Christian d'Elva
Christian d'Elva | |
Fonctions | |
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Sénateur français | |
– (19 ans, 1 mois et 26 jours) |
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Élection | 7 janvier 1906 |
Réélection | 11 janvier 1920 6 janvier 1924 |
Circonscription | Mayenne |
Groupe politique | Gauche républicaine |
Député français | |
– (16 ans, 1 mois et 30 jours) |
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Élection | 22 septembre 1889 |
Réélection | 20 août 1893 8 mai 1898 27 avril 1902 |
Circonscription | Mayenne |
Législature | Ve, VIe, VIIe et VIIIe (Troisième République) |
Prédécesseur | Circonscription créée |
Successeur | Henri de Monti de Rezé |
Conseiller général de la Mayenne | |
– (36 ans) |
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Circonscription | Canton de Laval-Nord-Ouest |
Prédécesseur | Louis Bretonnière |
Successeur | Louis Duchemin |
Maire de Changé | |
– (41 ans) |
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Prédécesseur | Auguste-Armand d'Elva |
Successeur | René Régnault d'Évry |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Changé |
Date de décès | (à 74 ans) |
Lieu de décès | Changé |
Résidence | Mayenne |
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Christian d'Aliney d'Elva, né à Changé le et décédé à Changé le , est un homme politique français.
Biographie
[modifier | modifier le code]Origine
[modifier | modifier le code]La famille d'Elva remonterait à l'an 800 (...). Originaire du Piémont, elle vient s'installer en France, sous Louis XV, en la personne de Joseph, officier de Saint Louis.
Il est le fils aîné d'Auguste d'Elva et d'Alix de Quelen.
Il fut élève du collège jésuite de Vannes, puis au Lycée privé Sainte-Geneviève à Paris[1].
Carrière militaire
[modifier | modifier le code]Il entra en 1868 à l'École spéciale militaire de Saint-Cyr, où il fut le camarade de Joseph Gallieni. Il en sortit le 19 juillet 1870 avec le grade de sous-lieutenant au 64e régiment d'infanterie de ligne.
Il participa à la Guerre franco-allemande de 1870 dans l'armée de Metz. Malgré son jeune âge, il fut cité à l’ordre de l’armée pour faits de guerre dans une compagnie de francs-tireurs, où il s’était engagé. Cette compagnie était commandée par le capitaine Lancresson[2]. Fait prisonnier, il demeura en captivité du 29 octobre 1870 au 7 avril 1871.
Il fut nommé lieutenant en 1873. En 1876, il devint professeur adjoint de législation militaire à l'École spéciale militaire de Saint-Cyr. Capitaine en 1879, il fut ensuite officier d'ordonnance du général Léopold Davout, 3e duc d'Auerstaedt[2], commandant le 10e corps d'armée à Rennes. Il démissionna de l'armée active en 1884 avec le grade de capitaine[1] et se retira dans son château à Changé, où il devient la même année maire.
Carrière politique
[modifier | modifier le code]Monarchiste
[modifier | modifier le code]Il est maire de Changé de 1884 à 1925, conseiller général du canton de Laval-Ouest de 1889 à 1925, député de la Mayenne de 1889 à 1906. En août 1887, il devint conseiller général du canton de Laval-Ouest. Il est candidat conservateur aux Élections législatives de 1889, où il fut élu député de la Mayenne. Aux Élections législatives de 1893, il fut réélu.
Républicain rallié ?
[modifier | modifier le code]Député sortant, et auparavant monarchiste[3], il se présente aux Élections législatives de 1898, sous l'étiquette de républicain modéré, partisan de la politique du Gouvernement de Jules Méline[4]. Pour D'Elva, il est désormais possible en Mayenne de faire appel à tous les hommes d'ordre et de ne plus bouder les institutions républicaines[3].
Face à ce premier pas qui brouille D'Elva avec les légitimistes, les républicains modérés et une partie des radicaux jugent politique de ne pas présenter de candidat[3]. D'Elva est réélu. Le Ralliement du Comte d'Elva semble s'être effectué en dehors des organisations catholiques républicaines qui n'ont pratiquement aucune influence en Mayenne[3]. Ce ralliement est le résultat de l'Esprit nouveau, mais il est aussi dû d'une façon indirecte aux efforts tentées sur le plan local pendant la même période par le nouvel évêque de Laval[3] Pierre Geay.
D'Elva est à nouveau réélu aux Élections législatives de 1902.
Après plus de seize ans au Palais Bourbon, il devint sénateur aux Élections sénatoriales de 1906. Il va sièger de 1906 à 1925. Il sièga dans le groupe parlementaire de la conservatrice Fédération républicaine, la Gauche républicaine. Il sera très impliqué dans la vie politique du département.
En 1919, il est l'un des propriétaires du Courrier du Maine[5].
Il déploya une très grande activité, visitant fréquemment les communes qu'il représentait au Parlement. Il organisait régates, exposiiton canine, fondait la section des vétérans, ou la Société des courses de Laval. Le comte d'Elva était membre de la Société des agriculteurs de France, du Cercle agricole, du Cercle militaire et de la Société hippique française, ainsi que de nombreux clubs sportifs ou mondains.
Sportsman accompli, il a fait partie du Yacht-Club, de la Société hippique, de la Société de contre et de quarte de la rue de Bourgogne, de la Société de pistolet[6]. Brillant épéiste, il est président de la Société de contre et de quarte de la rue de Bourgogne, ce qu'il confirmera par différents duels[7].
Le duel avec Klotz
[modifier | modifier le code]En 1892, il l s'est battu en duel[8], avec Louis-Lucien Klotz, directeur du journal Le Voltaire. Et ensuite à quelques jours d'intervalle, avec Louis Albin, le secrétaire de rédaction du même journal[9].
Le duel avec Drumont
[modifier | modifier le code]Édouard Drumont consacre dans La Libre Parole quelques violents articles aux députés de droite qui ont voté la loi sur les anarchistes de juillet 1894[10]. L'article intitulé Poussière et boue date du 28 juillet 1894[11].
Article associé | |
« Aujourd’hui ces petits salauds courent comme de jeunes chacals en folie derrière les grosses hyènes ventrues et puantes de l’opportunismes. Ils dégoûtent Israël par la basse férocité de leur peur. Ils s’appellent d’Elva et Plichon. » |
Christian d'Elva se jugeant offensé par ces articles constitue le même jour ses témoins[12] pour demander une rétractation ou une réparation par les armes. Drumont qui s'est réfugié en Belgique de crainte de tomber sous le coup de la nouvelle loi, a répondu télégraphiquement qu’il se tenait à la disposition de son adversaire, avec cette réserve qu'il ne pourrait se battre en France[13]. Il choisit ses témoins[14]. Après une entrevue entre les quatre témoins dans les bureaux de la Libre Parole, la rencontre était décidée ; l’épée comme arme de combat ; le lieu tenu secret. Le jour même où le comte d'Elva et ses témoins se disposent à aller rejoindre à Bruxelles Drumont, la Libre Parole publie un second article encore plus violent et plus injurieux que le premier pour le comte d'Elva[8]. On évoque alors la constitution d'un jury d'honneur[8] pour soumettre le cas, mais d'Elva insiste pour aller au combat.
La rencontre a lieu 1er août 1894, vers 15h[10], à l’épée, aux environs de Rosendael dans les Pays-Bas. Drumont est blessé légèrement[15]. La Libre Parole publie le 1er août 1894 le récit du duel, qui lui a été téléphoné de Bruxelles par M. de Boisandré[16]. C'est pendant la rédaction du procès-verbal que les témoins de d'Elva, ont jugé le moment favorable pour protester contre le second article, paru quelques heures après que la rencontre soit décidée. Il s'est ensuivi un échange de propos très vifs[17]. Finalement, les témoins de D'Elva ont provoqué[8] les témoins de Drumont, qui ont une fois rentrés à Paris envoyer leurs témoins à MM. de Dion et Paulmier[9]. De Boisandré désigna ses témoins[18], Papillaud de même[19]. Charles Paulmier aussi[20]. Une rencontre à l'épée a lieu. A la seconde reprise. Papillaud a été atteint à la partie abdominale antérieure d’un coup d’épée ayant pénétré de deux centimètres environ. Les témoins, d’un commun accord, reconnaissent l’impossibilité de continuer le combat[21].
Race canine
[modifier | modifier le code]Il est à l'origine de races de chien de chasse : en 1871, à partir de chiens de Vendée, il crée le Grand basset griffon vendéen et le Briquet griffon vendéen en montant son propre élevage.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Le Courrier du Maine, 10 mars 1925.
- La Gazette de Château-Gontier, 4 janvier 1920
- Michel Denis, L'Église et la République en Mayenne, 1896-1906, p. 70.
- ... je vous dois ma pensée toute entière. Ayant eu l'honneur pendant quinze années de porter l'épaulette d'officier dans cette vaillante armée que des bandits passibles de tous les châtiments, cherchent en vain à déshonorer, je suis profondément respectueux de la volonté souveraine de mon pays. Aujourd'hui la question n'est plus politique, elle est sociale ; aveugle qui ne veut pas la voir. Deux principes sont en présence ; celui d'une République radicale, socialiste et sectaire ; celui d'une République libérale, tolérante et modérée. Mon concours est acquis à ce dernier ; mes votes sont là pour le prouver... Profession de foi de Christian d'Elva.
- La Mayenne, 30 novembre 1919.
- Le Gaulois, 2 août 1894
- La Vie heureuse, 15 juin 1907.
- Le Gaulois, 2 août 1894.
- L'Événement, 4 août 1894.
- L'Avenir de la Mayenne, 5 août 1894.
- La Libre Parole, 2 août 1894.
- Charles-Ernest Paulmier, député du Calvados et Jules-Albert de Dion.
- Puisqu’il avait jugé bon de quitter le territoire français.
- Adrien Papillaud et André de Boisandré.
- Le procès-verbal du duel est ainsi conçu : Conformément au procès-verbal qui précède, la rencontre entre M. le comte d Elva et M. E. Drumont a eu lieu aujourd’hui à la frontière hollandaise. A la première reprise et après un engage ment très vif, M. E. Drumont a été atteint d’une blessure déterminant une plaie profonde à la partie interne de la cuisse gauche intéressant le muscle demi-tendineux, en arrière de l’artère fémorale, qui n’est pas atteinte, et mettant M. E. Drumont dans un état d’infériorité incontestable. Le professeur Benjamin Anger, pour M. le comte d’Elva, et M. le docteur Claude André Paquelin , pour , M. E. Drumont, assistaient les combattants. Fait double à Rosendael (Pays-Bas), le 2 août 1894.
- Nous avons déjeuné à l' hôtel du Cygne, à Rosendael. M. d’Elva et ses témoins y ont déjeuné également. Pendant le repas, deux journalistes bruxellois qui nous avaient suivis depuis notre départ et qui se trouvaient aussi à l’hôtel, nous ont fait passer leurs cartes, et nous avions lié connaissance avec eux. C’est grâce à eux que, dans ce pays inconnu pour nous, nous avons pu nous procurer des voitures, et grâce à eux surtout que nous sommes parvenus à découvrir un terrain de combat à peu près convenable. C’était un chemin sablonneux, derrière un petit bois de pins, à environ deux kilomètres de la ville. On a procédé immédiatement aux préparatifs du combat. Suivant le mode ordinaire on a tiré au sort, en jetant une pièce en l’air, le choix des épées, l’emplacement des combattants et la direction du combat. Le sort ne nous a favorisés que pour le choix des épées. A M. de Dion a été dévolue la direction du combat. Sans perdre de temps, car on voyait poindre des silhouettes de gendarmes, les adversaires ont été mis en présence. Le combat a duré de une à deux minutes. Drumont a chargé avec une grande vigueur. C’est alors qu’il a été blessé à la cuisse. A peine avions-nous eu le temps de constater la blessure et le docteur Paquelin de faire un pansement sommaire, que les gendarmes sont arrivés. Au moment de la rédaction du procès-verbal, MM. de Dion et Paulmier ont soulevé un incident au sujet de l’article de M. Drumont, paru mardi matin dans la Libre Parole. Nous avons refusé de leur donner aucune sorte d’expiication à ce sujet et ils nous ont alors directement provoques. A leur entrée en France, nous enverrons, Papillaud et moi, nos témoins à chacun de ces messieurs: Papillaud à M. Paulmier, et moi à M. de Dion. Boisandré.
- MM. de Boisandré et Papillaud réfusant de donner aucune sorte d'explication sur le procédé que les témoins de M. d'Elva reprochaient à M. Drumont.
- Georges de Labruyère et Gaston Méry.
- Albert Monniot et Jean Drault.
- G. de Borda et J. Béraud.
- Le Mot d’ordre, 7 août 1894.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
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- Ressources relatives à la vie publique :
Sources
[modifier | modifier le code]- « Christian d'Elva », dans le Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), sous la direction de Jean Jolly, PUF, 1960 [détail de l’édition]