département français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La Somme (/sɔm/[Note 1]) est un département français situé dans la région Hauts-de-France. Son nom provient de la Somme, la principale rivière à traverser son territoire. Formant auparavant, avec l'Aisne et l'Oise, l'ancienne région Picardie, il constitue donc depuis 2016, avec quatre autres départements (l'Aisne, le Nord, l'Oise et le Pas-de-Calais), la région Hauts-de-France.
Somme | |
Administration | |
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Pays | France |
Région | Hauts-de-France |
Création du département | |
Chef-lieu (Préfecture) |
Amiens |
Sous-préfectures | Abbeville Montdidier Péronne |
Président du conseil départemental |
Christelle Hiver (LR) |
Préfet | Rollon Mouchel-Blaisot[1] |
Code Insee | 80 |
Code ISO 3166-2 | FR-80 |
Démographie | |
Gentilé | Samariens |
Population | 565 540 hab. (2022) |
Densité | 92 hab./km2 |
Géographie | |
Coordonnées | 49° 53′ nord, 2° 25′ est |
Superficie | 6 170 km2 |
Subdivisions | |
Arrondissements | 4 |
Circonscriptions législatives | 5 |
Cantons | 23 |
Intercommunalités | 14 |
Communes | 772 |
Liens | |
Site web | somme.fr |
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L'Insee et La Poste lui attribuent le code 80. La préfecture et plus grande ville de ce département est Amiens. Les autres villes principales sont Abbeville, Albert et Péronne. Avec ses 565 540 habitants en 2022, il est le 44e département le plus peuplé du pays.
Depuis le , les habitants de la Somme s'appellent les Samariens, en référence au fleuve qui donna son nom au département, la Somme, dont le nom gaulois était Samara.
Ce gentilé était auparavant largement utilisé mais n'est devenu officiel qu'après un sondage réalisé par le conseil départemental de la Somme sur le site Internet « donnonsnousunnom.fr »[2], à l'issue duquel il a obtenu la majorité et a été adopté.
Avant cette opération, les habitants de la Somme n'avaient tout simplement pas de gentilé reconnu.
Blasonnement :
« Écartelé : au premier et au quatrième d'azur aux trois fleurs de lys d'or, au deuxième et au troisième de gueules aux trois lionceaux d'or ; à la burelle d'argent brochant sur la partition. » |
Le département de la Somme appartient à la région Hauts-de-France. Avant 2016, il faisait partie de la région Picardie. La Somme est limitrophe des départements du Pas-de-Calais, du Nord, de l'Aisne, de l'Oise et de la Seine-Maritime. Le territoire de la Somme est constitué par un plateau crayeux couvert de limon parcouru d’est en ouest par le fleuve qui lui a donné son nom et dont l’estuaire (baie de Somme) s'ouvre sur la Manche. Le fleuve côtier est le plus long du Nord de la France et compte 192 kilomètres pour un bassin versant de 5 842 km2 et un débit de l'ordre de 32 m3/s. Son cours terminal est canalisé entre Abbeville et Saint-Valery-sur-Somme.
Les extrêmes du département :
Le climat picard est tempéré, soumis aux flux d'ouest de la façade maritime. Les précipitations moyennes annuelles sont comprises entre 600 et 800 mm. La façade maritime, plus exposée, reçoit entre 800 et 1 200 mm par an, mais enregistre des températures les plus clémentes l'hiver (moyenne en janvier d'environ 5 °C) et environ 40 jours de gel contre 70 dans la partie plus continentale. Les températures estivales présentent une moyenne en juillet de 17 °C environ et les temps pluvieux et frais alternent avec des météorologies chaudes et sèches.
Le département fait partie du bassin parisien avec une ouverture sur la Manche.
Les premiers dépôts du Bassin parisien sont d’âge permien mais ils n'affleurent pas en Picardie. Au Permien, un ensemble de petits bassins recueillent les produits dus à l’érosion de la chaîne hercynienne (cf. Massifs armoricain et central). Au Trias, une transgression marine permet les dépôts dans un bassin centré sur la région du Rhin et des Vosges et un bassin anglo-français centré sur la Manche. Leur réunion lors de la grande transgression marine du Jurassique inférieur constitue le bassin de Paris. Les calcaires du Jurassique supérieur de Picardie (-157 à - 145 Ma) sont les plus anciens affleurements (cf. boutonnière du pays de Bray). La régression marine de la fin du Jurassique supérieur laisse des sédiments calcaires de milieu marin peu profond. Après discordance, des sables grossiers et des argiles se déposent en milieu littoral à continental. Ils appartiennent au faciès wealdien du Crétacé inférieur.
L'essentiel du substrat géologique de la Somme est d'âge crétacé composé par :
De part et d'autre de la Manche, les mêmes falaises (Ault-Onival, Boulonnais, Douvres) sont issues de la même continuité géologique de dépôts de craie du Bassin parisien. La Manche est une mer épicontinentale.
Les limons des plateaux, anciens et récents, constituent la couverture géologique supérieure du département. Il s'agit d'une formation superficielle homogène constituée par un limon lœssique (éolien), beige ou brun-rouge, d'âge quaternaire sur une épaisseur de quelques mètres. Ces limons tapissent les plateaux crayeux alors que les fonds de vallées et de vallons sont généralement occupés par des tourbes et des tufs calcaires.
Le Quaternaire a été le théâtre d'alternance de périodes glaciaires et interglaciaires (sans qu'il y ait de glaciers sur les plateaux et les plaines du Nord et de la Picardie) qui ont façonné les larges modelés des versants et des fonds de vallées. Les dépôts des terrasses alluviales ont été occupés dès 400 - 350 000 ans par les premiers hommes (voir Cagny, Étricourt-Manancourt) et ont donné naissance à la Préhistoire.
Les lœss constituent la base de la fertilité des sols actuels ; cette qualité de formation superficielle associée à une topographie peu contrastée ont permis l'installation en Picardie des populations danubiennes au Néolithique.
La politique départementale est désormais sensible à la protection des paysages traditionnels dont certains milieux sont issus (pâturage en fond de vallons humides ou sur coteaux calcaires — larris —, fosses de tourbage et étangs). Les espaces « naturels » sont reconnus importants pour la préservation de la biodiversité et la richesse des habitats du département (cordons de galets et de dunes, milieux estuariens, falaises mortes et vives, marais, prairies humides, bois et larris), la protection des ressources en eau et des paysages (fonction récréative). Une cinquantaine de sites sont préservés et mis en valeur depuis 1980 (5 000 ha), par une politique de gestion des espaces naturels sensibles en partenariat avec l'Europe, l'État, la Région, le Conservatoire du Littoral, l'Agence de l'Eau, le SMACOPI (Syndicat mixte baie de Somme - Grand littoral Picard), le Conservatoire des sites naturels de Picardie, les collectivités et les usagers (Société Linéenne de Picardie, Picardie Nature, GEMEL : Groupe d'Études des Milieux Estuariens et Littoraux). Ils sont principalement en Picardie maritime, dans la vallée de la Somme, dans le Nord et le Sud amiénois et en haute Somme.
Les dunes du Marquenterre (qui se prolongent dans le département du Pas-de-Calais) représentent un cordon dunaire large de plusieurs kilomètres, coupé par les estuaires de la Somme et de l’Authie.
Les larris correspondent au terme picard pour les paysages de pelouses des coteaux calcaires. Les versants des vallées orientés au sud ou à l'ouest ont développé lorsque les sols sont maigres (rendzines) et que le calcaire affleure, une végétation de pelouses calcicoles. Autrefois, les moutons entretenaient une végétation herbacée ; avec la modification des pratiques culturales, les larris sont abandonnés et s'embroussaillent selon une dynamique naturelle de conquête de la végétation ligneuse qui entraîne la perte d'une biodiversité particulière de ces milieux ouverts[3].
Le département de la Somme possède un riche patrimoine préhistorique, en particulier paléolithique. Au milieu du XIXe siècle, dans la région d'Abbeville, les travaux de Jacques Boucher de Perthes (1788-1868) mettent en lumière la présence d'hommes très anciens et contribuent à la naissance d'une discipline, la Préhistoire (en 1844, sa thèse sur la découverte d'outils d'hommes anciens accompagnés par des restes de mammouth et de rhinocéros est réfutée par l'Académie des sciences)[4]. Les premières trouvailles (cornes de cerf taillées) à la fin du Premier empire, sont celles de Laurent Traullé, présentées par Casimir Picard (Cf. des tourbes diluviennes du fond de vallée)[5],[6],[7]). Ces premiers temps de la recherche paléolithique sont aussi l'occasion de quelques faux comme le cas de la mâchoire de Moulin-Quignon (Abbeville) trompant Boucher de Perthes en 1863 ou de faux bifaces fabriqués par des ouvriers carriers. La Première Guerre mondiale marque une phase de ralentissement de cette recherche.
Il existe peu de traces du Paléolithique inférieur au Nord de la Loire cependant à la faveur de phases interglaciaires, il y a des incursions puis un peuplement continu vers 600 - 500 000 ans av. J.-C. et le développement d'une nouvelle culture, l'Acheuléen (Saint-Acheul près d'Amiens constitue le site qui a donné son nom à l'Acheuléen, cf. Gabriel de Mortillet, 1872), comme l'atteste le célèbre biface d'Homo heidelbergensis. Il y a plus 450 à 300 000 ans, des pré-néandertaliens occupent la région (cf. fouilles des quartiers Saint-Acheul et Cagny)[8],[9],[10]. Les nappes alluviales préservées du bassin versant de la Somme s'étagent en terrasses (450 000 - 300 000 ans) et ont livré quantité de données sur les premiers peuplements du Nord de la France dans les sites de Gagny-la-Garenne et Cagny-l'Epinette (vallée de l'Avre)[11]. Outre les industries lithiques, des restes de grands herbivores ont été trouvés : aurochs, cerfs, chevaux.
Depuis une quarantaine d'années, les nombreuses fouilles menées dans le bassin de la Somme et plus particulièrement à Cagny, Amiens, Caours et Étricourt-Manancourt, constituent une référence pour la préhistoire française et surtout pour l'étude des premiers peuplements en Europe du Nord-Ouest.
En 2005-2006, une équipe CNRS et de l'INRAP a fouillé un site remarquable de l'histoire d'Homo neandertalensis datant de l'interglaciaire éémien dans les tufs de Caours (dépôts constitués par la nappe de fond de la craie qui se forme pendant les périodes interglaciaires) et datés de 125 000 ans avant notre ère. La fouille livre cinq niveaux d'occupation du Paléolithique moyen et fournit des données sur le comportement de subsistance de l'homme de Néandertal en contexte tempéré, ce qui constitue une documentation unique. L'assemblage de faune diversifiée indique un milieu de forêt tempérée où persistent des prairies avec cerf élaphe dominant, daim, chevreuil, sanglier, auroch, rhinocéros de prairie et éléphant[12]. Le site de Caours apporte des données nouvelles : l'homme de Neandertal présent en Europe de l'Ouest en période de climat tempéré, une adaptation à des variations climatiques brutales qui n'ont donc pas pu être la cause de sa disparition.
À Étricourt-Manancourt, les préhistoriens et les géomorphologues travaillent sur une grande séquence de limon où se trouvent les traces des premiers néandertaliens du Nord de la France, ou de leurs ancêtres, les derniers Homo heidelbergensis. L'outillage est acheuléen.
En 1998, les restes d'un crâne de l'homme de Cro-Magnon sont découverts à Saleux dans la vallée de la Selle. Les exploitations des gravières des plaines alluviales du bassin de la Somme et leurs fouilles ont livré de nombreux gisements du Paléolithique supérieur récent et final (Magdalénien, groupes à Federmesser, industries à pointes de Malaurie ou des Blanchères, industries à éléments mâchurés)[13]. Lors de récentes fouilles préventives réalisées dans le cadre de grands travaux d'infrastructure, une vingtaine de gisements ont été attribués au Weichsélien (entre 116 000 et 11 500 ans avant notre ère). La vallée de la Somme continue de livrer des sites préhistoriques particulièrement intéressants comme celui de Fresnoy-au-Val concernant le début du Glaciaire weichsélien. La fouille de 2002 a mis en évidence deux niveaux d'occupation présentant des particularités spécifiques des méthodes de débitage des industries préhistoriques et offre ainsi un éclairage nouveau sur les modalités d'occupation des hommes de cette période[14]. Ces gisements éclairent la gestion du territoire des Néandertaliens (Paléolithique moyen). La préhistoire picarde se tourne vers des approches ethnographiques et ethnoarchéologiques[15].
Au troisième millénaire, la sépulture mégalithique collective de la Chaussée-Tirancourt, constituée de grandes dalles de grès, accueille en plusieurs siècles d'utilisation près de 350 corps.
Le site de Ribemont-sur-Ancre a enrichi les connaissances sur la période gauloise et les pratiques guerrières des Celtes.
La période antique a été développée par les travaux de l'archéologie aérienne de Roger Agache et les recherches actuelles continuent de révéler la richesse du patrimoine archéologique samarien.
Le département a été créé à la Révolution française, le en application de la loi du , à partir d'une partie de la province de Picardie (l'Amiénois, le Marquenterre, le Ponthieu, le Santerre et le Vimeu).
L’actuel département, cœur historique de la Picardie, a toujours été l’objet de convoitises du fait de sa situation stratégique entre Paris et les Flandres. Ce territoire largement ouvert a été le théâtre de certaines des batailles les plus marquantes de l'histoire de la France : conquête romaine, guerre de Cent Ans, guerres de Religion, guerre franco-allemande de 1870, Première Guerre mondiale et Seconde Guerre mondiale.
La bataille de la Somme s'est déroulée en 1916.
Au la région Picardie, à laquelle appartenait le département, fusionne avec la région Nord-Pas-de-Calais pour devenir la nouvelle région administrative Hauts-de-France.
Le nom Somme provient du fleuve du même nom, issu lui-même du gaulois Sumena[réf. souhaitée].
Les habitants de la Somme sont les Samariens[16] et Samariennes.
En 2022, le département comptait 565 540 habitants[Note 2], en évolution de −1,26 % par rapport à 2016 (France hors Mayotte : +2,11 %).
2016 | 2021 | 2022 | - | - | - | - | - | - |
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572 744 | 566 252 | 565 540 | - | - | - | - | - | - |
Nom | Code Insee |
Intercommunalité | Superficie (km2) |
Population (dernière pop. légale) |
Densité (hab./km2) |
Modifier |
---|---|---|---|---|---|---|
Amiens | 80021 | CA Amiens Métropole | 49,76 | 134 780 (2022) | 2 709 | |
Abbeville | 80001 | CA de la Baie de Somme | 26,42 | 22 406 (2022) | 848 | |
Albert | 80016 | CC du Pays du Coquelicot | 13,80 | 9 658 (2022) | 700 | |
Péronne | 80620 | CC de la Haute Somme | 14,16 | 7 139 (2022) | 504 | |
Corbie | 80212 | CC du Val de Somme | 16,25 | 6 080 (2022) | 374 | |
Montdidier | 80561 | CC du Grand Roye | 12,58 | 5 978 (2022) | 475 | |
Doullens | 80253 | CC du Territoire Nord Picardie | 33,40 | 5 814 (2022) | 174 | |
Roye | 80685 | CC du Grand Roye | 15,55 | 5 748 (2022) | 370 | |
Longueau | 80489 | CA Amiens Métropole | 3,42 | 5 726 (2022) | 1 674 | |
Villers-Bretonneux | 80799 | CC du Val de Somme | 14,51 | 4 644 (2022) | 320 | |
Ham | 80410 | CC de l'Est de la Somme | 9,50 | 4 408 (2022) | 464 | |
Friville-Escarbotin | 80368 | CC du Vimeu | 8,86 | 4 394 (2022) | 496 | |
Camon | 80164 | CA Amiens Métropole | 12,90 | 4 387 (2022) | 340 | |
Salouël | 80725 | CA Amiens Métropole | 4,28 | 4 188 (2022) | 979 | |
Moreuil | 80570 | CC Avre Luce Noye | 23,43 | 3 968 (2022) | 169 |
Le département de la Somme dépend du diocèse d'Amiens.
Sont classés au patrimoine mondial de l'Unesco :
L'industrie du jute et de la toile d'emballage est étroitement liée à la Somme et plus particulièrement l'Ouest amiénois, avec l’installation au XIXe siècle, de l'écossais James Carmichael à Ailly-sur-Somme puis de Saint Frères dans la vallée de la Nièvre, connu comme un empire industriel dans le monde entier et comme l'un des fleurons du paternalisme français avec la construction de cités ouvrières, crèches, écoles, coopératives, maternité à proximité des usines le long de la vallée.
La Somme est un département riche en sites touristiques. En général on distingue deux grandes zones : la côte picarde et Abbeville, l'Amiénois et la Haute Somme.
À Amiens on trouve la Tour Perret, plus haut immeuble en béton à sa création en 1952, la maison de Jules Verne, le musée de l'hôtel de Berny, le musée de Picardie, des hortillonnages, le quartier Saint-Leu, le théâtre de marionnettes « Chés Cabotans d'Amiens », le parc Saint-Pierre, un parc zoologique, la place Marie-sans-chemise avec son horloge, le beffroi, et la cathédrale Notre-Dame d'Amiens, une des plus vastes d'Europe. Tous les ans au mois de décembre a lieu le plus grand marché de Noël du Nord de la France.
Selon le recensement général de la population du , 8,2 % des logements disponibles dans le département étaient des résidences secondaires.
Ce tableau indique les principales communes de la Somme dont les résidences secondaires et occasionnelles dépassent 10 % du total des logements en 2008 :
Commune | Population SDC | Nombre de logements | Rés. secondaires | % Rés. secondaires |
---|---|---|---|---|
Fort-Mahon-Plage | 1 317 | 3 803 | 3 067 | 80,65 % |
Quend | 1 385 | 3 373 | 2 666 | 79,03 % |
Estrébœuf | 273 | 317 | 210 | 66,02 % |
Cayeux-sur-Mer | 2 886 | 3 860 | 2 400 | 62,20 % |
Le Crotoy | 2 320 | 2 620 | 1 467 | 56,00 % |
Favières | 459 | 443 | 244 | 55,11 % |
Ault | 1 782 | 2 130 | 1 131 | 53,08 % |
Lanchères | 1 008 | 655 | 244 | 37,25 % |
Mers-les-Bains | 3 289 | 3 057 | 1 057 | 34,59 % |
Saint-Valery-sur-Somme | 2 785 | 1 839 | 510 | 27,75 % |
Sources :
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