poing, et je vis Nama pour la première fois. Étendue sur un tapis avec sa vieille négresse, elle était vêtue d’une courte tunique de laine blanche, les cheveux épars, belle comme une statue grecque…
— Sauf l’embonpoint ?
— C’est vrai ; mais la tête, les bras, les épaules, les pieds ;…. enfin elle est très-belle ; vous ne le niez pas ?
— Je ne le nie pas. Continuez.
— Je vous ai dit que je ne l’avais jamais vue. Je ne savais donc pas à quel point elle est musulmane, et combien, malgré une éducation à moitié catholique, elle a conservé les usages, les idées religieuses et jusqu’aux rites orientaux. Elle était là, je ne peux pas dire pleurant, mais criant son père à la manière antique ; c’était comme une cérémonie qui devait durer un certain nombre d’heures, de jours ou de semaines.
» Mon apparition l’effraya un peu. La négresse s’enfuit tout à fait épouvantée. J’allais me retirer, lorsque Nama me retint d’un geste, me montrant un siège, et semblant me prier d’attendre qu’elle eût fini ses lamentations. J’aurais dû m’en aller ; mais ce spectacle me parut si curieux à observer sur la terre française, que je restai immobile et très-respectueux, je vous assure, à la regarder et à l’écouter. Elle parlait tout haut, en je ne sais quelle langue, et je devinais à sa pantomime et à son accent quel-