Fête des voisins
La Fête des voisins, également nommée « Immeubles en fête », est une fête à l'origine française, créée en 1999, qui se donne pour but de permettre à des voisins de se rencontrer de façon conviviale, afin de rompre l'isolement qui, selon ses organisateurs, gagne de plus en plus les villes[1], et de tenter de créer un sentiment d'appartenance au quartier.
Historique
[modifier | modifier le code]Depuis 1991 à Toulouse, le « Carrefour culturel Arnaud Bernard » organise des repas de quartier, c'est-à-dire des moments de convivialité entre voisins dans la rue[2]. L'initiative toulousaine s'est exportée durant les années 1990 dans différents endroits comme certains quartiers de Marseille.
La « Fête des voisins » est née officiellement de l'initiative d'Atanase Périfan, qui a lancé l'idée en 1999 au 17 rue Vernier[3] dans le 17e arrondissement de Paris, avec l'association Paris d'Amis qu'il avait créée quelques années plus tôt.
Avant 1999 dans de multiples communes belges des initiatives similaires avaient lieu sous le nom de Barbecue de quartier, Fête de rue, Dîner des voisins.
Dès 2000, l'Association des maires de France, puis les bailleurs sociaux (organismes HLM), ont appuyé cette initiative qui s'est ensuite développée dans toute la France. De 2000 à 2009, elle a lieu le dernier mardi du mois de mai de chaque année. À partir de 2010, cette fête est organisée le dernier vendredi du mois de mai ou le premier vendredi du mois de juin.
En 2008, après la création de Voisins solidaires à la fin de l'année 2007, la Fête des Voisins devient une action du programme de l'association.
Quelques commanditaires commerciaux coopèrent également à l'organisation de cette fête.
En 2019, la vingtième édition de la Fête des voisins aurait rassemblé 30 millions de personnes dans 50 pays[4].
Par année
[modifier | modifier le code]Année | Date | Nombre de participants[5] | Ampleur[6] |
---|---|---|---|
1999 | 1er juin | 10 000 | 800 immeubles du 17e arrondissement de Paris |
2000 | 23 mai | 500 000 | 30 municipalités |
2001 | 29 mai | 1 million | 70 municipalités |
2002 | 28 mai | 1,8 million | 126 municipalités |
2003 | 27 mai | 2,4 millions | 175 municipalités |
2004 | 25 mai | 2,9 millions | 230 municipalités |
2005 | 31 mai | 3,5 millions | 348 municipalités |
2006 | 30 mai | 4,5 millions | 580 municipalités |
2007 | 29 mai | 5 millions | 560 municipalités |
2008 | 27 mai | 6 millions en France | 602 municipalités |
2009 | 26 mai | 8,5 millions[7], dont 6,5 millions en France[8] | 1 000 municipalités |
2010 | 28 mai | 9,5 millions[8] | 1 200 municipalités |
2011 | 27 mai | 12 millions, dont 6,7 millions en France | 1 400 municipalités |
2012 | 01 juin | 15,5 millions, dont 7 millions en France | 1 400 municipalités |
2013 | 31 mai | 20 millions, dont 7,5 millions en France | 1 100 municipalités |
2014 | 23 mai | 25 millions, dont 7,8 millions en France | 1 050 municipalités |
2015 | 29 mai | 30 millions, dont 8 millions en France | |
2016 | 27 mai | 25 millions, dont 8,5 millions en France[9] | 1 180 municipalités |
2017 | 19 mai[10] | ||
2018 | 25 mai[11],[12] | ||
2019 | 24 mai | ||
2020 | Annulée en raison de la crise sanitaire | ||
2021 | 24 septembre | ||
2022 | 20 mai | ||
2023 | 02 juin | ||
2024 | 31 mai |
Journée européenne des voisins
[modifier | modifier le code]Cet événement a maintenant dépassé les frontières de son pays d'origine, d'abord avec l'extension de la fête à la Belgique et 10 villes européennes pour l'édition 2003, puis avec l'organisation à partir de 2004 de la Journée européenne des voisins (European neighbours' day), qui se déroule dans plus de 150 villes d'Europe, et même au-delà avec le Canada, la Turquie et l'Azerbaïdjan. En tout, 36 pays dans le monde y participent.
Depuis 2009, elle est soutenue par le Parlement européen qui accorde, chaque année, son patronage à la manifestation.
Pour approfondir
[modifier | modifier le code]Approche sociologique
[modifier | modifier le code]D'un point de vue sociologique, la Fête des voisins peut être comprise comme une "tradition inventée"[13], exprimant un souhait d’une partie de la population de renouveler un ancrage local, qui coexisterait avec d'autres formes d'engagement et d'appartenance. S'il permet de créer des liens, l'événement peut aussi donner lieu à des formes d’appropriation par les habitants se sentant le plus légitimes, ce qui peut parfois se faire au détriment d’autres habitants[14]. La Fête des voisins met également en avant une certaine figure du voisin et certaines caractéristiques comme la sociabilité, la disponibilité ou l’ouverture. L’absence de ces caractéristiques peut amener certains résidents à être considéré comme distants, voire comme nuisant au développement des liens de voisinage[14].
Dans les quartiers populaires, la Fête des voisins vise parfois à revaloriser l'image d'un quartier, voire à apaiser les relations de voisinage dans des contextes de mixité sociale[15]. Plus généralement, la Fête des voisins est parfois présentée comme un remède contre une série de problèmes sociaux tels que l'isolement ou la précarité. Cependant, si l'isolement affecte avant tout des personnes précaires, sans emploi ou en mauvaise santé, celles-ci ont parfois de la peine à transformer le voisinage en ressource[16]. Le voisinage peine ainsi à offrir des solutions à ces problèmes qui ont des causes structurelles[17]. La Fête des voisins apparait comme un rituel qui, durant une période définie, permet un relâchement des normes qui prévalent au quotidien[16]. Cela permet de comprendre pourquoi, malgré le succès de la Fête et le nombre croissant de participants, celle-ci ne semble pas avoir transformé les relations de voisinage.
Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Voisin
- La Fête des voisins, film français réalisé par David Haddad, sorti en 2010.
Liens externes
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- Site officiel
- La Fête des voisins - Immeubles en fête
- European neighbours' days - Journée européenne des voisins, site officiel
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Quelques chiffres, sur le site officiel.
- « La presse », sur Carrefour culturel Arnaud Bernard (consulté le )
- Vincent Mongaillard, « Fête des voisins : 20 ans après, retour où tout a commencé avec les pionniers », Le Parisien, (lire en ligne, consulté le ).
- « European Neighbours' Day », sur european-neighbours-day.com (consulté le )
- [PDF] Plaquette publicitaire pour l'édition 2008, sur le site officiel.
- L'histoire, sur le site officiel.
- « Présentation de l'association qui renforce les rapports humains », sur voisinssolidaires.fr via Wikiwix (consulté le ).
- « European Neighbours' Day - Voisins Solidaires », sur voisinssolidaires.fr via Wikiwix (consulté le ).
- « Fête des Voisins 2016 », sur 12 mars 2018,
- « La Fête des voisins », sur La Fête des voisins (consulté le )
- « Présentation de la Fête des Voisins 2018 », sur stootie.com, (consulté le )
- « La fête des voisins 2018 - Sortiraparis.com », sur www.sortiraparis.com (consulté le )
- Eric Hobsbawm, « Inventer des traditions », Enquête, no 2, , p. 171–189 (ISSN 1245-2084 et 1953-809X, DOI 10.4000/enquete.319, lire en ligne, consulté le )
- Lionel Francou, « Ce que la Fête des voisins nous révèle sur les relations sociales », The Conversation, (lire en ligne)
- Sarah Demichel, « La convivialité : instrument du bien vivre ensemble dans les quartiers populaires ? », Revue du MAUSS, vol. n° 57, no 1, , p. 260–272 (ISSN 1247-4819, DOI 10.3917/rdm1.057.0260, lire en ligne, consulté le )
- Maxime Felder, « La Fête des voisins : un rituel conjuratoire », Métropolitiques, (lire en ligne)
- Observatoire des inégalités (France), Rapport sur la pauvreté en France, Observatoire des inégalités, 2018- (OCLC 1078368837, lire en ligne)