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Inscription d'Aïn-Ouassel

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Inscription d'Aïn-Ouassel
Image illustrative de l’article Inscription d'Aïn-Ouassel
Matériau Calcaire
Période Antiquité
Culture
Date de découverte IIe – IIIe siècle
Lieu de découverte Téboursouk (Tunisie)
Coordonnées 36° 13′ 56″ nord, 9° 08′ 40″ est
Géolocalisation sur la carte : Tunisie
(Voir situation sur carte : Tunisie)
localisation

L'inscription d'Aïn-Ouassel (ou Aïn-Wassel) est une inscription latine fragmentaire sur stèle en calcaire découverte à proximité de la ville de Téboursouk (Tunisie). Cette inscription est une copie de la Lex Hadriana, qui régit le colonat partiaire en Afrique Romaine entre la fin du IIe et le début du IIIe siècle. Elle est publiée dans le Corpus Inscriptionum Latinarum sous le numéro CIL VIII 26416[1].

Découverte

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En 1891, le docteur Louis Benjamin Charles Carton, médecin et archéologue français, alors en expédition financée par l'Académie des inscriptions et belles-lettres en Tunisie, découvre près de la source d'Aïn-Ouassel, un site archéologique romain comportant notamment une stèle de calcaire rédigée en latin. Il publie sa découverte dans la Revue archéologique l'année suivante[2].

Contexte historique

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L'inscription est gravée sous le règne de l'empereur Septime Sévère, entre le IIe et le IIIe siècle. Le colonat partiaire en Afrique romaine bat alors son plein et les colons affluent, notamment en actuelle Tunisie[3].

La Lex Hadriana est ratifiée sous le règne de l'empereur Hadrien, comme en témoigne un autre bloc retrouvé en 1906 sur le site d'Aïn Djemala. Un troisième est découvert en 1999 sur le site de Lella Drebblia. Cette loi témoigne de l'inquiétude de l'empereur quant au délaissement et au dépeuplement des terres. Il intervient dans de nombreuses régions de l'Empire[4].

L'inscription d'Aïn-Ouassel n'est qu'une partie d'une copie d'une série de pièces administratives mises au point sous le règne d'Hadrien. Le texte est divisé entre les trois blocs de la région de Dougga et se trouve dans un état de dégradation importante.

On y retrouve notamment deux textes : la lex Hadriana de rudibus agris et iis qui per X annos continuos inculti sunt ou « loi d’Hadrien sur les terres vierges et celles qui sont restées incultes pendant dix années consécutives » ainsi que le sermo procuratorum[5].

La loi traite de l'exploitation des terres arables incultes uniquement dans les domaines impériaux. Elle a probablement été mise en vigueur à Aïn-Ouassel par des procurateurs (d'où le nom du sermo procuratorum), qui accordent aux colons romains le droit de cultiver toutes les terres incultes, même celles non-subsécives (non alloties), dépassant les limites fixées par la lex Hadriana. Il s'agissait du texte de référence de l'administration impériale en Afrique proconsulaire dans la matière.

La raison pour laquelle les procurateurs décident d'étendre le pouvoir de la lex Hadriana est la mise en friche d'une large partie des terres arables par les conductores. Ces colons romains en détenaient une importante partie et préféraient les utiliser pour faire paître leur bétail. L'objectif aurait donc été de trouver une solution expéditive à ce problème, qui ralentissait l'approvisionnement de l'Italie, en leur forçant la main[6]. Pour tout de même éviter de les marginaliser, les procurateurs leurs garantissent des dividendes sur les céréales cultivées sur leurs terrains.

Une autre raison possible de cette mesure est liée à la démographie. Le texte mentionne un « accroissement des habitants » ; elle aurait pu répondre donc à « une pression démographique croissante »[6].

Notes et références

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Bibliographie

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  • Jean-Baptiste Mispoulet, « L'inscription d'Aïn-Ouassel », Nouvelle Revue Historique de Droit Français et Étranger, vol. 16,‎ , p. 117-124 (lire en ligne).
  • (it) Mariette de Vos Raaijmakers et Barbara Maurina, Rus Africum IV: La fattoria Bizantina di Aïn Wassel, Africa Proconsularis (Alto Tell, Tunisia): Lo scavo stratigrafico e i materiali, Archaeopress, .
  • Jérôme France, « La lex Hadriana et les incitations publiques à la mise en valeur de terres dans l’Empire romain au IIe siècle p.C. », dans Catherine Apicella, Marie-Laurence Haack et François Lerouxel, Les affaires de Monsieur Andreau. Économie et société du monde romain, Bordeaux, Ausonius, coll. « Scripta Antiqua » (no 61), (ISBN 978-2-35613-108-9), p. 89-96.