Colonie pénale
Une colonie pénale, ou colonie pénitentiaire, est un centre de détention destiné à isoler les condamnés du reste de la société (également appelés internés) en les enfermant dans une structure éloignée de toute agglomération ou zone économiquement développée.
Cas général
[modifier | modifier le code]Autrefois, ces colonies étaient situées sur une île ou dans un territoire colonial, voire au sein de ces colonies, dans des territoires encore plus isolés[1].
En raison de leur vocation première d'établissements pénitentiaires éloignés et de leurs conditions de détention souvent spartiates qui impliquent parfois des travaux pénibles, voire des travaux forcés, les colonies pénitentiaires sont fréquemment qualifiées de « bagnes » en français.
Ce sont parfois des réserves de main d'œuvre gratuite pour les travaux pénibles et dangereux comme le défrichage ou l'exploitation des mines souterraines, utilisées notamment par les Britanniques, les Français et les Russes dans leurs colonies en Amérique du Nord, en Australie, ou encore sur l'île de Sakhaline, etc.
Historiquement, il est également question de « colonisation pénale » entre 1850 et 1930, les détenus étant devenus, concomitamment ou subséquemment avec les esclaves, les premiers colons de territoires d'outre-mer, comme en Guyane ou sur l'île de la Réunion[2]
Programmes spéciaux
[modifier | modifier le code]Sous l'ancien régime, les colonies pénitentiaires sont des maisons « spécialisées dans l'enfermement des enfants ». Elles sont les ancêtres des « maisons de correction » puis des « maisons d'éducation »[2]. Avant 1839, un enfant peut être jugé et enfermé au même titre qu'un adulte[réf. nécessaire].
On trouve des colonies pénitentiaires spécialisées, comme la colonie pénitentiaire publique à vocation maritime et agricole de Belle-Île-en-Mer, créée en 1880. Frédéric Auguste Demetz, fondateur de la Colonie agricole et pénitentiaire de Mettray crée un lotissement de dix maisons situées autour d'une église. Ce lotissement a été créé pour l'accueil de jeunes enfants. Des colons, à la tête de chaque maison, se comportent comme des chefs de « famille ». Cet établissement est conçu pour donner une impression de quartier ou de village contrairement aux prisons traditionnelles. On y vit alors avec sa « famille », à proximité de ses voisins, de l'église et des « ateliers » où l'on travaille[3].
C'est l'expression « Sauvez la terre par les colons et les colons par la terre » qui aurait inspiré ce programme à Frédéric Metz[réf. nécessaire].
On retrouve des inégalités de traitement dans ces colonies, certains enfants ont même essayé de s'enfuir et d'autres y sont décédés.
Par pays
[modifier | modifier le code]France
[modifier | modifier le code]Grande-Bretagne
[modifier | modifier le code]La Grande-Bretagne pratiquait la transportation des condamnés criminels au bagne dans les colonies britanniques : en Amérique, à partir des années 1610 jusqu'à la révolution américaine dans les années 1770, puis dans les colonies pénitentiaires en Australie entre 1788 et 1868. Notamment à Botany Bay qui fut la principale colonie pénitentiaire d'Australie.
Comme en France, les pontons-prisons ont été utilisés jusqu'à la mise en place d'un système pénitentiaire moderne inspiré du système de Jeremy Bentham.
Argentine
[modifier | modifier le code]L'Argentine comptait le bagne appelé prison des récidivistes[4] ou le pénitencier de la fin du monde[5] à Ushuaia : le projet est lancé en 1883. Il accueille ses premiers prisonniers en . Il sera fermé en 1947.
Mali
[modifier | modifier le code]Le Mali a connu un bagne dans le désert du Tanezrouft, à Taoudeni. Ce bagne sera fermé en 1988[6].
Russie
[modifier | modifier le code]Le système judiciaire de l'Empire russe comprenait des katorgas, mot qui peut se traduire par bagne. Ceux-ci se distinguent des camps de concentration et du goulag. Ce système est créé au XVIIe siècle.
Belgique
[modifier | modifier le code]Un bagne a été créé à Anvers en 1801 [7] ou 1804[8], et a été aboli en 1821 sous la présence néerlandaise ou 1822 lors de la réforme du système pénitentiaire.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Penal colony » (voir la liste des auteurs).
- Cet article est partiellement ou en totalité issu de l'article intitulé « Bagne » (voir la liste des auteurs).
- exemples: bagne de l'île de Ré, bagne des îles du Salut en Guyane française.
- Catherine Prade, « Les colonies pénitentiaires au xixe siècle : de la genèse au déclin », dans Éduquer et punir : La colonie agricole et pénitentiaire de Mettray (1839-1937), Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », (ISBN 978-2-7535-2347-0, lire en ligne), p. 27–37
- « Mettray : histoire de la Colonie pénitentiaire » (consulté le )
- [PDF] La prison d'Ushuaïa - Le bagne militaire, museomaritimo.com
- La prison des récidivistes ou le pénitencier de la fin du monde - korke.com - 6 juillet 2013
- « Au Mali, quand Taoudenni, l’ancien bagne, se rêve en « pôle économique » », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- lors de la Première République française
- sous le règne de Napoléon
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Bagne
- Galères (peine)
- Travaux forcés
- Prison agricole
- Prisons
- Colonisation
- Déportation en droit français
- Déportation pénale
- Loi Waldeck-Rousseau (relégation)
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Sophie Chassat (dir.), Luc Forlivest (dir.) et Georges-François Pottier (dir.), Éduquer et punir : La colonie agricole et pénitentiaire de Mettray (1839-1937), Rennes, Presses universitaires de Rennes, , Nouvelle édition éd. (1re éd. 2005), 284 p. (ISBN 978-2-753-52347-0, EAN 9782753501331, présentation en ligne)
- Isabelle Merle, Expériences coloniales : La Nouvelle-Calédonie, 1853-1920, Paris, Belin, , 479 p. (ISBN 979-1-027-90403-7, présentation en ligne)
- Jacques-Guy Petit, Nicole Castan, Claude Faugeron et Michel Pierre, Histoire des galères, bagnes et prisons, XIIIe – XXe siècles : Introduction à l'histoire pénale de la France, Toulouse, Privat, , 368 p. (ISBN 2-7089-5348-6, BNF 36649416, SUDOC 002266814, présentation en ligne)
- Michel Pierre, Le temps des bagnes : 1748-1953, Paris, Tallandier, , 576 p. (EAN 9791021036222, présentation en ligne)
- Georges Pisier, « Les déportés de la Commune à l'île des Pins, Nouvelle-Calédonie, 1872-1880 », dans Journal de la Société des océanistes, t. 27, , 103-140. (lire en ligne), chap. 31
- Léon Faucher, « Les Colonies pénales de l’Angleterre, Revue des Deux Mondes, Tome 1, 1843, p. 396-423 consultable sur wikisource.org », Revue des Deux Mondes, vol. Tome I : 1843, , p. 396-423 (lire sur Wikisource)
- Louis-José Barbançon, L'Archipel des forçats : Histoire du bagne de Nouvelle-Calédonie (1863-1931), Villeneuve d'Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, coll. « Histoire et civilisations », , 448 p. (ISBN 978-2-85939-785-2, EAN 9782859397852, présentation en ligne, lire en ligne)
Liens externes
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- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :