Né en Normandie, Robert Coulouma est le fils de Gaston Coulouma (1864-1913), imprimeur, propriétaire et directeur du bi-hebdomadaire régional le Journal des Andelys. Très investi dans la vie locale et professionnelle, Gaston Coulouma fut membre fondateur de l'Association professionnelle de la presse républicaine, membre de l'Association syndicale des journalistes professionnels de Normandie ainsi que de l'Union syndicale des maîtres imprimeurs de France. Il édita ce journal jusqu'à sa mort.
De son union avec Alice Morin naquirent, outre Robert, deux autres enfants : Henri en 1889 et Madeleine en 1891. Robert, après de solides études, apprend le métier de typographe en travaillant « selon la tradition hors de l'imprimerie paternelle, de maison en maison, jusqu'à Leipzig où il fit un stage d'un an. »[2] en 1907. Son père achète en 1911 une propriété, rue de Diane, à Argenteuil, où il fonde l'imprimerie Coulouma, spécialisée dans les impressions en tous genres (travaux de luxe, périodiques, etc.), dont la marque typographique est reproduite sur l'enseigne de Gentil & Bourdet et sur les papiers à en-tête de l'entreprise. Ce nouvel atelier d'impression est une entreprise familiale, Robert et Henri y travaillent comme typographe aux côtés de leur père.
À la mort de ce dernier, Robert, en tant qu'aîné, le remplace à la tête de l'imprimerie. En 1914, il est mobilisé puis blessé à Verdun, c'est alors son épouse, Suzanne Gorisse, qui assure la direction et la gestion des affaires. Après la guerre, son frère Henri part en Afrique où il s'installe comme imprimeur à Yaoundé (alors au Cameroun français). À partir de 1920, Robert Coulouma se lance dans l'impression de livres. En 1928, un millier d'ouvrages sont déjà sortis des presses d'Argenteuil.
De cette période féconde, Pierre Mac Orlan écrit qu'« en ce temps-là, tous les jeunes maîtres de l'illustration fréquentaient l'Imprimerie Coulouma. Chas Laborde, Daragnès, Martin, Marty, Siméon, Falké, Laboureur, Gus Bofa, Lucien Boucher et bien d'autres se mêlaient familièrement aux jeux du composteur et au ronronnement des machines aussi nettes que des objets de vitrine »[3].
Coulouma cesse son activité à Argenteuil en 1937, travaille à l'Imprimerie Georges Lang (Paris). Le , un bombardement britannique frappe Argenteuil et les locaux de l'imprimerie rue de Diane, qui seront vendus en 1946 à la société Volpi. En 1945, Robert Coulouma installe sa nouvelle imprimerie à Paris au 203-205 rue du Faubourg-Saint-Honoré. Elle connaît un brillant essor jusqu'à la retraite de Robert Coulouma, à l'âge de 70 ans, en 1957.
Il meurt à l'âge de 89 ans en 1976, deux ans après son épouse. Tous deux sont enterrés au cimetière de Montmartre.
Imprimerie Coulouma d'Argenteuil, rue de Diane (1911-1937)
Cette enseigne fut réalisée par les mosaïstes-céramistes de l'entreprise Gentil & Bourdet, fondée en 1905 par deux architectes, et en activité jusqu'à la mort de Bourdet en 1952. Elle comporte, à l'image des marques d'imprimeurs de la Renaissance, un monogramme tenu par un animal fabuleux, le griffon, référence à la marque d'un des pionniers de l'imprimerie Sébastien Gryphe (1492-1556) par analogie à son patronyme Gryphius en latin. À la différence du griffon de la marque de Sébastien Gryphe, (mi-aigle, mi-lion), il garde de la chimère l'arrière train de la chèvre, tel le griffon représenté par Martin Schongauer.
Comme les marchands-imprimeurs de la Renaissance, Robert Coulouma a créé un monogramme comportant ses initiales "C" et "R" et en miroir le "G" du prénom de son père, Gaston Coulouma, avec lequel il a inauguré cette imprimerie entre 1911 et 1912. Sa devise latine « honeste et solerter », que l'on pourrait traduire par « honorablement et habilement ».
L'Imprimerie Coulouma fond elle-même la plupart de ses caractères, du corps 8 au corps 36.
Pierre Mac-Orlan, dans sa préface du catalogue Spécimen des caractères de l'imprimerie Coulouma écrit : « L'Imprimerie Coulouma fond elle-même une partie de ses caractères qui s'échelonnent entre le corps 8 et le corps 36 ; ses machines à pointures peuvent tirer tous les papiers avec un registre parfait. »[4]
Aussi bien à Argenteuil que plus tard à Paris, Robert Coulouma utilisera des machines de composition Linotype.
La Linotype est une composeuse-fondeuse de lignes blocs, inventée par Otmar Mergenthaler et brevetée en 1885, qui mesure 2,10 mètres de hauteur et pèse 1 375 kilogrammes. Cette machine est une véritable révolution dans le domaine de l'édition car elle permet la saisie de textes volumineux en un temps beaucoup plus rapide qu'auparavant car il n'y a plus à aligner à la main les types en plomb. La Linotype sera utilisée dans l'imprimerie du début du siècle jusqu'aux années 60, où photocomposition et tirage offset la supplantent.
Le linotypiste tape sur un clavier alphanumérique à 90 caractères. Chaque frappe du clavier enclenche une matrice de cuivre en creux correspondant à un caractère. Après que le linotypiste ait tapé une ligne de caractères, la machine verse du plomb en fusion dans les matrices alignées (on parle de "ligne-bloc"). Après la fonte de la "ligne-bloc", automatiquement la machine redistribue les matrices utilisées au bon emplacement.
Les principaux libraires-éditeurs associés à l'Imprimerie Coulouma d'Argenteuil (1913-1937)
Les éditeurs, Antoinette et Georges Mornay, entre 1919 et 1940, ont publié essentiellement deux grandes collections : Les Beaux livres et La Collection originale, tous illustrés, à petit tirage (environ 1000 exemplaires). L'édition de Maria Chapdelaine de Louis Hémon, illustrations du canadien Clarence Gagnon (1881-1942), dont le tirage typographique fut fait en , et dont l'impression des illustrations, sous la direction de M. Grenier des ateliers Godde et Chevassu, ne fut terminée que le , a été numérisée et est consultable sur Gallica. Les livres de la collection « Les Beaux livres » ont été imprimés à Argenteuil à l'Imprimerie Coulouma.
Quelques livres et leurs illustrateurs
Mr de Phocas, Astarté, Jean Lorrain, bois gravés par Henry Chapront, 1922 (Les Beaux livres ; 11)
Crainquebille, Putois, Riquet et plusieurs récits profitables,Anatole France, bois de Falké, 1922 (Les Beaux livres ; 15)
Thomas l'Agnelet, gentilhomme de fortune, Claude Farrère, illustré par Pierre Noël, 1928 (Les Beaux livres ; 43)
César Birotteau, Honoré de Balzac, illustré par Jacques Boullaire, 1929 (Les Beaux livres ; 46)
Le livre de la jungle, Rudyard Kipling, traduction de Louis Fabulet et Robert d'Humières, compositions d'Henri Deluermoz gravées sur bois par Louis-Joseph Soulas, 1930 (Les Beaux livres ; 50)
Saint-Cendre, Maurice Maindron, illustré par Guy Arnoux, 1930 (Les Beaux livres ; 52)
Madame Bovary, Gustave Flaubert, illustrations de Jacques Boullaire, 1930 (Les Beaux livres ; 53)
Le Second livre de la jungle, Rudyard Kipling, traduction de Louis Fabulet et Robert d'Humières, compositions d'Henri Deluermoz gravées par Louis Joseph Soulas, 1930 (Les Beaux livres ; 55)
La Rabouilleuse, Honoré de Balzac, illustrations de Ferdinand Fargeot, 1931 (Les Beaux livres ; 56)
Le Vitriol de lune, Henri Béraud, illustrations de Guy Arnoux, 1931 (Les Beaux livres ; 57)
Nomades du Nord, James Oliver Curwood, traduction de Louis-Postif, compositions d'Henri Deluermoz gravées par Louis-Joseph Soulas, 1932 (Les Beaux livres ; 63)
Maria Chapdelaine, Louis Hémon, illustrations de Clarence- Alphonse Gagnon, 1933 [consultable sur Gallica
Les Bâtisseurs de ponts, Rudyard Kipling, traduction de Louis Fabulet et Robert d'Humières, illustrations d'Henri Deluermoz, 1935 (Les Beaux livres ; 72)
Henri Piazza fonde en 1922 la société « Le livre français ». À partir de 1927, il fait imprimer de nombreux livres par Coulouma. Son successeur, Robert Hostater, continuera jusqu'en 1936.
Quelques livres et leurs illustrateurs
Fleur de neige et d'autres contes, Frères Grimm, choix de contes traduit par Charles Guyot, 12 illustrations en couleurs hors texte de Kay Nielsen,titres, bandeaux, lettres ornées et culs-de-lampe, dessinés par Pierre Courtois, 1929
Aucassin et Nicolette : chante-fable du XIIe siècle, mise en français moderne par Gustave Michaud, 12 compositions en couleurs sous serpente, dont le frontispice, de Léon Carré, texte en rouge et noir, orné par Ch. Navetto de motifs inspirés des manuscrits enluminés de la Renaissance, 1929
Flore et Blanchefleur : poème du XIIe siècle, adapté par Jean Marchand, ornementation dessinée par Paul Zenker, 1930 (Épopées et Légendes)---Lettres de mon moulin, Alphonse Daudet, Introduction d'Edmond Pilon, 24 illustrations de Jean Villeroy, 1930
La vie et l'œuvre de Maurice Quentin de La Tour,Pierre de Nolhac, reproductions des pastels exécutées par Louis Granier, ornements typographiques dessinés par Pierre Courtois, 1930
Contes, Hans-Christian Andersen, introduction d'Edmond Pilon, traduit du danois par Ch. Guyot et E. Wegener, illustrations dessinées spécialement par Umberto Brunelleschi, 193 (Contes de France et d'ailleurs ; 6)
Diaeli : le livre de la sagesse noire,André Demaison, ornementation dessinée spécialement par Pierre Courtois, 1931
Le Roman de la Violette, Gerbert de Montreuil renouvelé par Gonzague Truc, ornementation spécialement dessinée par Paul de Pidoll, 1931
Madame Bovary. Mœurs de province, Gustave Flaubert, introduction d'Edmond Pilon, illustrations dessinées spécialement par Charles Guérin, 1932 (Contes de France et d'ailleurs ; 7)
Maria Chapdelaine : récit du Canada français, Louis Hémon, introduction d'Edmond Pilon, illustrations de cet ouvrage dessinées spécialement par Jean Droit, 1932 (Contes de France et d'ailleurs ; 8)
La Chèvre d'or, Paul Arène, introduction d'Edmond Pilon, frontispice en couleurs et 20 dessins dans le texte par René Bénézech, 1933 (Contes de France et d'ailleurs, 9)
Constance, l'illustre servante, Cervantès, texte traduit par Charles Guyot, 50 Pointes-sèches originales de José Pedro Gil,1931 ()
Oeuvres en 12 volumes, Alfred de Musset, illustrations en couleurs d'André-Edouard Marty [plus de 300 compositions avec également vignettes de titres, frises fleuries et culs de lampe], 1932-1936
René Kieffer, formé à l' École Estienne, commence sa carrière chez le relieur Marius Michel avant de fonder son propre atelier. Il se spécialise ensuite dans les reliures style art-déco, puis étend ses activités à l'édition. Il fonde les éditions René Kieffer et fait imprimer de nombreux livres chez Coulouma à Argenteuil dans des éditions de luxe ou demi-luxe originales pour lesquelles il fournit des reliures allant du cartonnage à la reliure d'art.
Libraire-éditeur Georges Crès[8], fonde en 1913 sa première maison d'édition, Crès & Cie, en choisissant une édition bibliophilique "luxe et bon marché" de chefs-d’œuvre de la littérature contemporaine et de livres d'art. De 1920 à 1928 il travaille en collaboration avec l'imprimerie Coulouma à Argenteuil.
Quelques livres et leurs illustrateurs
Le Diable amoureux, Jacques Cazotte , 8 compositions sur bois gravées par Henry Bischoff, 1920 (Les Maîtres du livre ; 77)
Poésies complètes, Alfred de Vigny, compositions dessinées et gravées sur bois par Louis Jou, portrait de l'auteur gravé par Paul Baudier, 1920 (Grands textes ; 1)
Le Deuil des primevères, Francis Jammes, dessins originaux gravés sur bois par D. Galanis, 1920 (Les Maîtres du livre ; 70)
Jadis et naguère , Paul Verlaine, frontispice gravé sur bois par Paul Baudier, 1921 (Les Maîtres du livre ; 83)
Le Maître du navire, Louis Chadourne, illustré de 65 bois originaux de Pierre Falké, coloris exécuté par Charpentier, 1925 (Collection des Arts ; n° 1)
Au sans pareil, est une maison d’édition créée le , au 102 rue du Cherche-Midi, par René Hilsum (1895-1990). Entre et , environ 170 volumes seront édités, dont un grand nombre est dû à des auteurs surréalistes et dadaïstes. À partir de 1934, René Hilsum connaît de graves difficultés financières, et tente de renégocier son fonds, puis vend sa collection « Le génie de la France » à Gallimard. En 1936, il cesse ses activités d'éditeur.
Nombreuses de ses éditions furent imprimées par Robert Coulouma à Argenteuil.
Quelques livres et leurs illustrateurs
Les amis nouveaux, Paul Morand, images dessinées et gravées sur cuivre par Jean Hugo, 1924
Le secret professionnel suivi des Monologues de l'oiseleur, Jean Cocteau, augmenté de douze dessins en couleur de l'auteur, 1925 (Le Laboratoire; 1)
Hélène et Touglas ou les Joies de Paris, Jean Giraudoux, images dessinées et gravées au burin par Jean Émile Laboureur, Lacourrière taille-doucier pour les gravures, 1925
L'Eubage aux antipodes de l'unité, Blaise Cendrars, illustré de 5 gravures au burin hors-texte de Joseph Hecht, 1926
Roméo et Juliette : prétexte à mise en scène, Shakespeare, Jean Cocteau metteur en scène, décors et costumes de Jean Hugo, 1926 (Grande collection ; 2)
Henri Paul Jonquières, initié par son beau-frère, Georges Crès, au métier d'éditeur, ouvre sa maison en 1922 au 21 de la rue Visconti à Paris. Les 25 premiers volumes de la collection « Les Beaux romans », qui connut un beau succès à l'époque, seront imprimés sur les Presses de l'Imprimerie Coulouma, en petit tirage (un peu moins de 1200 exemplaires) :
Claudine à Paris, Willy et Colette Willy ; dessins coloriés de Chas Laborde, 1925 (16)
Claudine s'en va, Willy et Colette Willy, dessins coloriés de Chas Laborde, 1926 (17)
Mitsou ou Comment l'esprit vient aux filles, Colette, dessins coloriés, de Jean Oberlé, 1926 (18)
La Vie et les Aventures étranges et surprenantes de Robinson Crusoé, de York, marin, Daniel de Foë, bois dessinés, gravés et mis en couleurs par Pierre Falké, préface de Pierre Mac Orlan, 1926
L'île au trésor, Robert-Louis Stevenson, traduction nouvelle de Déodat Serval, lithograpies de René Ben Sussan, 1926
Jacques Schiffrin, s'installe à Paris en 1922 et crée en 1923 les Éditions de la Pléiade - J. Schiffrin & Cie, Paris, 6 rue Tournefort ; le premier livre édité sera la Dame de Pique de Pouchkine, traduction de Schiffrin et André Gide. En 1925 naît la Société des Amis de la Pléiade, rue Huygens, avec Simon Schiffrin (son frère), Joseph Poutermann (son beau-frère) et Alexandre Halpern. Charles du Bos est nommé directeur littéraire de la Pléiade en 1925. En 1931 paraît le premier volume de la Bibliothèque reliée de la Pléiade, qui, à la suite de nombreuses difficultés financières, sera reprise en 1933 par la NrF (Nouvelle Revue Française) après une longue négociation menée par André Gide et Jean Schlumberger (12 volumes étaient déjà parus). De 1937 à 1941, Jacques Schiffrin garde la direction de sa collection mais est rémunéré en droits d'auteur. Victime de l'antisémitisme, il part en exil à New York où il fonde les éditions Pantheon Books avec l'éditeur Kurt Wolf.
De 1924 à 1931, les livres à l'enseigne de « J. Schiffrin et Cie- Éditions de la Pléiade » sont imprimés chez Coulouma à Argenteuil.
Faust suivi du second Faust, Goethe, traduction Gérard de Nerval, 1930 (Les Chefs-d'oeuvre illustrés)
Tarass Boulba, Gogol, traduction de Jarl-Priel, 29 eaux-fortes de A. Grinevsky, 1931
De 1931 à 1936, les 35 premiers volumes de la collection Bibliothèque de la Pléiade seront imprimés chez Robert Coulouma. Comme il est rapporté dans la lettre de la Pléiade no 2 de septembre-octobre-[11], André Gide a toujours parlé des premiers volumes de la Bibliothèque de la Pléiade comme étant l'édition Schiffrin :
« Mais pour Gide, la Pléiade était une innovation éditoriale remarquable. L'auteur ne manque pas une occasion de faire part de son enthousiasme à l'égard de ces précieux petits livres — à la pagination bien inférieure à celle que nous connaissons aujourd'hui, mais à l'apparence identique (papier, reliure, typographie), objets de compagnie qu'il est aisé de transporter. Observateur aigu, Julien Green note dans son journal à la suite d'un déjeuner avec Gide près du Bon Marché : « Comme il est question d'un des poèmes en prose de Baudelaire et que Gide a précisément l'édition de Schiffrin dans sa poche, il relit à haute voix les premières phrases de ce poème et nous regarde, les yeux brillant de plaisir ». Et Gide de relire en le « charmant petit Racine » entre Carcassonne et Marseille (...) À ses yeux, la Pléiade ne fut jamais autre que « la charmante petite édition Schiffrin ». »
L'India Paper utilisé par Schiffrin, étant jugé trop coûteux par la NRF, fut remplacé en 1934 par le Dünndruck-Papier commandé en Allemagne[12] :
« En deux ans, quelque quatre cent mille feuilles 72 x 88 cm de Dünndruck- Papier (papier Bible) de quarante-cinq grammes au mètre carré, strictement identique au type fabriqué antérieurement pour les Éditions Schiffrin, furent importées et expédiées directement aux imprimeurs de la collection (notamment Coulouma, à Argenteuil, imprimeur des premiers titres de la collection). »
À propos du premier livre de la Bibliothèque de la Pléiade, le tome 1 des œuvres de Baudelaire, texte établi et annoté par Yves-Gérard Le Dantec, le , André Gide écrit à Schiffrin : « Votre petit Baudelaire me ravit : c'est une merveille de présentation. L'appareil critique à la fin du volume est précieux. C'est décidément votre Baudelaire que je prendrai dans ma valise comme compagnon de voyage, de préférence à toute autre édition. Je ne l'ouvrirai pas sans penser à vous. Merci de tout coeur. Bien affectueusement votre. »
Imprimerie Coulouma de Paris, rue du Faubourg Saint Honoré (1945-1957)
A la fin de la guerre, Robert Coulouma, décide de vendre son atelier d'Argenteuil et de s'installer à Paris dans un hôtel particulier sis au 203-205 de la rue du Faubourg Saint-Honoré.
Dans l'Essai sur Coulouma, paru en 1945, Pierre Mac-Orlan, dans sa préface, commence ainsi :
"Le décor de la nouvelle installation de l'Imprimerie Coulouma, en plein coeur du Faubourg Saint-Honoré, correspond bien à celui que tenterait d'imaginer un amateur de beaux livres. Le cri déchirant ou indigné des remorqueurs d'Argenteuil ne vient plus troubler la paix des casses, le rythme des presses et la sonnerie du téléphone qui relie les caractères de plomb, les célèbres Jenson, Bodoni, Garamont, Baskerville - et j'en passe- aux éléments les plus distingués de la pensée et de l'art. Toutes les jeunes firmes de l'édition d'art vinrent rue de Diane pour y confier leur destin. Aujourd'hui, mûries par l'âge et l'expérience, elles se retrouvent groupées autour des beaux outils d'une distinction traditionnelle, ornements classiques d'une imprimerie et qui ne manquent pas d'émouvoir tous ceux qui respectent le silence prodigieusement fécond des bibliothèques."
Marque d'imprimeur : l'enseigne "Saint Jéhan Porte Latine"
Coulouma va adopter une nouvelle marque d'imprimeur, à l'enseigne au griffon va succéder l'effigie de Saint Jehan Porte latine. C'est près de la porte de Rome qui mène vers le Latium que l'empereur Domitien fit subir à l'apôtre Jean le supplice d'être plongé dans une cuve d'huile bouillante. Mais miracle advint, et l'huile se transforma en un bain rafrâichissant. Saint-Jean, par la suite, devient patron des vignerons et des tonneliers (jeu de mots sur « Porte la tine », la hotte des vignerons), mais aussi, plus tard, patron des ciriers, des imprimeurs et des typogaphes. Plusieurs explications possibles à cela : la porte latine disposait de charnières centrales et donc s'ouvrait et se refermait comme un livre, les ciriers et les imprimeurs utilisent des huiles grasses, les premiers livres imprimés furent écrit en latin.
Contes de Boccace , choisis et ornés de 54 illustrations par Pierre Leroy, gravure sur bois en couleurs de Gérard Angiolini, Saint-Cloud : Éditions du Burin, 1947
Choix de poésies,Ronsard, illustrations de C. Picart Le Doux, gravées sur bois en couleurs par Gérard Angiolini, Paris, Éditions SODAC, 1947
Les Fleurs du mal, Charles Baudelaire, illustrations de Dignimont, gravées sur bois en couleurs par Gérard Angiolini, Paris : Éditions de la Maison française, 1947, (Le Florilège des chefs-d'oeuvre français. 1)
Paul et Virginie, Bernardin de Saint-Pierre, notice historique de Sainte-Beuve, Illustrations de E. Othon Friesz, gravées sur bois en couleurs par Gérard Angiolini, Paris, Éditions de la Maison française ,1947 (Le Florilège des chefs-d'oeuvre français ; 2)
Servitude et grandeur militaires, Alfred de Vigny, burins de Decaris, Paris, Éditions de la Maison française, 1947, (Le florilège des chefs-d'oeuvre français ; 3 )
L'Assommoir, Émile Zola , tome 1 illustré de seize dessins par Raoul Serres, gravés sur bois en couleurs par Roger Boyer, 1947, tome 2 illustré de seize dessins par Raoul Serres, gravés sur bois en couleurs par Étienne K. Heywand, 1948
L'Apocalypse : 4 tomes, traduit du grec par Alain Guillermou, préface de Pierre Mornand (tomes 1 et 2), de Loys Masson (tomes 3 et 4), pour chaque tome 22 gravures par Georges A. de Pogédaïeff, Paris, aux dépens de l'artiste, 1947-1950
Trois contes, Gustave Flaubert, illustrations de André-E. Marty, gravées sur bois en couleurs par Gérard Angiolini, New-York, Éditions de la Maison française, 1948 (Le Florilège des chefs-d'oeuvre français ; 4)
Le Rêve, Émile Zola, illustré de seize dessins par Marianne Clouzot, gravés sur bois en couleurs par Roger Boyer, Paris, A. Guillot, 1948
Les silences du colonel Bramble, André Maurois, eaux-fortes originales de Berthommé Saint-André, New-York : Éditions de la Maison française, 1949 (Le Florilège des chefs-d'oeuvre français ; 8)
Histoire du Chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut, par l'abbé Prévost, illustrations de Touchagues, gravées sur bois en couleurs par l'artiste en collaboration avec Gérard Angiolini, Paris, l'Image, littéraire, 1949
Chronique des Pasquier [Oeuvres complètes en 10 volumes], Georges Duhamel, Paris, A. Guillot, 1950-1952. Tome 1. Le Notaire du Havre, illustrations de Yves Brayer gravées sur bois en couleur par Roger Boyer, 1950. Tome 2. Le jardin des bêtes sauvages, illustrations de Marguerite Louppe, gravées sur bois en couleurs par Gérard Angiolini, 1950. Tome 3. Vue de la Terre promise ; eaux-fortes originales de Paul Lemagny, 1951. Tome 4. La nuit de la Saint-Jean, illustrations de André-Edouard Marty, gravées sur bois en couleurs par Roger Boyer, 1951. Tome 5. Le désert de Bièvres, illustrations de Charles Picart Le Doux, gravées sur bois en couleurs par Gérard Angiolini, 1951. Tome 6. Les maîtres, gravures originales de Gaston Barret, 1951. Tome 7. Cécile parmi nous, illustrations de Grau-Sala, gravées sur bois en couleurs par Roger Boyer, 1952. Tome 8. Le combat contre les ombres, gravures originales de Berthome Saint-André, 1952. Tome 9. Suzanne et les jeunes hommes, illustrations de A.-D. Steinlen, gravées sur bois en couleurs par Gérard Angiolini, 1952. Tome 10. La passion de Joseph Pasquier, gravures originales de Patrick de Manceau, 1952
Oeuvres complètes en 14 volumes, André Maurois, bois originaux de Louis Jou, Paris, Fayard, 1950-1956 (Bibliothèque bernard Grasset)
Oeuvres complètes en 14 volumes, François Mauriac, bois originaux de Louis Jou, Paris, Fayard, 1950-1956 (Bibliothèque Bernard Grasset)
Chantefables et chantefleurs, Robert Desnos, 9 dessins en noir de Christiane Laran gravés sur bois, Paris, Gründ, 1952
Historiettes, Tallemant des Réaux, illustrations de Gaston Barret, gravées sur bois par Roger Boyer, Paris, A. Guillot, 1952 (Le XVIIe siècle galant ; 2 )
L'Âme enchantée, 5 volumes, Romain Rolland, illustrations en couleurs de Pierre Rousseau, gravées sur bois par Roger Boyer, Paris, A. Guillot, 1953-1954
Borès, peintures nouvelles : exposition chez Louis Carré, Paris, du au , préface par E. Tériade, Paris, Louis Carré, 1954, 8 pages. non chiffrées
Le bestiaire et l'herbier, Georges Duhamel, illustrations de Élisabeth Bardon, gravées sur bois en couleurs par Gérard Angiolini, Paris, A. Guillot, 1954
L'Abbé chez les nudistes, Kienné de Mongeot, illustrations de René Garcia, gravées sur bois par Gérard Angiolini, Aigremont (Seine-et-Oise), Éditions Vivre d'abord, 1954 (Collection de luxe des éditions Vivre d'abord)
Le Livre des mille nuits et une nuit, en trois volumes, traduction littérale et complète de J.-C. Mardrus, édition illustrée de 80 aquarelles par Van Dongen, Cartonnage de Paul Bonet, Paris, Fasquelle Gallimard, 1955
L'Aventure de Roquefort, Henri Pourrat, illustrations de Yves Brayer, gravées sur bois.par Gérard Angiolini, Roquefort, Société anonyme des caves et des producteurs réunis de Roquefort, 1955
Vestiges parisiens de la Révolution française, François Bataillon, douze pointes sèches et ornements gravés sur bois par Jean Eugène Bersier, Paris, Compagnie française des arts graphiques, 1956
Théâtre de Marivaux en 2 tomes, Marivaux, illustrations de Grau Sala, gravées par Roger Boyer, Cannes, Imprimatur, 1956
Exposition, galerie Louis Carré, Paris, au 31 décemnre 1954 et Entretien de Fernand Léger avec Blaise Cendrars et Louis Carré sur le paysage dans l'œuvre de Léger, Paris, Louis Carré, 1956
Les Bestiaires, Montherlant, illustrations de Yves Brayer gravées sur bois en couleurs par Roger Boyer et Gilbert Rougeaux, Paris, Imprimatur, 1956
L.C. Sylvestre, Marques typographiques ou recueil des monogrammes, chiffres, enseignes, emblèmes, devises, rébus et fleurons des libraires et imprimeurs qui ont exercé en France depuis l'introduction de l'Imprimerie en 1470, jusqu'à la fin du seizième siècle (...), Paris, Imprimerie Renou et Maulde, 1867.
Anatole Claudin, Histoire de l'Imprimerie en France au XVe et au XVIe siècle, 4 volumes (tome 1 : 1900 ; tome 2 : 1901 ; tome 3 : 1904 ; tome 4 sous la direction de Léopold Delisle : 1922).
Spécimen des caractères de l'Imprimerie Coulouma, préface de Pierre Mac Orlan, Argenteuil, Imprimerie Coulouma, .
Coulouma (Extrait de son Catalogue), préface de Pierre Mac Orlan, Paris, 203 rue du Faubourg Saint-Honoré, Presses de Coulouma S.A., .
Robert Lechêne, L'Imprimerie de Gutenberg à l'électron, Paris, Éditions de la Farandole, 1972.
Henri Hours, Henri-Jean Martin, Maurice Audin et Jean Toulet, Le Siècle d'or de l'imprimerie lyonnaise, Publication Crédit Lyonnais, Éditions du Chêne, 1972.
Agathe Sanjuan, Les éditions René Kieffer (1909-1950), Thèse, 2002.
André Gide et Jacques Schiffrin, Correspondance : 1922-1950, édition établie par Alban Cerisier, Gallimard, 2005 (Les Cahiers de la NRF).
Robert Montdargent, « Robert Coulouma, le Estienne d'Argenteuil », In: La Lettre de Monet, no 50, , Société historique et archéologique d'Argenteuil et du Parisis.