Les Cenci (Artaud)
Les Cenci Tragédie en quatre actes d'après Shelley et Stendhal | |
Auteur | Antonin Artaud |
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Genre | Tragédie |
Nb. d'actes | 4 |
Date d'écriture | 1935 |
Musique de scène | Roger Desormière |
Date de création en français | 1935 |
Lieu de création en français | Théâtre des Folies-Wagram |
Metteur en scène | Antonin Artaud |
Scénographe | Balthus |
Rôle principal | Antonin Artaud |
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Les Cenci est une pièce de théâtre du théoricien et dramaturge français Antonin Artaud créée le 6 mai 1935[1] et publiée intégralement pour la première fois en 1964 dans ses œuvres complètes. Cette pièce est une première tentative de concrétisation de son Théâtre de la cruauté[2]. Cette pièce se déroule dans l'Italie du seizième siècle, au sein de la famille Cenci : violée par son père, Béatrice Cenci, 16 ans, se venge en organisant le meurtre du géniteur incestueux ; sur ordre du pape, elle est condamnée à avoir la tête tranchée.
Influences
[modifier | modifier le code]La pièce a été adaptée de la tragédie de Shelley nommée elle aussi Les Cenci, qu'Artaud a contracté en quatre actes. Il s'est aussi inspiré de textes de Stendhal pour rédiger son texte. La pièce a ainsi été sous-titrée Tragédie en quatre actes d'après Shelley et Stendhal[3].
Personnages
[modifier | modifier le code]- Le Comte Cenci, chef de la famille des Cenci : Antonin Artaud
- Beatrice Cenci, seule fille du comte : Iya Abdy
- Lucretia Cenci, seconde femme du comte et belle-mère de Béatrice : Cécile Bressant
- Bernardo, plus jeune fils du comte : Yves Forget
- Camillo, cardinal : Jean Mamy
- Orsino, prêtre, amant de Beatrice : Pierre Asso
- Giacomo Cenci, un des fils aînés du comte[4] : Julien Bertheau
- Un assassin : Roger Blin
Mises en scène
[modifier | modifier le code]Création
[modifier | modifier le code]La pièce a été créée en 1935 au Théâtre des Folies-Wagram sur une musique de Roger Désormière avec des décors et des costumes de Balthus. Artaud interprétait le comte Cenci. La pièce n'est jouée que 17 fois avant d'être retirée de l'affiche. La musique utilisée par Antonin Artaud était particulièrement moderne pour l'époque de création. Il a en effet utilisé de la musique concrète, avec des sons d'enclumes, d'écrous, de limes qui crissent, de tempête, mais il y avait aussi de la musique électronique, avec l'usage d'ondes Martenot. Artaud voulait que l'ambiance sonore « dégage le bruit d'une usine en plein mouvement »[5].
Accueil de la pièce
[modifier | modifier le code]L'appréciation de Gérard Bauër dans l'Echo de Paris[6] est nuancé "j'ai trouvé qu'il y avait dans la représentation de forts nobles moments et d'une vraie grandeur. M. Artaud qui jouait Censi, qui avait mis la pièce en scène, a souhaité visiblement une impression surnaturelle... il y est parvenu plus d'une fois..."
L'interprétation d'Iya Abdy est remarquée par Jean Prud'homme[7] "du moins, le public parisien a-t-il la révélation dune interprète encore inonnue de lui et que l'âme même de la tragédie antique semble habiter. Puissamment originale, douée d'une vie intérieure ardente, Mme Iya Abdy incarne la sublime Béatrice Cenci avec une intensité d'expression, une beauté d'attitudes et une profondeur d'accents qui la classent exceptionnellement dès ses débuts".
Musique et décor sont remarqués par Georges Le Cardonnel[8] "Je ne vous dirai pas que la musique de M. Roger Desormière, rendue par les onde Martenot, m'a out le temps enchanté ; mais j'ai admiré les décors de M. Balthus, sans trop me demander à quoi pouvait bien servir le bizarre appareil qui surmontait le palais des Censi..."
Adaptations postérieures
[modifier | modifier le code]- 1969 : mise en scène Jean Gillibert, Théâtre de Châteauvallon[9]
- 1981 : mise en scène Jacques Baillon, Comédie-Française au Théâtre national de l'Odéon[10],[11]
- 2006 : mise en scène Georges Lavaudant, Théâtre national de l'Odéon[12]
Théâtre de la cruauté
[modifier | modifier le code]Antonin Artaud a essayé de réaliser dans cette pièce son idéal du Théâtre de la cruauté. Mais il admet cependant que cette pièce ne l'a pas véritablement réalisé. En effet il affirme dans une lettre à Jean Paulhan : « La conception était bonne. J'ai été trahi par la réalisation »[13]. Même dans le texte, l'historien, préfacier de la pièce aux éditions Folio, Michel Corvin affirme que les scènes qui correspondent à son idéal sont particulièrement rares. Il cite ainsi la scène 3 de l'acte I, la scène 1 de l'acte III et la scène 1 de l'acte IV[14].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- SensCritique, « Les Cenci Antonin Artaud », sur SensCritique (consulté le )
- Marine de Tilly, « "Les Cenci", d'Antonin Artaud », sur Le Point, (consulté le )
- Robert Vork, « Things That No One Can Say: The Unspeakable Act in Artaud's "Les Cenci." », Modern Drama, vol. 56, no 3, fall 2013, p. 306–326 (DOI 10.3138/md.0517, lire en ligne, consulté le )
- Patrick Meanor, « The Cenci », Cyclopedia of Literary Characters, 4th Edition, , p. 390–391 (lire en ligne, consulté le )
- Paule Thévenin, « Une musique de scène exemplaire (les Cenci d'Antonin Artaud, d'après Shelley) » (consulté le ).
- Gérard Bauër, « Théâtre des Folles-Wagram. Les Censi », L'Echo de Paris, (lire en ligne)
- Jean Prud'homme, « Répétition générale au Théâtre des Folles-Wagram de "Les Censi" », Le Matin, (lire en ligne)
- Georges Le Cardonnel, « Les Censi au Théâtre des Folles-Wagram », Le Journal, (lire en ligne)
- « Les Cenci », sur Les Archives du Spectacle (consulté le )
- « " LES CENCI ", d'Antonin Artaud à l'Odéon Une lanterne magique », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « Les Cenci - Spectacle - 1981 », sur data.bnf.fr (consulté le )
- « Les Cenci », sur Les Archives du Spectacle (consulté le )
- Évelyne Grossman, Antonin Artaud, œuvres, Paris, Éditions Gallimard, , 1777 p. (ISBN 978-2-07-076507-2), p. 1743
- Antonin Artaud (préf. Michel Corvin), Les Cenci, Gallimard, (ISBN 978-2-07-043649-1 et 2-07-043649-7, OCLC 762860130, lire en ligne)