleine d’ardeur
Qu’elle apporte le Bien où se dressait l’embûche,
Celle qui dit tout bas à l’homme qui trébuche :
Prends ma main et suis-moi sans peur.
Cette bonté prudente est sans cesse attentive.
Dès qu’un appel résonne au loin, comme un signal,
Elle vient, elle accourt et jette sur la rive
La lumière de son fanal.
Elle est la source vive aux margelles fleuries,
Le portail d’or laissant ouvert ses deux vantaux,
Elle est l’huile et le vin qui soulagent les maux
De toutes les âmes meurtries.
II
Ô vous dont la bonté miséricordieuse
Rayonne dans la nuit des carrefours humains,
Souffrez que nous mettions dans le creux de vos mains
Notre reconnaissance attendrie et joyeuse.
Souffrez que nous prenions au fond de quelque cœur
Un peu de la douceur que vous fîtes éclore,
Pour qu’elle soit la fleur, la rosée et l’aurore
Qui mettront près de vous la forme du Bonheur.