Aller au contenu

Charles Nègre

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Charles Nègre
Autoportrait, vers 1860.
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 59 ans)
GrasseVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Nationalité
Activités
Formation
Maître
Sépulture de Charles Nègre au cimetière Sainte-Brigitte à Grasse.

Charles Nègre, né le à Grasse où il est mort le , est un artiste peintre, devenu photographe au début des années 1850.

Formation et premières années

[modifier | modifier le code]

Charles Nègre étudie la peinture sous la direction de Paul Delaroche, Michel Martin Drolling, puis achève sa formation auprès d’Ingres.

Il suit les cours de l'École des beaux-arts de Paris et expose ses tableaux au Salon parisien de 1843 à 1864[1]. Il y obtient en 1850 une médaille de 3e classe. Il présente quelques gravures : Vue de la cité (1859), La Porte royale de la cathédrale de Chartres (1861). En 1847 il obtient la commande de copies du Portrait de Louis-Philippe d'après Franz Xaver Winterhalter.

Ses tableaux et ses gravures se trouvent essentiellement dans deux musées :

  • Musée d'art et d'histoire de Provence à Grasse qui conserve un fonds important de son œuvre picturale : Vue des remparts d'Antibes, Le quartier des moulins à Grasse, Portrait du général Comte Gazan de la Peyrière, Étude pour la mort de saint Paul, La mort de saint Paul, Étude de tête de moine, Léda et le cygne, La mort de Coronis, mère d'esculape etc.
  • Musée Ingres à Montauban qui possède plusieurs gravures ou estampes : Cathédrale de Chartres, porche méridional[2], Cathédrale de Chartes, façade occidentale, porte latérale[3], Portail de l'église Saint-Trophime d'Arles etc.

Le photographe

[modifier | modifier le code]

Lorsque Louis Daguerre présente son invention en 1839 au public, Charles Nègre décide alors de s’installer dans son propre atelier[4] situé 21, quai de Bourbon sur l’Île Saint-Louis à Paris.

Esprit curieux, Charles Nègre est attiré par la photographie naissante. Au début, il pense que cette technique peut l’aider à réaliser ses tableaux. Lorsqu'il découvre la photographie en 1844, il écrit dans son Mémoire sur l'héliogravure « Je fus frappé d'étonnement à la vue de ces merveilles et, entrevoyant l'avenir réservé à cet art nouveau, je pris la résolution d'y consacrer mon temps et mes forces »[5]. Toutefois, il en découvre vite les autres possibilités et va pratiquer la photographie comme un art à part entière qui assura sa gloire à Paris. Il est sans conteste l'un des artistes les plus doués de cette génération de pionniers de la photographie.

Ramoneurs en marche, quai de Bourbon, Paris 1851.

Il met au point son propre procédé de gravure héliographique avec passage dans un bain d'or pour produire des œuvres qui réunissent la finesse et la précision de la photographie à la fermeté et à la profondeur des teintes de la gravure.

Une épreuve sur papier salé de septembre ou novembre 1851 de ses Ramoneurs en marche[6] illustrent cette démarche. Probablement réalisée comme étude pour un tableau, cette série de photographies est considérée comme une étape importante de l’histoire de la photographie car représentant un des tout premiers essais de rendu du mouvement.

En 1851, contrarié de ne pas faire partie de la commande de l’État qu’on nommera plus tard la « Mission héliographique », Charles Nègre décide de sa propre initiative de photographier le littoral du Sud-Est de la France. Il est ainsi le premier photographe à avoir parcouru les Alpes-Maritimes juste après la création du département. Il exécute également une première série de clichés du Midi de la France en 1852, puis reçoit une série de commandes de l'État français pour la cathédrale de Chartres (1854), pour des reproductions d’œuvres d’art du Louvre (1858), et les nouveaux bâtiments intérieurs de l’asile impérial de Vincennes. En 1865, il est engagé par le duc de Luynes pour produire les planches du Voyage d’exploration à la mer Morte, à Pétra et sur la rive gauche du Jourdain. Ses travaux paraîtront sous forme d'albums aux éditions d'art d'Adolphe Goupil après 1853[7].

Les dernières années

[modifier | modifier le code]
La Promenade des Anglais, 1863.

En 1863, sa santé vacillante le ramène dans sa région natale. Il se retire à Nice[9]. Il obtient un poste de professeur au Lycée Impérial de Nice et ouvre un atelier, 3 rue Chauvain[10].

Jusqu'à sa mort, il réalise, dans un souci de documentation systématique, une grande série de photographies de Saint-Raphaël à Menton. C'est dans les scènes de genre empruntées au quotidien de la rue qu'il excelle.

Mort dans l’oubli dans sa ville natale, Charles Nègre ne sera redécouvert qu’en 1936, à la faveur de grandes expositions photographiques organisées à Paris et à New York.

Il est inhumé au cimetière Sainte-Brigitte de Grasse[11].

Son petit-neveu, Joseph Nègre s’efforcera toute sa vie de promouvoir l'œuvre de son grand oncle. En 1991, il publie son livre La Riviera de Charles Nègre, reproduisant plusieurs clichés de la Côte d'Azur et de son arrière-pays.

Quelques œuvres

[modifier | modifier le code]

La ville de Nice a donné son nom au musée de la photographie Charles Nègre, et la ville de Grasse à sa médiathèque inaugurée en 2022[12],[13].

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. André Alauzen et Laurent Noet, Dictionnaire des peintres et sculpteurs de Provence-Alpes-Côte d'Azur, Marseille, Jeanne Laffitte, (1re éd. 1986), 473 p. (ISBN 978-2-86276-441-2), p. 334
  2. « Cathédrale de Chartres, porche méridional », notice no M0315000686, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Joconde, ministère français de la Culture
  3. « Cathédrale de Chartres, façade occidentale, porte latérale », notice no M0315000685, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Joconde, ministère français de la Culture
  4. « Charles Nègre, Paris, scène de marché », notice sur le site du musée d'Orsay.
  5. Elvire Perego, « NÈGRE CHARLES - (1820-1880) », Encyclopedia Universalis,‎ consulté le 20 avril 2023 (lire en ligne)
  6. National Gallery of Canada, consulté le 17 mai 2008
  7. Elvire Perego, « », Encyclopedia Universalis, consulté le 20 avril 2023
  8. Henri Le Secq posant sur Notre-Dame de Paris. Le choix d’avoir nommé cette photographie Le Stryge revient au collectionneur André Jammes ; voir la notice de l’œuvre sur le site du musée d’Orsay.
  9. Théâtre de la Photographie et de l’Image - Photographies de Nice et de ses environs (1863-1866), consulté le 17 mai 2008.
  10. Théâtre de la Photographie et de l’Image - Notice biographique, consulté le 13 mai 2013.
  11. Philippe Landru, « GRASSE (06) : cimetière Sainte-Brigitte », sur Cimetières de France et d'ailleurs (consulté le )
  12. « L’architecture miraculeuse de la médiathèque Charles-Nègre, à Grasse », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. « La Médiathèque Charles Nègre », sur Médiathèque de Grasse (consulté le )

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • André Jammes, Charles Nègre photographe : 1820-1880, préface de Jean Adhémar, Paris-Choisy-le-Roi, Imprimerie de France, 1963 (ISBN 2-85744-536-9)
  • Françoise Heilbrun, Charles Nègre : photographe 1820-1880, catalogue de l'exposition, Arles, musée Réattu, - ; Paris, musée du Luxembourg, -, Ministère de la Culture et de la Communication, Paris, 1980. (ISBN 2-71180-164-0)
  • Joseph Nègre, La Riviera de Charles Nègre, préface de Louis Nucéra, Aix-en-Provence, Édisud, 1991 (ISBN 2-85744-536-9)
  • Jean-Paul Potron, « Charles Nègre et les Alpes-Maritimes, regards d'un pionnier de la photographie sur sa terre natale », dans Nice historique, 2010, no 4, p. 335-377 (lire en ligne)

Articles connexes

[modifier | modifier le code]
Autres photographes du milieu du XIXe siècle
Premières sociétés et missions photographiques

Liens externes

[modifier | modifier le code]