professeur de littérature contemporaine français (1948- ) De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Jean-Pierre Martin, né le à Nantes est écrivain, essayiste, professeur émérite de littérature contemporaine à l’université Lumière Lyon 2, membre honoraire de l’Institut universitaire de France.
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Prix Rhône-Alpes du Livre 1994 Prix Louis-Barthou de littérature générale de l’Académie française 2004 Grand Prix de la critique 2006 Bourse Cioran 2019 Deuxième sélection prix Goncourt 2020 Sélection prix Goncourt des lycéens 2020 Finaliste prix Médicis 2020. |
Henri Michaux, Gallimard, « NRF biographies », 2003. Eloge de l'apostat, Seuil, 2010. L'Autre vie d'Orwell, Gallimard, 2013. |
Jean-Pierre Martin a été élève au lycée Jules-Verne à Nantes. Après une classe préparatoire en Lettres au lycée Louis-le-Grand, il s’inscrit en philosophie à la Sorbonne, où il termine sa licence en . Militant de la Gauche prolétarienne, il travaille en usine pendant cinq ans : d’abord à Saint-Nazaire puis à Saint-Étienne (en particulier deux ans à Creusot-Loire comme aide-lamineur). Il vit ensuite à la campagne : d’abord trois ans dans le nord-Finistère puis une dizaine d'années en Auvergne, où il exerce divers métiers : chantiers, artisanat, fabrication et vente de ceintures de cuir et de sabots suédois. Il effectue alors de nombreux voyages (en particulier en Amérique et en Asie) et travaille le piano jazz. Après avoir passé une agrégation de lettres en 1987, il commence une thèse sur Henri Michaux, enseigne en lycée puis aux États-Unis, à l’Université d’Oregon. Il est nommé Maître de Conférences à l'Université Lyon 2 en 1993, puis Professeur de littérature contemporaine en 2000, est élu membre de l’Institut Universitaire de France en 2006 (chaire de littérature du XXe siècle). De 2011 à 2019, il a été membre du comité de rédaction des Temps modernes.
En 1995, il publie dans la NRF ses premiers textes qui seront réunis chez José Corti sous le titre Le piano d’Épictète (1995). Ses deux premiers romans sont nourris de ses expériences de l'usine et de la vie artisanale : Le Laminoir[1] (Champ Vallon, 1995), Sabots suédois[2] (Fayard, 2004).
De 1998 à 2003, il consacre cinq ans à enquêter, voyager, interroger des témoins, déchiffrer des archives, afin d'écrire une monumentale biographie d’Henri Michaux[3] (Gallimard, 2003).
De 2006 à 2010, il publie des essais à la croisée de l'anthropologie et de la littérature. Ils proposent une lecture des grands textes de la littérature et de la pensée critique - ainsi deux volumes parus en 2006 et 2010 au Seuil dans la collection « Fiction & Cie » : Le Livre des hontes[4] et Éloge de l'apostat[5].
En 2011, il publie un livre qui ausculte les clichés et lieux communs de l’enseignement et de la critique et propose une thérapie par la littérature (Les Écrivains face à la doxa, Corti).
En 2011, il publie le roman Les Liaisons ferroviaires[6] (Champ Vallon, 2011) les personnages se trouvent par hasard dans le même train, au même moment : ce sont des passagers ou des employés de la SNCF, dans voiture 16 d’un TGV entre Marseille et Bruxelles : une psychanalyste, un ethnologue, un footballeur, une universitaire, un contrôleur, un commercial de bord… Ce roman-conversation a figuré dans la sélection 2011 du prix France Culture-Télérama).
En 2011 et en 2013, il publie deux récits dans la collection « L'un et l'autre » chez Gallimard dirigée par JB Pontalis[7]. En 2011, paraît un portrait de Queneau qui est aussi un autoportrait,Queneau losophe[8]. En 2013, L'Autre Vie d'Orwell[9] raconte comment, pendant les trois dernières années de sa vie, Orwell s'est retiré dans une île des Hébrides intérieures, menant une vie de pionnier et écrivant 1984.
En 2016, La nouvelle surprise de l'amour[10], roman publié chez Gallimard, raconte une sorte d'éducation sentimentale à rebours : la rencontre avec une jeune femme bouleverse l'existence du narrateur - sujet, déjà exploré en particulier chez Philip Roth et Romain Gary, mais ici, le héros devient père tardif.
En 2019, paraît Real Book, Autopianographie[11] (Seuil, coll. « Fiction & Cie »). Autant qu’un hymne à la musique de jazz comme forme de vie, ce livre est une méditation sur les vocations secrètes, étouffées ou renaissantes. A l'occasion de cette parution, le journal Le Monde lui consacre une page « Rencontre »[12].
La même année, Jean-Pierre Martin est lauréat de la bourse Cioran pour La Curiosité, Une raison de vivre[13] (Autrement, coll. « Les grands mots »). Dans cet essai entre littérature et philosophie, l'auteur présente la curiosité comme une vertu, un élan salutaire, un antidote à l'indifférence.
Le 12 mai 2020, pendant la crise sanitaire, il publie une Lettre sur l'amitié (Gallimard, coll. « Le chemin »).
En 2020, le roman Mes Fous[14](L'Olivier), paru à la rentrée littéraire de 2020, a été finaliste du prix Médicis, deuxième sélection du prix Goncourt et sélection du prix Goncourt des lycéens. Selon Pierre Assouline, « ce roman est un enchantement. Une drôlerie irrésistible tempérée par la douceur du ton et la mélancolie du propos. Un régal de lecture plus profond que sa légèreté le laisse à croire. »[15] Camille Laurens, dans Le Monde des Livres, écrit : « Bien qu’il n’en porte pas mention, Mes fous est un roman, et des plus nécessaires, dans la mesure où son monde imaginaire, riche de personnages à la fois étranges et familiers, dévoile la réalité du nôtre. En vérité, sa cohorte de branques nous étreint le cœur en nous montrant ce que nous ne voulons pas voir : que nous sommes tous en équilibre instable, tous funambules »[16]. Pour Alexis Buffet, dans Libération, c’est « un roman pour notre temps, d'une grande actualité existentielle »[17].
En 2022, Jean-Pierre Martin publie Le Monde des Martin (L’Olivier) qui rassemble « des vies de saints, de soldats, de missionnaires, de colons, de héros, de salauds, d’escrocs, d’artistes, d’explorateurs, du IVe siècle à nos jours, pour la plupart, des oubliés ou des anonymes, ayant un seul point commun, leur nom de famille : Martin » (quatrième de couverture). Dans Télérama, Nathalie Crom présente ce livre comme « la fabuleuse odyssée d'un patronyme ordinaire » : « À travers une inoubliable galerie de portraits, l’écrivain philosophe Jean-Pierre Martin nous conte l’histoire picaresque de son nom de famille, particulièrement répandu, du Moyen Âge à nos jours. »[18]. Selon Camille Laurens, dans Le Monde, « Jean-Pierre Martin signe une hilarante parodie de généalogie [...] Le Monde des Martin, perecquienne "tentative d’épuisement d’un nom ", truffé de clins d’œil aux grandes œuvres, est un merveilleux hommage à la littérature »[19]. Pour Sylvie Tanette, dans Les Inrockuptibles, « l'essayiste et romancier crée une fresque monumentale et réussie rassemblant celles et ceux qui portent son nom. »[20]. A la Maison de la poésie, le 10 février 2022, au cours d’une performance intitulée « Dans la fabrique du Monde des Martin », des passages du livre ont été lus par Laurent Stocker, et l’auteur a donné à entendre et à voir une partie de son matériau de travail[21],[22].
En 2024, dans le récit N’oublie rien (L’Olivier), Jean-Pierre Martin raconte soixante et un jours d'incarcération à l'isolement vécus en 1970 à la maison d’arrêt de Saint-Nazaire pour « apologie du crime d’incendie volontaire ». Il a alors vingt deux ans, est militant de la Gauche prolétarienne, ouvrier établi à Sud Aviation, et il a été incarcéré pour avoir distribué un tract justifiant l’attaque au cocktail Molotov de la direction des Chantiers de l’Atlantique, en réplique à une série d’accidents du travail qui ont entraîné la mort de plusieurs ouvriers. Selon Fabrice Gabriel dans Le Monde : « C’est la simple et grande beauté du livre : faire partager quelque chose comme un examen de conscience, un voyage à l’intérieur de soi, une méditation à vif sur le sens de ses relations avec les autres »[23]. Pour Bertrand Leclair dans AOC : « Le fait que le présent d’hier et celui d’aujourd’hui se superposent au point de parfois se confondre, est ce qui confère à N’oublie rien sa puissante justesse émotionnelle, une force de vérité qui excède l’intérêt pourtant patent de son matériau désormais historique. »[24]. Et Jean-Claude Raspiengas dans La Croix : « Cette chronique d'un passage en prison, réflexion sur la réclusion et carnet de bord d'une rude traversée en solitaire sans horizon, acide sur la révolte, empathique pour les autres détenues, tranche par une forme d’élégance dans le style. »[25].
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