Annie Mino-Choukroun
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Annie Mino-Choukroun, née le à Tlemcen et morte le , est une psychiatre franco-suisse.
Elle est responsable de la politique genevoise en matière de dépendances entre 1981 et 1999 et directrice générale de la Santé du canton de Genève entre 1999 et 2004
Biographie
[modifier | modifier le code]Elle fait des études de médecine à Paris[1] et se spécialise en psychiatrie avant de partir, en 1971, participer à une expérience communautaire de prise en charge de personnes dépendantes de l'alcool à Santiago du Chili.
Revenue en France à la suite du coup d'État du général Pinochet[2], elle s'installe à Genève en 1975. Elle y est successivement en charge d'adolescents en difficulté, puis du centre d'alcoologie Docteur H. Revillod, avant de prendre la responsabilité de la Division pour toxico-dépendants (devenue en 1995 Division d'abus de substances) de 1979 à 1999, date à laquelle elle est appelée à la Direction générale de la Santé du canton de Genève.
En mai 1999, elle obtient le titre de professeur privat-docent à l'université de Genève[réf. souhaitée].
Elle épouse en 1981 l'enseignant et activiste des droits de l'homme Jacques Mino, conseiller municipal de la Ville de Genève de 1998 à 2006. Elle a un enfant.[réf. souhaitée].
Elle meurt le [3].
Action et influence dans le domaine de la politique des drogues
[modifier | modifier le code]Elle conteste dans un premier temps l'usage de la méthadone[4], prescrite à Genève dans le cadre de cures de maintenance dès la fin des années 1970[5]. Elle révise sa position lors de la pandémie de sida et rallie celle plus ancienne du Dr Gérard Eichenberger[6] qui avait été précurseur, dans sa pratique et en tant que président de la Commission du Conseil d'État, de la politique des quatre piliers[7],[8]. Annie Mino relate son évolution dans un livre paru en 1996[9],[10],[11],[12]. Elle contribue à redéfinir la politique suisse des drogues[réf. nécessaire].
Auteure en 1990 d'une revue de la littérature scientifique sur la prescription de stupéfiants[13], elle met en place à partir de le programme expérimental genevois de prescription de stupéfiants (PEPS), où a été étudiée et validée la possibilité de maintenir en traitement des personnes durablement dépendantes aux opiacés en leur prescrivant de l'héroïne dans le cadre d'une prise en charge médico-psycho-sociale[14],[15].
Elle est chargée, en 1989, de rassembler et d'analyser la littérature médicale concernant la prescription médicale de morphine et d'héroïne. Alors que le canton de Genève a adopté une politique active de réduction des risques liés à la drogue, sur le modèle promu par l'Office fédéral de la santé publique, elle joue un rôle moteur dans le développement de cette politique, définie en 1995 par le gouvernement cantonal, mais amorcée dès le début des années 1990 par des programmes de prévention. Sous son impulsion, la division pour toxico-dépendant a ainsi diversifié son offre de traitements et développé un programme de sevrage, des maintenances à la méthadone, un relais à l'hôpital général pour les personnes toxicodépendantes[réf. nécessaire].
Publication
[modifier | modifier le code]Annie Mino, Sylvie Arsever, J'accuse - Les mensonges qui tuent les drogués, Calmann-Lévy, , 276 p. (ISBN 978-2702125212)
Références
[modifier | modifier le code]- Catherine Dubouloz, « Annie Mino, médecin genevoise des toxicomanes, devient directrice de la santé », Le Temps, (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
- Jacques François, « Annie Mino nous a quittés », Le Courrier, (lire en ligne)
- Laurence Bézaguet, « Ex-directrice de la santé, Annie Mino s’en est allée », Tribune de Genève, (ISSN 1010-2248, lire en ligne , consulté le )
- « Journal de Genève - 16.01.1996 - Pages 10/11 », sur www.letempsarchives.ch (consulté le )
- « Edimark Entretien avec le dr. Jean-Jacques Déglon »
- Médecin et pionnier de la prescription de méthadone, Gérard Eichenberger reconnaît en 1995 que les décennies précédentes constituent un temps «où les toxicomanes en savaient bien plus long sur la drogue que la Faculté». Il fait part du décalage saisissant entre les stéréotypes en vigueur et les réalités humaines : «les toxicomanes nous étaient représentés comme des êtres complètement aliénés et impuissants. Or dans mon cabinet, je rencontrais des gens sensibles, émotifs, riches, aptes au dialogue, capables d'introspection et d'évolution... Il y avait là un hiatus qu'il fallait d'abord comprendre et ensuite essayer de corriger ». Le président sortant de la Commission mixte en matière de toxicomanie constate une avancée essentielle : puisqu’une société sans drogues est illusoire, l’unique priorité est d’aider les concernés à survivre [1]
- Le modèle des quatre piliers, la prévention, le traitement, la réduction des risques et la répression, a été adopté par la Confédération en tant que concept de politique de la drogue au début des années 1990. Il jouit d’une grande considération auprès des professionnels des addictions qui le jugent très progressiste, novateur et efficace.
- [2] Séance du Conseil d'Etat du vendredi 4 novembre 1994 RD 227
- Annie Mino, Sylvie Arsever J'accuse Les mensonges qui tuent les drogués Calmann-Lévy 1996 (254 p.)
- Béatrice Bantman, « L'héroïne, substitut à la méthadone. A Genève, le Dr Mino expérimente une distribution contrôlée. », sur Libération, (consulté le )
- Élisabeth Eckert, « Ce n'est pas l'héroïne qui tue... », L'Hebdo, , p. 22 à 24 (lire en ligne)
- Juan Martinez, « Drogue : de la croisade morale à la médecine, histoire d'une psychiatre saisie par le doute », Journal de Genève et Gazette de Lausanne, , p. 11 (lire en ligne)
- Annie Mino, Analyse scientifique de la littérature sur la remise contrôlée d'héroïne ou de morphine Expertise fédérale, Office fédéral de la santé publique, septembre 1990 (211 p.)
- « Programme de substitution avec prescription d’héroïne (HeGeBe) »
- Catherine Bellini, « Drogue : faut-il continuer comme ça ? », L'Hebdo, , p. 21 à 23 (lire en ligne)