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Kairos (christianisme)

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Dans son sens biblique, le kairos est le moment choisi par Dieu [1] pour l’accomplissement de son dessein, le moment particulier de l’action divine. Dans son éternité, Dieu ne connaît pas le ‘chronos’ (c’est-à-dire: le ‘temps continu’) mais bien le ‘kairos’, qui est le moment de son intervention dans le temps humain.

Cette intervention n’est pas obvie. L’épaisseur du temps humain et les multiples préoccupations de l’homme font qu’il lui est nécessaire de faire preuve de discernement et de sagesse pour reconnaître dans sa vie (ou celle du monde) le kairos divin.

Ainsi, dans le Nouveau Testament, Jésus commence-t-il sa première prédication (Mc 1:15) : « Le temps [kairos] est accompli et le règne de Dieu s’est approché... ». Le mot ‘kairos’ revient 86 fois pour indiquer un ‘moment’, une ‘saison’, surtout celle de la moisson (le moment est arrivé), tandis que le mot ‘chronos’, qui indique une certaine ‘quantité’ de temps, tel une ‘journée’ ou une ‘heure’, est utilisé 54 fois (par ex. Ac 13:18, Ac 27:9). En Jn 7:6, Jésus fait une distinction entre son ‘moment’ personnel et celui de ses disciples, son ‘kairos’ n’étant pas encore arrivé, tandis que celui des disciples (également ‘kairos’) est désormais là, présent, qui est de s’instruire auprès du maître et d’écouter sa parole, de se rendre toujours disponible à l’instruction, que ce soit dans la répétition et la continuité que dans l’inattendu et le surprenant.

L’apôtre Paul continue. La perception du kairos, moment divin opportun, invite à l’urgence (2 Co 6:2) : «Voici maintenant le moment [kairos] tout–à-fait favorable. Voici maintenant le jour du salut». Il faut choisir et agir, et sans tarder.

Au début de la Divine Liturgie des Églises orientales (orthodoxes ou catholiques), le diacre s’adresse au prêtre pour dire : « Καιρός του ποιήσα τω Κυρίω'», [Kairos tou poièsa to Kurio]» (‘C’est le moment [kairos] de l’action du Seigneur") avertissant que la liturgie est à la croisée du temps de l’action humaine et du temps de Dieu (Éternité).

Certains théologiens ont étendu le sens biblique du mot ‘kairos’ à certains moments ou tournants majeurs dans l’histoire de l’Église universelle (ou d’églises particulières), considérés comme particulièrement marqués de la grâce divine[2].

Dans son interprétation de l’histoire du Salut, le théologien luthérien Paul Tillich utilise fréquemment le concept biblique. La venue du Christ dans l’histoire humaine est le ‘kairos’ par excellence. D’autres moments, de crises ou d’ouverture particulière dans l’histoire, ont appelé à des décisions existentielles humaines parce qu’elles y ont perçu le moment divinement choisi.

En philosophie, certains philosophes, particulièrement Martin Heidegger[3], ont emprunté la conception biblique du kairos - en ce cas le kairos eschatologique (parousie - moment choisi par Dieu pour le retour du Christ à la fin des temps) - pour lui donner une application séculière.

Notes et références

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  1. Le 'Dieu' des religions abrahamiques, c'est-à-dire, de ceux qui croient en une auto-Révélation de Dieu, par son intervention dans l'histoire humaine
  2. Ainsi le Kairos Document (en) des théologiens d'Afrique du Sud, en 1985, appelant les Églises à une réaction plus vigoureuse vis-à-vis de la politique d'apartheid du gouvernement.
  3. Ainsi dans son œuvre ‘Phénoménologie de la vie religieuse