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Journée mondiale de l’obésité : « Perturbations », le crash des préjugés

Dans le cadre de la Journée mondiale de lutte contre l’obésité du 4 mars, la sortie du court-métrage « Perturbations » contribue au débat autour de la discrimination physique et de l’acceptation des différences. Associations de patients, professionnels de santé et experts de l’obésité ont accompagné la création de ce film soutenu institutionnellement par Novo Nordisk.

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Woman speaking to doctor

Un court-métrage qui décolle et qui en dit long ! Après la campagne d’affichage sur les préjugés dans le métro parisien en 2022, le message de tolérance porté dans le cadre de la Journée mondiale de l’obésité sera, en 2023, projeté sur grand écran à travers le film « Perturbations ».

Soutenu institutionnellement par l’entreprise pharmaceutique danoise Novo Nordisk, ce court-métrage original, produit par Breaking Web et Brightlight films, est réalisé par le scénariste Jérôme Genevray, reconnu pour sa liberté de ton et son approche parfois corrosive. Objectif : marquer les esprits.

Défi relevé. Non seulement cette fiction dénonce les clichés autour de l’obésité, mais elle lance le débat de la bienveillance, du refus de la discrimination et de l’acceptation des différences physiques.

« Je n’imaginais pas les réactions, les réflexions… »

A la fois sociétal et artistique, profondément humain et subtilement mordant, le projet a démarré l’automne 2022. 
Pour construire sa réflexion, l’homme de cinéma se nourrit de témoignages, de lectures et d’enquêtes qui lui font découvrir la réalité de l’obésité en France : 8,5 millions de personnes, soit 17% de la population de l’Hexagone, souffrent de cette pathologie. (Source Odoxa : Enquête épidémiologique nationale sur le surpoids et l'obésité)

« Je n’imaginais pas les réactions, les réflexions ou les regards auxquels sont confrontées quotidiennement les personnes en situation d’obésité », reconnaît Jérôme Genevray qui a proposé plusieurs synopsis.

Pour voir le film, rendez-vous sur :

Le comité de pilotage opte pour le huis clos dans l’avion

Constitué de membres d’associations de patients, de patients experts, de professionnels de santé et d’auteurs spécialisés dans le surpoids et l’obésité, un comité de pilotage a étudié, évalué et comparé tous les pitchs. Confrontations d’idées et échanges fructueux ont permis d’affiner la trame de l’intrigue. De ce travail de co-construction avec le scénariste a surgi l’histoire de Victor, jeune voyageur en situation d’obésité soumis au regard et à l’intolérance des passagers d’un avion bousculé par les éléments.  « Le principe du huis clos dans une carlingue est apparue comme une évidence, commente le réalisateur Jérôme Genevray. Elle synthétise toutes les situations de tension décrites par les patients.»

Un appareil bondé, des turbulences dans le ciel, des hommes et des femmes à cran, des circonstances qui dégénèrent, le titre s’impose :
« Perturbations » !

Une comédie satirique, pas une histoire moralisatrice

Le temps de peaufiner l’écriture des quinze pages d’un scénario écrit à la manière d’une comédie satirique, d’effectuer les repérages, de recruter une douzaine d’acteurs et une quarantaine de figurants, l’équipe du film démarre les prises de vue début février 2023. Le compte à rebours est lancé.

Trois jours dans un fuselage sans aile posé sur le tarmac de l’aérodrome de Coulommiers, en région parisienne ; une journée dans un restaurant du 19e arrondissement pour simuler l’ambiance d’une cafétéria d’aéroport. C’est dans la boîte ! 

« L’histoire ne se veut pas moralisatrice, mais inspirante sur le sujet », analyse Jérôme Genevray qui, caméra au poing, en profite pour « pousser le curseur de la méchanceté pour mieux révéler l’absurdité du raisonnement ». Tant il est vrai qu’à bord, le stress de certains passagers généré par les turbulences du ciel, va vite se transformer en hostilité envers ce brave Victor, lui-même contraint par le manque d’espace…

« Ma corpulence, c’est ma différence, j’en fais une force »

Ce Victor-là, plus geek que globe-trotter, c’est Ted Etienne qui l’incarne. Vu dans ‘’OSS117 - Alerte rouge en Afrique noire’’, et dans le dernier ‘’Astérix’’ de Guillaume Canet où il campe, Paindemix, le personnage du colérique boulanger gaulois, ce jeune gaillard à la tignasse rousse assume son corps et les rôles associés qu’on lui propose. « Ça ne me gêne pas. Ma corpulence, c’est ma différence, et j’en fais une force. Moi, j’ai choisi le côté positif en jouant sur l’autodérision », affirme l’acteur au look d’éternel gamin.

Face aux préjugés qui cernent l’obésité, Ted Etienne, à l’image du « Victor du vol Paris-New York », refuse la victimisation. Il préfère brandir sa joie de vivre. « Quand je suis arrivé dans le projet ‘’Perturbations’’, j’ai donné mon accord, car cette discrimination est intolérable. Mais je suis aussi là pour dire que les personnes grosses ne doivent pas s’isoler, qu’elles doivent prendre leur part dans la société, qu’elles puissent rayonner. En un mot, vivre leur life ! », tonne gentiment celui qui ne rate pas une occasion de rappeler le rôle majeur des pouvoirs publics dans la lutte contre l’obésité.

« Le sujet du désir pour une personne grosse »

Des passagers sur les dents, un Victor sur la défensive… mais aussi une jeune femme douce et attentive qui injecte une jolie dose d’humanité au court-métrage. 
Camille Léon-Fucien, tout juste 25 ans, donne la réplique à l’acteur principal. « Ce rôle m’a beaucoup plu, car le scénario aborde un sujet inhabituel : celui du désir pour une personne grosse et de la sexualisation des personnes en situation d’obésité », explique, avec aplomb et tendresse, cette actrice issue du Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris.

L’obésité, cette autrice d’une pièce de théâtre sur l’apparence physique, en parle librement. Elle vit avec depuis son enfance. Aux remarques déplacées, elle oppose son caractère bien trempé. Sa défense, c’est la contre-attaque. « Ça calme… », sourit-elle.

La musique aussi adoucit les moeurs. Celle du court-métrage, un mélange de piano et de sons électroniques est signée Youri Rebeko. Quant à l’affiche du film (voir l'encadré ci-dessous), on la doit à Bertrand Perret, auteur des photos de la campagne d’affichage contre les préjugés couronnée par le Grand Prix Empreintes 2022 de la santé créative décerné par l’Association des agences-conseil en communication.

On souhaite le même atterrissage à « Perturbations ».

Philippe Saint-Clair

L’histoire d’une affiche photo signée Bertrand Perret

Un film, c’est un réalisateur, une équipe de techniciens, des acteurs et une affiche pour séduire le public. Celle de « Perturbations » est signée Bertrand Perret, un artiste photographe qui promène son regard juste et humaniste sur le monde de l’obésité.

Sollicité par l’agence de communication Breaking Web et le comité de pilotage du projet de film, le chasseur d’images s’est glissé dans la peau d’un véritable metteur en scène pour imaginer l’affiche. 
« J’ai commencé par des propositions écrites pour formuler des situations, puis je les ai complétées par les dessins d’un illustrateur pour transposer mes mots en dessins », détaille Bertrand Perret.

Objectif : que les différents croquis réalisés par Sylvain Vialla, alias Lasth, restituent avec précision l’esprit de la photo de l’affiche finale.
« Ce storyboard nous a permis de réaliser une première sélection qui a impliqué à la fois le comité de pilotage, le réalisateur et l’agence de communication », explique le photographe qui, lors du tournage des scènes de l’avion, a immortalisé les diverses propositions. 
« J’ai ainsi pu installer les acteurs dans les conditions graphiques dessinées préalablement ».

Cette mise en scène artificielle a permis d’engranger plusieurs photos, dont l’une a été conservée pour concevoir l’affiche du film. Elle représente Victor, le personnage principal joué par Ted Etienne. 
Il est au premier plan, de dos. Derrière ses cheveux et ses épaules, sa silhouette plutôt massive occupe une partie importante de l’image. Face à lui, des passagers le regardent, nous regardent. 
« En fait, on est dans la peau de Victor, décode Bertrand Perret. On voit tous ces visages qui nous fixent. On lit, dans les yeux, l’étonnement et l’hostilité parce qu’ils sont mécontents de la cohabitation avec ce personnage en situation d’obésité qui les inquiète ».

Tout est dit en une photo. 
Celle de l’affiche, qui va faire décoller « Perturbations ».

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