2024, année de la consigne pour réemploi en Île-de-France

L'intérêt du réemploi en chiffres

• Une bouteille en verre réemployée permet d'économiser jusqu'à :
• 51 % d'eau
• 76 % de CO2
• 79 % d'énergie
• Elle peut être utilisée jusqu'à 25 fois

Source : Ademe

Les jus de fruits Pago, les bières Jenlain et Meteor, la limonade Lorina, le whisky William Peel, les vins de Maison Ravoire (vallée du Rhône) et ceux de Manon (Provence)… En plus de Coca-Cola, Badoit, Vittel, Bonduelle, Nesquik, Ricoré… La liste des marques qui proposent des emballages à réutiliser ne cesse de s'allonger. Et pour cause. La plupart des marques utilisatrices de verre ont été sérieusement échaudées par un épisode fâcheux : post-Covid et après la fermeture de plusieurs fours verriers en Europe, la pénurie de bouteilles était telle que les prix de cet emballage sont devenus exorbitants.

De ce fait, l'idée qu'une bouteille puisse être récupérée, lavée puis réutilisée plus d'une vingtaine de fois a gagné du terrain. N'était-ce pas la coutume jusque dans les années 70 ? N'est-ce pas toujours la façon de faire des consommateurs allemands, belges et, plus près de notre culture, des alsaciens ? L'Ademe, l'Agence de la transition écologique, l'encourage, chiffres à l'appui : une bouteille en verre réemployée permet d'économiser jusqu'à 51 % d'eau, 76 % de CO2 et 79 % d'énergie. Elle peut être utilisée jusqu'à 25 fois, puis le verre être recyclé à l'infini. C'est pourquoi la frilosité qui entourait la consigne pour réemploi fait actuellement place à un intérêt bien plus net de la part des acteurs des PGC. « Nous sommes passés de la question “à quoi ça sert ?” à “quelle est la marche à suivre pour proposer nos marques avec des contenants réemployables ?” », observe Romain Zanna-Bellegarde, directeur commercial de Loop France.

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Intérêt économique aussi

La révolution du réemploi est donc en marche, d'autant que l'intérêt écologique se couple à un intérêt économique depuis que le prix des contenants en verre s'est envolé. Ce que les marques comprennent bien aujourd'hui. Les distributeurs s'y mettent également, voyant dans la consigne pour réemploi une nouvelle façon de fidéliser leurs clients. En Île-de-France notamment, là où les consommateurs sont peut-être plus sensibles qu'ailleurs aux discours environnementaux.

« Avec plus de cinq ans d'expérience dans le réemploi, nous avons compris les attentes des clients pour faciliter le geste de retour de l'emballage. Le partenariat avec The Keepers illustre la réponse à la recherche de praticité, afin de rapporter tous types de contenants. »

Romain Zanna-Bellegarde, directeur commercial Loop France

Ainsi, à Montesson (78), Carrefour vient d'accueillir un nouveau collecteur pour tous les contenants réutilisables. Conçu et fabriqué en France par The Keepers, c'est le premier collecteur universel en France, puisqu'il accepte l'ensemble des emballages réemployables vendus dans le magasin, via le système de consigne Loop, et gère en direct le remboursement immédiat. Cette machine, dont la technologie repose sur l'intelligence artificielle, accepte en effet tous types de contenants (bouteilles, pots, barquettes), de matériaux (verre, inox, plastique…) et de formes. « Cette innovation permet aux magasins d'organiser facilement la collecte des emballages utilisés », explique The Keepers, qui conçoit également des consignes pour casques de moto et pour chargeurs de smartphones.

À Montesson, qui propose un système de consigne Loop depuis déjà plusieurs années, le choix a été fait d'installer cette machine dans l'entrée principale de l'hypermarché. « En capitalisant sur plus de cinq ans d'expérience dans le réemploi, nous avons compris les attentes des clients pour faciliter le geste de retour de l'emballage. Le partenariat avec The Keepers illustre la réponse à ces attentes de clients à la recherche de praticité, afin de rapporter tous types de contenants, et de flexibilité pour récupérer leur consigne. Cette exclusivité Loop &Carrefour témoigne également de notre engagement commun envers l'innovation de la consigne pour réemploi, une collaboration que nous entretenons depuis 2020 », explique Romain Zanna-Bellegarde.

Un nouveau collecteur au Carrefour de Montesson

Loop et The Keepers ont installé un « Collector » dans l'hypermarché Carrefour de Montesson (78). Conçu et fabriqué en France par The Keepers, le Collector est un collecteur universel, c'est-à-dire qu'il accepte l'ensemble des emballages réemployables vendus dans le magasin, via le système de consigne Loop, et gère le remboursement immédiat.

Un test à l'échelle régionale

Carrefour a un temps d'avance sur les autres distributeurs. Ce printemps, E.Leclerc et U ont annoncé tester la consigne pour réemploi dans quatorze magasins en Île-de-France, sur une idée orchestrée par Petrel. Hébergée à Station F, le campus de start-up créé par Xavier Niel en 2017, cette jeune pousse s'est donné pour mission d'accompagner les industriels et les distributeurs vers la consigne pour réemploi. Accompagnée par Citeo et l'Institut du commerce, Petrel a mis en place La Consigne pour réemploi, le premier consortium multimarque et multienseigne créé pour lancer un test de consigne pour réemploi à une échelle régionale. Concrètement, la Consigne pour réemploi est déployée dans 14 magasins franciliens, 9 magasins U et 5 E.Leclerc.

Côté produits, une quinzaine de références sont concernées : quatre signées Coca-Cola, dont deux en verre et deux en PET réemployable, la limonade Lorina et quatre références de bière alsacienne Meteor (deux en 75 cl et deux en 33 cl) sont disponibles. Elles ont été rejointes en avril par deux références de jus de fruits signés Pago (Eckes Granini France) ainsi que par Perrier et Vittel (Nestlé Waters). Ce projet de 1,2 million d'euros, financé à 70 % par Citeo, ne couvre pas encore tous les besoins en boissons. À ce jour, cette proposition ne compte ni vin, ni MDD, ni boisson embouteillée dans une bouteille standard réemployable alors que le designer Fabrice Peltier et Citeo l'ont dévoilé dès 2023. Ces bouteilles ornées d'un cœur inséré dans un Ret de l'adjectif « réemployable » seraient en cours de fabrication.

Signe de l'intérêt manifeste porté à la consigne pour réemploi, Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, s'est rendu le 7 février à Station F pour le lancement du projet La Consigne pour réemploi. « Cet évènement est important. Il braque les projecteurs sur le réemploi, le troisième « R » de la loi Agec [avec les R de réduire et de recycler, NDLR], loi qui fête en ce mois de février ces quatre ans. Le réemploi est un enjeu pour éliminer la pollution plastique, a déclaré le ministre. La Consigne pour réemploi est une initiative à essaimer sur tout le territoire. »

Déploiement en cours chez E. Leclerc et Système U

Orchestrée par Petrel, start-up dédiée à l'accompagnement d'industriels et de distributeurs pour aller vers la consigne pour réemploi, La Consigne pour réemploi est le premier consortium multimarque et multi-enseigne créé pour accélérer le déploiement de ce type de consigne grâce auquel les contenants sont triés, collectés, lavés puis remplis à nouveau. Cette consigne concerne 14 magasins U et E. Leclerc.