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François Bayrou

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François Bayrou
Illustration.
François Bayrou en 2010.
Fonctions
Premier ministre français
En fonction depuis le
(15 jours)
Président Emmanuel Macron
Gouvernement Bayrou
Législature XVIIe (Cinquième République)
Prédécesseur Michel Barnier
Haut-commissaire au plan
En fonction depuis le
(4 ans, 3 mois et 25 jours)
Prédécesseur Sophie Boissard (indirectement)
Président de la communauté d'agglomération Pau Béarn Pyrénées[a]
En fonction depuis le
(10 ans, 8 mois et 14 jours)
Élection
Réélection
Prédécesseur Martine Lignières-Cassou
Maire de Pau
En fonction depuis le
(10 ans, 8 mois et 24 jours)
Élection
Réélection
Prédécesseur Martine Lignières-Cassou
Président du Mouvement démocrate
En fonction depuis le
(17 ans, 7 mois et 18 jours)
Élection
Réélection



Prédécesseur Création du parti
Président du Parti démocrate européen
En fonction depuis le
(20 ans et 19 jours)
Avec Francesco Rutelli (2004-2019)
Prédécesseur Création du parti
Ministre d'État
Garde des Sceaux, ministre de la Justice

(1 mois et 4 jours)
Président Emmanuel Macron
Premier ministre Édouard Philippe
Gouvernement Philippe I
Prédécesseur Jean-Jacques Urvoas (indirectement)
Successeur Nicole Belloubet
Député européen

(2 ans, 10 mois et 27 jours)
Élection 13 juin 1999
Circonscription France
Législature 5e
Groupe politique PPE-DE
Président de l'Union pour la démocratie française

(9 ans, 2 mois et 14 jours)
Élection
Prédécesseur François Léotard
Successeur Fusion dans le MoDem
Président du Centre des démocrates sociaux puis de Force démocrate

(3 ans, 9 mois et 6 jours)
Prédécesseur Pierre Méhaignerie
Successeur Lui-même (UDF)
Ministre de l'Éducation nationale[b]

(4 ans, 2 mois et 3 jours)
Président François Mitterrand
Jacques Chirac
Premier ministre Édouard Balladur
Alain Juppé
Gouvernement Balladur
Juppé I et II
Prédécesseur Jack Lang (Éducation nationale, 1993)
François Fillon (Enseignement supérieur et Recherche, 1995)
Successeur Claude Allègre
Président du conseil général des Pyrénées-Atlantiques

(8 ans, 11 mois et 21 jours)
Élection 29 mars 1992
Prédécesseur Henri Grenet
Successeur Jean-Jacques Lasserre
Député français

(10 ans)
Élection 16 juin 2002
Réélection 17 juin 2007
Circonscription 2e des Pyrénées-Atlantiques
Législature XIIe et XIIIe (Cinquième République)
Groupe politique UDF (2002-2007)
NI (2007-2012)
Prédécesseur Pierre Menjucq
Successeur Nathalie Chabanne

(2 ans, 6 mois et 9 jours)
Élection 1er juin 1997
Circonscription 2e des Pyrénées-Atlantiques
Législature XIe (Cinquième République)
Groupe politique UDF
Prédécesseur Pierre Laguilhon
Successeur Pierre Menjucq

(7 ans et 29 jours)
Élection 16 mars 1986
Réélection 12 juin 1988
28 mars 1993
Circonscription Pyrénées-Atlantiques
(1986-1988)
2e des Pyrénées-Atlantiques
(1988-1993)
Législature VIIIe, IXe et Xe (Cinquième République)
Groupe politique UDF (1986-1988)
UDC (1988-1993)
UDFC (1993)
Prédécesseur Scrutin majoritaire
Successeur Pierre Laguilhon
Conseiller général des Pyrénées-Atlantiques

(25 ans, 11 mois et 24 jours)
Élection 21 mars 1982
Réélection 2 octobre 1988
27 mars 1994
18 mars 2001
Circonscription Canton de Pau-Sud
Prédécesseur Yves Urieta
Successeur André Arribes
Biographie
Nom de naissance François René Jean Lucien Bayrou
Date de naissance (73 ans)
Lieu de naissance Bordères (France)
Nationalité Française
Parti politique CD (jusqu'en 1976)
CDS (1976-1995)
UDF (1978-2007)
FD (1995-1998)
MoDem (depuis 2007)
Diplômé de Université Bordeaux-Montaigne
Profession Professeur agrégé de lettres classiques
Distinctions Officier de la Légion d'honneur, commandeur des Palmes académiques
Religion Catholicisme
Résidence Hôtel de Matignon (Paris 7e)

Signature de François Bayrou

François Bayrou François Bayrou
Maires de Pau
Premiers ministres français

François Bayrou (prononcé [fʁɑ̃swa bajʁu][c]), né le à Bordères (Basses-Pyrénées, aujourd'hui Pyrénées-Atlantiques), est un homme d'État français, Premier ministre depuis le .

Professeur agrégé de lettres classiques, conseiller de personnalités politiques à partir de 1979, il exerce plusieurs mandats électifs, notamment ceux de député des Pyrénées-Atlantiques entre 1986 et 2012, de président du conseil général des Pyrénées-Atlantiques de 1992 à 2001, de député européen de 1999 à 2002 et de maire de Pau depuis 2014.

Entre 1993 et 1997, sous trois gouvernements de droite (Balladur, Juppé I et Juppé II), il est ministre de l'Éducation nationale. En parallèle, il préside plusieurs formations centristes : le Centre des démocrates sociaux (CDS) de 1994 à 1995 et Force démocrate (FD) de 1995 à 1998, l'Union pour la démocratie française (UDF) de 1998 à 2007 et le Mouvement démocrate (MoDem) depuis 2007, qu'il ancre au centre alors que l'UDF était traditionnellement classée au centre droit.

Il se présente à trois reprises à l'élection présidentielle : en 2002, il arrive quatrième avec 6,84 % des suffrages exprimés ; en 2007, il finit troisième avec 18,57 %, à sept points de Ségolène Royal, et cinquième en 2012 avec 9,13 % des voix.

En 2017, il renonce à se présenter au profit du soutien d'Emmanuel Macron qui, élu président, le nomme ministre de la Justice dans le premier gouvernement d'Édouard Philippe. Mais, cité dans l'affaire des assistants parlementaires du MoDem au Parlement européen, il n'est pas reconduit un mois plus tard.

En 2020, il est nommé haut-commissaire au plan par Emmanuel Macron, ce dernier le choisit le , comme Premier ministre après le renversement de Michel Barnier.

Biographie

Origines

François René Jean Lucien Bayrou naît le à Bordères (Basses-Pyrénées), dans une famille d'agriculteurs[1]. Son père, Calixte (1909-1974)[2] a été quelques années le maire de ce village de sept cents âmes[1]. Sa mère Emma, née Sarthou (1918-2009) est originaire de Serres-Morlaàs[3].

D'ascendance béarnaise, il parle couramment le béarnais et milite pour la sauvegarde des langues régionales[1]. Il a une sœur Lucienne, épouse Marot, ophtalmologue à Pau[4], d'un an sa cadette[5].

Enfance et formation

Vers l'âge de sept ou huit ans, François Bayrou souffre de bégaiement, handicap qu'il parviendra à maîtriser après plusieurs années[6].

Après des études à l'école primaire de Bordères, il obtient en 1968 son baccalauréat en lettres classiques (français, latin, grec) au lycée public de Nay-Bourdettes[7]. Il poursuit ses études en classes préparatoires littéraires (hypokhâgne et khâgne) au lycée Michel de Montaigne à Bordeaux, puis à l'université Bordeaux-III[8], où il rédige en 1972[9] un mémoire de maîtrise consacré au Mystère de la charité de Jeanne d'Arc de Charles Péguy[10]. Il obtient l'agrégation de lettres classiques en 1974.

Quelques jours avant son agrégation, son père se tue en tombant d'une charrette de foin. François Bayrou aide ensuite sa mère à la ferme familiale pendant près de dix ans en parallèle avec sa carrière d'enseignant[1].

Vie de famille

En 1971, il épouse Élisabeth Perlant dite « Babeth »[1], professeure de lettres[11]. Le couple a six enfants[8] :

François Bayrou partage sa vie entre Paris où il habite dans un deux-pièces, et Bordères, le village qu'il n'a jamais quitté et où il élève des purs-sangs[1].

Carrière professionnelle

Il enseigne à Pau de 1974 à 1979[20].

De 1979 à 1981, il est détaché au cabinet de Pierre Méhaignerie, ministre de l'Agriculture du troisième gouvernement Raymond Barre, où il est chargé de mission et considéré comme sa « plume »[20],[21].

En 1981 et 1982, il est chargé de mission au cabinet d'Alain Poher, président du Sénat[22].

Remis à disposition de l'Éducation nationale après l'élection du socialiste François Mitterrand, il est affecté en au collège Léon-Bérard à Saint-Palais (Pyrénées-Atlantiques) où il n'enseignera pas, aucun poste ne lui ayant été proposé. En , il est élu conseiller général des Pyrénées-Atlantiques[22].

En 1984, il est nommé conseiller du président du Parlement européen, Pierre Pflimlin ; il le reste jusqu'à son élection à l'Assemblée nationale, deux ans plus tard[23].

Parcours politique

Débuts (1982-1993)

Jeune, François Bayrou est proche des mouvements non violents, notamment de la communauté de Lanza del Vasto[24], et dit s'inspirer de Gandhi[25].

Il entre en politique en rejoignant en 1978[26] Jean Lecanuet et son Centre démocrate (CD)[27], candidat à l’élection présidentielle de 1965 face au général de Gaulle. Le parti devient ensuite le Centre des démocrates sociaux (CDS) et François Bayrou est considéré comme le « scribe » du président Lecanuet[21]. En 1980, il devient secrétaire national du CDS et le rédacteur en chef de Démocratie moderne, le journal du mouvement[20],[21].

À 30 ans, en 1982, il est élu conseiller général des Pyrénées-Atlantiques dans le canton de Pau-Sud puis conservera ce mandat pendant vingt-six ans.

En 1986, année où les élections législatives sont organisées à la proportionnelle, il est élu député des Pyrénées-Atlantiques avec le soutien de l'UDF, l'emportant à la proportionnelle sur une liste d'union avec les néo-gaullistes du RPR, aux côtés de Jean Gougy et de Michèle Alliot-Marie. Après le retour à un scrutin majoritaire uninominal en 1988, il est à partir de cette date et jusqu'en 2012 sans cesse élu dans la 2e circonscription des Pyrénées-Atlantiques. En 1989, il perd les élections municipales à Pau face à André Labarrère en obtenant 48 % des voix au second tour.

À la suite de ce scrutin et en prévision des élections européennes, il fait partie d'un groupe de douze trentenaires ou quadragénaires, figures montantes du centre et de la droite (Philippe Séguin, Michel Noir, Alain Carignon, Étienne Pinte, Michel Barnier, François Fillon, Charles Millon, Dominique Baudis, François d'Aubert, Philippe de Villiers, Bernard Bosson), demandant un renouvellement de l'appareil politique au RPR et à l'UDF, critiquant fortement les figures historiques de ces deux mouvements qu'ils considèrent comme vieillissantes (Jacques Chirac, Valéry Giscard d'Estaing, Raymond Barre) et appelant à la formation d'un nouveau grand parti unique de droite. Surnommés les « rénovateurs », ils occupent alors le devant de la scène médiatique durant le printemps de l'année 1989. Avec Bernard Bosson et Dominique Baudis, ainsi que la direction du Centre des démocrates sociaux (CDS), François Bayrou décide également de soutenir la liste dissidente « Le Centre pour l'Europe » emmenée par Simone Veil contre celle d'union RPR-UDF tirée par Valéry Giscard d'Estaing aux européennes de 1989[28].

Cependant, de profondes divergences idéologiques, en particulier sur le projet européen, ainsi que leur intégration progressive dans les équipes dirigeantes de leurs partis respectifs mettent rapidement un terme à l'expérience des rénovateurs. François Bayrou ne rejoint pas les néo-rénovateurs en 1990. Le Béarnais est lui-même choisi par l’ex-président de la République Valéry Giscard d'Estaing pour être secrétaire général de l'UDF en 1991[29]. Il est alors vice-président du CDS, qui est l'une des principales composantes de cette fédération de partis de droite non-gaullistes.

Ministre de l'Éducation nationale (1993-1997)

En 1993, il est nommé ministre de l'Éducation nationale dans le gouvernement de cohabitation d'Édouard Balladur. Il propose une réforme de la loi Falloux visant à déplafonner la possibilité pour les collectivités locales de subventionner les investissements des établissements d’enseignement privé. Le , le Conseil constitutionnel prive la loi de son article 2, ce qui la vide d'une partie de son contenu[30]. Le suivant, quelque 600 000 personnes manifestent contre ce projet, pour défendre l'école laïque[31].

Logo du Centre des démocrates sociaux (CDS), composante de l'UDF dont est membre François Bayrou jusqu'à sa disparition, en 1995.

Le , François Bayrou est élu président du CDS, dont il était jusqu'alors vice-président. À cette occasion, il déclare à la tribune du congrès « Comme s'il n'y avait que la génétique qui permettait d'entrer dans cette famille-là ! », alors que se trouve au premier rang de l'assistance les fils de Pierre Baudis (Dominique Baudis), de Charles Bosson (Bernard Bosson), de Noël Barrot (Jacques Barrot) et d'Alexis Méhaignerie (Pierre Méhaignerie)[21].

Quelques mois avant l'élection présidentielle de 1995, il rencontre secrètement le commissaire européen Jacques Delors, pressenti pour être le candidat socialiste (tendance sociale-démocrate) et pour lequel il éprouve beaucoup de sympathie : cette entrevue intervient alors que François Bayrou vient d'être élu à la présidence du CDS, composé de militants acquis à la cause du Premier ministre Édouard Balladur, également pressenti pour se présenter ; finalement, Bayrou ne promet pas à Jacques Delors un soutien dès le premier tour, ce qui joue dans la décision de ce dernier de ne pas se présenter à l’élection[32]. Il soutient donc Édouard Balladur, faisant partie de son comité politique aux côtés de Charles Pasqua, Nicolas Sarkozy et François Léotard[33].

Malgré son soutien à la candidature présidentielle du Premier ministre et bien qu'il se soit opposé au projet de référendum sur l'éducation proposé par le candidat Jacques Chirac, François Bayrou obtient dans le premier gouvernement d'Alain Juppé un portefeuille élargi à l'Enseignement supérieur, à la Recherche et à la Formation professionnelle. Il perd la responsabilité de la Formation professionnelle dans le deuxième gouvernement Juppé, mais reste à l'Éducation nationale jusqu'à la dissolution de l'Assemblée nationale par Jacques Chirac en 1997 ; l'élection qui la suit est remportée par la gauche plurielle.

Au congrès de Lyon en 1995, il fusionne le CDS avec le Parti social-démocrate, parti de tradition laïque également adhérent de l'UDF et comptant dans ses membres André Santini notamment, créant ainsi Force démocrate (FD). En 1996, il appuie la candidature d’un homme de sa génération, François Léotard, afin d'éviter une réélection de Valéry Giscard d'Estaing à la présidence de l'UDF[23].

Durant son ministère, François Bayrou dirige une réflexion approfondie sur la condition des professeurs et des élèves. Il conduit une réforme du collège, réforme les études supérieures (« semestrialisation » des études, semestre d'orientation en première année, création d’universités de professionnalisation technologique), met en place le baccalauréat « filièrisé » (filières S, ES, L, STT, STL et STI) — qui est effectif jusqu'en 2019 — et introduit les langues vivantes à l’école primaire.

L'opinion retient de la présence de François Bayrou à ce ministère — après sa réforme avortée en faveur de l'enseignement privé où il avait été accusé de vouloir « réformer à la hussarde »[34] — sa méthode de réforme prudente et concertée avec les organisations syndicales, ce qui lui a valu des accusations d'immobilisme[35]. Roger Fauroux, qu'il avait chargé de présider une commission sur la réforme de l'école se montre critique, déclarant que François Bayrou gouvernait « avec le sondoscope en bandoulière »[34].

Sous la troisième cohabitation (1997-2002)

À la suite des élections législatives de 1997, François Bayrou prend la tête du groupe Union pour la démocratie française à l'Assemblée nationale et renforce FD[23]. Philippe Douste-Blazy le remplace l'année suivante à la présidence du groupe UDF-Alliance[36].

Après les élections régionales de 1998, Alain Madelin, l’ex ministre, en 1995, de l’économie du gouvernement d’Alain Juppé, et d'autres cadres de Démocratie libérale (DL) approuvent les présidents de région réélus grâce au soutien des élus Front national, alors que François Bayrou rejette toute alliance avec l'extrême droite. Tandis que ce dernier entend remplacer l'UDF giscardienne par un « grand parti de centre-centre droit » hostile à tout rapprochement avec le FN, DL quitte l'UDF[23].

Dans ce contexte, le , François Bayrou est élu à la présidence de l'UDF, dont la majeure partie des militants libéraux sont partis avec Alain Madelin. Il obtient des composantes de la confédération la mise en place d'une organisation plus unitaire, « la Nouvelle UDF » (carte unique d'adhérent, siège commun), qu’il avait proposée avant son élection à la présidence du parti[23].

Lors des européennes de 1999, François Bayrou conduit la liste UDF qui recueille 9,28 % des voix[37]. Il tient — contrairement à ses concurrents têtes de liste François Hollande et Nicolas Sarkozy — son engagement de siéger à Strasbourg et entre donc au Parlement européen, dont sa seconde de liste Nicole Fontaine obtient la présidence.

Candidature à l'élection présidentielle de 2002

François Bayrou se présente, en tant que candidat officiel de l'UDF à l'élection présidentielle de 2002. Sa campagne connaît des débuts difficiles, les sondages le créditant longtemps de moins de 5 % d'intentions de vote, alors que plusieurs dirigeants de son propre parti, l'UDF, appellent à voter pour Jacques Chirac dès le premier tour. Lors de la campagne présidentielle, à Strasbourg, et pendant une altercation avec des jeunes qui avaient insulté le maire de Strasbourg, Fabienne Keller, avec laquelle il se trouvait, il gifle devant les caméras un garçon d'une dizaine d'années qui essayait, selon les propos immédiats de Bayrou, de lui faire les poches[38]. Questionné à ce sujet quelques jours après, il répond que c'est « un geste de père de famille […] sans gravité »[39].

Il arrive en quatrième position du premier tour de scrutin avec 1 949 170 voix (6,84 % des suffrages exprimés), plus de neuf points derrière le Premier ministre socialiste Lionel Jospin et seulement un point devant la trotskiste Arlette Laguiller. C'est dans son département des Pyrénées-Atlantiques qu'il réalise son meilleur score (13,1 %)[40]. Ayant dépassé la barre des 5 % des suffrages exprimés, il obtient le remboursement de ses frais de campagne (7,4 millions d'euros sur 8,8 millions dépensés)[41].

Dans l'entre-deux-tours, il appelle Jacques Chirac, opposé au second tour à Jean-Marie Le Pen, à constituer une large coalition à partir de sa majorité de second tour. Le président sortant tente au contraire, avec Alain Juppé, de fusionner la droite et le centre dans un unique parti, l'Union pour la majorité présidentielle (UMP). La majorité des parlementaires UDF, emmenés par Philippe Douste-Blazy, quittent l'UDF pour l'UMP. Cependant, 30 députés UDF et apparentés sont élus aux élections législatives de juin et constituent un groupe parlementaire pour la XIIe législature (2002-2007). Parmi eux François Bayrou, qui revient à l'Assemblée nationale, est élu dans la 2e circonscription des Pyrénées-Atlantiques et quitte donc le Parlement européen où il est remplacé par Jean-Thomas Nordmann.

Sous le second mandat présidentiel de Jacques Chirac (2002-2007)

François Bayrou en 2006.

S'affirmant opposé à « l'État-UMP » dès la première question de confiance posée par le gouvernement Jean-Pierre Raffarin, François Bayrou annonce son intention de se prononcer librement sur chacun des actes du gouvernement.

Aux élections régionales de 2004, l'UDF obtient 12 % des voix. En Aquitaine, avec 16,1 % des voix, la liste menée par François Bayrou arrive en troisième position, derrière la liste de gauche du président sortant, Alain Rousset, qui est réélu dans la foulée et celle de l'UMP Xavier Darcos. Devancée dans toutes les régions par l'UMP, les listes UDF fusionnent avec celles de l'UMP au second tour. Aux élections cantonales qui se tiennent en même temps, les candidats UDF obtiennent en moyenne 4,8 % des suffrages au premier tour et le parti perd 269 élus à l'issue du second tour.

Cependant, aux élections européennes de 2004, l'UDF réunit 12 % des voix et gagne deux élus. Le parti quitte alors le groupe parlementaire de droite du PPE-DE, auquel appartient l'UMP, pour rejoindre, avec ses alliés du Parti démocrate européen, le groupe de l'Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe (ADLE).

En 2005 et 2006, François Bayrou s'oppose de plus en plus à la politique du gouvernement de Dominique de Villepin, sur son contenu et sur ses modalités — en particulier le mépris dans lequel est, selon lui, tenu le Parlement (sur l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne, la privatisation des autoroutes, l'instauration par ordonnance du Contrat nouvelles embauches (CNE), etc.). En , situation inédite, la moitié des députés UDF, dont François Bayrou, vote contre le budget, alors que l'UMP avait indiqué qu'une telle décision placerait le parti centriste dans l'opposition[42].

La ligne politique de François Bayrou est contestée par l'unique ministre UDF du gouvernement, le ministre de l'Éducation nationale Gilles de Robien, favorable à une alliance avec l'UMP[43]. Fin 2005, ce dernier demande que les militants soient appelés à se prononcer. Un congrès est organisé en janvier 2006 à Lyon mais Gilles de Robien renonce à présenter une motion et à s'y rendre, dénonçant un événement aux mains de la direction sortante ; la motion de défense d'une UDF « libre et indépendante » présentée par François Bayrou est alors approuvée à 92 %[44].

Lorsque le Parti socialiste dépose une motion de censure contre le gouvernement Villepin le , dans le cadre de l'affaire Clearstream 2, François Bayrou et dix députés de son groupe (sur trente) votent le texte. Parlant de « déliquescence » et d'« effondrement de l'État », le président de l'UDF déclare que « le nœud de haine » entre chiraquiens et sarkozystes « ne peut pas durer encore un an ». C'est la première motion de censure votée par François Bayrou contre un gouvernement de droite[42],[45].

Le président de l’UDF n'écarte pas pour autant de soutenir des membres de l'UMP « au cas par cas » : il apporte par exemple son soutien à la liste du candidat Alain Juppé à la municipale partielle de Bordeaux en [46].

Candidature à l'élection présidentielle de 2007

En , lors d'un conseil national statutaire de l'UDF à Issy-les-Moulineaux, François Bayrou jette les grandes lignes de ses ambitions présidentielles en proposant une « révolution civique » et affirme vouloir rassembler des personnalités venant de droite, de gauche et du centre. Le congrès voit Gilles de Robien, partisan d’une alliance avec la droite, être sifflé par des militants dans la salle.

François Bayrou annonce sa candidature à la présidentielle du printemps 2007 le à Serres-Castet dans sa circonscription des Pyrénées-Atlantiques. Il est crédité par les instituts de sondage d’environ 8 % d’intentions de vote en décembre, de 10 % mi-janvier 2007, de 12 % fin janvier, de 13 % mi-février, de 19 % fin février, de 22 % dans la première quinzaine de mars. L’hypothèse d'une qualification pour le second tour au détriment de la socialiste Ségolène Royal est alors évoquée[47].

François Bayrou en .

En février-mars 2007, plusieurs candidats potentiels et d’autres personnalités se rallient à François Bayrou : le président du Parti fédéraliste Christian Chavrier ; la présidente du parti écologiste Cap21 Corinne Lepage ; Édouard Fillias d'Alternative libérale ; Antoine Waechter, président du Mouvement écologiste indépendant ; le journaliste Nicolas Miguet, du Rassemblement des contribuables français ; les ministres délégués du gouvernement Villepin, tous deux UMP, Azouz Begag et François Goulard. En , François Bayrou publie chez Plon son Projet d'espoir, qui est le livre politique le plus vendu au cours de la période (370 000 exemplaires en deux mois).

Cependant, en mars et avril, le candidat de l'UMP et favori du scrutin, Nicolas Sarkozy, reçoit le soutien de plusieurs membres ou figures historiquement proches de l'UDF : Valéry Giscard d'Estaing, fondateur du parti en 1978, qui accuse François Bayrou « d'entretenir l'incertitude, de flotter dans le vide entre des politiques évidemment différentes »[48] ; Simone Veil, qui déclare que Bayrou est « le pire de tous » et que sa candidature est « une imposture » ; Gilles de Robien ; André Santinietc. Le candidat centriste réagit à ces défections en dénonçant une « collection d'élus épuisés »[49].

Le , quelques jours avant le premier tour, Michel Rocard, ancien premier ministre socialiste, dont des proches avaient déjà appelé à voter Bayrou (collectifs « Spartacus » et « les Gracques ») demande une alliance entre l'UDF, le PS et Les Verts[50]. Il est suivi par Bernard Kouchner[51], puis par Claude Allègre le dans une tribune du quotidien Le Parisien et par Daniel Cohn-Bendit le lendemain dans le même journal. Ségolène Royal juge la proposition « baroque » et François Hollande, premier secrétaire du Parti socialiste, la considère comme inconcevable.

En février-mars 2007, les sondages le donnent en forte progression, au coude-à-coude avec Ségolène Royal, avec plus de 20 % d’intentions de vote. Le il est à 24 % contre 25 % à Royal et le surlendemain tous deux sont à 23 %.

Dans le même temps, il déclare qu’il condamne « haut et fort […] l’interventionnisme de Nicolas Sarkozy […] auprès des rédactions » des médias et que « l'information se trouve verrouillée »[52]. Le livre-enquête du journaliste d'investigation Jean-Baptiste Rivoire (L’Élysée et les oligarques contre l’info, 2022) va dans ce sens[53][source insuffisante].

François Bayrou obtient 6 820 119 voix (18,57 %) au premier tour, ce qui le place en troisième position, derrière Nicolas Sarkozy (31,18 %) et Ségolène Royal (25,87 %), tous deux qualifiés pour le second tour.

Entre les deux tours, Ségolène Royal affirme que son gouvernement pourrait accueillir des personnalités UDF[54],[55]. Dans un livre de [56], elle assure avoir même rencontré physiquement François Bayrou avant le second tour « en lui proposant même d’être son premier ministre »[57]. Bayrou a confirmé en disant n'avoir « jamais cru qu’elle pourrait être élue »[58],[57]. Trois jours après le premier tour, François Bayrou annonce qu'il ne donne aucune consigne de vote en vue du second tour. Lors d'une conférence de presse, il a a aussi renvoyé dos-à-dos les deux finalistes, incapables à ses yeux de « réparer » une France « en manque de croissance », « à la démocratie malade » et « au tissu social déchiré »[59].

Par ailleurs, il déclare accepter le débat public que lui a proposé Ségolène Royal, se disant prêt à en faire autant avec Nicolas Sarkozy, une proposition que celui-ci décline. Le débat proposé par Ségolène Royal sur les convergences et divergences entre leurs projets politiques est le premier débat public réunissant, entre les deux tours d'une élection présidentielle, deux personnalités dont l'une est présente au second tour et l'autre non. La presse quotidienne régionale, puis Canal+, refusent d'organiser ce débat (indiquant vouloir respecter les consignes du CSA sur l'égalité des temps de parole des deux finalistes). François Bayrou parle à cet égard de pressions exercées par le candidat UMP et son entourage sur les médias dans le but d'empêcher ce débat. La confrontation a finalement lieu le , retransmise par BFM TV et RMC. La presse observe que leurs programmes économiques restent éloignés « sur la dette, la fiscalité et le temps de travail »[60].

La semaine suivante, au lendemain du débat télévisé entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, François Bayrou confirme qu’il ne votera pas pour Nicolas Sarkozy le , sans pour autant dire s'il choisira Ségolène Royal, s'il votera blanc ou s'il s'abstiendra[61]. Il ne dément pas les déclarations de proches estimant que son programme est plus proche de celui de Nicolas Sarkozy que de celui de Ségolène Royal.

Trois ans plus tard, en , il confiera avoir voté blanc[62]. Selon les instituts de sondage TNS Sofres et Ipsos, au second tour de l'élection, 40 % de ses électeurs auraient voté pour Nicolas Sarkozy, 40 % pour Ségolène Royal et 20 % ont voté blanc, nul ou se sont abstenus[63],[64].

Sous la présidence de Nicolas Sarkozy (2007-2012)

François Bayrou au congrès fondateur du Mouvement démocrate, en 2007.

Dans la lignée de l’annonce de François Bayrou durant la campagne présidentielle, le conseil national de l'UDF vote, le à la Mutualité, une motion pour la création du Mouvement démocrate (MoDem), à la quasi-unanimité.

Le MoDem apparaît alors comme le successeur du mort-né « Parti démocrate » (PD), dont François Bayrou avait annoncé la naissance le . Le nouveau mouvement se revendique clairement comme un parti d'opposition au pouvoir du nouveau président Nicolas Sarkozy et fait valoir ce positionnement pour les législatives de , où elle parvient pas à égaler le score de Bayrou à la présidentielle.

Nombre de députés UDF sortants réprouvent cette nouvelle stratégie et se rapprochent de la majorité présidentielle à l'occasion de cette élection. Rassemblés par le nouveau ministre de la Défense Hervé Morin, ancien président du groupe UDF à l'Assemblée, ils fondent le Nouveau Centre, formation qui se réclame du centre droit et de la tradition de l'UDF.

François Bayrou, réélu député des Pyrénées-Atlantiques, voit l'essentiel de ses anciens compagnons le quitter pour le Nouveau Centre : seuls trois autres députés sortants se présentent sous l'étiquette UDF-MoDem, mais deux d'entre eux (Gilles Artigues et Anne-Marie Comparini) sont battus. Dans les Pyrénées, Jean Lassalle est réélu à l'issue de la seule triangulaire du pays et le MoDem compte également un nouvel élu à Mayotte : Abdoulatifou Aly.

Juste avant la création officielle du MoDem, en , il enregistre la médiatique désaffection de Jean-Marie Cavada, jusque-là considéré comme un de ses principaux lieutenants. Celui-ci, en obtenant la tête de liste pour le 12e arrondissement de Paris, rejoint en effet la liste de la candidate UMP à la mairie de Paris Françoise de Panafieu. Bayrou est élu président du MoDem le , avec 96,8 %[65].

Le , il annonce sa volonté de conduire une liste pour l'élection municipale à Pau[66]. Il rate de peu son élection à la mairie de Pau en obtenant 38,81 % des suffrages au second tour le , perdant de 342 voix[67] face à la candidate socialiste Martine Lignières-Cassou (39,76 %) sur un total de plus de 36 000 voix. Le candidat investi par l'UMP Yves Urieta, maire sortant (ex-PS) qui s'est maintenu au second tour obtient quant à lui 21,42 % des suffrages (contre 27,8 % au premier tour), causant en partie la défaite du président du MoDem[68]. Globalement, les deux composantes de l’ex-UDF souffrent aux municipales de cette scission de l’ex-UDF dans les villes de tradition giscardiennes du pourtour méditerranéen.

François Bayrou en 2008.

Les défections ont continué, ainsi que les critiques sur sa façon de gérer le MoDem, accusé de n'être qu'un marchepied pour ses ambitions présidentielles. Ainsi Jean Arthuis, en , déclare à propos de François Bayrou qu'« on ne dirige pas un parti comme une secte ». Le député européen Thierry Cornillet avait pour sa part qualifié de « suicidaire » la politique du président du MoDem et ajouté que ce dernier « sacrifiait ses élus pour une chimère présidentielle »[69]. Soucieux de démontrer la marginalité de ces défections et de réaffirmer son autorité face aux critiques internes, François Bayrou proposa de soumettre au vote des adhérents une contribution, c'est-à-dire une déclaration de principes sur l'orientation politique du MoDem, dans laquelle il défend sa stratégie d'indépendance. Thierry Cornillet (soutenu par les sénateurs Yves Détraigne, Françoise Férat, Philippe Nogrix et Catherine Morin-Desailly) ayant renoncé à soumettre une contribution, seul le texte du président du MoDem fut proposé aux adhérents lors de la dernière semaine de juin 2008[70] : il obtint l'approbation de 98 % des votants[71].

Lors des élections européennes de 2009, il fait notamment campagne contre les orientations de José Manuel Durão Barroso, qu'il considère « à la solde de l'Amérique ». Dans cette optique, il soutient les candidatures de Guy Verhofstadt ou de Mario Monti à la présidence de la commission européenne. Lors d'un débat télévisé le jeudi l'opposant à la tête de liste des Verts Daniel Cohn-Bendit, il a des échanges houleux avec ce dernier, qui l’a interpellé sur un ton provocateur[72]. Trois jours plus tard, le , les listes « Démocrates pour l'Europe » obtiennent 8,46 % (4e place derrière Europe Écologie, crédité de 16,28 %, le Parti socialiste, à 16,48 %, et l'UMP, à 27,88 %) et six sièges au Parlement européen, score bien en deçà de celui réalisé par l'UDF en 2004[73].

Peu avant les élections régionales de 2010, le Mouvement démocrate doit faire face à plusieurs défections et critiques de ses membres[74],[75]. Dans le même temps, les intentions de vote en faveur du MoDem s'effondrent[76]. Les listes du parti recueillent finalement 4,20 % au niveau de la France entière[77].

Il est réélu président du MoDem le , avec 94,69 % des voix[78], puis le , avec 86,98 % des voix[79].

Candidature à l'élection présidentielle de 2012

Logo utilisé par François Bayrou dans le cadre de sa campagne pour l'élection présidentielle de 2012.

François Bayrou annonce le sa candidature à l'élection présidentielle de 2012, déclarant se présenter en « homme libre »[80].

François Bayrou en 2012.

Fin 2011 et début 2012, plusieurs anciens ministres chiraquiens et personnalités de centre-droit se rallient à lui, comme les anciens UDF Jean Arthuis, Alain Lambert, Anne-Marie Idrac, Bernard Bosson, Pierre Albertini ou Philippe Douste-Blazy. François Bayrou reçoit également le soutien d'une vingtaine de sénateurs divers droite et de plusieurs parlementaires villepinistes au tournant de l'année 2012, tel Yves Pozzo di Borgo. L'ex-responsable de la campagne web de Nicolas Sarkozy en 2007, membre du Parti libéral, Arnaud Dassier, annonce également son soutien[81]. Le , il reçoit en outre le soutien d'une quarantaine de personnalités gaullistes et villepinistes[82].

Il met l'accent sur ce qu'il appelle « produire en France et consommer français », la réduction de la dette par le contrôle des dépenses, l'éducation en voulant faire un effort particulier sur les « fondamentaux » au primaire (lire, écrire, compter), défendant notamment l'usage du calcul mental, et de nouveau la réforme des institutions, promettant l'organisation d'un référendum sur la question en même temps que le premier tour des élections législatives de .

Après une entrée en campagne lors de laquelle le candidat voit un doublement des intentions de vote en sa faveur, il retrouve le dans un sondage sa troisième place de 2007, à égalité avec Marine Le Pen à 15 %[83], avant de voir progressivement refluer les intentions de vote en sa faveur.

Recueillant finalement 3 275 122 voix au premier tour (9,13 % des suffrages exprimés)[84], il termine cinquième derrière Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, un score deux fois inférieur à celui de 2007 (18,57 %) mais au-dessus de celui de 2002 (6,84 %).

Après son élimination, il écrit une lettre publique aux deux candidats du second tour, Nicolas Sarkozy et François Hollande, les interrogeant sur leurs programmes[85] afin d'éventuellement se prononcer pour un soutien ou une prise de position pour le deuxième tour. Le , il annonce qu'il votera personnellement pour François Hollande sans donner toutefois de consigne de vote à ses électeurs[86]. Cette décision lui vaut les critiques de la droite et de plusieurs centristes.

Sous la présidence de François Hollande (2012-2017)

Candidat à sa réélection aux législatives de juin 2012 dans la deuxième circonscription des Pyrénées-Atlantiques, François Bayrou arrive en deuxième position au premier tour avec 23,63 % des suffrages exprimés. Dans une triangulaire qui l'oppose à la candidate socialiste Nathalie Chabanne (34,90 % au premier tour) et au candidat de l'UMP Éric Saubatte (21,72 % au premier tour), il n'obtient que 30,17 % des suffrages exprimés contre 42,78 % à Nathalie Chabanne, élue, 27,04 % pour Éric Saubatte[87],[88].

Le , en tant que président du MoDem, il signe avec Jean-Louis Borloo, président de l'Union des démocrates et indépendants (UDI), une charte qui unit leurs deux partis au sein d'une plate-forme politique commune, L'Alternative, avec l'ambition de conduire des listes communes aux élections nationales, européennes et régionales ainsi que d'organiser une primaire commune aux partis centristes en vue de l'élection présidentielle de 2017[89]. Ce projet semble toutefois mis en suspens par le retrait de Jean-Louis Borloo de la vie politique ; son successeur, Jean-Christophe Lagarde, privilégiant plutôt les alliances avec la droite de Nicolas Sarkozy[90]. La plupart du temps, le MoDem finit par rejoindre à son tour ces alliances avec la droite.

Dès septembre 2013, il annonce son intention d'être à nouveau candidat à la mairie de Pau en 2014[91]. Il bénéficie du soutien de l'UMP, qui ne présente pas de candidat contre lui[92]. La liste qu'il constituera inclura certains représentants de l'UMP dont Eric Saubatte, son ancien adversaire aux élections législatives de 2012.

Le , sa liste obtient 41,9 % des suffrages au premier tour puis, le 30 mars, 62,6 % des voix contre 37,4 % à celle conduite par le député socialiste David Habib. Il est élu maire de Pau le . Le 14 avril suivant, il est élu président de la communauté d'agglomération de Pau-Pyrénées avec 42 voix (2 nuls et 21 blancs) par les 65 élus inscrits représentant les 14 communes de l'agglomération[93].

Grand lecteur de Charles Péguy[94],[95], il intervient, en janvier 2014, au colloque sur « L’actualité de la pensée politique de Charles Péguy »[96].

Alliance avec Emmanuel Macron et éphémère ministre de la Justice (2017)

François Bayrou en 2017.

Peu après l'annonce de la candidature d'Alain Juppé à la primaire de la droite et du centre en vue de la présidentielle de 2017, François Bayrou annonce son soutien au maire de Bordeaux[97], tout en refusant de faire participer officiellement le MoDem à la primaire, afin de pouvoir faire barrage à Nicolas Sarkozy si celui-ci était finalement désigné candidat[98]. Après la large victoire de François Fillon, qui devient ainsi le candidat des Républicains et de leurs alliés dans la course à l'Élysée, Bayrou dément avoir conclu un accord avec ce dernier[99],[100].

Interrogé sur la candidature d'Emmanuel Macron, président du mouvement En marche qui souhaite dépasser le clivage droite-gauche comme lui, le [101], il estime que celle-ci s'inscrit dans la lignée de celle de Sarkozy en 2007 et de Dominique Strauss-Kahn en 2012, accusant « le monde des grands intérêts et celui de l'argent » d'être derrière sa candidature. Cette relation lui semble « incompatible avec l'impartialité exigée par la fonction politique »[102] et il annonce qu'il « mènera la bataille pour qu'il n'en soit pas ainsi »[103].

Cependant, lors d'une déclaration à la presse le concernant sa décision en vue de la prochaine échéance électorale, François Bayrou estime que la France est « décomposée » et il propose une alliance à Emmanuel Macron pour ne pas prendre le risque de dispersion des voix. Il pose quatre exigences pour cette proposition (à savoir une véritable alternance dans les pratiques politiques, une loi sur la moralisation de la vie publique, l'amélioration de la rémunération du travail et l'introduction de la proportionnelle pour les élections législatives[104],[105],[106]) ; Emmanuel Macron accepte aussitôt sa proposition[107]. La décision du président du MoDem est toutefois critiquée par des élus de droite et de gauche, en raison notamment de l'incohérence avec ses déclarations passées à l'égard de l'ancien ministre de l'Économie[108],[109].

Durant l'entre-deux tours de l'élection présidentielle, il critique le ralliement de Nicolas Dupont-Aignan au FN de Marine Le Pen, elle-même adversaire d'Emmanuel Macron au second tour de l'élection. Le , il qualifie cette alliance d'« immense honte », mettant en cause le gaullisme du président de Debout la France[110].

Après la publication par La République en marche de la liste de ses candidats aux élections législatives[Quand ?], il fait part de son désappointement et déclare qu'elle « n'est en aucun cas celle à laquelle le MoDem a donné son assentiment ». Il avait été convenu avec Emmanuel Macron, en échange de son soutien pour l’élection présidentielle, que 120 circonscriptions seraient réservées à des membres du Modem, mais seules 30 leur seront proposées après l’élection[111].

Le , François Bayrou est nommé ministre d'État, garde des Sceaux, ministre de la Justice dans le gouvernement Philippe I[112].

Selon des informations du Canard enchaîné, l'assistante parlementaire de Marielle de Sarnez aurait en réalité été la secrétaire particulière de François Bayrou et était donc rémunérée par le Parlement européen pour un emploi fictif[113]. Si François Bayrou dément et promet des preuves, des témoignages cités par le Canard enchaîné et Corinne Lepage confirment le caractère fictif de cet emploi et mettent en cause un système d'emplois fictifs créé par le MoDem au Parlement européen pour faire rémunérer son personnel avec de l'argent public[113],[114]. Une enquête de France Info cite une dizaine d’employés du Modem rémunérés comme assistants parlementaires[115].

François Bayrou appelle personnellement un responsable de la radio pour se plaindre de l’enquête, en "tant que simple citoyen" mais est ensuite recadré par le Premier ministre Édouard Philippe[116]. Dans ces conditions, il annonce le qu'il ne fera pas partie du gouvernement Philippe II[117],[118]. Il est remplacé par Nicole Belloubet, après seulement 35 jours passés à la chancellerie.

Retour à Pau et haut-commissaire au plan (2017-2024)

François Bayrou en 2018.

Seul candidat à sa succession à la présidence du MoDem, François Bayrou est réélu le , avec 93,8 % des voix[119]. Un temps envisagé comme tête de liste LREM-MoDem pour les élections européennes de 2019, il refuse d’être candidat à ce scrutin, affirmant souhaiter le « renouvellement »[120],[121].

En , il est mis en examen pour « complicité de détournement de fonds publics » dans l’affaire des assistants parlementaires européens du parti centriste qui lui avait valu son départ du gouvernement en juin 2017. Plusieurs cadres du MoDem sont également mis en examen, dont Sylvie Goulard, Michel Mercier et Marielle de Sarnez[122]. Fragilisé alors qu’il prônait de longue date l’éthique en politique, François Bayrou exclut de démissionner de la mairie de Pau[123],[124].

Au premier tour des élections municipales de 2020, la liste qu'il conduit à Pau arrive en tête avec 45,8 % des voix[125]. Au second tour, sa liste l'emporte avec 55,5 % des suffrages exprimés, contre 44,5 % pour celle du divers gauche Jérôme Marbot[126]. Dans la foulée, il est réélu président de la communauté d'agglomération Pau Béarn Pyrénées[127].

En , il est nommé par Emmanuel Macron haut-commissaire au plan[128],[129], exerçant ses fonctions à titre gratuit[130]. Selon Le Monde, ce poste l'occupe peu, mais lui permet principalement de conserver de l’influence dans l'environnement d'Emmanuel Macron[131]. Trois mois plus tard, en , il est réélu président du MoDem avec 96 % des suffrages exprimés[132].

Lors de la campagne présidentielle de 2022, il prône la mise en place d'une « banque des parrainages », qui permettrait notamment à Marine Le Pen et Éric Zemmour, en difficulté pour collecter leurs 500 signatures, d'être candidats[133]. Lui-même apporte son parrainage à la candidate du Rassemblement national, afin, dit-il, de « sauver la démocratie »[134].

Après la réélection d'Emmanuel Macron, il considère que l'accord trouvé par la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES) est « un événement extrêmement triste » ; il pointe notamment du doigt le principe de désobéissance à l'Union européenne envisagé dans l'accord, qui conduirait selon lui à « la fin de l'Europe », ainsi que la volonté de Jean-Luc Mélenchon de « sortir de l'OTAN »[135].

Au début du second quinquennat Macron, il fait partie des personnes citées pour représenter la majorité présidentielle sortante à l'élection présidentielle suivante. Alors qu'il aura 76 ans en 2027, il n'exclut pas cette possibilité et invoque la troisième élection du président brésilien Lula, à l'âge de 77 ans, pour justifier ses ambitions[136]. Toutefois, testé par l'Ifop en comme candidat unique de la coalition Ensemble, il est donné seulement en quatrième position avec moins de 10 % d'intentions de vote[137]. Ses ennuis judiciaires menacent également une possible candidature[138].

Après avoir été pressenti pour entrer au gouvernement Gabriel Attal en février 2024 à la suite de sa relaxe dans l'affaire des assistants parlementaires du MoDem au Parlement européen, il annonce qu'il ne l'intégrera pas, « faute d'accord profond sur la politique à suivre »[139]. Lors de la formation de ce gouvernement le mois précédent, il s'était déclaré « mécontent », jugeant sa composition trop à droite, et avait menacé de présenter sa propre liste aux élections européennes de 2024[140].

Le , le parquet de Paris annonce faire appel de la décision du tribunal correctionnel dans l'affaire des assistants parlementaires européens, précisant qu'il « conteste ces relaxes, estime que les faits caractérisent les infractions reprochées et que les preuves de ces délits sont réunies contre tous les prévenus »[141].

Premier ministre (depuis 2024)

Le , dans un contexte de crise politique en raison d'un Parlement minoritaire issu des élections législatives anticipées de juin et après le renversement du gouvernement Barnier, François Bayrou est nommé Premier ministre par le président de la République Emmanuel Macron, qui le charge de former le prochain gouvernement[142],[143],[144] pour tenter de dénouer la crise politique[145].

Lors de la passation de pouvoir avec son prédécesseur, François Bayrou rappelle qu'il a toujours alerté dans sa vie politique sur la question de la dette et des déficits et affirme être face à un « Himalaya de difficultés »[146],[147]. Il déclare que « la réconciliation est nécessaire », citant Henri IV, béarnais comme lui et « un de [ses] seuls amis », dont c'était l'anniversaire de la naissance[148]. Il décide de rester maire de Pau, déclarant être favorable au cumul des mandats, après l'avoir longtemps contesté, et provoquant une polémique, notamment en raison de sa présence à la session du conseil municipal du 16 décembre, alors que Mayotte subit une catastrophe naturelle après le passage du cyclone Chido[149],[150]. Selon l’Ifop, c’est la 1ère fois depuis 1959 qu’un 1er ministre prenant ses fonctions a une popularité aussi basseErreur de référence : Balise fermante </ref> manquante pour la balise <ref>.

Politique économique

Sur la réforme des retraites, François Bayrou souhaite encourager le plus possible à travailler plus longtemps, mais en évitant les effets pervers de textes qui pénalisent les plus fragiles. Il est favorable à un passage de 60 à 62 ans progressif, qu'il dit être raisonnable compte tenu de l'augmentation de l'espérance de vie[151]. Néanmoins, il n'a pas voté pour la réforme qu'il conditionnait à l'adoption d'un amendement qu'il a présenté à l'Assemblée nationale et auquel il n'a manqué que quelques voix pour être adopté : il proposait de maintenir le seuil de l'âge de départ sans décote à 65 ans au lieu des 67 ans proposés par le gouvernement lors de la réforme de 2010 et qui constitue son volet le plus contesté, ce qui lui semble inacceptable, car cela fait payer les frais de cette réforme aux personnes ayant eu les carrières les plus hachées[152]. Son objectif est la mise en place comme en Italie, et comme défendu par la CFDT, d'un système de retraite par répartition mais individualisé, également appelé système de retraite par points, comme le système des retraites complémentaires mais étendu à la retraite de base, et unifié à terme entre les 35 systèmes existants qui créent en particulier le problème des calculs pour les retraités polypensionnés[153][source insuffisante].

En 2007, il fait campagne en proposant que toute entreprise ait droit à une exonération de cotisations sociales sur un emploi et un seul, une manière de concentrer les exonérations sur les TPE et travailleurs indépendants, les plus susceptibles de les transformer en la création d’un emploi.

Institutions

Parlement

Dans son projet de modernisation du système politique français, François Bayrou propose le renforcement du rôle du Parlement de façon à constituer un contre-pouvoir effectif face à l'exécutif. Il a déclaré à plusieurs reprises souhaiter le passage à une VIe République[154],[155].

Cumul des mandats

En septembre 1997, le Premier ministre Lionel Jospin ouvre avec la plupart des forces politiques une discussion sur l'interdiction du cumul des mandats, François Bayrou, député et président du conseil général des Pyrénées-Atlantiques, se prononce avec d'autres élus « contre toute restriction supplémentaire (à l'exception du cumul avec une fonction ministérielle), au nom du lien entre l'élu et le terrain », tandis que son parti prônait l'interdiction dans le programme commun avec le RPR pour les élections législatives de mai et juin 1997[156]. Il plaide pour que les élus demeurent enracinés dans un territoire[157].

Lors de la campagne pour élection présidentielle de 2007, François Bayrou a changé de position, prônant une stricte limitation du cumul des mandats et estimant que la représentation territoriale est déjà l'apanage du Sénat[158].

En avril 2018, François Bayrou accuse Emmanuel Macron de ne pas avoir tenu sa promesse de campagne en 2017 d'instaurer une limite dans le temps au cumul des mandats[159]. En définitive, la réforme institutionnelle envisagée est abandonnée.

En août 2022, il reprend sa position initiale, estimant que l'interdiction du cumul des mandats parlementaires et d'exécutifs locaux, adoptée en 2014, a « rompu tout lien entre la démocratie locale et la démocratie nationale »[160]. En décembre 2024, alors nouveau Premier ministre, il confirme sa position[161].

Mode de scrutin

Lors de la campagne pour élection présidentielle de 2007, François Bayrou propose que les députés soient élus pour moitié au scrutin majoritaire et pour moitié à la proportionnelle[158]. En septembre 2007, il précise sa proposition : l'élection à la proportionnelle de la moitié des députés est altérée par un rééquilibrage en faveur des formations qui ont obtenu plus de 5 % des voix[162].

En février 2018, lors des discussions sur la possibilité d'une réforme institutionnelle engagée par le président de la République, incluant le mode d'élection des députés, François Bayrou propose l'introduction d'une dose de proportionnelle située à 25 % des élus[163].

Gouvernement

François Bayrou, au cours de la campagne pour élection présidentielle de 2007 veut limiter les pouvoirs du Gouvernement en supprimant les articles 49-3 (adoption d'un texte sans vote), 44-3 (vote bloqué) et la procédure des ordonnances[158]?

Il livre en septembre 2007 sa vision de la répartition des rôles au sein de l'exécutif : le Premier ministre est « le premier des ministres » et « le chef du gouvernement, c'est le président »[164].

Régionalisme

François Bayrou, qui parle couramment béarnais, défend le « trésor » que constituent selon lui les cultures et identités régionales de France. Il appelle à ratifier la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, que la France a signée en 1999[165]. Il s'est notamment prononcé pour le rattachement de la Loire-Atlantique à la région Bretagne, conformément au vœu des collectivités locales, ainsi que pour la « réunification de la Normandie », ce qui fut permis par la réforme territoriale mise en place durant le quinquennat de François Hollande.

Sujets de société

Défenseur de la laïcité dans l'espace public, François Bayrou est un catholique pratiquant ayant fréquenté par exemple la Communauté des Béatitudes[166].

Il s'est déclaré opposé dans sa forme au projet d'ouverture du mariage aux personnes de même sexe[167] ayant défendu durant la campagne présidentielle 2012 le principe d'une « union civile » fondée sur l'essentiel des dispositions du Code civil en matière de mariage (reconnaissance, droits, fiscalité et succession), mais s'attachant à distinguer d'un point de vue lexical le terme d'« union » de celui de « mariage ».

Concernant l'interruption volontaire de grossesse, lorsque la présidente du groupe LREM à l'Assemblée Nationale Aurore Bergé, dépose le une proposition de loi constitutionnelle visant à garantir le droit à l'IVG[168], le président du MoDem s'y oppose en questionnant son « utilité pour le pays »[169],[170],[171],[172].

En décembre 2023, il critique la « loi immigration », aussi bien sur la forme (refus des députés de débattre du texte) que sur le fond (il existe selon lui un manque d’équilibre au profit de la droite et de l'extrême droite). En conséquence, il réclame un changement important au sein de l'équipe gouvernementale[173].

Médias et culture

En mai 2009, il vote contre la loi Hadopi[174]. Se présentant comme « un grand utilisateur du numérique dans la vie », il considère que « Wikipédia est l’une des révolutions les plus bienfaisantes que l’humanité ait jamais rencontrées »[175],[176].

François Bayrou a souvent mis en cause l’objectivité des médias français appartenant à de grands groupes industriels, arguant de leur forte tendance à la bipolarisation de la vie politique française, autour de LR et du PS, tout particulièrement lors de la campagne présidentielle de 2007, lorsqu'il porte à la connaissance les liens de Nicolas Sarkozy avec ses témoins de mariage, Bernard Arnault et Martin Bouygues. Un clash l’oppose, à la télévision, à l’ex-directeur du quotidien Les Échos passé à la direction du Figaro.

Il accuse ces médias d’une surexposition de ces partis et de leurs candidats voire de connivence avec certains de ces candidats. Il propose à cet effet, lors de sa campagne de 2007, de rendre impossible la détention des groupes de médias par des groupes industriels et financiers dépendant des commandes de l’État[177].

Politique de défense

En 2009, il s'oppose à la réintégration de la France dans le commandement intégré de l'OTAN[178], et réclame un référendum sur le sujet en marge des élections européennes[179],[180].

Union européenne

François Bayrou et le MoDem s'inscrivent dans la tradition europhile du centre français.

Il est député européen de 1999 à 2002. Il affirme, en décembre 2004, son opposition à l'entrée de la Turquie[d] dans l'Union européenne et demande, en vain, un vote de l'Assemblée nationale sur cette question. Depuis, sa position a légèrement changé concernant cette question. Lors d'un meeting le , il affirme que des arguments importants pour l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne n'ont pas été pris en considération. Pour sa part, il maintient son opposition mais affirme : « il y avait des arguments pour [et] des gens qui avaient une autre vision de l'Europe que la sienne »[181][source insuffisante].

En 2005, il fait campagne en faveur du Traité établissant une constitution pour l'Europe, que les électeurs français consultés par référendum rejettent le . Son programme pour la présidentielle de 2007 milite pour la ratification d’« un texte, simple, lisible, court, sans ambiguïté, qui donnera forme aux principes d’une Union européenne sortie de ses paralysies et de ses impasses »[e][source insuffisante] qui devrait, en France, être accepté par un nouveau référendum.

Le , il vote au congrès pour la loi constitutionnelle qui permettra la ratification du traité de Lisbonne modifiant le traité sur l'Union européenne[182],[f].

Affaire judiciaire

Le , le parquet de Paris ouvre une enquête préliminaire pour « abus de confiance » et « recel » de ce délit[183]. L'affaire porte sur des soupçons d'emplois fictifs concernant les assistants parlementaires des députés européens du Mouvement démocrate (MoDem) siégeant au Parlement européen, soit l'utilisation de fonds européens pour rémunérer des collaborateurs travaillant en réalité pour le MoDem. Elle concerne onze contrats présumés frauduleux pour un montant total de 350 000 euros (le Parlement européen, lui, avance le chiffre de 293 000 euros)[184].

Par ailleurs, dans le cadre de l'enquête administrative menée en parallèle par l'Office européen de lutte anti-fraude (OLAF), Jean-Luc Bennahmias et Nathalie Griesbeck, anciens députés européens MoDem, sont sommés de rembourser respectivement 45 000 et 100 000 euros au Parlement européen[185]. À l’issue d’une audition de près de dix heures menée le au tribunal de Paris, François Bayrou est mis en examen pour « complicité de détournement de fonds publics ». Plusieurs cadres du parti centriste avaient été mis en examen quelques jours avant lui : les anciennes ministres Sylvie Goulard et Marielle de Sarnez, l’ancien trésorier du parti Michel Mercier, l’ancien directeur financier Alexandre Nardella[186],[187]. En , la justice renvoie François Bayrou devant le tribunal correctionnel, au côté de dix autres personnes[188]. Selon l'ordonnance des deux juges d'instruction, il « apparaît comme le décideur et le responsable de la mise en place et du fonctionnement du système frauduleux »[188].

Avec dix autres cadres et élus centristes, François Bayrou est jugé en première instance en et [189],[190]. Interrogé le 7 novembre, il nie l'existence du « système » dont on l'accuse et dénonce une « intoxication » judiciaire[191]. Le , le parquet requiert 30 mois de prison avec sursis, 70 000  d’amende et trois ans d’inéligibilité avec sursis à l’encontre de François Bayrou, ainsi que des peines allant de 8 à 20 mois de prison avec sursis et de 10 000 à 30 000 euros d’amende pour les dix autres cadres et élus jugés à ses côtés[184],[192],[193].

François Bayrou est relaxé le au bénéfice du doute car, bien qu'il soit « très probable » que les actes de trois prévenus aient été commis avec l'autorisation de François Bayrou, « il n'est pas rapporté la preuve de cette autorisation »[194],[195],[196]. Deux personnes sont également relaxées mais les huit autres, dont cinq ex-eurodéputés, sont condamnées à des peines allant de 10 à 18 mois de prison avec sursis, à des amendes de 10 000 à 50 000 euros et à deux ans d'inéligibilité avec sursis. Enfin, le parti UDF est condamné à 150 000 euros d'amende, dont 100 000 ferme, et son successeur, le MoDem, à 350 000 euros, dont 300 000 ferme[194],[197].

Cependant, le 8 février, le parquet fait appel de la relaxe de François Bayrou, estimant que « les faits caractérisent les infractions reprochées et que les preuves de ces délits sont réunies contre tous les prévenus »[198].

Détail des mandats et fonctions

Au sein de l’exécutif

Premier ministre

Ministre

Haut-commissaire

À l'Assemblée nationale

  •  : député des Pyrénées-Atlantiques.
  •  : député de la 2e circonscription des Pyrénées-Atlantiques.
  •  : député de la 2e circonscription des Pyrénées-Atlantiques ; président du groupe UDF (1997-1998).
  •  : député de la 2e circonscription des Pyrénées-Atlantiques.

Au Parlement européen

  •  : député européen (démissionne afin de revenir à l'Assemblée nationale).

Au niveau local

Conseil municipal

  •  : conseiller municipal de Pau.
  • Depuis le  : conseiller municipal de Pau.
  • Depuis le  : maire de Pau[112].

Conseil général

Intercommunalité

Au sein de partis politiques

Autres

Synthèse des résultats électoraux

Élections présidentielles

Année Parti Premier tour[201]
Voix % Rang
2002 UDF 1 949 170 6,84 4e
2007 6 820 119 18,57 3e
2012 MoDem 3 275 122 9,13 5e

Élections législatives

Année Parti Circonscription 1er tour[202] 2d tour[202]
Voix % Rang Voix % Issue
1986 UDF-CDS Pyrénées-Atlantiques Scrutin proportionnel[g] Élu
1988 Deuxième des
Pyrénées-Atlantiques
17 334 41,51 2e 23 789 50,70 Élu
1993 20 111 46,49 1er 26 486 61,22 Élu
1997 UDF-FD 17 367 39,64 1er 23 845 50,93 Élu
2002 UDF 20 425 41,79 1er 25 106 55,58 Élu
2007 MoDem 18 250 37,25 1er 25 677 61,20 Élu
2012 11 348 23,63 2e 14 169 30,17 Battu

Élections européennes

Les résultats ci-dessous concernent uniquement les élections où il est tête de liste.

Année Parti Circonscription Voix % Rang Sièges obtenus
1999 UDF France 1 638 999 9,29 5e
9  /  87

Élections régionales

Les résultats ci-dessous concernent uniquement les élections où il est tête de liste.

Année Parti Région 1er tour[203] 2d tour
Voix % Rang
2004 DVD Aquitaine 215 796 16,06 3e Fusion avec la liste UMP de Xavier Darcos

Élections cantonales

Élections municipales

Les résultats ci-dessous concernent uniquement les élections où il est tête de liste.

Année Commune Nuance 1er tour[204],[205] 2d tour[204],[205] Issue
(maire)
Voix % Rang Voix % Conseillers
municipaux
1989 Pau UD 13 760 39,84 2e 16 956 47,56
12  /  53
Battu
2008 CMD 11 149 32,61 2e 13 974 38,81
9  /  49
Battu
2014 UC 12 749 41,85 1er 18 388 62,95
40  /  49
Élu
2020 DVC 7 235 45,83 1er 9 388 55,46
38  /  49
Élu

Dans la fiction

Dans son roman d'anticipation Soumission (2015) se déroulant en 2022, Michel Houellebecq fait de François Bayrou le Premier ministre de la France[206].

Dans l'émission satirique Les Guignols de l'info, François Bayrou est représenté comme un benêt ; celui-ci affirme, ayant tardivement pris connaissance du personnage, qu'il a été tenté d'arrêter sa carrière politique[207],[208].

Décorations

Le , François Bayrou est promu au grade de commandeur dans l'ordre des Palmes académiques au titre de « ancien ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche »[209].

Le , François Bayrou est nommé[h] au grade d'officier dans l'ordre national de la Légion d'honneur au titre de « ancien ministre d'État, ancien député des Pyrénées-Atlantiques, maire de Pau, haut-commissaire au Plan ; 48 ans de services »[210].

Publications

Correspondance

Une grande partie de la correspondance de François Bayrou est conservée aux Archives nationales sous la cote 692AP[211].

Ouvrages édités

Voir aussi

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Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. Président de la communauté d'agglomération de Pau-Pyrénées (2014-2016) puis de la communauté d'agglomération Pau Béarn Pyrénées (depuis 2017).
  2. Il est successivement ministre de l'Éducation nationale (1993-1995), ministre de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Insertion professionnelle (1995), puis ministre de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche (1995-1997).
  3. Prononciation en français de France d'influence béarnaise retranscrite selon la norme API (écouter sur Forvo). La prononciation [bɛʁu], sous influence des langues d'oïl, est déconseillée.
  4. Question de F. Bayrou à l'Assemblée nationale à propos de l'ouverture des négociations d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne, publiée au Journal officiel du 5 octobre 2005 (question no 2177).
  5. « Proposition à propos de l'Europe sur son site de campagne », sur bayrou.fr.
  6. Il est absent lors de la ratification proprement dite du traité de Lisbonne : voir Scrutin no 83 sur l'article unique du projet de loi autorisant la ratification du traité de Lisbonne modifiant le traité sur l'Union européenne, le traité instituant la Communauté européenne et certains actes connexes.
  7. La liste d'union RPR-UDF conduite par Jean Gougy (RPR) dans les Pyrénées-Atlantiques réunit 46,63 % des suffrages exprimés lors de l'unique tour de scrutin, ce qui permet à François Bayrou, en deuxième position sur la liste, d'être élu député.
  8. Il convient de noter que François Bayrou est « nommé au grade d'officier » et non pas « promu au grade d'officier », ce qui signifie qu'il n'a jamais été nommé préalablement au grade de chevalier dans l'ordre.

Références

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