Black Box, le premier Monop' automatisé
Monoprix a dévoilé un concept de magasin entièrement automatisé, sous enseigne Monop’. Baptisé Black Box, il évoque Amazon Go, mais avec nettement moins de technologies.
Clotilde Chenevoy
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Clotilde Chenevoy
Les chiffres
- 18 m² : la surface de vente
- 300 références, dont 55 % de MDD
- 6 à 10 € : le montant du panier moyen
Source : Monop’
Je m’identifie, je prends mes articles, et je sors… Le magasin automatisé de Monop’, baptisé Black Box et installé à Clichy (92), au pied du siège social de Monoprix, s’approche du concept d’Amazon Go, avec la même recherche de fluidité. Mais la comparaison avec la solution américaine s’arrête très vite. La dimension, l’assortiment et les technologies sont très différents. Black Box a la taille d’un conteneur de 18 m² avec 300 références, dont 55 % de MDD. Les références se répartissent en trois catégories : une offre de snacking, une de dépannage en épicerie et une non alimentaire (surtout du DPH). On se rapproche donc davantage du concept Boxy, implanté depuis août sur le port de Gennevilliers, ou d’un Auchan Minute, qui dispose d’une caisse en libre-service.
Enfin, techniquement, Black Box se distingue car tout repose sur des balances ! Aucune analyse d’images n’est utilisée, contrairement aux magasins d’Amazon truffés de caméras. Les produits sont installés et géolocalisés sur des meubles dotés des balances de l’israélien Shekel. Le moindre changement de poids est détecté et déclenche une mise au panier. Toute l’opération se fait donc à l’aveugle. « Cela nous permet d’être en règle avec la Commission nationale de l’informatique et des libertés, pointe Lorraine Gentin, directrice adjointe de l’innovation du groupe Casino. Nous avons mené des tests, la solution repose aussi sur l’intelligence artificielle et elle apprend au fil des usages. Nous sommes désormais à un taux d’erreur inférieur à 1 %. »
Une V2 déjà à l’étude
Ce choix technique a quelques limites, comme le fait de ne pas pouvoir distinguer une bouteille de 50 cl de Coca standard d’une version Coca Zéro. Monop’ gère ce point en espaçant les produits dont le profil est trop similaire. Autre limite, il ne peut pas y avoir plusieurs paniers gérés simultanément. Autrement dit, si trois personnes entrent, il ne pourra y avoir qu’un seul paiement.
Mais ce parti pris rend Black Box beaucoup plus facile à rentabiliser que les solutions utilisant la reconnaissance d’images car le coût de l’équipement est moins élevé. Un plus quand le panier moyen se situe entre 6 et 10 € selon Olivier Rego, directeur de l’enseigne Monop’.
Néanmoins, l’équipe innovation planche déjà sur une version 2 pour récolter plus d’informations tout en respectant la vie privée des clients. C’est la technologie du Lidar, la télédétection par laser, qui est à l’étude. Autre différence par rapport à la concurrence, pas besoin d’application : c’est la carte bancaire qui sert de sésame. Le groupe Casino a travaillé avec Ingenico, le GIE Cartes bancaires et un logiciel open source pour le volet encaissement. Une pré-autorisation bancaire de 30 € est réalisée avant que le client entre. Si ses achats dépassent cette somme, il devra régler le complément. En effet, à la sortie de la boutique, un écran liste tous les articles pris et le client doit valider. Là encore, c’est un choix pragmatique. Le but est d’implanter Black Box dans les lieux de flux comme les gares, les aéroports, les hôpitaux ou les campus. Voire à l’entrée de magasins pour proposer une offre 24 heures/24. Dans ces espaces, le client veut avant tout son produit rapidement et télécharger une application peut être jugé contraignant. Toutefois, Lorraine Gentin assure que le projet est en réflexion, notamment pour associer le programme de fidélité de Monoprix.
L’enseigne compte déployer 10 Black Box d’ici à un ou deux ans. Un chiffre assez faible mais qui s’explique par le contexte sanitaire. Chaque conteneur sera associé à un magasin qui en aura la gestion. D’ici à environ huit semaines, la Black Box installée au pied du siège social changera d’emplacement pour subir son premier test grand public.
Étape 1 : la carte bancaire en sésame
Pour accéder au magasin, le client doit utiliser sa carte bancaire, avec code ou sans contact. Une pré-autorisation de paiement de 30 € est alors réalisée.
Étape 2 : offre restreinte
L’offre se compose de 300 références, à 55 % des MDD, avec du snacking et des produits de dépannage en épicerie et DPH. Les tarifs sont identiques à ceux des magasins classiques.
Étape 3 : des balances pour contrôler
Le groupe Casino a pris le parti d’utiliser un contrôle pondéral pour détecter les articles pris. Une variation de poids entraînera une mise au panier.
Étape 4 : validation pour sortir
Pour finaliser les achats, le client doit marquer un bref arrêt devant un écran. Il indique au système que les achats sont finis et il peut donner son mail pour recevoir le ticket de caisse.