Sites mégalithiques de Seine-et-Marne
Les sites mégalithiques de Seine-et-Marne sont concentrés dans le sud du département en étroite corrélation avec l'existence de gisements de grès. Les sépultures mégalithiques sont peu fréquentes mais d'une architecture variée. Les polissoirs sont abondants. L'art mégalithique y est rare et peu élaboré. L'ensemble peut être daté du Néolithique et assimilé à la culture Seine-Oise-Marne.
Caractéristiques générales
[modifier | modifier le code]Répartition géographique
[modifier | modifier le code]Les sites mégalithiques du département sont très fortement concentrés dans le sud du territoire. Cette règle générale est particulièrement vérifiée pour les menhirs qui se concentrent autour des vallées de l'Orvanne, du Lunain et du Loing[1]. Quelques menhirs sont dispersés dans la partie centrale du département mais aucun n'est connu dans le nord. Cette répartition est confirmée et encore plus accentuée quand on tient compte des édifices disparus dont l'existence est attestée[1]. La très grande majorité des polissoirs, fortement tributaires de la géologie des sols, se concentrent aussi dans le sud du département, dans les mêmes vallées que les menhirs. La Brie, partie centrale du département en est totalement dépourvue et au nord, seuls trois polissoirs sont encore visibles pour huit disparus. Les sépultures mégalithiques sont trop peu nombreuses pour en tirer un quelconque enseignement mais si l'on tient compte des édifices disparus, il semble que leur édification est généralement liée à l'existence d'une vallée à l'exception de la Pierre Larmoire[1].
D'une manière générale, l'édification des constructions mégalithiques est fortement liée à l'existence de gisements de grès à proximité des sites d'installation. Le grès permet d'obtenir des blocs massifs, débités naturellement ou non, utilisés comme menhirs ou comme dalles de construction pour les sépultures. Ses qualités mécaniques sont idéales pour la réalisation des polissoirs. L'abondance du grès de Fontainebleau dans le sud du département explique ainsi l'abondance des mégalithes dans cette aire géographique. « Les mégalithes de Seine-et-Marne sont donc, dans leur quasi-totalité, en grès »[2]. La pierre meulière ou le poudingue ne sont utilisés que de manière fortuite. L’usage du calcaire se limite à la construction de murets internes après débitage en plaquettes[2].
Architecture et art mégalithique
[modifier | modifier le code]Les sépultures mégalithiques se caractérisent par une grande diversité d'architecture[3]. On rencontre ainsi :
- des dolmens simples non enterrés composés d'une chambre surmontée d'une seule table de couverture (dolmen de la Roche aux Loups, pierre Larmoire) qui à l'origine devaient être recouverts d'un tumulus ou d'un cairn;
- des allées couvertes enterrées ou non (Écuelles, Champcenest, Vendrest);
- des sépultures sous dalle avec ou sans muret délimitant la chambre funéraire;
- une hypogée (Mousseau-les-Bray);
- des sépultures en fosse incluant des éléments mégalithiques (Sépulture du Paradis, Sablonnières)
L'art mégalithique est peu fréquent (Pierre aux Couteaux, Pignon de Sainte-Aubierge, Croix Saint-Jacques, Pierre Larmoire) et il correspond à des motifs peu élaborés (piquetage, rainure, sillons parallèles, cupule soléiforme)[4].
Essai de datation
[modifier | modifier le code]Les polissoirs étant liés à la fabrication des haches polies et à l'exploitation de mines de silex dans le nord du département (Coupvray, Jablines) peuvent remonter au Néolithique moyen représenté en Ile-de-France par la Culture de Cerny, dès 4 700 avant J.-C. L'abondance des haches polies jusqu'au Néolithique final permet de dater la majorité des polissoirs d'une période comprise entre 4 300 et 2 200 avant J.-C[4]. Le matériel archéologique découvert dans les sépultures correspond quasi-exclusivement à la culture Seine-Oise-Marne (3 500 à 2 800 avant J.-C.). Le seul site ayant fait l'objet d'une datation au C14 est celui du Paradis et correspond à une période comprise entre 3 500 et 2 890 avant J.-C.[5].
Folklore
[modifier | modifier le code]Les traditions associées aux mégalithes de Seine-et-Marne sont communes à d'autres régions. On y retrouve les légendes et traditions d'inspiration chrétienne (Pignon de Sainte-Aubierge, Pierre à la Croix, Pierre des Moines, Croix de Saint-Jacques, Pierre aux Prêtres), les récits liés au diable (Roche au Diable, Pierre Couvée), les coutumes d'inspiration païenne (Pierre-Fitte, Pierre aux Aiguilles, Roche à Blin), l'emplacement de lieux de réunion (Pierre-Fitte, menhir du Grand Berger), de tombeaux (Pierre Cornoise, Pierre aux Couteaux) ou d'un trésor (allée couverte de la Chapellerie) et diverses légendes[6].
Inventaire
[modifier | modifier le code]Selon l'inventaire réalisé par Alain Bénard, le département compte « dix-sept menhirs existants, douze menhirs détruits bien attestés et cinquante-cinq menhirs supposés en raison de traditions locales ou de lieux-dits évocateurs »[1]. Les trois cromlechs anciennement signalés sont désormais tous détruits. Cent polissoirs encore visibles sont recensés, trente-cinq supplémentaires sont détruits ou disparus. Les sépultures mégalithiques et les sépultures sous dalle sont beaucoup plus rares : cinq dolmens et allées couvertes encore existants pour onze édifices attestés détruits, deux sépultures sous roche encore visibles pour dix-huit détruites[1].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Bénard 2009, p. 121
- Bénard 2009, p. 123
- Bénard 2009, p. 124
- Bénard 2009, p. 125
- Bénard 2009, p. 126
- Bénard 2009, p. 127
- « Menhir dit la Pierre-Fitte ou Pignon de Sainte-Aubierge », notice no PA00086813, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Bénard 2009, p. 20
- Bénard 2009, p. 21
- Jean-Pierre Savary, « Mégalithes du bassin de l'Yerres (S.-et-O., S.-et-M.) », Bulletin de la Société préhistorique de France, vol. 54, nos 11-12, , p. 750-756 (lire en ligne)
- « Dolmen », notice no PA00086844, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Bénard 2009, p. 23
- Bénard 2009, p. 24
- « Menhir dit la Pierre Couvée », notice no PA00086913, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Bénard 2009, p. 32-34
- « Menhir dit la Pierre-aux-Couteaux », notice no PA00086928, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
- « Menhir dit la Pierre Plantée », notice no PA00086935, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Bénard 2009, p. 38
- « Menhir dit La pierre droite », notice no PA00086942, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Bénard 2009, p. 38-39
- Bénard 2009, p. 40
- Bénard 2009, p. 47
- « Polissoir », notice no PA00087033, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Bénard 2009, p. 51-52
- Bénard 2009, p. 53
- Bénard 2009, p. 57
- Bénard 2009, p. 58-59
- Claude Masset, Les dolmens : Sociétés néolithiques et pratiques funéraires, Paris, Éditions Errance, , 175 p. (ISBN 2877721418), p. 96-97
- Bénard 2009, p. 61
- « Groupe de quatre pierres levées », notice no PA00087118, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
- « Menhir dit La Pierre Clouée ou Pierrefritte », notice no PA00087159, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Bénard 2009, p. 65-66
- « Polissoir du Goulet », notice no PA00087179, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
- « Polissoir de la Pierre-aux-Prêtres », notice no PA00087180, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Bénard 2009, p. 78-79
- Bénard 2009, p. 80-81
- « Polissoir de la Roche aux Diables », notice no PA00087190, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
- « Polissoir de la Forêt-Noire », notice no PA00087189, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
- « Dolmen dit la Pierre l'Armoire », notice no PA00087262, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Bénard 2009, p. 94
- « Menhir », notice no PA00087267, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Bénard 2009, p. 97
- « Groupe de huit polissoirs », notice no PA00087291, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
- « Menhir dit la Pierre Cornoise », notice no PA00087297, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Bénard 2009, p. 106
- « Menhir de la Croix Saint-Jacques », notice no PA00087299, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
- « Menhir de la Pierre-aux-Prêtres », notice no PA00087300, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Bénard 2009, p. 109-110
- Bénard 2009, p. 115
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Alain Bénard, Les mégalithes de Seine-et-Marne, Conseil général de Seine-et-Marne, coll. « Mémoires archéologiques de Seine-et-Marne » (no 2-2008), , 146 p. (ISBN 978-2-913853-09-6)
Liens externes
[modifier | modifier le code]- Pour l'ensemble des points mentionnés sur cette page : voir sur OpenStreetMap (aide), Bing Cartes (aide) ou télécharger au format KML (aide).