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Bataille de Deraa

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Bataille de Deraa
Description de cette image, également commentée ci-après
Des troupes de l'armée syrienne pendant la bataille de Deraa.
Informations générales
Date
(7 ans, 2 mois et 17 jours)
Lieu Deraa
Issue Victoire des loyalistes
Belligérants
Commandants
Drapeau de la Syrie Maher el-Assad
Drapeau de la Syrie Souheil al-Hassan
Drapeau de la Syrie Riad Haddad
Ahmed Naameh
Bachar al-Zoubi
Assad al-Zoubi
Forces en présence
Inconnues 35 000 hommes[1]
(total des forces du Front du sud dans le gouvernorat de Deraa)
Pertes
Inconnues Inconnues

Guerre civile syrienne

Batailles

Coordonnées 32° 37′ nord, 36° 07′ est
Géolocalisation sur la carte : Syrie
(Voir situation sur carte : Syrie)
Bataille de Deraa

La bataille de Deraa a lieu lors de la guerre civile syrienne. Elle débute le par une offensive de l'armée contre les manifestants anti-régime et oppose jusqu'au , l'armée syrienne et ses alliés aux rebelles de l'Armée syrienne libre, rassemblés à partir de 2014 dans le Front du Sud. Pendant des années, la ville de Deraa est divisée en deux : le nord étant contrôlé par les loyalistes et le sud par les rebelles. La ville repasse finalement sous le contrôle du régime en juillet 2018, lors de l'offensive de Deraa, après la capitulation du Front du Sud qui accepte de conclure un accord de « réconciliation ».

En février 2011, quelques jours après la chute de Zine el-Abidine Ben Ali en Tunisie et celle d'Hosni Moubarak en Égypte, un groupe d'une quinzaine ou d'une vingtaine d'adolescents inscrit sur les murs d'une école de Deraa le slogan « Jay alek el door ya doctor » (« Ton tour arrive, docteur»)[2],[3],[4],[5],[6],[7],[8]. Ces mots visent alors directement le président syrien Bachar el-Assad, ancien ophtalmologue[3]. La plupart des jeunes sont très rapidement arrêtés par les services de renseignement et torturés pendant plusieurs semaines[5],[6],[7]. Une délégation venue solliciter la libération des enfants est insultée par Atef Najib, cousin de Bachar el-Assad et chef de la branche locale de la Sécurité politique qui aurait déclaré : « Oubliez vos enfants et allez retrouver vos femmes. Elles vous en donneront d'autres. Et puis, si vous n'êtes pas capables de leur faire des enfants, amenez-nous vos femmes. On le fera pour vous »[5]. Ces paroles se répandent alors à Deraa comme une traînée de poudre et scandalisent les habitants[5]. Le 15 mars, un premier rassemblement a lieu devant le Palais de justice de Deraa[3],[5]. Une seconde manifestation de bien plus grande ampleur, baptisée le « vendredi de la liberté », suit le 18 mars, mais cette fois la police tire sur la foule, faisant deux morts et de nombreux blessés[5],[3],[4]. Le 20 mars, pour tenter d'apaiser la situation, le régime fait libérer la plupart des adolescents arrêtés, mais les traces de tortures sur leurs corps et leurs visages ravivent la colère des habitants de Deraa[5],[7],[4],[8],[6]. Des milliers de manifestants incendient le Palais de justice et tiennent un sit-in à la mosquée al-Omari[4]. Le soir du 22 mars, la police donne l'assaut[4]. La situation devient alors insurrectionnelle : les forces de l'ordre tirent à balles réelles et entre 51 et 100 manifestants sont tués en 24 heures[4],[9],[10]. Le 24 mars, la mosquée al-Omari est sous le contrôle des forces de sécurité, mais le mouvement de contestation se poursuit[4],[11]. Au total, entre 70 et 130 personnes ont été tuées à Deraa au cours de la répression des manifestations de mars[12].

Déroulement

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Intervention de l'armée syrienne en avril et mai 2011

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Le 25 avril à l'aube, les chars de l'armée syrienne entrent dans la ville de Deraa[13],[14],[15]. Les forces de la 4e division blindée, commandée par Maher el-Assad, le frère du président syrien, se chargent de la répression[16]. Selon les déclarations de militants de l'opposition à l'AFP, 3 000 soldats participent à l'opération[13]. L'armée tire à l'arme lourde et place des snipers sur les toits[15],[17]. L'électricité, l'eau et les communications téléphoniques sont coupés[13],[14],[15].

L'armée syrienne dément pour sa part avoir affronté les manifestants, elle affirme s'être heurtée à des tireurs embusqués et avoir poursuivi des « gangs criminels armés » ou des « groupes terroristes »[18]. Mais de nombreux civils non armés sont abattus dans les rues par les troupes du régime, qui ouvrent le feu sur la foule avec des mitrailleuses ou des chars[19],[20],[17]. Selon des militants des droits de l'homme, au moins 25 personnes sont tuées le premier jour de l'offensive[13],[17].

Le 25 avril est baptisé "Journée de la colère" par les militants de l'opposition sur facebook : des manifestations en soutien aux manifestants de Deraa sont organisées à Lattaquié, Baniyas, Homs, As Sanamein et Hama. Plusieurs chars de l'armée entourent la ville mais la défection de plusieurs unités ralentit la progression de l'armée dans la ville[21],[22]. La ville est alors coupée de tout moyen de communication (électricité, internet, téléphone), les civils y sont assiégés[23],[24].

Le 27 avril, le fils de l'imam de la mosquée al-Omari est torturé et abattu devant ses voisins par des soldats du régime[14].

Le 28 avril, Al Jazeera diffuse des images de ce qui semble être des soldats blessés qui reçoivent une aide des civils en Syrie, après avoir refusé l'ordre de tirer sur les manifestants, ils se sont fait tirer dessus par des unités loyalistes. Le réseau a averti qu'il ne pouvait pas vérifier de manière indépendante l'authenticité de la vidéo, mais a affirmé qu'il provenait d'une "source fiable"[25].

Le 29 avril, au moins 48 civils sont tués en Syrie, dont 32 dans le gouvernorat de Deraa selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH)[26]. Al Jazeera affirme pour sa part que d'après ses sources, quinze manifestants ont été tués par l'armée en essayant d'entrer dans Dera[27]. L'armée affirme pour sa part que quatre soldats ont été tués à Deraa dans une attaque menée à l'aube du 29 avril contre un poste militaire[26]. Cependant l'AFP indique que plus tôt dans la journée, un militant à Deraa, Abdallah Abazid, avait déclaré que quatre soldats avaient « été tués en défendant les habitants »[26].

Le lendemain, une opération militaire est lancée contre la mosquée Omari dans la médina de la ville, à partir de laquelle des manifestations sont organisées tous les vendredis dans la ville. Selon un résident, des obus de chars et des tirs de mitrailleuses lourdes ont été tirés sur la mosquée et au moins trois hélicoptères ont été impliqués dans l'opération qui ont laissé tomber sur le toit de la mosquée des parachutistes. Au cours de l'assaut sur le bâtiment, six personnes ont été tuées, dont le fils de l'imam de la mosquée, et des dizaines de personnes ont été arrêtées, y compris l'imam lui-même. Après l'assaut des tireurs d'élite ont été positionnés sur le toit de la mosquée[28]. Durant cette journée, une personne anonyme poste une vidéo montrant des soldats attaquer et tuer des manifestants non armés avec des balles réelles[29].

Le 3 mai, l'armée syrienne affirme que « 499 membres de groupes terroristes » ont été arrêtés à Deraa et que douze personnes ont été tuées, dont deux militaires[30].

Le 5 mai 2011 l'armée annonce les opérations à Deraa sont terminées et qu'elle commence à se retirer de la ville[18],[20]. Au moins 350 soldats à bord d'une vingtaine de camions suivis d'une vingtaine de transports de troupes quittent Deraa dans la matinée[18].

Le général Riad Haddad, directeur du département politique de l'armée syrienne, déclare le 4 mai 2011 que 25 militaires ont été tués et 177 blessés lors des opérations à Deraa[18].

Du côté des opposants, l'armée syrienne affirme le 6 mai que 600 personnes ont été arrêtés en dix jours d'opérations[31]. Au moins 50 personnes ont également été tuées par l'armée en onze jours selon l'Associated Press[20]. L'agence Reuters indique quant à elle que selon un militant, au moins 83 cadavres, dont des femmes et des enfants, ont été rassemblés dans des morgues de fortune à la date du 29 avril[27]. Le 7 mai, l'agence Reuters rapporte également que d'après l'Organisation syrienne des droits de l'Homme (Sawasiah), 220 civils ont été tués pendant l'offensive de l'armée à Deraa[32]. Le Damascus Center for Human Rights Studies (DCHRS) affirme pour sa part que 244 corps, dont ceux de plusieurs enfants, ont été transférés en deux jours à l'hôpital militaire de Tishreen, à Damas[19]. Il indique également que 81 corps de soldats et d'officiers de l'armée ont été reçus, la plupart tués par un coup de feu à l'arrière[19]. Pour le DCHRS, ces blessures laissent suspecter que ces soldats ont été tués pour avoir refusé d'abattre des civils[19].

Début mai 2011, l'organisation des droits de l'homme Insan affirme que 607 personnes ont été tuées en Syrie depuis le début de la répression, dont 451 à Deraa[30].

Deraa coupée en deux

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Malgré la répression, de nouvelles manifestations anti-régime sont signalées à Deraa dès le 13 mai[33]. D'autres suivent encore le 20 mai, pendant lesquelles deux manifestants sont tués[34]. Deux manifestants sont encore tués à Deraa le 15 juillet[35] et un autre le 29 juillet[36].

Les rassemblements anti-Assad se poursuivent pendant la seconde partie de l'année 2011 et des soldats-déserteurs de l'Armée syrienne libre apparaissent[16]. Au début de l'été 2011, paralysée par les désertions, l'armée est contrainte d'abandonner plusieurs quartiers à Deraa[37]. Pendant plusieurs années, la ville est divisée en deux parties, le nord est contrôlé par les loyalistes et le sud par les rebelles[38],[1].

Le , 27 militaires loyalistes sont tués par des déserteurs dans la ville de Deraa selon l'OSDH[39].

Le , l'armée syrienne lance un assaut sur les positions de l'Armée syrienne libre à Deraa. Les combats ont lieu dans les quartiers de Balad, Mahatta et Sad[40].

Livraison d'armes aux rebelles

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Situation dans le gouvernorat de Deraa en août 2012 :
  • Zone contrôlée par le gouvernement syrien et ses alliés
  • Zone contrôlée par les rebelles

Fin 2012, les rebelles de Deraa reçoivent leurs premières armes de l'étranger[16]. Des avions croates chargés de missiles antichars, de lance-grenades et de canons sans reculs utilisés pendant les guerres de Yougoslavie se posent à Amman en Jordanie[16]. Les Jordaniens font ensuite passer les cargaisons d'armes en Syrie[16]. L'opération est financée par l'Arabie saoudite, avec l'approbation des États-Unis à condition que des missiles sol-air ne soient pas livrés[16]. La Jordanie veille aussi à ce que les équipements soient remis aux groupes de l'Armée syrienne libre et non aux islamistes, contribuant ainsi à ce que l'ASL demeure prédominante dans le sud de la Syrie[16].

À partir de fin 2013, les livraisons d'armes aux rebelles sont gérées par le Military Operations Center (MOC), basé à Amman[16]. Selon Le Monde : « Des experts d’une dizaine de pays arabes et européens – dont l’Arabie saoudite, la Jordanie, le Qatar, les Emirats arabes unis, la France et le Royaume-Uni – participent à cette salle d’opérations, sous la baguette de l’Agence centrale de renseignement (CIA) américaine. En plus de fournir des armes, des formations et des salaires aux groupes jugés fiables, cette structure finance un site Internet qui relaie leur propagande. Le MOC n’a pas de droit de veto sur les plans d’attaque des rebelles. Mais selon qu’il les valide ou non, l’aide offerte est plus ou moins importante »[16].

Offensive de mars 2013

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Rebelles syriens dans la région de Deraa, le 15 avril 2013.

Le 3 mars, des rebelles capturent un bataillon d'artillerie dans le village de Jalma. Huit rebelles sont tués et le commandant du bataillon est exécuté lors de l'opération. Le 23 mars, la 38e division de l'armée syrienne, près d'une route stratégique reliant Damas à la Jordanie, est capturée par les rebelles, et le commandant de la base est tué. Le lendemain, les rebelles avancent de 25 km, près de la frontière jordanienne. Le 29 mars, les rebelles prennent le contrôle de la ville stratégique de Da'el, en faisant 38 morts, dont 16 rebelles. Le 3 avril, la base de défense aérienne du 49e bataillon de l'armée syrienne dans la ville d'Alma, située dans la banlieue nord de Daraa est capturée. Le 5 avril, les rebelles capturent une garnison de l'armée défendant la principale frontière vers la Jordanie[réf. nécessaire].

Le 10 avril, l'armée syrienne lance une contre-attaque sur la ville de Sanamein et Ghabagheb, prenant le contrôle de Sanamein. Cette contre-attaque fait 54 victimes, dont 29 civils, 16 rebelles, 9 soldats, lors des combats à Sanamein[réf. nécessaire].

En avril, avec la perte d'Otaiba, à l'est de Damas, suivie en mai par celle de Khirbet Ghazaleh, sur l'autoroute entre Deraa et Damas, les rebelles du Sud se retrouvent coupés de la Ghouta orientale[16]. Selon Le Monde : « À l’origine de ce fiasco, la rivalité acrimonieuse entre deux chefs de guerre rebelles, le colonel Naameh d’une part, et Bachar Zoabi de l’autre, commandant de la Brigade Yarmouk, l’un des plus puissants groupes armés du sud. Exaspéré que le premier, basé à Amman, ait accouru sur le terrain pour se filmer en train de proclamer victoire et que, dans le même temps, le ravitaillement en munitions qu’il avait demandé ne lui soit pas parvenu, le second avait ordonné à ses hommes de se retirer de la ville, précipitant sa reprise par les loyalistes »[16].

Situation à Deraa en octobre 2013.

Regroupement des rebelles de l'ASL

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Le , à l'extrême sud du pays, dans le gouvernorat de Deraa. 55 brigades et 30 000 combattants, principalement liés à l'Armée syrienne libre, se réunissent dans une coalition appelée le Front du Sud. L'extrême sud syrien est désormais la seule zone du pays où l'Armée syrienne libre (ASL) demeure la force rebelle dominante[41],[42],[43],[44],[45].

Mais en mai 2014, le colonel Ahmed Naameh, le chef de l'ASL dans le Sud est enlevé par le Front al-Nosra et est depuis porté disparu[16].

Offensive d'octobre 2014

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Situation dans le gouvernorat de Deraa en octobre 2014 :
  • Zone contrôlée par le gouvernement syrien et ses alliés
  • Zone contrôlée par les rebelles
  • Zone contestée

Le 3 octobre, les loyaliste tentent de reprendre Deir al Adas mais ils échouent et perdent 23 soldats. Le lendemain, les rebelles annoncent le début d'une opération militaire appelée "wa al-Fajr wa Layali Asher". Le 4 octobre, entre 18 et 60 rebelles sont tués. Le 5 octobre, au moins 30 soldats et 29 rebelles sont tués à Tell Al-Harrah. Les rebelles capturent la colline, le village d'Azmerin et la barrière Oum El-Aaoussaj, dans la ville d'al-Harrah. Selon les sources de l'opposition, les rebelles réussissent également à capturer Tell al-Ahmar, des forces de sécurité au sud de la ville d'al-Harrah ainsi que le point de contrôle d'al-jadeera à l'est de la ville. Le lendemain, les rebelles capturent le village de Zimrin, les deux collines stratégiques qui l'entourent et deux points de contrôle à proximité[réf. nécessaire].

En octobre 2014, les rebelles prennent la colline de Tel-Hara, un des points les plus élevés de la région et un site d'implantation d’une base d’interception électronique syro-russe[16]. En décembre, les rebelles prennent Cheikh Meskin, située au bord de l'autoroute reliant Deraa à Damas et menacent ainsi de couper la voie de ravitaillement des loyalistes dans les quartiers nord de Deraa[16]. Le général Rustum Ghazaleh, chef de la sécurité politique du régime, fait mettre le feu à sa villa de peur qu'elle ne tombe aux mains des insurgés[16].

Offensive de février 2015

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Situation dans le gouvernorat de Deraa entre février et mars 2015.

En février 2015, une offensive de l'armée syrienne et du Hezbollah est repoussée par les rebelles[16].

Prise du poste-frontière de Nassib par les rebelles en avril 2015

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Le 1er avril, le Front du Sud et le Front al-Nosra s'emparent du poste-frontière de Nassib, au sud-est de Deraa[16],[46]. Mais la zone franche adjacente au terminal, des usines et des entrepôts sont pillés et saccagés par des rebelles ou des villageois, plusieurs chauffeurs routiers sont également enlevés et la Jordanie, exaspérée, fait rapidement fermer sa frontière[16].

Offensive de juin 2015

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Offensive rebelle à Deraa entre juin et juillet 2015.

Le , 51 factions rebelles lancent une offensive dans la ville de Deraa. Celle-ci est baptisée par les rebelles « la bataille de la tempête du sud ». Des groupes de l'Armée syrienne libre, Harakat al-Muthanna, Ahrar al-Cham et le Front al-Nosra participent à l'offensive[47],[48],[49],[50]. Selon l'OSDH, au soir du 25 les rebelles ont avancé à l'ouest de la ville[51],[52]. Le soir du 28 juin, les combats ont fait selon l'OSDH au moins 34 tués chez les loyalistes et 70 morts du côté des rebelles[53]. Mais l'offensive est un échec, si l'Armée syrienne libre et les groupes islamistes enregistrent quelques progrès, comme la prise du quartier de la sécurité, l'armée syrienne résiste aux assauts et tient toujours la moitié de la ville début juillet[54]. Des centaines de civils et 200 hommes de l'Armée syrienne libre ont été tués dans ces combats[55].

Le 23 juillet, le Front du Sud lance une nouvelle offensive, baptisée «Tempête de la vérité». Dans les premières 24 heures, les loyalistes mènent 21 raids et largent 32 barils d'explosifs. Un important commandant rebelle, Abou Hadi Abboud, chef du groupe Fallujah al-Houran, est tué par un obus[56].

Suspension partielle des combats en 2016

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Fin 2015, le début de l'intervention militaire de la Russie en Syrie provoque progressivement un gel des combats dans le sud de la Syrie[16]. Selon Le Monde : « Le tapis de bombes qui s’écrase sur les zones rebelles du nord résout le dilemme des parrains du Front du Sud. Plutôt que de surenchérir, les Etats-Unis et le royaume hachémite concluent une trêve informelle avec Moscou. En échange d’un gel des combats, le Hauran et le Golan échappent aux raids des Mig russes, qui se concentrent sur Alep. Le MOC ordonne alors à ses obligés de rediriger leur arsenal contre les groupes extrémistes du sud, comme l’Armée de Khalid Ibn Walid, qui a fait allégeance à l’EI. L’impératif antiterroriste finit de l’emporter sur les velléités de changement de régime »[16].

Le 5 février 2016, l'armée syrienne et le Hezbollah s'emparent du village d'Ataman, située à deux kilomètres au nord de Deraa, après d'intenses bombardement russes. Les rebelles de la Liwa al-Moutaz du Front du Sud, principale faction de cette localité, se retirent après avoir perdu au moins 10 hommes[57],[58].

La nuit du 30 au 31 octobre 2016, 43 rebelles sont tués dans une embuscade loyaliste dans la localité d'Abtaa, dans le gouvernorat de Deraa[59],[60].

À partir de 2017, Israël commence également à fournir quelques armes aux rebelles[16].

Offensive de février 2017

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Situation à Deraa le 21 avril 2017.

À la suite d'un arrangement entre la Russie et la Jordanie, le front de Deraa est resté gelé pendant plus d'un an[61]. Cependant le 12 février 2017, les combats reprennent à Deraa avec une offensive des rebelles de l'Armée syrienne libre et du Hayat Tahrir al-Cham dans le quartier de Manchiya[61],[62],[63],[64]. Le 13 février, l'aviation russe intervient en soutien aux loyalistes[61],[64]. Au 14 février, les combats ont fait au moins 16 morts chez les loyalistes et 32 chez les rebelles selon l'OSDH[65].

Offensive de mai et juin 2017

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En mai 2017, les rebelles lancent une nouvelle offensive dans le quartier de Manchiyé[66]. Mais en juin, l'armée syrienne, le Hezbollah et les milices chiites irakiennes acheminent des renforts et contre-attaquent[66],[67]. Le 1er juin, au moins 13 rebelles et trois civils sont tués par l'explosion d'un engin explosif sur une route et par un bombardement du régime syrien dans le nord-ouest du gouvernorat de Deraa[68]. Dans les jours qui suivent la ville de Deraa — contrôlée à 60 % par les rebelles[69] — est intensément bombardée, notamment avec des roquettes, des bombes baril, et des engins explosifs remplis de shrapnel[67]. Le 17 juin, l'armée syrienne décrète un cessez-le-feu de 48 heures à Deraa[69]. Les combats reprennent cependant rapidement : le 20 juin, au moins 12 soldats et miliciens loyalistes sont tués et plusieurs autres blessés ou fait prisonniers[70]. Selon Bellingcat, 103 à 123 combattants loyalistes sont tués dans la région de Deraa entre le 4 juin et le 7 juillet 2017[71].

Cessez-le-feu en juillet 2017

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Situation à Deraa le 9 juillet 2017.

Le 7 juillet, la Russie annonce avoir conclu un accord avec les États-Unis et la Jordanie pour instaurer un cessez-le-feu à Deraa et dans l'ensemble du sud-ouest syrien à dater du 9 juillet[72],[73]. Le Hezbollah et les milices chiites se retirent également de quelques dizaines de kilomètres sur exigence d'Israël[73]. Le cessez-le-feu est respecté dans les gouvernorats de Deraa et Kuneitra, mais violé dès le 10 juillet dans le gouvernorat de Soueïda[74],[75].

Mais peu après la conclusion de l'accord de « désescalade », l'administration Trump annonce la fin de son soutien financier et militaire à la rébellion et au Front du Sud[76],[77],[78],[79],[80]. Le MOC est fermé et l'aide financière et militaire s'arrête définitivement en décembre 2017[16].

Prise de la ville de Deraa par les loyalistes en juillet 2018

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Situation à Deraa le 9 juillet 2018.

La région de Deraa, ainsi que celle de Kuneitra et une partie de celle de Soueïda, forment alors une des quatre « zones de désescalade » instaurées en Syrie et elle est celle où le cessez-le-feu est le mieux respecté pendant sa mise en vigueur[81],[76]. Pourtant près d'un an après son instauration, le cessez-le-feu est rompu en juin 2018 par l'armée syrienne qui repart à l'offensive[76]. Le , la ville de Deraa est entièrement encerclée par les loyalistes[82],[83]. Le 10 juillet, les forces de l'Armée syrienne libre à Deraa transmettent leurs exigences aux émissaires russes : en échange d'un cessez-le-feu, ils demandent la suspension de l'offensive contre la ville de Deraa et le libre passage vers les zones du nord de la Syrie contrôlées par l'opposition, près de la frontière turque[84]. Le 12 juillet, un convoi d'officiers de l'armée syrienne et des membres de la police militaire russe entrent sans rencontrer de résistance dans les secteurs de Deraa tenus par l'ASL[85],[16]. Symboliquement, et alors que les rebelles sont toujours présents à l'intérieur de la ville, les soldats loyalistes hissent le drapeau officiel syrien sur la grande place du centre-ville[85],[16].

Le 14 juillet, les rebelles commencent à remettre leurs armes lourdes aux troupes du régime[86]. Le lendemain, un premier convoi de 15 bus transportant 430 rebelles et civils quitte Deraa pour le gouvernorat d'Idleb au Nord[87],[88].

Nouveau siège de Deraa en 2021

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Diverses manifestations, confrontations, assassinats et arrestations arbitraires continuent d'avoir lieu malgré l'accord de réconciliation. Lors des élections présidentielles syriennes en mai 2021, des troubles et manifestations contre la tenue des élections dans les régions du sud, y compris à Deraa, où les responsables refusent d'organiser les élections, contestées[89],[90],[91].

À l'été 2021, des clashs puis des combats reprennent, 38 600 civils sont déplacés en un mois. 40 000 personnes à Deraa sont de nouveau assiégées par les forces du régime de Bachar el-Assad, et après, le déplacement d'une partie de la population, dont une majorité d'enfants, environ 20 000 personnes, à Deraa al-Balad, sont privées de nourriture, d'eau, d'électricité et d'accès aux soins. Alors que les évacuations médicales sont refusées par les forces loyalistes, les Nations Unies et Amnesty appellent à la levée du siège[92],[90],[93],[94],[95].

Vidéographie

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Notes et références

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  1. a et b « La bataille de Deraa, un test pour le régime Assad », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. Frédéric Gerschel, « Syrie : Deraa, là où tout a commencé », le Parisien, (consulté le )
  3. a b c et d Mélanie Longuet, « Six ans de guerre en Syrie, plus de 300 000 morts : les origines d'un conflit sans fin », sur leparisien.fr, (consulté le )
  4. a b c d e f et g « Syrie: Deraa, sept jours de soulèvement », Libération, (consulté le )
  5. a b c d e f et g Benjamin Barthe, « Les enfants de Deraa, l'étincelle de l'insurrection syrienne », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. a b et c Céline Lussato, « Mars 2011, le tag qui a mis le feu à la Syrie », L'Obs,
  7. a b et c Oussama Issa, « Moawyah Sayasneh, la guerre aux mots », Libération, (consulté le )
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  9. Gilles Paris, « En Syrie, la ville de Deraa est en état quasi insurrectionnel », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. « Deux ans de guerre sanglante en Syrie »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), Le Monde,
  11. L'Express avec Reuters, « Le mouvement de contestation s'étend en Syrie », (consulté le )
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