Pensionnat indien de Sainte-Anne
Fondation | 1902 |
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Dissolution | 1976 |
Type | Pensionnat autochtone au Canada |
Ville | Fort Albany |
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Pays | Canada |
Le pensionnat indien de Sainte-Anne était un pensionnat pour Autochtones[1], situé à Fort Albany, en Ontario, en opération de 1902 à 1976[2]. En 2004, 156 anciens pensionnaires Cris de la Première Nation de Fort Albany et de la région poursuivent le gouvernement fédéral en raison des abus physiques, psychologiques et sexuels subis lors de leur séjour dans cette institution[3].
Histoire
[modifier | modifier le code]L'école ouvre ses portes en 1906, sous la direction des Oblats de Marie Immaculée et des Sœurs Grises de la Croix (aussi connues sous le nom de Sœurs de la Charité), avec le soutien du gouvernement fédéral. Initialement située à la mission de Fort Albany sur l'île Albany, dans la région du Traité de la Baie James ( Traité 9 ), l'école a déménagé sur la rive nord des rives de la rivière Albany en 1932. L'établissement est détruit dans un incendie en 1939, et est ensuite reconstruit[4].
Les élèves fréquentant l'école proviennent des communautés autochtones environnantes, dont Attawapiskat, Weenusk, Constance Lake, Moose Factory et Fort Severn.
En 2015, le presbytère de l’école est complétement incendié. Il était alors prévu de fouiller le terrain à la recherche de restes des enfants enregistrés comme « portés disparus » de l'établissement[5]. En 2020, le St. Anne's Indian Residential School Survivors Project est créé en 2020 afin d'organiser la recherche de lieux de sépulture possibles, menée par la communauté de Fort Albany et en collaboration avec les communautés voisines[6].
Abus et procès
[modifier | modifier le code]De nombreux anciens élèves du pensionnat Sainte-Anne témoignent y avoir été victimes de violences physiques, psychologiques et sexuelles. La violence physique y incluait notamment de mauvaises conditions de vie et des châtiments corporels pour les étudiants parlant dans leur langue maternelle. Le survivant de Sainte-Anne, Edmund Metatawabin, raconte que l'école utilisait une chaise électrique « à des fins de punition et de sport » dans le livre Up Ghost River. La chaise électrique aurait été utilisée entre le milieu des années 1950 et le milieu des années 1960, selon les témoignages de la police[3]. La violence psychologique s'exprimait d'abord par le fait d'éloigner les élèves qui étaient de jeunes enfants de leur famille. Ces abus se seraient poursuivis au sein de l'école. De nombreux survivants du pensionnat ont également été victimes d’abus sexuels alors qu'ils fréquentaient l'école[7]. Entre 1992 et 1998, la Police provinciale de l'Ontario (OPP) mène une enquête et interroge 700 victimes et témoins au sujet d'agressions physiques, d'agressions sexuelles, de morts suspectes et d'autres abus qui seraient survenus à l'école entre 1941 et 1972. Sur un total de 74 suspects, sept personnes sont inculpées et cinq sont condamnées[3].
156 anciens étudiants du pensionnat, victimes d'agressions physiques ou sexuelles intentent une poursuite contre le gouvernement fédéral. Un règlement financier est conclu en 2004, soit deux ans avant la signature de la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens (CRRPI), pour indemniser les survivants de ces institutions[8]. Les survivants du pensionnat de Sainte-Anne tentent par la suite d'avoir accès aux documents d'enquête de la Police provinciale de l'Ontario afin d'étayer leurs réclamations dans le cadre du processus de la CRRPI, mais le gouvernement fédéral a refusé de divulguer les documents. Les survivants perdent en appel en 2018[2],[9].
En 2020, le gouvernement canadien dépense 3,2 millions de dollars en frais juridiques contre les survivants du pensionnat Sainte-Anne. Le 2 novembre 2020, la Cour d'appel statue que l'affaire visant à savoir si le gouvernement canadien tentait de cacher les abus sexuels et physiques survenus au pensionnat indien Sainte-Anne serait traitée en Ontario. La décision est prise par les juges Michael Fairburn, Paul Rouleau et Bradley Miller et annule une décision de juin 2020 rendue par Paul Perell de la Cour supérieure, statuant que l'affaire devait être entendue en Colombie-Britannique[10],[11].
Les impacts durables des pensionnats comprennent le trouble de stress post-traumatique[9],[12]. Les abus subis dans les pensionnats continuent d’avoir un impact sur la santé mentale des communautés autochtones[13]. Les peuples autochtones connaissent également un taux accru d’invalidité[12] en raison de « taux accrus de blessures, d’accidents, de violence, de comportements autodestructeurs ou suicidaires et de maladies »[14]. Un autre impact durable du pensionnat Sainte-Anne est la revictimisation résultant d'une bataille judiciaire qui a duré dix ans, au cours de laquelle les réclamations des survivants ont été cachées et leurs voix réduites au silence[15],[16].
Condamnations liées à l'enquête de la Police provinciale de l'Ontario
[modifier | modifier le code]Ann Wesley, née à Attawapiskat, est une religieuse crie qui fréquentait l'école Sainte-Anne lorsqu'elle était enfant. Elle est reconnue coupable de trois chefs de voies de fait simples, de trois chefs d'administration d'une substance nocive et d'un chef de voies de fait causant des lésions corporelles. Elle a été condamnée à onze mois de prison avec sursis[3].
Jane Kakaychawan, née à Ogoki Post, en Ontario, est une religieuse ojibwe qui a fréquenté le pensionnat indien McIntosh lorsqu'elle était enfant. Elle est reconnue coupable de trois chefs d'accusation de voies de fait causant des lésions corporelles et condamnée à une peine de six mois avec sursis[3].
John Moses Rodrique est un employé par le ministère des Affaires indiennes. Il plaide coupable à cinq chefs d'accusation d'attentat à la pudeur et est condamné à 18 mois de prison[3].
Claude Lambert travaille à Sainte-Anne comme éducatrice. Elle plaide coupable à un chef d'attentat à la pudeur et est condamnée à huit mois de prison[3].
Marcel Blais fait partie du personnel de cuisine de Sainte-Anne. Il plaide coupable à un chef d'accusation d'attentat à la pudeur contre un homme. Il n'a pas été condamné à une peine de prison[3].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « St. Anne's Indian Residential School » (voir la liste des auteurs).
- « An Overview of the Indian Residential School System (2013) », Union of Ontario Indians (consulté le )
- Barrera, « St. Anne's residential school survivors lose what could be final battle with Ottawa over documents », CBC News, (consulté le )
- (en) Jorge Barrera, « The horrors of St. Anne's », CBC News, (lire en ligne, consulté le )
- « A Fight for Truth The Horrors of St. Anne's Residential School », Indigenous Peoples Atlas of Canada, Canadian Geographic, (consulté le )
- Susan G. Enberg, « FROM ASHES TO ASHES: SWEET JUSTICE FOR THE SURVIVORS OF ST. ANNE'S », Cultural Survival, Cultural Survival, (consulté le )
- Baiguzhiyeva, « Investigation begins into St. Anne's burial sites », Toronto Star, (lire en ligne, consulté le )
- (en-CA) « Fight over secret St. Anne’s residential school documents back in court », The Globe and Mail, (lire en ligne, consulté le )
- (en-CA) « Residential-school survivor gets permission from government to donate documents », The Globe and Mail, (lire en ligne, consulté le )
- Up Ghost River, (lire en ligne)
- (en-US) Rhiannon Johnson, « Ottawa has spent $3.2M fighting St. Anne's residential school survivors in court since 2013 », CBC News, (lire en ligne, consulté le )
- (en) « Fight over documents detailing St. Anne’s Residential School abuse will stay in Ontario », sur www.lawtimesnews.com (consulté le )
- Durst, D. & Coburn. E. “Who is Ready to Listen: Aboriginal People with Disabilities.” Chapter 3, In E. Ciburn. (Ed.) More will sing their way to freedom: Indigenous Resistance and Resurgence.. Halifax NS: Fernwood Press. (2015): 97.
- Durst, D. “Indigenous People with Disabilities: Stories of Resiliency and Strength” Chapter 9. In J. Robertson & G. Larson. (Eds.). Disability and Social Chamge: A Progressive Canadian Approach. Halifax, NS: Fernwood Press. (2016): 169.
- Durst, D. & Coburn. E. 98.
- (en) « Bittersweet victory for St. Anne’s Survivors », sur Ammsa.com (consulté le )
- Wilk, Piotr, Alana Maltby, and Martin Cooke. "Residential schools and the effects on Indigenous health and well-being in Canada—a scoping review." Public Health Reviews 38.1 (2017): 8.