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Voici le temps des assassins

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Voici le temps des assassins
Description de cette image, également commentée ci-après
Lieu du tournage extérieur dans le quartier des Halles à Paris, angle des rues Mondétour et Rambuteau (1er arr.)
Titre original Voici le temps des assassins
Réalisation Julien Duvivier
Scénario Julien Duvivier
Maurice Bessy
Charles Dorat
Acteurs principaux
Sociétés de production CICC
Les Films Georges Agiman
Pathé Cinéma
Pays de production Drapeau de la France France
Genre Drame
Film noir
Durée 113 min
Sortie 1956

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Voici le temps des assassins est un film français réalisé par Julien Duvivier, sorti en 1956.

À Paris, André Châtelin, restaurateur aux Halles, est un modèle d'homme droit, patron paternaliste et le cœur sur la main. Un matin, une jeune fille arrivée de Marseille, Catherine, se présente à lui comme la fille de Gabrielle, première femme de Châtelin, dont il est divorcé et n'a plus de nouvelles depuis vingt ans. Catherine qui n'a nulle part où aller lui annonce que Gabrielle vient de mourir. Châtelin lui offre l'hospitalité.

Catherine conduit alors un jeu trouble auquel Châtelin se laisse prendre. Elle parvient à le brouiller avec Gérard, un jeune étudiant en médecine sans ressources, qu'il considère comme un fils. Puis elle annonce à Châtelin ses sentiments pour lui, mais elle redoute qu'il hésite à l'épouser par peur du qu'en-dira-t-on, étant donné leur différence d'âge. Il finit par céder et l'épouse malgré la réprobation de Mme Châtelin mère.

L'objectif de Catherine était de se marier afin d'avoir une meilleure situation pour aider sa mère, qui est toujours en vie, en réalité, et venue à Paris, et d'être la seule héritière de Châtelin. Gabrielle de son côté est une femme très dépendante, déchue et droguée. Les deux femmes élaborent un nouveau plan : éliminer Châtelin. La situation tourne mal quand, sans raison apparente, Catherine devient la maîtresse de Gérard. Prétextant la brutalité de Châtelin envers elle, elle lui demande de l'aider à le tuer afin de toucher l'héritage plus rapidement.

Mais les choses ne vont pas du tout se terminer comme prévu.

Fiche technique

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Distribution

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Le titre est emprunté aux Illuminations d'Arthur Rimbaud, dernière phrase de Matinée d'ivresse :

« Petite veille d'ivresse, sainte ! quand ce ne serait que pour le masque dont tu nous as gratifié. Nous t'affirmons, méthode ! Nous n'oublions pas que tu as glorifié hier chacun de nos âges. Nous avons foi au poison. Nous savons donner notre vie tout entière tous les jours.
Voici le temps des Assassins[3]. »

« Le sujet n'a pas été facile à trouver. Notre premier scénario est tombé à l'eau : Gabin montait un hold-up au Casino d'Enghien. […] Nous imaginons ensuite une histoire de garagiste, que Gabin refuse. L'acteur n'était pas facile ; il voulait jouer autre chose, il avait déjà été garagiste, il refuse tout, dit toujours non.
Revenant de Saint-Tropez, où nous [Duvivier & Bessy] nous étions installés pour travailler, nous nous arrêtons dans un grand restaurant de Saulieu. Et tout à coup l'idée nous est venue ; nous avions notre histoire. « Gabin aime la bonne bouffe, me dit Duvivier, il acceptera de jouer un restaurateur. » »

— Maurice Bessy (scénariste) in Christian Gilles, Qualité française, 1951-1957, Éditions L'Harmattan, 2000.

Attribution des rôles

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Danièle Delorme[4] : « Le film Voici le temps des assassins qui immortalisa notre jeunesse et un certain cinéma. J’avais une passion pour Julien Duvivier et pour tous ses films bien que je ne sois pas de la même génération. Je n’imaginais donc pas qu’il puisse faire appel à moi et lorsqu’il me demanda à me rencontrer, je me sentis dans mes petits souliers. Ce premier rendez-vous est encore très présent dans ma mémoire. Duvivier était très impressionnant, sec, précis. Il me parla d’une traite de son film, me demanda de lire le scénario pour lui donner rapidement ma réponse. À prendre ou à laisser : apparemment d’autres actrices étaient déjà sur les rangs.
Sidérée par la pression qu’il mettait sur mes épaules, je lus tout le script dans ma voiture garée le long d’un trottoir. Plus j’avançais dans sa lecture, moins je comprenais pourquoi Duvivier avait pensé à moi. Cette diabolique jeune femme au visage d’ange capable de mensonge, de sournoiserie, de meurtre, je pouvais donc la jouer ? Manipuler Gabin, le mener par le bout du nez, en faire mon jouet, était-ce possible ? Y croirait-on ? Le défi était de taille. Je dis oui immédiatement, sentant que ce rôle pourrait peut-être me projeter vers autre chose. Et puis, tourner avec Gabin, comment ne pas courir ? »

Prises de vue du au  :

Danièle Delorme[4] : « Le tournage s’étalait sur dix semaines. Sur le plateau de Billancourt, on avait reconstitué les vieilles halles de Paris. Décors à l’identique comme on les fabriquait à l’époque. Et, sur quelques mètres carrés, une petite chambre avec le lit nuptial pour Jean, restaurateur des Halles, et moi, sa jeune épousée. […] Perché sur son tabouret, Duvivier gardait les yeux fixés sur nous comme un oiseau de proie. […] Oui, ce fut un vrai cadeau pour moi que cette histoire glauque d’un restaurateur abusé par une meurtrière qui se faisait déchiqueter par le chien de sa victime. Personnellement, j’en ai gardé un grand souvenir. On apprend beaucoup auprès des grands. »

La Complainte des assassins, paroles de Julien Duvivier et musique de Jean Wiener, interprétée par Germaine Montéro (Éditions Enoch et Cie)[7].

  • François Truffaut[8] : « Duvivier a tourné 57 films ; j'en ai vu 23 et j'en ai aimé 8. De tous, Voici le temps des assassins me semble le meilleur. »
  • Danièle Delorme[4] : « Ce film fait partie des « classiques », et les spectateurs le demandent souvent lorsqu’ils souhaitent revoir « un » Gabin ou « un » Duvivier. Il y a encore un an [en 2007], il fut projeté sur un écran en plein air et le public semblait impressionné par cet univers crépusculaire (magnifique photographie en noir et blanc d’Armand Thirard !), ému, tour à tour, par la gouaille et la noirceur des films des années 1950. »
  • Avec le soutien du CNC, le film ressort restauré en 2016, à la fois dans les salles à partir du 6 avril[9],[10] et en vidéo (voir section « Vidéographie ») conjointement à deux autres réalisations de Julien Duvivier (La Belle équipe et La Fin du jour). Remastérisation effectuée par les laboratoires Éclair pour l’image et L.E. Diapason pour le son (à partir du négatif image nitrate et d’un négatif son optique).

On a beaucoup écrit sur le pessimisme de Julien Duvivier et sur la noirceur de ses films, celui-ci en est peut-être la quintessence. La photo noire, blanche et grise d'Armand Thirard plonge le spectateur dans un univers crépusculaire, sinon sépulcral, où Duvivier ne montre jamais le soleil. Ses protagonistes s'agitent dans une sorte de torpeur humide, alimentée par les fluides qui s'écoulent des Halles de Paris. C’est une vision de l'automne de la vie avant que les harpies Catherine, Gabrielle ou la mère Châtelin (et son fouet à sorcières) n’achèvent leurs destruction et autodestruction. Elles taillent en pièces Châtelin-Gabin, celui qui donnait à manger sans trop savoir pourquoi, et font un sort à Gérard, incarnation éphémère d’une fragile jeunesse et d'un possible futur.
Duvivier décide de filmer les Halles de Paris encore existantes (dont une partie sera aussi reconstruite en studio), mais également d'autres décors naturels. Il restitue la vie grouillante des anciennes Halles, sur fond des pavillons Baltard anéantis par d’autres démolisseurs, destruction dont Paris porte encore les stigmates plus de 40 ans après leur disparition. Les rares instants animés d’un semblant de chaleur humaine sont les séquences d'ensemble au restaurant et à la guinguette des Châtelin, scènes que Duvivier évite de transformer en iconographie parisienne. Des personnages fortement dessinés, dans l'humanité comme dans la noirceur, une excellente histoire et un scénario intelligent font de ce film l'un des meilleurs de Duvivier.

On peut noter que la scène où un client commande un repas très frugal avec un radis au beurre et une bouteille d'eau minérale a été reprise quasiment en intégralité dans Le Grand Restaurant, sûrement sous forme d'hommage.

On remarquera également, parmi les clientes du restaurant, deux femmes manifestement en couple (sujet rarement évoqué à l’époque), l’une faisant une courte scène de jalousie à l’autre à propos de Danièle Delorme (« Dis-donc, chérie, est-ce que tu veux son portrait ? » « Je ne dirais pas non ! »)

Notes et références

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  1. Le film sur Arte
  2. Note visible en fin du générique de début sur la version remasterisée de 2015.
  3. Graphie originale in Arthur Rimbaud — Œuvres complètes, Bibliothèque de la Pléiade, Éditions Gallimard, 1972.
  4. a b et c Extrait de ses mémoires : Demain, tout commence, Paris, Éditions Robert Laffont, , 232 p. (ISBN 978-2-221-11015-7).
  5. a et b IMDb Filming Locations
  6. a et b L2TC (Lieux de tournage cinématographique)
  7. La Complainte des assassins dans le répertoire de la Sacem
  8. In Antoine de Baecque, Serge Toubiana, François Truffaut, 2001.
  9. Notamment à Paris, au cinéma Les Fauvettes (13e arr.).
  10. Projection au Forum des images (programme) le dans le cadre du cycle Les Halles, passé, présent, futur

Vidéographie

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Bibliographie

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Liens externes

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