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Léon Schwab

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Léon Schwab
Fonctions
Maire d'Épinal

(2 ans, 2 mois et 20 jours)
Prédécesseur Augustin Baudouin
Successeur August Thiétry

(7 mois et 25 jours)
Prédécesseur Henry Najean
Successeur Alfred Thinesse
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Épinal (Vosges)
Date de décès (à 99 ans)
Lieu de décès Épinal (Vosges)
Nationalité Drapeau de la France France
Conjoint Hélène Hirsch
Diplômé de Université de Nancy
Profession Historien, homme politique, avocat
Religion Judaïsme
Résidence Épinal

Léon Schwab, né le à Épinal et mort le dans la même ville, est un homme politique français.

Négociant en tissus, puis avocat, il s'intéresse aussi à l'histoire de la Révolution française dans un comité départemental. Après s'être engagé comme volontaire durant la Première Guerre mondiale et avoir obtenu le titre de chevalier de la Légion d'honneur pour la victoire de La Fontenelle, il siège au conseil municipal de sa ville, Épinal, avant d'en devenir le maire, du au . Révoqué sur critère racial sous le régime de Vichy, il est réinstallé dans ses fonctions par la population spinalienne le  ; il est cependant battu lors des élections municipales organisées le 20 mai de l'année suivante.

Il continue par la suite à prendre part aux grandes manifestations de la vie de sa cité, en devenant ainsi le doyen et un patriarche actif, notamment sur le plan urbanistique et culturel.

Famille et jeunesse

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Épinal vers 1910.

Léon Schwab naît le à Épinal, préfecture des Vosges, au 30 rue Rualménil[Note 1],[A 1]. Il est le fils d'Élie Schwab (1833-1897), commerçant en étoffes et tissus et juge au tribunal de commerce, de religion israélite, lui-même né à Remiremont d'un père marchand colporteur. Sa mère, Mathilde Brié (1840-1920) est née à Blâmont (Meurthe-et-Moselle)[A 2]. Léon voit passer à l'âge de cinq ans l'empereur Napoléon III dans une calèche descendant de la gare d'Épinal vers Plombières où il se rend pour sa dernière cure thermale avant la chute de l'Empire[A 3]. L'enfant a une sœur cadette, Alice en 1865[A 2]. Le quartier dans lequel habite la famille Schwab est alors passant, industrieux et commerçant, dans cette ville qui compte 10 359 habitants au recensement de 1861[A 4].

Alors que se déclenche la guerre de 1870, Léon, âgé de sept ans, fait en sorte, malgré l'interdiction maternelle, d'aller avec ses camarades voir les Prussiens déboucher sur la côte de la Justice. De son côté, son père avait aidé Adrien Sadoul, père de l'historien lorrain Charles Sadoul (1872-1930) et grand-père de l'historien du cinéma Georges Sadoul (1904-1967), à quitter rapidement la ville. S'ensuit la période d'occupation prussienne, conséquence de l'indemnité de cinq milliards de francs à payer par la France défaite et où la maison familiale est réquisitionnée pour le logement d'Allemands jusqu'à la fin de [A 5].

Alors que la France se prépare pour la Revanche, notamment en construisant le système Séré de Rivières dont la place forte d'Épinal constitue l'un des maillons essentiels, Léon Schwab continue le collège. Il est entré en classe élémentaire au collège de la ville début , quelques jours avant l'arrivée des Prussiens. L'école primaire ne deviendra gratuite, laïque et obligatoire qu'en 1881-1882, avec les lois Jules Ferry. Léon traversait quotidiennement le Grand Pont pour accéder à l'entrée du collège, fondé par les Jésuites en 1668 et reconstruit dans les années 1720. Il est détruit en 1894 pour construire un nouveau collège, plus vaste, alors qu'il vient d'atteindre ses 31 ans[A 6].

Études et vie familiale

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La faculté de Droit de Nancy.

Il poursuit des études de droit au début des années 1880 à Nancy, dans les bâtiments de l'Université, construits en 1858[Note 2]. Dans le recensement d'Épinal en 1886, Léon Schwab est mentionné comme avocat, vivant chez ses parents. Mais il ne s'inscrit au barreau d'Épinal qu'en 1920 et continue son droit avec la soutenance de sa thèse de doctorat en 1902, sur le thème de la grève générale dont il étudia l'origine, le but, les caractères, les moyens, les obstacles[A 7].

Il exerce donc la profession de négociant en tissus et étoffes dans le magasin familial jusqu'en 1906. Le recensement de 1886 indique la présence de trois commis de magasin, un voyageur de commerce et un domestique, tous logés dans la maison au 30 rue Rualménil. Léon est également premier violon de la Société philharmonique d'Épinal ; il en jouera tout au long de sa vie. Il se marie le , à l'âge de 32 ans, à la mairie du VIe arrondissement de Lyon, avec Hélène Hirsch, née le , fille d'Abraham Hirsch, architecte en chef de la ville de Lyon, officier de la Légion d'honneur[A 8]. Ils auront deux enfants, Pierre, né en 1896 et Marthe, née en 1898. Hélène décède le , à l'âge de 24 ans. Léon reste veuf soixante-deux ans. Pierre (1896-1986) est président du tribunal de Grande Instance de Péronne (Somme). Marthe épouse Jean Schwed, notaire à Troyes, fusillé par les Allemands le , Mort pour la France avec citation « À l'Ordre de la Nation » à titre posthume[A 9].

Historien de la Révolution française et avocat

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Après avoir habité 47 ans rue Rualménil, Léon Schwab s'installe en 1909 dans une maison nouvellement construite au 19 bis rue Thiers, où il demeure finalement 53 ans, restant ainsi toute sa vie dans la cité des Images. Les cinq années qui précèdent la Grande Guerre sont consacrées à l'étude de l'histoire économique de la Révolution française dans les Vosges. Il est donc mentionné comme « publiciste » au recensement de 1911. Il participe activement aux opérations militaires et ne séjourne que peu à Épinal. Il exerce sa profession d'avocat de 1920 à 1937 dans un cabinet au rez-de-chaussée de sa maison. Il s'inscrit au barreau d'Épinal à presque 58 ans et assume la charge de bâtonnier du barreau des Vosges pendant deux ans[A 10].

Dès 1907, Léon Schwab fait partie du Comité départemental créé la même année pour l'étude économique de la Révolution française dans le département de sa naissance, lequel publie un bulletin trimestriel reconnu pour sa qualité jusqu'en 1939. Ce dernier s'appelle La Révolution dans les Vosges. C'est une initiative de la chambre des députés sous l'impulsion de Jean Jaurès. Présidé et fondé par André Philippe, archiviste départemental, le Comité départemental tenait Schwab pour un de ses principaux collaborateurs (il est d'ailleurs cité comme fondateur du bulletin[1]). Il est nommé le officier d'Académie et par la suite officier de l'Instruction publique, distinctions correspondant depuis 1955 aux grades de chevalier et d'officier dans l'ordre des Palmes académiques. Il écrit environ 73 articles ce qui représente 600 pages imprimées. Les deux volumes qu'il publie à Épinal en 1911 et 1913 sur la vente des Biens nationaux dans le district d'Épinal et de Remiremont seront utilisés par Jaurès dans son Histoire de la Révolution française [A 11].

Patriote et républicain face aux conflits mondiaux

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Républicain et patriote, Léon Schwab, âgé de 51 ans, s'engage pour la durée totale du conflit de 1914. Il est capitaine au 43e régiment d'infanterie territoriale le , puis est nommé commandant de ce même régiment le [2]. Il participe alors à la campagne des Vosges, de la La Fontenelle, de Champagne, de Reims. La prise de Fontenelle, située à six kilomètres au nord de Saint-Dié, sur les hauteurs entre la Meurthe et le Rabodeau, sonne comme un haut fait d'armes, inscrit en haut à droite du monument aux morts à Épinal[A 12]. Il est d'ailleurs cité à l’ordre de l’Armée et nommé chevalier de la Légion d’honneur pour son commandement victorieux à La Fontenelle[2].

La place des 4 Nations lors de la libération de la ville par les Alliés en 1944.

Léon Schwab retrouve sa ville une fois la guerre terminée et en est élu conseiller municipal en 1919, puis adjoint au maire de 1924 à 1938. Dans le contexte de montée vers la guerre et trois mois après les vains accords de Munich, Léon Schwab, émule de Léon Blum[B 1], est élu maire de sa ville natale en , à l'âge de 76 ans, après avoir été pendant 14 ans l'adjoint d'Augustin Baudoin, maire de 1919 à 1938. Alors que le , une grande partie de l'île au centre d'Épinal est incendiée (dont sa maison natale) et la ville bombardée, il se rend place des Vosges en sa qualité de maire à la rencontre des chefs de l'armée allemande victorieuse[A 13]. Il est alors accompagné par un de ses adjoints, maître H. Najean et MM. Jouy et Jacques[B 2].

Obligé d'abandonner ses fonctions le en raison des lois raciales[3], il est officiellement démis de ses fonctions de maire le par le gouvernement de Vichy. Sa religion israélite en était la raison. Il est remplacé par un nommé Thiethry après un intérim de H. Najean[B 2]. Il demeure au service des Spinaliens malgré les menaces qui conduisent à son arrestation le par les autorités allemandes. Il est plusieurs fois molesté[B 2]. Il est alors emprisonné quelques jours à Épinal et trois semaines à la prison Charles III à Nancy comme prisonnier de droit commun. Il est ensuite transféré, en vue d'être déporté, à la prison d'Écrouves, mais n'y reste qu'une journée avant d'être hospitalisé à Toul en raison de son état de santé. C'est là qu'il est libéré le [4], avant son retour le à Épinal où la population, libérée la veille, le réinstalla triomphalement à l'hôtel de ville[A 13].

Huit mois plus tard, tête de l'une des trois listes aux élections municipales, il est battu le par le docteur Alfred Thinesse, son ancien adjoint. Il lui avait précédemment proposé d'être sur sa liste, mais ce dernier avait refusé à cause du programme « socialisant » de cette dernière[B 3] et il préférait se présenter comme « indépendant ». En durée réelle, le mandat de maire de Léon Schwab se limite donc à 3 ans et 2 mois, même si la plaque de rue l'honorant l'indique comme maire de la ville à part entière[A 13].

Patriarche actif

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Il participe à la remise de la seconde Croix de guerre à la ville d'Épinal le [Note 3], à l'inauguration de la statue de Pinau du [Note 4]. Il est également un administrateur dévoué et attentif pendant 25 ans de l'hôpital Saint-Maurice, situé à l'actuel emplacement de l'hôtel des impôts[A 14].

Il continue également ses activités culturelles en présidant de 1948 à 1955 la Société d'émulation du département des Vosges, fondée en 1925[B 4]. Il est également membre de l'Association des amis du musée, créée en 1951[A 15]. Il préside aussi l'Office d'HLM de 1953 à 1959 qui construisit 750 logements[A 16].

Léon Schwab avait été également président du conseil d'arrondissement d'Épinal[5]

Tombe de Léon Schwab au cimetière Saint-Michel d'Épinal.

Il meurt à Épinal le lundi et est inhumé le surlendemain auprès de son épouse Hélène au cimetière juif, en présence de nombreuses personnalités. Le cercueil est couvert du drapeau tricolore sur lequel est posé le képi à quatre galons d'or du chef de bataillon du 43e régiment d'infanterie territoriale. Il avait désiré une cérémonie simple, il n'y eut donc que deux discours, du maire d'Épinal André Argant et du président de la légion vosgienne des anciens combattants, Antoine Walter, suivis d'une minute de silence et d'une courte prière lue par le ministre officiant Tinski[A 17],[Note 5].

Plaque de rue Léon Schwab à Épinal (quartier de la Vierge).

Une rue d'Épinal porte son nom. Il l'inaugura lui-même, fait rarissime, sur la demande de la ville d'Épinal, acceptée par décision ministérielle[A 16].

Décorations

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Ouvrages publiés

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  • Monnaies et mesures en usage dans les Vosges en 1789, Imprimerie nouvelle, .
  • Département des Vosges : Documents relatifs à la vente des biens nationaux, Imprimerie nouvelle, .
  • Les Ateliers de charité dans les Vosges pendant la Révolution, Imprimerie vosgienne, .

Notes et références

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  1. La maison fut détruite par un incendie le 19 juin 1940 et était située à l'emplacement de l'actuel numéro 11 de la rue reconstruite.
  2. La faculté de Lettres ne comptait en 1881 que 61 étudiants.
  3. La ville avait eu sa première en 1921 pour les souffrances de la Première Guerre mondiale.
  4. La colonne actuelle fut inaugurée le 28 octobre 1989.
  5. La Liberté de l'Est du 9 février 1962 publia le discours d'adieu d'André Argant.
  6. Léon Schwab tenait particulièrement à cette décoration, créée en avril 1915 à l'initiative de Maurice Barrès, qui lui fut remise sur le champ de bataille de La Fontenelle le 24 juillet 1915.
  7. Léon Schwab participa à la deuxième bataille de la Marne en juillet-août.

Références

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  • Gérald Guéry, Épinal et Léon Schwab (1862-1962), Une ville, un homme, un siècle, Épinal, Agi's, , 94 p. (ISBN 2-9519154-0-3) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  1. p.  10.
  2. a et b p.  14.
  3. p.  13.
  4. p.  15.
  5. p.  17.
  6. p.  22-23.
  7. p.  24.
  8. p.  29.
  9. p.  30.
  10. p.  38.
  11. p.  40.
  12. p.  47.
  13. a b et c p.  44.
  14. p.  66.
  15. p.  68.
  16. a et b p.  70.
  17. p.  82.
  • Robert Javelet, Épinal, Images de mille ans d'Histoire, Braun & Cie, Document utilisé pour la rédaction de l’article
  1. p.  220.
  2. a b et c p.  221.
  3. p.  223.
  4. p.  226.
  • Autres références
  1. Ronsin 1990, p. 335.
  2. a et b Fonds Léon et Pierre Schwab (1727-1979), Archives départementales des Vosges, Épinal, 2010, p. 2.
  3. Gilles Grivel, « Les Juifs dans les Vosges », sur le site du Judaïsme d’Alsace et de Lorraine, consulté le 2 avril 2014.
  4. Jean-Camille Bloch, Juifs des Vosges, 1940-1944, Jean Bloch, 2007, p. 422.
  5. « Nécrologie : M. Léon Schwab », Le Pays lorrain, vol. 43, no 2,‎ , p. 74 (lire en ligne).
  6. « Cote 19800035/367/49324 », base Léonore, ministère français de la Culture.

Articles connexes

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Liens externes

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Bibliographie

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Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Albert Ronsin, « Léon Schwab », in Les Vosgiens célèbres. Dictionnaire biographique illustré, Vagney, Éditions Gérard Louis, , 394 p. (ISBN 2-907016-09-1).
  • Gérald Guéry, Épinal et Léon Schwab (1862-1962), Une ville, un homme, un siècle, Épinal, Agi's, , 94 p. (ISBN 2-9519154-0-3). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Robert Javelet, Épinal, Images de mille ans d'Histoire, Braun & Cie, . Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Paul d'Arbois de Jubainville, Dictionnaire biographique lorrain, La Serpenoise, , p. 364.