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Abstention

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Les abstentionnistes sont souvent vus comme des « pêcheurs à la ligne »[1]
(peinture de László Mednyánszky - 1890).

L'abstention est le fait de ne pas voter lors d'une élection ou au cours de toute autre procédure électorale (référendum national ou local, votation populaire en Suisse...) malgré une inscription sur les listes électorales. La personne qui ne vote pas est qualifiée d'« abstentionniste ».

Les motivations des abstentionnistes sont diverses. En cas de fort niveau d'abstention, la légitimité des décisions votées ou des résultats d'élections peut, indépendamment de leur valeur légale, être fragilisée, notamment par l'idée que la « majorité silencieuse » ne se serait pas exprimée par le vote.

Le vote blanc et le vote nul ne relèvent pas de l’abstention ; ces suffrages sont généralement enregistrés comme « non exprimés ».

Définition et modalités de l'abstention

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Statut légal de l'abstention

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En France, à compter de 18 ans (âge de la majorité civile), l'inscription sur les listes électorales est un droit[2], mais aussi une obligation : elle est en principe obligatoire (article L9 du Code électoral), bien que le défaut d'inscription ne soit soumis à aucune sanction. En France, l'inscription est automatique pour les jeunes qui à l'âge de 16 ans participent au recensement citoyen[3].

En Belgique, l'inscription et le vote sont obligatoires[4].

Calcul du taux d'abstention

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carte montrant le taux d'abstention, où la surface d'un territoire est proportionnelle à son nombre d'inscrits sur les listes électorales
Cartogramme de l'abstention au premier tour des élections régionales françaises de 2015.

Le taux d'abstention peut être calculé de différentes manières :

  • En France, le ratio est établi en rapportant le nombre des citoyens s'étant abstenus lors d'un vote au nombre de ceux inscrits sur les listes électorales, à la date du scrutin.
  • Aux États-Unis, le ratio est calculé par rapport à tous les électeurs potentiels[5]. C'est aussi le cas dans la plupart des pays européens, en particulier ceux qui, comme l'Allemagne, disposent d'un système de domiciliation des citoyens permettant la localisation géographique et, donc, l'inscription automatique du corps électoral.

L'abstention due à la non-reconnaissance du vote blanc

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En France, jusqu’au , le vote blanc n'était pas reconnu par les institutions, ce qui pouvait pousser certains électeurs à préférer l'abstention plutôt que de voir leur absence de choix interprétée comme un vote nul.

Bien que leur statut ait changé, les votes blancs sont comptés à part : « Les bulletins blancs sont décomptés séparément et annexés au procès-verbal. Ils n'entrent pas en compte pour la détermination des suffrages exprimés, mais il en est fait spécialement mention dans les résultats des scrutins »[6]. Cette mesure ne donne donc pas au vote blanc le même poids qu'à un vote non blanc.

Moyens proposés de lutte contre l'abstention

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Les démocraties et certains partis politiques s'inquiètent des conséquences d'un taux d'abstention souvent relativement élevé dans les pays développés et s'efforcent de le réduire.

  • Une première idée est de sanctionner l'abstention. La sanction financière est pratiquée en Belgique depuis 1893[7], et ce pays a l'un des taux d'abstention parmi les plus bas d'Europe (environ 9 % pour les Élections européennes de 2004, pour 44 % en moyenne dans l'Union européenne). Des mesures similaires ont été adoptées dans d'autres pays : Luxembourg, Pays-Bas, Italie, Danemark, Grèce, Autriche ; ainsi que dans certains cantons suisses, et hors de l’Europe : en Australie, en Turquie, au Costa Rica, au Brésil, en Argentine. L’obligation de voter réduit fortement le taux d’abstention ; pourtant, cette méthode reste fort discutée. Ses opposants[Qui ?] lui reprochent de ne pas prendre en compte les raisons qui poussent les électeurs à l’abstention. Ses partisans[Qui ?] répondent qu’ils peuvent se servir du vote blanc et qu’ils peuvent inscrire sur les bulletins ce qu’ils pensent des partis ou des personnalités en place, ce que font sans doute des électeurs[réf. nécessaire].
  • Certains changements techniques dans la manière de voter sont succeptibles d'améliorer la satisfaction de l'électeur et donc peut-être la participation électorale[8]. C'est cas lorsque que la forme du bulletin de vote laisse une plus grande latitude à l'electeur dans son expression (vote par évaluation de tous les candidats, possibilités de vote préférentiel dans les scrutins de liste, vote unique transférable). C'est le cas aussi lorsque le résultat du vote reflète plus finement la volonté des électeurs (système non exclusivement majoritaires, problématique de la représentation des minorités).
  • Une des solutions évoquées sur Usenet[9] est le vote négatif. Deux modalités sont envisagées : dans la première, des votes positifs et des votes négatifs sont comptabilisés ; dans la seconde, les participants n’expriment que des votes négatifs, et le résultat du scrutin est donc le choix qui emporte le moins de votes.
  • Il existe d'autres méthodes, comme expliquer le fonctionnement des institutions politiques, ou encore débattre ouvertement des points de vue qui séparent les différents partis politiques.
  • Une autre méthode proposée consiste à donner réellement le pouvoir aux populations dans les choix politiques de leur vie, par le moyen du mandatement impératif plutôt que par la représentation majoritaire (qui ne donne finalement aucun pouvoir aux individus, seuls les intermédiaires politiques ayant un pouvoir de décision, une fois élus). Cette solution a l'avantage de rendre le pouvoir à la population qui peut ainsi s'auto-déterminer. C'est d'ailleurs une revendication très forte chez les abstentionnistes les plus politisés.[réf. souhaitée] En France, le mandatement impératif est considéré comme nul par la Constitution de la Ve République[10].

Définition lexicale et interprétation du mot

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Selon le chercheur et politologue Denis Barbet, le recours à l'abstention est « le signe d'une crise de la démocratie représentative », mais, le phénomène ayant tendance à s'amplifier et à être de plus en plus commenté, il reconnait que ce « vote négatif » demande une vision plus approfondie et entreprend d'étudier le phénomène dans le champ lexical[11],[pas clair].

Ainsi, l'abstention peut être considérée comme un « refuge », un « retrait ». Celle-ci est souvent évoquée en termes de bas quand les médias évoquent une « chute de la participation » et évoque un « sursaut » ou un « élan » en cas de baisse du taux de l'abstention[pas clair]. L'abstention est décrite comme une exclusion quand ces mêmes médias évoquent le fait que « des Français […] sont restés en dehors de la décision électorale ». Enfin, il n'est pas rare de lire ou d'entendre les termes de « manque », d'« absence », voire de « grève » ou d'« incivisme » des électeurs.

Denis Barbet conclut que des associations récurrentes donnent à cette action un côté négatif, s'opposant à la norme du devoir électoral, introduisant un langage dominant qui associe l'abstention à un fait anormal[12].

L'abstention aujourd'hui

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Le civisme électoral s'est récemment affaissé dans les démocraties libérales. Les élections européennes, les dernières à avoir été mises en place dans ces pays, tirent considérablement vers le bas les courbes[13]. Pourtant, c'est l'Afrique et le Moyen-Orient qui sont à la traîne de la participation électorale dans le monde, et l'orientation est à la dégradation des diverses situations démocratiques et partant électorales dans cette vaste région du monde[14]. Au contraire de l'Asie centrale ainsi que de la Turquie, quoique musulmans comme la dernière zone citée, mais qui ont des régimes hérités de la défunte Union soviétique, autoritaires, où la famille au pouvoir sait éviter toute contestation sérieuse du régime comme toute abstention électorale.

En France, le vote n'est obligatoire qu'aux élections sénatoriales pour les grands électeurs (conseillers municipaux, départementaux, régionaux et députés) qui se voient, en cas d’abstention, infliger une amende de 100 [15].

En Belgique

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Dans le royaume de Belgique, le vote est obligatoire, mais l’abstentionnisme reste important, car les amendes ne sont pas effectives [16]. Par ailleurs, dans ce même pays, 90 % des résidents des maisons de repos ne votent plus, l'une des raisons évoquées étant la mobilité réduite[17].

Au Canada (Québec)

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Résultats comparatif de l'élection fédérale canadienne de 2011, avec ou sans abstention (sans prise en compte des votes blanc et nul).

Au Québec, durant la période électorale, certains groupes d'extrême-gauche font explicitement campagne pour l'abstention. C'est le cas, par exemple, de l'Union communiste libertaire, qui diffuse un site internet[18] à cet effet.

Par ailleurs, il existe depuis le une formation politique explicitement abstentionniste: le Parti nul. Le Parti nul milite afin que les personnes remettant en cause la légitimité du système parlementaire britannique ou n'ayant aucune confiance envers les autres formations politiques ne soient pas obligées de s'abstenir de voter ou de présenter un bulletin blanc ou de cocher en faveur de tous les candidats inscrits.

Le Parti nul demande en effet qu'il y ait, lors des prochaines élections, une case "Aucune de ces réponses" ou "Abstention" sur les bulletins de vote afin que les électeurs puissent un jour manifester leur mécontentement, au lieu de voir leur suffrage être automatiquement rejeté par le Directeur général des élections[19],[20],[21].

Les causes de l'abstention

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Le Pr Lancelot, ancien membre du Conseil constitutionnel, est le premier auteur reconnu par la communauté scientifique à publier une étude sociologique sur les causes de l'abstentionnisme en France.

À la suite d'un appel effectué auprès de ses lecteurs abstentionnistes lors de l'élection présidentielle de 2017, le journal Le Monde a collecté divers témoignages. La plupart d'entre eux, sans forcément être engagés dans une cause politique avouent leurs dégoûts ou leurs rejets de la politique et vont même jusqu'à militer pour une reconnaissance de ce choix ou du vote blanc. Certaines personnes interrogées militent également pour d'autres façons de voter (dites "alternatives" dans l'article) et du mode de choix pour le peuple de désigner ses représentants[22].

La sociologue et politologue française Anne Muxel, partage les abstentionnistes en deux catégories[23] :

  1. Ceux qui inscrivent la démarche dans une vision politique en exprimant une sanction émise à l'encontre des candidats et des partis en lice.
  2. Ceux qui ne s'intéressent pas à la politique et qui ne s'estiment proches d'aucun parti. Ils restent loin de toute forme de participation et d'implication politiques. En raison de leurs problèmes individuels (souvent d'ordre social), ils sont davantage impliqués dans l'idée du refus et d'une contestation de la société civile.

À la suite d'une forte abstention en France lors des élections régionales françaises de 2021, un sondage commandé par le Figaro[24] annonce que pour un abstentionniste sur deux, la défiance et le désintérêt sont à l'origine de ce non vote, de très nombreux français expliquant qu'il s'agit d'un « signe révélateur d'une rupture entre les citoyens et la vie politique. »

L'abstention involontaire

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Elle représente environ 10 % de l'abstention et se compose des :

  • « faux inscrits » qui représentent dans l'exemple de la France entre 4 et 5 % des inscrits[25] ;
  • malades ou absents au moment du vote qui représentent [Où ?] 5,5 % des inscrits.

L'abstention volontaire

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Étude historique

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Le politologue Alain Lancelot distingue dans son livre L'abstentionnisme électoral en France (publié en 1968) différents types d’abstentionnisme (et donc de causes de cette abstention).

Selon cet auteur, l'abstentionnisme électoral a longtemps été ignoré par la classe politique. L'ouvrage est une des premières études historiques consacrées à ce phénomène et reprend toutes les expériences électorales depuis la Révolution avec une analyse détaillée et une étude sociologique.

L'ouvrage relève plusieurs catégories d'abstentionnistes dont le nombre, l'évolution et les motivations sont multiples et différents. L'abstentionnisme peut ainsi être accidentel, lié à une attitude politique conditionnée par la conjoncture électorale, mais aussi relever d'une norme culturelle rejetant la société.

Une attitude politique
Graffiti sur un mur à Charavines (Isère) en 2024.

Dans les courants anarchistes, l'abstention volontaire est une position dominante. Les anarchistes refusent le principe de représentation politique qui est perçu comme une confiscation de la parole de l'individu. En outre, ils privilégient le consensus et s'opposent au principe de la majorité simple, qui implique qu'une petite majorité peut imposer son point de vue aux minorités. S'il existe quelques exemples d'organisations anarchistes appelant à voter, comme Alternative Libertaire qui avait appelé à voter non au référendum sur le traité constitutionnel européen, ces prises de position sont rares[26].

Une attitude religieuse

L'abstention volontaire peut être aussi motivée par des raisons religieuses. Par exemple, un certain nombre de courants du christianisme, estimant que le chrétien, bien que vivant dans le monde, ne lui appartient pas mais appartient à une patrie spirituelle qui « n'est pas du monde », doit s'abstenir de prendre part aux questions politiques en raison de leur origine mondaine. Ces courants invoquent par exemple l'évangile selon Jean (ch. 17, vv. 16 et 18) : « Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde. (…) Comme tu m'as envoyé dans le monde, je les ai aussi envoyés dans le monde ». Parmi ces mouvements, les Témoins de Jéhovah sont peut-être les plus connus bien qu'ils n'interdisent plus à leurs membres d'être inscrit sur les listes électorales de leurs pays respectifs[27].

Abstention et pandémie

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Lors de la crise sanitaire liée à la pandémie du Covid-19, une abstention très importante a été enregistrée par les autorités au cours des élections municipales de 2020 en France, celle-ci, selon de nombreux commentaires de presse, est liée aux risques perçus par la population d'attraper et de transmettre le virus[28], entraînant ainsi certaines contestations quant à la validité du vote[29].

L'abstention en tant que revendication politique

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Arguments des abstentionnistes

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Élisée Reclus, auteur de la lettre commençant par les mots « Voter, c'est abdiquer ».
Élisée Reclus

Lors de l'année 1885, géographe libertaire et militant anarchiste français Élisée Reclus envoie un courrier à un autre militant anarchiste dénommé Jean Grave, depuis la Suisse. Il y décrit, sa position et sa défiance des démocraties telle que la France et avance ses argumentations en ces termes[30]:

«  Voter, c'est abdiquer ; nommer un ou plusieurs maîtres pour une période courte ou longue, c'est renoncer à sa propre souveraineté. Qu'il devienne monarque absolu, prince constitutionnel ou simplement mandataire muni d'une petite part de royauté, le candidat que vous portez au trône ou au fauteuil sera votre supérieur. Vous nommez des hommes qui sont au-dessus des lois, puisqu'ils se chargent de les rédiger et que leur mission est de vous faire obéir. »

Jean-Paul Sartre, auteur du pamphlet « Élections, pièges à cons ».
Jean-Paul Sartre

En 1973, le philosophe français, Jean-Paul Sartre, écrit dans la revue Les Temps modernes, un texte dénommé « Élections, piège à cons » dans lequel il argumente ainsi :

«  L'isoloir planté dans une salle d'école ou de mairie est le symbole de toutes les trahisons que l'individu peut commettre envers les groupes dont il fait partie. »

Pour cet écrivain, ce n'est pas le principe démocratique qui doit être remis en cause, mais son système de fonctionnement factuel. Il considère que le choix démocratique ne peut s'exprimer qu'au travers d'une expression directe, sans intermédiaire, le pouvoir politique devant être remis à des représentants que dans un cadre très limité. Le système de fonctionnement des scrutins en France et en Europe occidentale est donc extrêmement éloigné de ce point de vue[31].

Antoine Buéno, auteur d'un manifeste sur l'abstention.
Antoine Buéno

En 2017, l'écrivain prospectiviste français, Antoine Buéno, fait publier No vote ! Manifeste pour l'abstention, un livre préfacé par Michel Onfray, peu de temps avant le scrutin de l'élection présidentielle française de 2017. Lors d'une interview publié par le journal 20 minutes, l'écrivain explique l'abstention, ainsi [32]:

«  Il y a deux catégories de personnes qui ne votent pas. D’une part, il y a les personnes qui ne sont pas politisées, qui se sentent dépassées. D’autre part, il y a celles qui sont très politisées et qui ne cautionnent plus la politique [le système représentatif, NDLR]. Il vaut quand même mieux être dans la deuxième catégorie et savoir exactement pourquoi on ne va pas au bureau de vote. »

Mouvements organisés d'abstentionnistes

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Un mouvement d'abstentionnistes, encore très marginal, s'est mis en place lors de la dernière élection présidentielle française de 2017. Quelques antennes ont été créées, au niveau local, à l'initiative de l'humoriste (sur le web), Franck Renda, afin d'informer les électeurs de l'existence de bureaux d'abstention. Selon l'organisateur[33] :

« C'est une première mondiale […] les abstentionnistes peuvent se rendre au bureau le plus proche de chez eux. Nous installerons une urne et préparerons des bulletins "je m'abstiens". C'est l'occasion de discuter ensemble et de montrer que l'offre politique ne nous convient pas. »

Ce mouvement, dit des Bureaux d'abstention, aurait regroupé, selon l'organisateur, plus de 25 000 abonnés sur sa page Facebook, en 2017, entraînant certaines inquiétudes, au niveau local[34].

Un autre mouvement, également assez marginal, dénommé Parti des Abstentionnistes et des Sans-voix, revendique la même idée et ses membres tentent de faire connaître leur position, lors de cette même période électorale, en France[35].

L'abstention par manque d'intégration sociale

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Les électeurs jeunes, les électeurs les plus âgés, les chômeurs, les membres des milieux populaires les plus pauvres ont tendance à s'abstenir davantage que les hommes, les adultes, les actifs et les cadres supérieurs.

D'autres variables liées au territoire peuvent intervenir : dans l'exemple français, dans la Creuse, le Rhône-Alpes, le Bas-Rhin : les électeurs sont traditionnellement plus abstentionnistes. Le contexte social est également important : il y a plus de participation en milieu rural, moins de participation en banlieues urbaines. Les lignes clivantes relevées sont rural/urbain, et la perception du vote comme devoir civique et du vote comme droit.

L'abstention liée à l'organisation de la consultation électorale

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De nombreux facteurs agissent sur la mobilisation électorale[36] :

  • l'enjeu institutionnel et politique de la consultation ;
  • la configuration de l'offre politique ;
  • la distance entre deux consultations ;
  • l'ampleur de la mobilisation des candidats ;
  • la médiatisation ;
  • la personnalisation.

Cette abstention stimule la création de nouveaux mouvements politiques, afin, selon leurs déclarations, de « renverser cette consultation aristocratique et sporadique, et rendre au citoyen son pouvoir de démocrate »[37],[38].

L'abstention programmée par des algorithmes utilisant des données personnelles

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Vers le milieu des années 2010, un logiciel spécifique dit Ripon (qui est aussi une plateforme logicielle), parfois présentée comme incluant une intelligence artificielle (AI), intègre des algorithmes utilisant le big data (dont des données personnelles volées sur des dizaines de millions de comptes Facebook), à des fins de micro-ciblage d'électeurs, en visant à manipuler leurs émotions pour modifier leurs intentions de vote (ou les inciter à être abstentionnistes, si le logiciel les a classé parmi ceux qui ne changeront pas d'avis politique)[39],[40].

L'effet supposé de la télévision

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En comparant la participation électorale par ville en fonction de la date d'introduction de la télévision aux États-Unis, l'économiste Matthew Gentzkow montre que l'introduction de ce média a eu un fort effet sur la baisse de la participation électorale. Cet effet s'explique principalement par une baisse de la lecture des journaux et de l'écoute de la radio qui conduisent à une baisse des connaissances politiques[41].

Un signe de la crise de la démocratie représentative

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La montée de l'abstentionnisme au cours des dernières années est considérée dans les commentaires politiques comme l’un des principaux signes d’une crise de la démocratie représentative[42]. C'est l'une des raisons pour lesquelles il est nécessaire, selon plusieurs experts en droit constitutionnel, de repenser les fondements et modalités de la représentation[43].

Conséquences de l'abstention

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Conséquences supposées

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Des sondages publiés en France, durant l'année 2015, peuvent laisser à penser que l'abstention n'a pas de conséquence sur le résultat du premier tour d'une élection[44].

Cependant, selon le journal français Libération, qui publie, en 2017, un article écrit par un administrateur de l'INSEE, l’action de cette abstention devient plus épisodique, selon la nature du suffrage, et elle rend plus difficile les prévisions électorales[45].

Pour cet administrateur de l'INSEE, auteur de l'article, Michel Fansten, la raison de cette difficulté tient à la technique des sondages électoraux, car les prévisions reposent en fait sur le décompte des intentions de vote d’un échantillon représentatif d’électeurs et s'appuie sur le vote des électeurs considérés comme représentatifs et interrogés lors des élections antérieures. Toujours selon l'auteur de cet article :

« à partir du moment où l’abstention est fluctuante, et affecte inégalement les électorats des candidats, la représentativité de l’échantillon est faussée, et la prévision se trouve biaisée. »

Conséquences directes

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En Hongrie, durant le scrutin du , un taux d'abstention de 60,1 % provoque l'annulation d'un référendum qui avait été organisé par le président Viktor Orbán, afin de rejeter les normes d'accueil de réfugiés de l'Union européenne[46].

Bibliographie

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  • L'Abstention électorale de Frédéric Rouvillois et Christophe Boutin édité chez l'éditeur François-Xavier de Guibert en avril 2002 (ISBN 978-2868397768).
  • La démocratie de l'abstention: Aux origines de la démobilisation électorale en milieux populaires de de Jean-Yves Dormagen et Céline Braconnier, paru aux éditions de poche Folio en février 2007 (ISBN 978-2070344055).
  • No vote ! Manifeste pour l'abstention, est un livre de l'essayiste français Antoine Bueno, publié chez l'éditeur parisien Autrement, en 2017. Sorti dans le contexte de l'élection présidentielle[47], l'ouvrage présente l'abstention comme un mouvement politique est préfacé par l'écrivain Michel Onfray (ISBN 978-2746744783).
  • Françoise Subileau et Marie-France Toinet, Les Chemins de l'abstention. Une comparaison franco-américaine, La Découverte, 1993.

Citations et expressions sur l'abstention

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  • Coluche (humoriste et acteur, France) :

« Si voter changeait quelque chose, il y a longtemps que ça serait interdit. »

« Je respecte trop la démocratie pour risquer de la dérégler en votant. »

« L'abstention est un recul avant de devenir une lâcheté. »

  • Bill Watterson (peintre, scénariste et dessinateur de bande dessinée, États-Unis) :

« Quand je serai grand, je ne lirai pas le journal, je ne m'intéresserai pas aux grands problèmes et je n'irai pas voter. Comme ça, je pourrai me plaindre de ne pas être représenté par le gouvernement. »

Expression sur l'abstention

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  • « Voter avec ses pieds » est une façon d'exprimer son mécontentement en refusant de participer à un scrutin, voire en quittant un État. C'est notamment un outil pour renforcer la liberté politique : la capacité de la population à choisir le régime politique sous lequel elle souhaite vivre.

Notes et références

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  1. Site retourdactu.fr, page "La voix du silence", consulté le 12 août 2020
  2. Site service-public.fr, page "élections", consulté le 15 juillet 2020
  3. J.B., « Présidentielle 2022. Listes électorales : combien y a-t-il de mal-inscrits ou de non-inscrits en France ? », sur estrepublicain.fr, (consulté le )
  4. Site aceproject.org, page Le réseau du savoir électoral, consulté le 15 juillet 2020.
  5. Nicole Bacharan, Faut-il avoir peur de l’Amérique ?, Paris, éditions du Seuil, 2005, (ISBN 978-2-02-079950-8), p. 62
  6. LOI n° 2014-172 du 21 février 2014 visant à reconnaître le vote blanc aux élections, (lire en ligne)
  7. « Le droit de vote est-il un devoir ? », sur Vie publique.fr (consulté le ).
  8. Jean-François Laslier, Voter autrement. Le recours à l'évaluation, Editions Rue d'Ulm, .
  9. Livre Sociétés de la connaissance Fractures et évolutions de Michel Durampart CBRS 2019, page 110
  10. (fr) Article 27 de la Constitution de la Ve République française
  11. HAL SHS, Mots: les langages du politique, Lyon : ENS édition, 2007, pages 53-67, consulté le 24 août 2018
  12. article "Quand les mots de l’abstention parlent des maux de la démocratie", année 2007, consulté le 24 août 2018
  13. Site cairn.info.fr, article Une démocratie de l'abstention Retour sur le non-vote et ses conséquences politiques lors des scrutins municipaux et européens de 2014 deCéline Braconnier, Jean-Yves Dormagen sans Hérodote 2014/3 (n° 154), p. 42-58.
  14. [1] Cartes de la participation par pays dans le monde par période quinquennale depuis 1945.
  15. http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?idArticle=LEGIARTI000006353759&cidTexte=LEGITEXT000006070239&dateTexte=20111228
  16. L'abstentionnisme électoral en Belgique : données individuelles et agrégées à Charleroi http://espacepolitique.revues.org/2025
  17. Absentéisme électoral des seniors… Et encore ? http://www.solidaris-liege.be/fps/newsletter/absenteisme-electoral-des-seniors-et-encore.html
  18. « Le vrai changement, civisme », sur Levraichangement.com (consulté le ).
  19. Philippe Orfali, « Vif intérêt pour le Parti nul », sur Le Devoir, (consulté le )
  20. Marie-Andrée Chouinard, « Le Panda se présente pour le Parti nul », sur Le Devoir, (consulté le )
  21. « - Le Directeur général des élections du Québec (DGEQ) », sur electionsquebec.qc.ca (consulté le )
  22. Site du journal le Monde, article "Pourquoi ils n’iront pas voter. Des abstentionnistes témoignent"consulté le 04/07/2018
  23. Site lemonde.fr, article "Voter ou ne pas voter ? Les arguments pour et contre l’abstention en conversation SMS", consulté le 12 juin 2020.
  24. Site le figaro.fr, article de Dinah Cohen "Défiance, désintérêt, manque d'information… Les raisons d'une abstention grandissante", consulté le 28 juin 2021.
  25. Françoise Subileau et Marie-France Toinet « l’abstentionnisme, étude longitudinale (1978-1992) », in Pascal Perrineau, L’engagement politique : déclin ou mutation, actes du colloque, CEVIPOF, 1993.
  26. « Les Anarchistes, le vote et les élections », esprit critique révolutionnaire,‎ (lire en ligne, consulté le )
  27. Pourquoi les Témoins de Jéhovas sont-ils politiquement neutres ?, consultation: 18/02/2017.
  28. Site francetvinfo.fr, article "Élections municipales 2020 : une abstention record…", consulté le 15 juillet 2020.
  29. Site lemonde.fr, article "Municipales 2020 : l’élection à Malville, en Loire-Atlantique, annulée en raison de l’abstention", consultation le 15 juillet 2020.
  30. Site du magazine "homme moderne", article "Patits classique" : Élisée Reclus Lettre à Jean Grave, consulté le 24 août 2018
  31. Site de l'hebdomadaire l'express, page "Sartre face à son époque", publié le 19 avril 1980
  32. Site du journal 20minutes.fr, article "Pour Antoine Buéno, auteur d’un manifeste anti-vote, « l’abstention grandissante a déjà fait bouger les choses »"consulté le 24 août 2018
  33. Site du journal 20 minutes, article "Présidentielle: Les abstentionnistes s’organisent pour le premier tour du scrutin", publié le 03 avril 2017
  34. Site de France 3, page "Urcy : le maire s'inquiète de la mise en place d'un bureau d'abstention", consulté le 27 août 2018
  35. Site les inrocks, article "Qui sont ces abstentionnistes qu'aucun des deux finalistes ne réussira à convaincre ?, publié le 06/05/2017
  36. Gérard Gunberg, La participation politique
  37. « Européennes 2014 : Communiqué du MDLSP » [vidéo], sur YouTube (consulté le ).
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