Plaque de cheminée
La plaque de cheminée est une plaque de fonte apposée contre le mur du fond de l'âtre d'une cheminée pour protéger le mur de la chaleur excessive et renvoyer les ondes de chaleur vers l'intérieur de la pièce.
Elle présente généralement un ou des motifs en relief (croix, étoiles, fleurs de lys), et assez souvent les armoiries du propriétaire du lieu et la date de sa réalisation.
Fonctionnement
[modifier | modifier le code]Historique
[modifier | modifier le code]Époques médiévale et moderne
[modifier | modifier le code]En France, la plus ancienne plaque pentagonale en fonte de fer, aux armes du roi René d'Anjou (–), est conservée au musée Lorrain. Cette plaque porte différents noms selon les régions : elle est en particulier appelée taque dans le nord-est et l'est du domaine d'oïl (en Belgique par exemple, ou en Lorraine)[1]. On trouve aussi le mot ancien contrecœur (ou plaque de contrecœur)[2], contre-feu, plaque à feu, ou encore bretaigne[3].
Au début du XVe siècle, les cheminées intérieures sont garnies de céramiques décoratives et de plaques en fonte (plus rarement en cuivre, en pierre et en bronze). Leurs décors sont variés (allégories, scènes bibliques ou mythologiques, emblèmes), les familles nobles privilégiant les armoiries. Les plaques en fonte se généralisent au milieu du XVIe siècle[4].
D'après Réaumur, ces plaques étaient réalisées en fonte brute, celle de première fusion, de la même matière dont on faisait les gueuses destinées à l'affinage[5].
Révolution française
[modifier | modifier le code]Dans le décret du (18 vendémiaire de l'an II), la Convention nationale a ordonné aux propriétaires « des parcs, jardins et édifices qui porteront encore soit dans leur clôture, soit dans leur bâtisse, des signes de royauté, tels que fleurs-de-lys et autres » de les faire enlever « dans les huit jours après la publication du présent décret ». Elle décrète trois jours plus tard (le 21 vendémiaire) que « dans un délai d’un mois les propriétaires de maisons seront tenus de faire retourner toutes les plaques de cheminées ou contre-feux qui porteront des signes de féodalité ou l’ancien écu de France […] le tout provisoirement, et jusqu’à ce qu’il ait été établi des fonderies suffisantes dans toute l’étendue de la République »[6].
La Révolution française est ainsi à l'origine du bris ou de la disparition de beaucoup de ces plaques. Un petit nombre de plaques de cheminées portant des insignes révolutionnaires ont été fabriquées.
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Plaque de cheminée avec bonnet phrygien et pique enrubannée.
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Les drapeaux de la victoire sur plaque de cheminée.
XIXe siècle
[modifier | modifier le code]Il faut ensuite attendre la deuxième moitié du XIXe siècle pour retrouver des œuvres de grande qualité[7].
Datation
[modifier | modifier le code]Il est parfois difficile de dater les plaques par leur style car les moules peuvent servir à fabriquer ces contrecœurs pendant de nombreuses années (il existe encore au XXIe siècle des moules ayant plus de deux cents ans). Les plaques sont donc plutôt datées par une date ou une dédicace[8].
Galerie de photographies
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Aux armes du duc de Richelieu.
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Marie Leszczyńska, pour la venue de la future reine de France, vers .
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Informations lexicographiques et étymologiques de « taque » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales.
- « Contrecœur », dans le Dictionnaire de l'Académie française, sur Centre national de ressources textuelles et lexicales
- Jean Bedel (dir.), Dictionnaire illustré des antiquités et de la brocante, Paris, Larousse, , 503 p. (ISBN 2-03-509106-3), p. 393.
- Jean-Claude Renard, L'âge de la fonte : un art, une industrie, –, Paris, Éditions de l'Amateur, , 319 p. (ISBN 2-85917-045-6), p. 170.
- René-Antoine Ferchault de Réaumur, L'art de convertir le fer forgé en acier : et L'art d'adoucir le fer fondu, ou de faire des ouvrages de fer fondu aussi finis que de fer forgé, Paris, Michel Brunet, , p. 2 [lire en ligne].
- Décrets de la Convention Nationale des 18e, 21e, 24e jours du 1er mois, & 3e jour du 2e mois de l'an second de la République Française, une & indivisible, nos 1701, 1710, 1729 & 1776.
- Renard 1985, p. 171.
- Catherine Arminjon et Nicole Blondel, Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France, Objets civils domestiques : Vocabulaire, Paris, Imprimerie nationale, coll. « Principes d'analyse scientifique », , 632 p. (ISBN 2-11-080812-8), p. 454.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Henri Carpentier, Plaques de cheminées, F. De Nobele, , 476 p.
- Bernard Lizot, « Étude d’héraldique normande : Les plaques de cheminées armoriées du département de l'Eure », Connaissance de l'Eure, no 35, ; no 43, printemps ; no 57, 3e trim. .
- Bernard Lizot, « Les plaques de cheminées anciennes », Amis des monuments et des sites de l'Eure, no 45, 1er trim. 1988, p. 25–33.
- Philippe Palasi (préf. Michel Pastoureau), Plaques de cheminées héraldiques : Histoire d'un support métallique des armoiries, fin XVe – XXe siècle, Paris, Gourcuff-Gradenigo, , 318 p. (ISBN 978-2-35340-193-2).
- Paul Pialoux et Jean Pougheon, « Les plaques de foyer de Lamothe », Almanach de Brioude, Brioude, no 48, , p. 81–86.
- Souad Meslem et Philippe Palasi, « Les plaques de cheminée, origine et statut juridique », Sites et monuments, no 227, , p. 100-105
Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
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- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- Charles-Xavier Ménage, « Contrecœur », Bibliothèque et musée de la Gourmandise, , d'après Raymond Lecoq, Les Objets de la vie domestique : Ustensiles en fer de la cuisine et du foyer des origines au XIXe siècle, Paris, Berger-Levrault, , 313 p. (ISBN 2-7013-0218-8).