Fonderie Cornille-Havard
Cornille-Havard | |
La cheminée de la fonderie. | |
Création | 1865 |
---|---|
Personnages clés | Paul Havard (fondateur) |
Forme juridique | SARL |
Siège social | Villedieu-les-Poêles France |
Direction | Paul Bergamo |
Activité | Fonderie de fonte |
Produits | Cloches |
Effectif | nc |
SIREN | 322 096 678 |
Site web | cornille-havard.com |
Chiffre d'affaires | 1 207 900 € au 30/09/2016 |
Résultat net | 52 300 € au 30/09/2016 |
modifier - modifier le code - voir Wikidata |
La fonderie Cornille-Havard est une fonderie de cloches située à Villedieu-les-Poêles dans la Manche[1]. L'entreprise a été fondée en 1865 par Adolphe Havard.
Histoire
[modifier | modifier le code]L'entreprise est l'héritière d'une tradition de fondeurs de cloches installés à Villedieu-les-Poêles depuis la fin du Moyen Âge. Avant la moitié du XIXe siècle, les fondeurs étaient itinérants et se déplaçaient au pied des églises et des cathédrales pour fabriquer leurs cloches[2].
En 1836, Paul Havard succède à son beau-frère César Béatrix et donne son nom à la fonderie. En 1865, Adolphe Havard, ingénieur polytechnicien, reprend l’activité au moment de la mise en service de la ligne de chemin de fer Paris - Granville. Il conçoit alors et fait construire l’atelier encore en activité aujourd'hui. Il sédentarise ainsi l’activité de fondeur de cloches. Dès 1874, il développe considérablement l’activité de l’entreprise qui exporte ses cloches dans le monde entier[2].
En 1903, Adolphe Havard s’associe avec son gendre Léon Cornille qui prend la direction de l’entreprise en 1904. Celle-ci devient alors la fonderie Cornille-Havard. De 1934 à 1944, elle est dirigée par André Peeters. En 1944, pendant la bataille de Normandie, l’activité est arrêtée et ce n’est qu’en 1946 que Marguerite Cornille, la fille de Léon Cornille, reprend et relance l’activité[2].
Le , cette dernière revend la fonderie à Françoise et Luigi Bergamo, un ingénieur italien de l’école Centrale qui assure la direction technique. Il est le premier au monde à modéliser les tracés en CAO. Il met également au point le contrôle acoustique sur analyseur de spectre électronique. Son épouse Françoise prend la direction commerciale et développe l’activité touristique avec l’ouverture de l'atelier au public[3],[2].
En 2001, leur fils Paul Bergamo rejoint l’entreprise familiale afin de la développer et la promouvoir. En 2012, il rachète l’intégralité des parts à ses parents, et perpétue les traditions qui permettent à la fonderie Cornille-Havard d’être reconnue par l’ensemble des experts pour la qualité esthétique et musicale de ses cloches[2].
Le , Thérèse-Bénédicte (pesant 1,1 tonne et sonnant un Mi3), la cloche de la paix et de la liberté, et Rose-Françoise (pesant 518 kg et sonnant un La3), la cloche de l'espérance, toutes deux fondues par Cornille-Havard à Villedieu, arrivent à la cathédrale de Bayeux. Elles sont ensuite exposées dans la nef pendant plusieurs semaines. Le vendredi , lors de la cérémonie œcuménique du 70e anniversaire du débarquement au cour de laquelle la cloche de la paix et de la liberté a été bénite par le père Laurent Berthout, en présence du Prince Charles, du premier ministre Manuel Valls, du premier ministre britannique David Cameron, du premier ministre australien Tony Abbott, et du gouverneur général de Nouvelle-Zélande Jerry Mateparae. Ce jour là, le prince de Galles représente la Reine Élisabeth II, marraine britannique de la cloche. Les huit autres parrains, également présents lors de la cérémonie, sont des enfants et adolescents issus de huit pays différents : Gabrielle (Canada), Louis (France), Océane (Pays-Bas), Jan (Pologne), Audrey (Belgique), Lukas (Allemagne), Sperry (États-Unis) et Synne-Marie (Norvège). Le dimanche , la cloche de l'espérance est bénite à son tour. Les deux cloches sont ensuite installées dans le beffroi de la tour sud de la cathédrale à 30 mètres de hauteur, par une grue, le . Elles sonnent pour la première fois le . Depuis, la cloche de la paix et de la liberté sonne le jour des fêtes nationales des pays dont sont issus ses neuf parrains. Ainsi, tout les 14 juillet, jour de notre fête nationale, après la sonnerie de l'hymne européen au carillon de la cathédrale, Thérèse-Bénédicte sonne pour la France[2].
Le , la fonderie coule une nouvelle cloche pour le trois-mâts barque Belem, qui transportera la flamme olympique quelques semaine plus tard[4].
C'est aussi Cornille-Havard qui a fondu la fameuse cloche en bronze que les champions sonnaient avec emballement après leurs victoires lors des JO de Paris 2024, une pratique lancée par Antoine Dupont et ses partenaires du rugby à 7[6]. Le matin du jeudi , cette cloche est accueillie et bénie, avec deux autres, sur le parvis de Notre-Dame de Paris par Monseigneur Olivier Ribadeau Dumas, le recteur-archiprêtre de Notre-Dame, en présence de Tony Estanguet, le président du Comité d’organisation de Paris 2024 et de Paul Bergamo de directeur de la fonderie. Ces cloches seront ensuite installées dans la cathédrale. Depuis sa réouverture, les 7 et , les trois cloches sont entendues plusieurs fois par jour, quotidiennement par des milliers de fidèles et de visiteurs venus du monde entier, « non plus pour signifier la victoire des athlètes mais pour signifier la victoire de la vie sur la mort et de la lumière sur les ténèbres »[5].
En plus de son métier de fondeur de cloches, l’entreprise fabrique aussi des pièces de fonderie d’art. Les compagnons de l'atelier sont également des campanistes qui installent, entretiennent et dépannent les équipements mécaniques et électriques des cloches et des clochers[2]. Ils s'occupent également des carillons, de l'horlogerie monumentale, des abats-sons, des motorisations, des automates, de l’entretien des beffrois en bois ou en métal qui accueillent les différentes cloches, mais aussi de la protection contre la foudre[7].
La fonderie
[modifier | modifier le code]La fonderie n'a que peu évolué depuis sa construction, et les méthodes de fabrication des cloches sont restées traditionnelles. Le grand four réverbère à double voûte de 1865, chauffé au bois et au charbon, sert aujourd'hui pour la coulée des pièces de grande taille. Un autre four plus récent, datant des années 1950, sert pour les cloches plus petites. Les moules sont fabriqués au trousseau à l’aide d’argile et de crottin de cheval. Cependant, les techniques les plus modernes pour atteindre la perfection musicale ont été intégrées. Les profils des cloches sont ainsi calculés par CAO, ce qui permet de toujours les affiner ou bien de découvrir ceux des fondeurs disparus. Les gabarits sont quant à eux découpés au laser et le contrôle de la sonorité est effectué à l’aide d’un analyseur de spectre électronique[8]. De plus, grâce à une collaboration étroite avec l’ENSICAEN, l'école d’ingénieurs de Caen, et le Centre de Recherche de la Direction des Constructions Navales (DCNS), Cornille-Havard a atteint des grandes compétences techniques, en particulier sur les phénomènes vibratoires et les dommages aux édifices[8].
L'activité historique et majoritaire de la fonderie est la fonte de cloches d’églises et de propriétés privées, des carillons mais également d'autres pièces en bronze telles que des pièces d’Art et de décoration, des statues d’artistes et des bas-reliefs. Des plaques commémoratives peuvent y être coulées telles que celle fondue en 2021 pour la ville de Limerick en Irlande, réalisées par Liam Lavery et Eithne Ring en hommage à George Clancy (maire de Limerick) (en) (alors maire de Limerick, abattu avec sa femme à leur domicile) et Michael O’Callaghan (maire de Limerick) (en) (ancien maire, assassiné chez lui après le couvre-feu) tués dans la nuit du 6 au lors de la guerre d'indépendance irlandaise[9].
Enfin, les cloches de l'église Notre-Dame-de-l'Heure de Mossoul ont également été coulées par Cornille-Havard[10].
-
Signature Cornille-Havard sur une cloche de l’église Notre-Dame-de-Victoire de Lorient.
-
Moule ayant servi à la réalisation de la statue du GI Iron Mike qui se dresse au-dessus du pont de La Fière à Sainte-Mère-Église et dévoilée le .
-
La cloche de quart de la frégate « l'Hermione » de 2012, installée devant le grand mât. Elle a été fabriquée selon un modèle de profil de cloche de quart dessiné dans l’encyclopédie Diderot. Il a fallu adapter les techniques actuelles pour reproduire cette cloche ancienne et retrouver le son correspondant à celui des cloches du XVIIIe siècle.
Visites
[modifier | modifier le code]La fonderie Cornille-Havard propose des visites guidées à travers son atelier historique et initie à l'art de fondre des cloches. En 2005 la fonderie accueille 56 750 visiteurs[N 1], amateurs éclairés ou simples curieux, ce qui la classe alors en huitième position parmi les sites les plus visités du département.
Le , un moule éclate lors de la coulée d’une cloche de 6,3 tonnes destinée à l’église Saint-Étienne de Mulhouse. Une personne est grièvement blessée et 25 autres le sont légèrement[11]. Du bronze en fusion a été projeté lors de l'accident. La cloche, pesant 6,3 tonnes, se voulait la plus grande de l'histoire de l'entreprise[12].
L’ensemble campanaire de Notre-Dame de Paris
[modifier | modifier le code]En 2012, huit nouvelles cloches sont coulées pour Notre-Dame de Paris à l’occasion de ses 850 ans[13]. Le , elles arrivent à la cathédrale Notre-Dame de Paris. Elles ont pris place dans la tour nord et sont bénies le . Elles sonnent pour la première fois le . La plus grosse baptisée Gabriel pèse 4,2 tonnes et donne un la# 2. Les sept autres sont baptisées Anne-Geneviève (3,4 tonnes, si 2), Denis (2,5 t, do# 3), Marcel (1,9 t, ré# 3), Étienne (1,5 t, fa 3), Benoît-Joseph (1,3 t, fa# 3), Maurice (1 t, sol# 3) et Jean-Marie (782 kg, la# 3).
Un second bourdon baptisé Marie, est installé dans la tour sud. Il a été fondu le par la fonderie Royal Eijsbouts, aux Pays-Bas. Selon les informations données à la télévision française[évasif], la dimension (diamètre 206,5 cm) et la masse (6,023 t) de ce bourdon dépassaient les capacités de la fonderie Cornille-Havard.
-
0 • Shéma de la création d'une cloche.
-
1 • Noyau en briques réfractaires.
-
2 • Enduit du noyau.
-
3 • Gabarits intérieurs et extérieurs.
-
4 • Matrices pour l'estampage des décors.
-
5 • Fabrication d'anses.
-
6 • Décor en creux.
-
7 • Fosse Diderot pour les grosses pièces.
-
9 • Démoulage manuel.
-
La Cloche Maurice (gis1) pour Notre-Dame de Paris (2012). Elle pèse 1 tonne et sonne un Sol#.
-
Quatre des nouvelles cloches de Notre-Dame à leur arrivée devant la cathédrale le .
-
Cathédrale Notre-Dame de Paris, les nouvelles cloches installées en 2013.
Récompenses
[modifier | modifier le code]- 1998 :
- Titre de « Maître d'art » décerné à Luigi Bergamo, directeur de la fonderie, pour son travail de recherche et de consolidation des savoirs
- 2011 :
- Prix du rayonnement du Trophée Force 50
- Lettre de bénédiction du pape Benoit XVI pour le bourdon de l’Église Saint-Étienne de Mulhouse
- 2012 :
- Lettre de bénédiction du pape Benoit XVI pour les huit nouvelles cloches de l’église de Għajnsielem (Gozo, Malte)
- 2013 :
- Prix du bâtiment dans la catégorie Métiers d’Art de l’Académie d’architecture
- Lettre de bénédiction du pape François pour l’inauguration de la sonnerie des neuf nouvelles cloches de la cathédrale Notre-Dame de Paris.
- Lettre de bénédiction du pape Benoit XVI pour la bénédiction des neuf nouvelles cloches de la cathédrale Notre-Dame de Paris.
- 2014 :
- Prix National « Coup de cœur du public » à la 8e édition Stars et Métiers
- Prix National de la « Stratégie globale d’innovation » à la 8e édition Stars et Métiers
(Prix Stars & Métiers : Paul BERGAMO, lauréat national 2014) - Trophée Artisans Mag’ dans la catégorie Stratégie de développement.
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- Entrées payantes, selon le Comité départemental du tourisme de la Manche - 2005
Références
[modifier | modifier le code]- « FONDERIE CORNILLE HAVARD (VILLEDIEU-LES-POELES-ROUFFIGNY) Chiffre d'affaires, résultat, bilans sur SOCIETE.COM - 322096678 », sur www.societe.com (consulté le ).
- « La fonderie > Histoire », sur cornille-havard.com (consulté le ).
- Sophie Human, « Dans l'atelier des maîtres fondeurs », Le Figaro Histoire n°1, avril-mai 2012, pages 126-129.
- Gilles Patry, « Manche - Cette fonderie a coulé une nouvelle cloche pour le célèbre trois-mâts Belem », sur actu.fr, (consulté le ).
- Rédaction de La Presse de la Manche, « Fabriquée dans la Manche, la cloche des Jeux olympiques installée dans la cathédrale Notre-Dame de Paris », sur actu.fr, (consulté le ).
- Gilles Patry, « JO 2024. Les champions sonnent une cloche fabriquée dans la Manche : les coulisses d'un secret bien gardé », sur actu.fr, (consulté le ).
- « Campaniste », sur cornille-havard.com (consulté le ).
- « La fonderie - Technologie », sur cornille-havard.com (consulté le ).
- « Création d'une plaque commémorative pour la ville de Limerick (Irlande). », sur cornille-havard.com, (consulté le ).
- « Irak: In Mossul läuten bald wieder mehrere Kirchenglocken (Irak : Plusieurs cloches d'églises vont bientôt sonner à nouveau à Mossoul) », vaticannews.va, (consulté le )
- Thomas Brégaris, « Fonderie de Villedieu-les-Poêles (50). 26 blessés, dont un grave. », sur ouest-france.fr, (consulté le ).
- (de) Schwerverletzter bei Explosion in Glockengießerei (Gravement blessé dans une explosion dans une fonderie de cloches). Welt Online, 31 juillet 2009.
- « Les cloches de Notre-Dame de Paris prennent forme à Villedieu-les-Poêles. » [[vidéo]], sur ouest-france.fr (consulté le ).