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Abbé Pierre

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Abbé Pierre
L’abbé Pierre photographié en 1999 par le Studio Harcourt.
Fonction
Député français
Meurthe-et-Moselle
-
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Marie Joseph Henry GrouèsVoir et modifier les données sur Wikidata
Surnoms
Castor méditatif, Le père, l'Abbé PierreVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Prêtre catholique (à partir du ), homme politique, résistant, aumônier catholique militaireVoir et modifier les données sur Wikidata
Période d'activité
Autres informations
Nom en religion
Frère PhilippeVoir et modifier les données sur Wikidata
Ordre religieux
Parti politique
Membre de
Conflit
Distinctions
Archives conservées par
Plaque commémorative

Henri Grouès, dit l’abbé Pierre, né le à Lyon 4e et mort le à Paris 5e, est un prêtre catholique français.

Vicaire du diocèse de Grenoble en 1939, il est mobilisé pendant la Seconde Guerre mondiale, puis résistant. À la Libération, il est élu député (Mouvement républicain populaire) de Meurthe-et-Moselle.

Il est connu pour être le cofondateur du mouvement Emmaüs, une organisation non confessionnelle de lutte contre l'exclusion comprenant la Fondation Abbé-Pierre pour le logement des défavorisés et de nombreuses autres associations, fondations et entreprises de l'économie sociale et solidaire en France.

Un rapport commandé par Emmaüs International révèle que l'abbé Pierre se serait livré à des agressions sexuelles sur des femmes entre la fin des années 1970 et 2005. Des faits plus anciens remontant aux années 1950 et 1960 sont aussi rapportés par la presse.

Biographie

Abbé Pierre

Marie Joseph Henry Grouès[1] naît le au domicile de ses parents, petite-rue des Gloriettes[2] à Lyon (4e)[3]. Issu d'une famille bourgeoise aisée et pieuse de négociants en soie lyonnais, originaire, du côté paternel, du hameau de Fouillouse à Saint-Paul-sur-Ubaye (son père y est négociant, son grand-père marchand toilier et son arrière-grand-père propriétaire-cultivateur-colporteur[4]), et de Tarare dans le Rhône du côté maternel. Il est le cinquième de huit enfants. Il est baptisé à l'église Saint-Eucher de Lyon, dans le 4e arrondissement. Il passe son enfance à Irigny, une commune au sud-ouest de Lyon. Dès l'âge de six ans, il accompagne son père catholique actif et pieux qui, chaque dimanche matin, s'occupe des sans-abris et mendiants aux alentours du quai Rambaud[5]. À douze ans, il accompagne son père à la confrérie séculaire des hospitaliers veilleurs où, le dimanche, les bourgeois se font coiffeurs barbiers pour les pauvres.

Élève des Jésuites à l'internat Saint-Joseph (actuel lycée Saint-Marc), il est scout de France, y recevant le totem de « Castor méditatif ». Il se lie alors d'amitié avec François Garbit[6]. Il connaît, à cette époque ce qu'il appelle des « illuminations » qui orientent sa vie. En 1928 à seize ans, à l'occasion d'un pèlerinage de Rome, il est frappé d'un « coup de foudre avec Dieu » selon ses propres mots, à la suite duquel il souhaite entrer chez les franciscains. Cependant, vu son âge, dix-sept ans, il doit attendre[7]. Selon une autre version avancée par son biographe Bernard Violet, c'est à cet âge qu'il tombe follement amoureux d'un condisciple. Cette passion homosexuelle qu'il cherche à réfréner par des mortifications est en partie la cause de sa décision d'entrer dans la vie religieuse[8].

Entrée dans les ordres

En 1931, il fait sa profession religieuse chez les capucins où il prononce ses vœux. Par vœu de pauvreté, il renonce à sa part du patrimoine familial et donne tout ce qu'il possède à des œuvres caritatives. En religion, il devient frère Philippe. En 1932, il termine la période de noviciat et il est transféré au couvent des Capucins de Crest (Drôme), où il passe sept années de formation intellectuelle et religieuse dans une grande austérité de vie. Il est particulièrement marqué par l'adoration quotidienne nocturne[9].

Le , Henri Grouès est ordonné diacre par Camille Pic, évêque de Valence (Drôme), dans la chapelle du Grand Séminaire qui abrite aujourd'hui le lycée privé catholique Montplaisir.

Il est ordonné prêtre catholique le en la chapelle de son ancien collège, le lycée Saint-Marc de Lyon, en même temps que le jésuite Jean Daniélou, futur cardinal. En accord avec ses supérieurs, à cause de sa santé fragile, il quitte l'ordre des Capucins le . Le cardinal Pierre Gerlier l'invite alors à intégrer le diocèse de Grenoble où il est incardiné le et nommé le suivant vicaire à la basilique Saint-Joseph de Grenoble par l'évêque Alexandre Caillot[10].

Seconde Guerre mondiale

Il est mobilisé comme sous-officier dans un régiment du train des équipages, en , au début de la Seconde Guerre mondiale. Souffrant de pleurésie, il passe la totalité de la drôle de guerre à l'hôpital. En , il est nommé aumônier de l'hôpital de La Mure (Isère) puis de l'orphelinat de La Côte-Saint-André[11].

Selon sa biographie officielle issue des archives du ministère de la Défense nationale[12], « vicaire à la cathédrale Notre-Dame de Grenoble[13]. Il recueille des enfants juifs dont les familles sont arrêtées lors des rafles des Juifs étrangers en zone sud, en  »[14].

En , il fait passer en Suisse le plus jeune frère du général de Gaulle, Jacques de Gaulle, ainsi que son épouse qu’il confie au réseau de l’abbé Marius Jolivet, curé de Collonges-sous-Salève[15]. Il participe à la création de maquis dont il est un des chefs dans le massif du Vercors et le massif de la Chartreuse. C’est à cette époque qu’il rencontre Lucie Coutaz, qui le cache sous un faux nom, et devient sa secrétaire particulière (elle l'est jusqu’à sa mort en 1982). Elle est considérée comme la cofondatrice du mouvement Emmaüs.

Il aide les réfractaires au service du travail obligatoire. Dans la clandestinité, il adopte le nom d'abbé Pierre qui lui reste jusqu'à la fin de sa vie. En 1944, il est arrêté par l'armée allemande à Cambo-les-Bains, dans les Pyrénées-Atlantiques, puis relâché. Il passe en Espagne et rejoint via Gibraltar le général de Gaulle à Alger en Algérie française[16]. Il devient aumônier de la Marine sur le cuirassé Jean Bart à Casablanca (Maroc). Toute sa vie il porte la croix d'aumônier de la marine sur la poitrine.

À la Libération de la France, ses actions dans la Résistance lui valent la croix de guerre 1939-1945 avec palme. À son expérience passée et aux drames dont il a été témoin, il doit, comme bien d’autres résistants de tout bord qui l'ont côtoyé, son engagement politique pour restaurer une société digne fondée sur les droits humains fondamentaux, mais aussi sa profonde détermination à agir pour des causes qu'il croit justes, y compris parfois dans l'illégalité, et à mobiliser autour de lui pour faire changer les lois établies et les regards indifférents.

Parcours politique

Henri Grouès
Illustration.
Henri Grouès en 1955
Fonctions
Député français

(5 ans, 7 mois et 27 jours)
Élection 21 octobre 1945
Réélection 2 juin 1946
10 novembre 1946
Circonscription Meurthe-et-Moselle
Législature Ire Constituante
IIe Constituante
Ire et IIe (Quatrième République)
Groupe politique MRP (1945-1950)
Gauche indépendante (1950-1951)
Biographie
Parti politique MRP (1946-1950)
JR (1950-1951)

Après la guerre, sur les conseils de l’entourage du général de Gaulle et l’approbation de l'archevêque de Paris, il se présente aux élections législatives et il est élu par trois fois député en Meurthe-et-Moselle comme indépendant apparenté au Mouvement républicain populaire (MRP) : le 21 octobre 1945 puis le 2 juin 1946, dans les deux assemblées nationales constituantes successives ; puis à l'Assemblée nationale, de 1946 à 1951, où il siège d’abord au sein du groupe MRP[17]. Sa profession de foi affiche un programme dit de troisième force (« ni capitaliste, ni collectiviste »)[18]. Il siège sous le nom de Grouès (M. l'abbé Pierre) puis, à partir du , est enregistré au nom de Pierre-Grouès (M. l'abbé)[19].

Le , il fonde le groupe parlementaire fédéraliste français avec 80 autres députés[20]. Il participe ensuite au Congrès de Montreux des - à la fondation du mouvement fédéraliste mondial[21]. Il en devient le vice-président. Avec Albert Camus et André Gide, il fonde en 1948 le comité de soutien à Garry Davis, fondateur d'un autre mouvement mondialiste, celui des Citoyens du Monde, qui s'oppose à la remontée rapide des égoïsmes nationaux et déchire son passeport devant l’ambassade américaine. En 1966, il lance avec des personnalités internationales un appel à s'inscrire dans le registre international des citoyens du monde[22].

Il se désolidarise du parti politique après l'incident sanglant de Brest, en , qui provoque la mort d'un ouvrier, Édouard Mazé. Dans sa lettre de démission du , Pourquoi je quitte le MRP, il dénonce les positions politiques et sociales du mouvement. Il rejoint ensuite la Ligue de la Jeune République, mouvement chrétien socialiste, ainsi que le groupe de la Gauche indépendante[17].

Il se présente aux élections législatives de 1951, à la tête d’une liste de Défense des intérêts démocratiques et populaires composée de gens humbles et dépourvus de toute notoriété, sans le soutien du MRP ni celui de la hiérarchie catholique. Il n'est pas réélu[17].

L'abbé Pierre retourne à sa vocation première de prêtre-aumônier et s'investit, avec sa petite rente d’ex-député, dans ses actions caritatives. Il dit plus tard qu'il est plus intéressant d'être « ex-député » que député[23]. Il participe néanmoins à certaines campagnes, en parrainant par exemple, lors de la guerre d'Algérie, le Comité pour la défense du droit à l'objection de conscience créé par Louis Lecoin, aux côtés d'André Breton, Albert Camus, Jean Cocteau et Jean Giono. Ce comité obtient un statut, restreint, en pour les objecteurs.

Fondation d'Emmaüs

Il fonde en 1949 le mouvement Emmaüs (en référence à Emmaüs, village de Judée apparaissant dans un épisode du dernier chapitre de l'Évangile selon Luc). Ce mouvement est une organisation laïque de lutte contre l'exclusion. Il commence ainsi dès l'été 1949 par fonder la communauté Emmaüs de Neuilly-Plaisance, au 38 avenue Paul-Doumer, au départ une auberge de jeunesse[24].

La rencontre avec un certain George, homme désespéré qui a perdu toute raison de vivre, et à qui l'abbé Pierre demande « Viens m'aider à aider », marque le véritable acte fondateur du mouvement Emmaüs[25].

Les communautés Emmaüs se financent par la vente de matériel et d'objets de récupération et construisent des logements[26] : « Emmaüs, c'est un peu la brouette, les pelles et les pioches avant les bannières. Une espèce de carburant social à base de récupération d'hommes broyés[27]. »

Non réélu en 1951 en raison du système des apparentements, il perd ses 12 000 FF d'indemnités de député et est réduit à mendier ou vendre des publications à la dérobée pour subvenir aux besoins d'Emmaüs. Dans le même temps, les compagnons d'Emmaüs systématisent la chine qui est complétée à partir de par la « biffe sur le tas »[28].

Le , il participe au jeu Quitte ou double animé par Zappy Max sur Radio Luxembourg pour alimenter financièrement son combat, où il gagne 256 000 francs de l'époque[29] (ce qui correspond à près de 6 148  en 2022[30]).

En 1954, il reçoit sa fameuse cape de la part du lieutenant-colonel Sarniguet, pompier de Paris, qu'il porte jusqu'à la fin de sa vie. Il considère ce don comme un simple prêt et la restitue à sa mort à la brigade de sapeurs-pompiers de Paris, par disposition testamentaire[31],[32].

Hiver 1954 : l'insurrection de la bonté

L'abbé Pierre en 1955.

La notoriété de l’abbé Pierre croît à partir de l'hiver de 1954, particulièrement froid et meurtrier pour les sans-abri. Il lance le un appel mémorable sur les antennes de Radio-Luxembourg (future RTL)[33], qui devient célèbre sous le nom d'« Appel de l'abbé Pierre ».

Le lendemain, la presse titre sur « l’insurrection de la bonté ». L’appel rapporte 500 millions de francs[34] en dons (dont deux millions par Charlie Chaplin qui dit à cette occasion : « Je ne les donne pas, je les rends. Ils appartiennent au vagabond que j'ai été et que j'ai incarné. »)[35], une somme énorme pour l’époque et complètement inattendue, des appels et courriers qui submergent complètement le standard téléphonique de la radio, et des dons en nature d’un volume si immense qu’il faut des semaines pour simplement les trier, les répartir et trouver des dépôts pour les stocker convenablement un peu partout en France.

Avec l'argent rassemblé à la suite de son appel à la radio, il fait construire des cités d'urgence (dont celle de Noisy-le-Grand, qui ressemble à un bidonville car elle s'inspire du projet de l'architecte américain Martin Wagner, les bâtiments sont en forme de demi-bidon métallique[36]). Ces cités appelées à être provisoires se transformèrent progressivement, dans le meilleur des cas, en cités HLM.

Le combat de l’abbé Pierre permet aussi l'écriture et l'adoption d’une loi qui interdit l’expulsion de locataires pendant la période hivernale.

Développement d'Emmaüs

L’appel de 1954 attire des bénévoles de toute la France pour aider d’abord à la redistribution, mais aussi fonder les premiers groupes se réclamant de cet appel. Rapidement, il doit organiser cet élan inespéré de générosité, et le il fonde, avec ces dons, l'association Emmaüs, ayant pour objectif de regrouper l'ensemble des communautés Emmaüs. Avec le temps, l'association se concentre sur la gestion des centres d'hébergement et d'accueil Emmaüs de Paris et sa région.

À l'époque, ces communautés construisent des logements pour les sans-abri, et les accueillent en leur procurant non seulement toit et couvert en situation d’urgence mais aussi un travail digne. Nombre de compagnons d’Emmaüs seront ainsi d’anciens sans-abri, de tous âges, genres et origines sociales, sauvés de la déchéance sociale ou parfois d’une mort certaine et rétablis dans leurs droits fondamentaux, par les communautés issues de cet élan de générosité à qui ils retournent leurs remerciements par leur propre engagement caritatif.

Le mouvement Emmaüs se développe ensuite rapidement dans le monde entier, au gré des voyages de l'abbé Pierre, principalement en France et en Amérique latine.

En 1963, il est victime d'un naufrage dans le Río de la Plata (Argentine). Annoncé mort pendant quelques jours, l'abbé Pierre prend alors conscience que sa mort signifierait la disparition du seul lien entre les groupes Emmaüs du monde, ce qui aurait pu mener à la disparition du mouvement. C'est donc à la suite de cet événement que l'abbé Pierre décide de préparer la fondation d'Emmaüs International, qui verra le jour en 1971.

Ainsi, d'abord très désorganisé et très spontané, le mouvement Emmaüs se structure progressivement jusqu'à acquérir sa forme actuelle. En 1985 est créée l'association Emmaüs France, qui regroupe alors tous les groupes Emmaüs français, alors que l'association Emmaüs se focalise sur Paris et ne joue plus son rôle initial de fédération.

Plus tard, en 1988, l'abbé Pierre crée avec son ami Raymond Étienne la Fondation Abbé-Pierre, chargée de poursuivre son combat. Reconnue d'utilité publique en 1992, la Fondation Abbé-Pierre a pour objet la lutte contre le mal-logement.

Rôle au sein d'Emmaüs

L'abbé Pierre est, avec sa secrétaire Lucie Coutaz, à l'origine d'Emmaüs. Cependant, il n'en a jamais été un dirigeant opérationnel. Peu porté par tempérament sur les questions d'organisation, il préfère initier et mener à bien de nouveaux projets, plutôt que gérer les structures existantes[37].

Il marque ainsi à plusieurs reprises son opposition à la création de l'Union centrale de communautés Emmaüs, qui en 1958 se donne pour but de professionnaliser la gestion des communautés Emmaüs, ne souhaitant pas qu'on donne une « trop rigide définition de tout »[37].

Conscient malgré tout de la nécessité d'une telle structuration, l'abbé Pierre encourage la fondation d'Emmaüs International en 1971 (voir la section Développement d'Emmaüs).

Mort

L’abbé Pierre meurt le , à l'age de de 94 ans, à l’hôpital du Val-de-Grâce à Paris, des suites d’une infection pulmonaire consécutive à une bronchite[38],[39].

Hommages

L’ensemble de la classe politique française ne tarit pas d’éloges et reconnaît le travail réalisé par l’abbé Pierre, notamment le président de la République Jacques Chirac, le Premier ministre Dominique de Villepin, la candidate socialiste Ségolène Royal et le candidat de l'UMP Nicolas Sarkozy. De très nombreuses associations et fondations françaises ou internationales qui ont milité avec l’abbé Pierre dans des causes communes en faveur des plus démunis lui rendent le jour même un vibrant hommage par des communiqués officiels.

L’ancien président de la République Valéry Giscard d'Estaing demande que soient célébrées des obsèques nationales en son honneur. Une journée de deuil national est même envisagée. Conformément aux souhaits de la Fondation Abbé-Pierre et de la famille, c’est la première option qui est retenue[réf. nécessaire].

Une chapelle ardente est ouverte à tous, les et , toute la journée, à l'église du Val-de-Grâce à Paris, où son cercueil simplement surmonté de sa canne et de son béret est exposé aux remerciements du public. Un hommage populaire à l’abbé Pierre est organisé par le mouvement Emmaüs le au palais omnisports de Paris-Bercy, de 19 heures à 23 heures[40]. Des livres d’or collectent les hommages populaires à Paris, Metz et dans plusieurs communautés Emmaüs du sud de la France. Face aux demandes, d’autres communautés Emmaüs en France ou dans le monde recueillent aussi les hommages du public.

À Lyon, sa ville de naissance, une messe commémorative est dite[Quand ?] par l'archevêque de Lyon et primat des Gaules, le cardinal Philippe Barbarin en la primatiale Saint-Jean. Lors de cette messe, l'évangile est proclamé par un diacre neveu de l'abbé Pierre[réf. nécessaire].

Obsèques

À la suite de la demande de la famille, les drapeaux français ne sont pas mis en berne lors de l’hommage national. Les obsèques se déroulent le à 11 heures dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, en présence de la famille, de nombreux membres du mouvement Emmaüs. Des personnalités politiques de tous bords sont présentes, comme Jacques Chirac, Valéry Giscard d'Estaing, Dominique de Villepin, Nicolas Sarkozy, Bertrand Delanoë, Jack Lang, et François Bayrou, ainsi que plusieurs ministres[41].

Durant la cérémonie sont aussi présents le président du Conseil français du culte musulman Dalil Boubakeur, un dignitaire orthodoxe et un moine bouddhiste[41] qui lui remettent symboliquement des cadeaux placés sur son cercueil, posé à même le sol. Le cortège funéraire est applaudi par le public dans la cathédrale et à l'extérieur[42].

Son cercueil est transféré vers le village d’Esteville dans la Seine-Maritime, à « La Halte d’Emmaüs » (maison de repos, foyer de vacances pour personnes âgées, principalement du mouvement Emmaüs) où l’abbé Pierre a résidé pendant plusieurs années, et où se trouve désormais un lieu de mémoire, le centre abbé Pierre Emmaüs, propriété de la Fondation Abbé-Pierre[43]. Son enterrement se déroule dans la plus stricte intimité[44].

Plusieurs personnalités politiques se prononcent en faveur d'un transfert de sa tombe au Panthéon, contre le souhait de l’abbé[45][source insuffisante].

Rencontres et actions internationales

Rencontres avec les représentants de l'Église catholique

L’abbé Pierre a rencontré au cours de sa vie les papes Pie XI, Pie XII, Jean XXIII et à plusieurs reprises Jean-Paul II ; trop fatigué pour voyager, il n’a pas pu rencontrer directement le nouveau pape de l'époque Benoît XVI, mais il a noué des contacts épistolaires.

Autres rencontres et actions internationales

Il a rencontré des personnalités éminentes du monde scientifique, politique et religieux :

Une icône médiatique

Le mythe de l'abbé Pierre selon Roland Barthes

Après l’appel de 1954 et la sortie du film Les Chiffonniers d'Emmaüs consacré à l’abbé Pierre, Roland Barthes analyse, dès 1957, son visage « qui présente clairement tous les signes de l’apostolat : le regard bon, la coupe franciscaine, la barbe missionnaire, tout cela complété par la canadienne du prêtre-ouvrier et la canne du pèlerin. Ainsi sont réunis les chiffres de la légende et ceux de la modernité. »[51] Sa coupe, « équilibre neutre entre le cheveu court […] et le cheveu négligé », approche selon le sémiologue l’intemporalité de la sainteté, et l’identifie à Saint François d'Assise. La barbe, celle du capucin et du missionnaire, symbolise quant à elle la pauvreté et la vocation apostolique comme pour le père Charles de Foucauld. Son visage évoque donc à la fois la spiritualité de l’Homme, le combat de son sacerdoce, et sa liberté vis-à-vis de sa hiérarchie. Pour Pierre Bourdieu, l’abbé est même un prophète qui « surgit en temps de disette, de crise », « prend la parole avec véhémence et indignation »[52].

Cependant Roland Barthes se demande aussi si « la belle et touchante iconographie de l’abbé Pierre n’est pas l’alibi dont une bonne partie de la nation s’autorise, une fois de plus, pour substituer impunément les signes de la charité à la réalité de la justice. » Cette grande popularité en France ne s’est jamais démentie, les enquêtes d’opinion de la presse le plaçant pendant une dizaine d’années (un record inégalé, après avoir succédé au commandant Jacques-Yves Cousteau, à peine éclipsé durant un an par une seconde place temporaire imputée à l’affaire Garaudy) en tête des personnalités préférées des Français, comme celles du Journal du dimanche publiées plusieurs fois par an, jusqu’à ce qu’il demande à en être retiré au début de 2004. « C’est à la fois une arme et une croix », dit-il, pour laisser la place des honneurs aux plus jeunes[53].

L'abbé Pierre s’est sorti indemne de plusieurs situations dangereuses :

Présence dans les médias

L’abbé Pierre s’est toujours appuyé sur son image diffusée par les médias, depuis son appel sur Radio Luxembourg en 1954 jusqu’à sa présence à l’Assemblée nationale en , en faveur de la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains sur le logement social. Selon Bernard Kouchner, fondateur de Médecins sans frontières, il est ainsi l’inventeur de « la loi du tapage médiatique »[57].

Pendant les dernières années de sa vie, malgré la maladie et l’âge, il descend dans la rue pour soutenir l’association Droit au logement (DAL), notamment en 1991 et en 1994[58].

Controverses et prises de position

Affaire Roger Garaudy

En , son ami de longue date Roger Garaudy (penseur marxiste et ancien responsable politique communiste converti au catholicisme et ensuite à l'islam) est mis en accusation puis en procès pour négationnisme à la suite de la publication de son livre Les mythes fondateurs de la politique israélienne. Un des points de départ de l'auteur est le marxisme anti-israélien. Au cours de ce procès, l'abbé Pierre lui apporte son soutien, ce qui lui vaudra d’être exclu du comité d’honneur de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA). Dans une lettre de soutien à l'auteur rendue publique le , l'abbé Pierre écrit tout le respect que lui inspire « l'énorme travail » réalisé par Roger Garaudy pour l'écriture du livre, et son « éclatante érudition, rigoureuse ». Il ajoute qu'accuser Roger Garaudy de « révisionnisme » — remise en cause de la réalité de la Shoah — est une « imposture », une « véritable calomnie »[59],[60].

Il expliquera néanmoins par la suite avoir agi « à titre amical[61] » et se démarquera des tentatives pour « nier, banaliser ou falsifier la Shoah » dont il avait été lui-même témoin. Mais, selon les termes du quotidien L'Humanité, « ce revirement tardif ne dissipe cependant pas le malaise. »[62]. L’historien Pierre Vidal-Naquet déclare pour sa part : « Je crains que la prise de position de l’abbé Pierre ouvre les vannes d’une poussée antisémite. »[63]

Certains critiquent les propos de l’abbé Pierre sur l’idée de la terre promise dans l’Ancien Testament. En effet, il dénonce la prise très violente de cette terre par les Israélites, telle qu’elle est décrite dans la Bible : « Que reste-t-il d’une promesse lorsque ce qui a été promis, on vient de le prendre en tuant par de véritables génocides des peuples qui y habitaient, paisiblement, avant qu’ils y entrent », dira-t-il à Bernard Kouchner[64]. Il n’hésitera pas à en déduire une véritable vocation à l’exil de ce peuple : « Je crois que — c’est ça que j’ai au fond de mon cœur — que votre mission a été — ce qui, en fait, s’est accompli partiellement — la diaspora, la dispersion à travers le monde entier pour aller porter la connaissance que vous étiez jusqu’alors les seuls à porter, en dépit de toutes les idolâtries qui vous entouraient »[64].

Certains voient dans ces déclarations une reprise tout juste voilée de l'ancienne thématique chrétienne de l'auto-malédiction d'un peuple juif « avatar de Caïn[65] » (thématique désavouée par l'Église à l'occasion de la déclaration Nostra Ætate issue de Vatican II[66]) et, finalement, « une lecture de la Bible très conforme à l'antijudaïsme de certains catholiques avant Vatican II[67],[66] ».

L'abbé Pierre considère que le débat sur la Shoah reste ouvert : « ils [la LICRA] n’acceptent absolument pas le dialogue, contrairement à Garaudy. Ils considèrent que le débat (sur le génocide des juifs) est clos. Qu’oser le rouvrir n’est pas possible. Par exemple sur la question des chambres à gaz, il est vraisemblable que la totalité de celles projetées par les nazis n’ont pas été construites »[68], propos auquel l’abbé Pierre ajoute toutefois : « Mais mes amis de la LICRA me disent qu’avancer de telles affirmations, c’est contester la Shoah. Ce n’est pas sérieux »[68] (Roger Garaudy sera finalement condamné pour contestation de crimes contre l’humanité et incitation à la haine raciale).

Selon Jean-Claude Duclos, son amitié avec Roger Garaudy ne doit toutefois pas masquer les faits qui plaident pour l'abbé Pierre, notamment son combat pendant la Seconde Guerre mondiale pour sauver des Juifs[69]. Lui-même a toujours souligné[70] que ses actions contre les persécutions anti-juives avaient précédé et motivé son entrée dans la Résistance et que ses positions politiques sont sans ambiguïtés quand il dénonce le fait que ces rafles anti-juives ont été conduites par la police française en un temps (été 1942) et un lieu (Grenoble, en zone non occupée) qui ne permettent pas d'invoquer le prétexte de la contrainte allemande. [réf. nécessaire]

La polémique, qui meurtrit durablement l’abbé Pierre, lui vaut le désaveu de certains de ses amis. Bernard Kouchner lui reproche « d'absoudre l’intolérable[68] ». L'abbé est publiquement fustigé par le cardinal Jean-Marie Lustiger[67]. L'abbé Pierre est alors sommé par sa hiérarchie de prendre une retraite médiatique temporaire[71] et part quelque temps en séminaire en Italie. Il y déclare au Corriere della Sera que la presse française est « inspirée par un lobby sioniste international[72] ». L'affaire ne reçoit cependant que peu d’écho auprès de l'opinion française[73], qui lui renouvelle sa confiance pendant de nombreuses années[74], le classant en tête des personnalités françaises les plus aimées (jusqu’à ce que l’abbé retire lui-même son nom du classement).

L'abbé Pierre et les Brigades rouges

L'abbé Pierre a spontanément témoigné dans les années 1980 en faveur d'un groupe d'Italiens résidant à Paris et animant l'école de langues Hypérion. Le directeur de cette école, Vanni Mulinaris, avait été arrêté et emprisonné le , lors d'une visite en Italie. Il était accusé d'être membre des Brigades rouges (BR). Il sera par la suite relaxé, totalement blanchi de cette accusation[75] et même dédommagé par l'État italien pour trois ans de détention injustifiée[76].

L'abbé Pierre se rend plusieurs fois en Italie pour protester contre les conditions de détention sans motivations et sans procès de Vanni Mulinaris, il rencontre le président Sandro Pertini, les juges, les avocats, plusieurs autorités morales, qui constitueront un comité italien demandant justice pour Vanni Mulinaris (le cardinal Martini, le sénateur et philosophe Norberto Bobbio, Giuseppe Branca ancien président de la Cour constitutionnelle, bientôt rejoints par 75 autres personnalités dont le journaliste Giorgio Bocca et le cinéaste Luigi Comencini).

L'abbé Pierre effectue également, pour réclamer justice, une grève de la faim durant 8 jours du au , dans la cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Turin.

Il témoigne alors de son expérience personnelle des dérives de la justice italienne de l'époque. François Mitterrand décidera à partir de d'accorder l'asile aux réfugiés politiques italiens, pour ceux qui auraient clairement rompu avec la violence[77],[78],[79].

Prises de position sur l'ordination des hommes mariés et le rôle des femmes

En 2005, dans son livre Mon Dieu… pourquoi ?, rédigé avec Frédéric Lenoir, il reconnaît à mi-mot avoir eu des relations sexuelles dans sa vie de prêtre, ce qu'Henri Tincq présente comme une « rupture du vœu de chasteté » : « Il m'est arrivé de céder à la force du désir de manière passagère, mais je n'ai jamais eu de liaison régulière, car je n'ai pas laissé le désir sexuel prendre racine. Cela m'aurait conduit à vivre une relation durable avec une femme [...]. J'ai donc connu l'expérience du désir sexuel et de sa très rare satisfaction. »[80]. À ce sujet, il invite les dirigeants d'Église à réfléchir sur une éventuelle réforme de la discipline de l’Église en faveur de l’ordination des hommes mariés. Il estime ne pas comprendre l’opposition des papes Jean-Paul II et Benoît XVI à cette possibilité, l’ordination des hommes mariés étant permise par l’Église dans certains rites catholiques orientaux. Il voit dans cette permission un moyen de lutter contre la pénurie des vocations. Il invite également à la réflexion sur la question de l’ordination des femmes[81].

Accusations d'abus sexuels

Le Emmaüs International publie un rapport de huit pages[82] commandé au cabinet Egaé, qui présente les témoignages de sept femmes rapportant des « comportements pouvant s'apparenter à des agressions sexuelles ou des faits de harcèlement sexuel » de la part de l'abbé Pierre entre la fin des années 1970 et 2005, l'une d'entre elles étant mineure au moment des premiers faits[83],[84],[85]. Les témoignages recueillis rapportent notamment des attouchements répétés sur la poitrine généralement commis lorsque l’abbé Pierre est seul avec ses victimes sur lesquelles il semble exercer une emprise psychologique[86].

Une enquête du magazine La Vie, sortie le jour de la parution du rapport, fait état de faits connus plus anciens remontant aux années 1950 et 1960[84]. Le , quatre chercheurs qui ont collaboré de 2019 à 2021 à la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église (Ciase) révèlent que parmi les 1 200 témoignages adressés à la Ciase qu'ils ont eus à traiter, trois mettaient en cause l'abbé Pierre. Ils estiment que « la compulsion sexuelle de l’abbé Pierre qui débouche dans l’agression récidivante paraît indubitable. Données archivistiques et témoignages sont nombreux et cohérents. » Ils mettent en cause le silence volontaire de la hiérarchie catholique et des responsables d'Emmaüs[87].

Dans un communiqué, Emmaüs International, Emmaüs France et la Fondation Abbé-Pierre « saluent le courage des personnes qui ont témoigné et permis, par leur parole, de mettre au jour ces réalités. »[88] Le délégué général de la Fondation, Christophe Robert, se dit sous le choc de la découverte de tels actes et « en colère » : « J’en veux à l’abbé Pierre d’avoir fait ainsi souffrir ces femmes et je salue le courage qu’elles ont eu de témoigner. »[84]

Distinctions et hommages

Décorations

Françaises

Étrangères

Récompenses diverses

  • Médaille d'or Albert Schweitzer de la Fondation Goethe (à Bâle, Suisse) en 1975, remise par René Lenoir, secrétaire d’État français[92].
  • 1991, prix Balzan pour l’Humanité, la paix et la fraternité des peuples, « pour son combat pour les droits de l’homme, la démocratie, la paix, pour la lutte contre les souffrances spirituelles et physiques, et pour la solidarité universelle au travers des communautés Emmaüs »[93].

Honneurs posthumes

Œuvres

Les droits d’auteur et autres droits dérivés provenant de la vente ou de la diffusion de ses livres, disques audio et vidéo sont reversés par l’abbé Pierre tout au long de sa vie au mouvement Emmaüs puis à la Fondation Abbé-Pierre à partir de la création de celle-ci en 1988. Depuis sa mort, Emmaüs International est légataire universel de ces droits[95].

Ouvrages

  • 1954 : Donnons-leur un toit aujourd’hui, lettre de l'abbé Pierre au ministre de la Reconstruction.
    • Réédition en fac-similé du livret de 1954, avec P. Dufau, R. Gid, R. Morel, G.-H. Pingusson et F. Spoerry, éditions du Linteau, 2011.
  • 1988 : Cent poèmes contre la misère, éd. Le Cherche-midi, Paris (ISBN 978-2-86274-141-3).
  • 1994 : Testament… (ISBN 978-2-7242-8103-3).
  • 1994 : Une terre et des hommes, éd. du Cerf, Paris.
  • 1996 : Dieu merci, éd. Fayard/Centurion, Paris.
  • 1996 : Le Bal des exclus, éd. Fayard, Paris.
  • 1997 : Mémoires d’un croyant, éd. Fayard, Paris.
  • 1999 : Fraternité, éd. Fayard, Paris.
  • 1999 : Paroles, éd. Actes Sud, Paris.
  • 1999 : C’est quoi la mort ?, livre didactique destiné aux enfants, éd. Albin Michel, Paris. Nombreuses traductions et rééditions dans divers pays.
  • 2002 : Confessions, éd. Albin Michel, Paris (ISBN 978-2-226-13051-8).
  • 2002 : Je voulais être marin, missionnaire ou brigand, rédigé avec Denis Lefèvre, éd. Le Cherche-midi, Paris (ISBN 978-2-7491-0015-9).
  • 2004 : L’Abbé Pierre parle aux jeunes, avec Pierre-Roland Saint-Dizier, éd. Du Signe, Paris (ISBN 978-2-7468-1257-4).
  • 2005 : Le Sourire d’un ange, éd. Elytis, Paris.
  • 2005 : Mon Dieu… pourquoi ? Petites méditations sur la foi chrétienne et le sens de la vie, avec Frédéric Lenoir, éd. Plon (ISBN 978-2-259-20140-7). Recueil où sont également abordés des sujets d’actualités comme le célibat des prêtres, l’ordination des femmes, le fanatisme religieux, le désir et le sexe, le mariage homosexuel.
  • 2006 : Servir : Paroles de vie, avec Albine Navarino, éd. Presses du Châtelet, Paris (ISBN 978-2-84592-186-3).
  • 2007 : Clandestin, 1942-1944, éd. Vollodalen, coll. « Citadelle », Paris (ISBN 978-2-9522069-3-8). Reprend le texte d'une conférence prononcée par l'abbé Pierre le .
  • 2007 : N'oublions pas les jeunes, éd. DDB (ISBN 978-2-220-05454-4). Le dernier cri de l'abbé Pierre en faveur des jeunes, de l'éducation, du logement, en collaboration avec Christophe Robert, directeur des études à la Fondation Abbé-Pierre, et Patrick Doutreligne, délégué général de la Fondation Abbé-Pierre.
  • 2011 : Les Combats de l'Abbé Pierre, Denis Lefèvre, éd. Biography & Autobiography.
  • 2012 : Abbé Pierre, Inédits. Textes de combat, écrits intimes, correspondances, éd. Bayard.
  • 2020 : Rien sauf l'essentiel : Coluche et l'Abbé Pierre, La rencontre qui décida du destin des Restos du Cœur, L'Harmattan.

Livres d'entretiens

Discographie

  • 1989 : Les Enfants sans Noël, avec une chorale d'enfants et une pléiade d'artistes, au profit d'Emmaüs.
  • 2001 : Radioscopie : Abbé Pierre - Entretien avec Jacques Chancel, CD audio.
  • 1988-2003 : Éclats de voix, suite de CD audio, poèmes et réflexions, en quatre volumes :
    • Vol. 1 : Le Temps des Catacombes, rééd. label Celia.
    • Vol. 2 : Hors de Soi, rééd. label Celia.
    • Vol. 3 : Corsaire de Dieu, rééd. label Celia.
    • Vol. 4 : L'éternel combat, label Scalen.
  • 2003 : CD Merci l'abbé de Gérard Verchère.
  • 2004 : Paroles de Paix de l’Abbé Pierre, suivi de l'appel de l'hiver 54 ré-enregistré par l'abbé Pierre pour le 50e anniversaire, CD audio, label Frémeaux & Associés, Créations pour la Paix, direction artistique : Christiane Gugger.
  • 2005 : CD Testament…, pour fêter le 56e anniversaire de la fondation d'Emmaüs (réflexions personnelles, textes et paroles inspirées de la Bible) (ISBN 978-2-227-47532-8).
  • 2005 : Avant de partir…, testament audio de l’abbé Pierre, CD audio et vidéos pour PC, prières et musiques de méditation.
  • 2006 : L’Insurgé de l’amour, label Revues Bayard, Paris.

Archives

Le fonds d'archives de l'abbé Pierre, renfermant toute sa documentation ainsi que celle d'Emmaüs International, est conservé aux Archives nationales du monde du travail[96].

Notes et références

  1. Insee, « Extrait de l'acte de décès de de Marie Joseph Henry Grouès », sur MatchID.
  2. Renommée rue Louis Thévenet en 1937.
  3. Archives municipales de Lyon, « Registre des naissances 01/01/1912 - 31/12/1912 : Cote 2E2981 », sur fondsenligne.archives-lyon.fr (consulté le ), p. 84
  4. Jean-Louis Beaucarnot, Quand nos ancêtres partaient pour l'aventure, JC Lattès, , p. 107.
  5. André Bonnet, Michel Bolasell, Les insurgés de la pauvreté, Philippe Rey, , p. 83.
  6. « François Garby », sur Musée de l'Ordre de la Libération (consulté le )
  7. Denis Lefèvre, Les combats de l'Abbé Pierre, Le Cherche Midi, , p. 15.
  8. Aymeric Renou, « "L’abbé Pierre a mené une double vie de tartuffe" : les confessions du biographe de l’homme d’Église », Le Parisien,‎ (lire en ligne)
  9. Denis Lefèvre, Les combats de l'Abbé Pierre, Le Cherche Midi, , p. 27.
  10. Gilles-Marie Moreau, La cathédrale Notre-Dame de Grenoble, L'Harmattan, , p. 227.
  11. Julien Arbois, Histoires insolites de la Résistance française, City, , 230 p. (ISBN 978-2-8246-0625-5 et 2-8246-0625-8, OCLC 920031841).
  12. voir.
  13. Sur cette période de la vie de l'abbé Pierre, voir Gilles-Marie Moreau, La cathédrale Notre-Dame de Grenoble, L'Harmattan, 360 p., 2012 (ISBN 978-2-336-00250-7).
  14. L’abbé Pierre a livré son récit, très tôt, dans une conférence donnée le , dans le cadre des « conférences de l’information », au palais de Chaillot.
  15. Christian Sorrel, La Savoie, éd. Beauchesne, , 441 p..
  16. « La vie de l’abbé Pierre », sur Fondation Abbé-Pierre.
  17. a b et c « Région Lorraine / Il y a 70 ans, l'abbé Pierre était élu député de Meurthe-et-Moselle », L'Est républicain,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  18. Profession de foi de l'abbé Pierre de juin 1946.
  19. « Assemblée Nationale - archives député Henri Pierre Grouès (Abbé Pierre) », sur Assemblée nationale, (consulté le ).
  20. « Frère des pauvres, provocateur de paix », sur emmaus-international.org (consulté le ).
  21. « L'Abbé Pierre, fédéraliste européen et mondial », sur uef.fr (consulté le ).
  22. « Plusieurs personnalités internationales lancent un appel en faveur de la citoyenneté mondiale », Le Monde,‎ .
  23. Abbé Pierre et Bernard Kouchner, Dieu et les hommes (dialogues), Paris, Robert Laffont, 1993.
  24. Brodiez-Dolino 2008, p. 39.
  25. Brodiez-Dolino 2008, p. 40.
  26. C'est la même démarche qu'a utilisée l'abbé Édouard Froidure, onze années auparavant en Belgique.
  27. Albine Novarino, L'abbé Pierre, Paris, Éditions du Huitième Jour, (ISBN 978-2-914119-88-7).
  28. Brodiez-Dolino 2008, p. 67.
  29. Il s'agit bien sûr d'anciens francs.
  30. « Convertisseur franc-euro », sur insee.fr (consulté le )
  31. « La Cape de l'Abbé Pierre… », sur aaspp91.net, .
  32. Thomas Martin, « Le saviez-vous ? La cape de l'abbé Pierre appartenait à un pompier de Paris », Actu.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  33. Appel de l’abbé Pierre du 1er février 1954 - Site officiel d'Emmaüs France [PDF].
  34. Soit 12 162 261  de 2022
  35. « L'abbé Pierre, fondateur d'Emmaüs, est mort », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  36. EMMAÜS Société Anonyme - Blog : Laboratoire urbanisme insurrectionnel.
  37. a et b Axelle Brodiez-Dolino, Emmaüs et l'abbé Pierre, Paris, Presses de Sciences-Po, (ISBN 978-2-7246-1094-9).
  38. AFP, « L'abbé Pierre est mort », Le Monde,‎ (e-ISSN 2262-4694, lire en ligne [archive du ] Accès libre, consulté le )
  39. « La mort de l'abbé Pierre : "hommage national" vendredi, DECES », Nouvel Obs,‎ (lire en ligne [archive], consulté le )
  40. Cyrille Louis, « Tous unis pour chanter l'abbé Pierre à Bercy », Le Figaro,‎ (lire en ligne, consulté le )
  41. a et b « Funérailles de l'abbé Pierre à Notre-Dame », L'Express,‎ (lire en ligne, consulté le )
  42. « Hommage national à l'abbé Pierre », L’Obs,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  43. Centre abbé Pierre Emmaüs – Esteville.
  44. AFP, « L'abbé Pierre inhumé dans l'intimité », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  45. « Camus au Panthéon », sur Le Blog de Jean-Jacques Aillagon (consulté le )
  46. https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/les-grands-discours/coluche-et-l-abbe-pierre-deux-appels-a-la-solidarite-8522743
  47. Dalaï-lama, Site web de Saillon.
  48. « His holiness the dalai lama to visit switzerland Bestows Two Public Talks to the People of Geneva », Bureau du Tibet.
  49. « L’Abbé Pierre est mort ».
  50. « L'Appel à la Fraternité - Ateliers Du Vivre Ensemble », sur Ateliers Du Vivre Ensemble, (consulté le ).
  51. « Iconographie de l'abbé Pierre » dans Mythologies, Roland Barthes, Éditions du Seuil, Paris, 1957.
  52. Luc Le Vaillant, « L’abbé ne fait pas le moine », Libération,‎ (lire en ligne).
  53. Vivien Vergnaud, « Qui était l'Abbé Pierre? », Le Journal du dimanche,‎ (lire en ligne, consulté le )
  54. Boris Thiolay, « Le combat sans fin de l'abbé Pierre », L'Express,‎ (lire en ligne, consulté le )
  55. Brodiez-Dolino 2008, p. 191.
  56. « L'abbé Pierre rescapé d'un navire en perdition », INA,‎ (lire en ligne, consulté le )
  57. « C’était ta grande découverte : autant qu’aider, il faut témoigner. Sans paroles, sans images, pas d’indignation », Bernard Kouchner à l’abbé Pierre, Dieu et les Hommes, Éd. Robert Laffont, 1993.
  58. Bertrand Bissuel, « 1954-2007 : les héritiers d'Emmaüs », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  59. Cité dans Michaël Prazan & Adrien Minard, Roger Garaudy, itinéraire d'une négation, février 2007, Calmann-Lévy.
  60. Annette Lévy-Willard, « L'abbé Pierre, un antijudaïsme qui date », Libération,
  61. L’abbé Pierre s’explique à ce sujet dans le documentaire Un abbé nommé Pierre, une vie au service des autres, documentaire télévisé de Claude Pinoteau, en précisant le soutien « à titre amical apporté à la personne de Roger Garaudy et non aux propos qu’il a tenus dans son livre, dont il n’avait pas pris connaissance.
  62. « L’abbé Pierre exclu de la LICRA », L’Humanité, .
  63. Pierre Vidal-Naquet. Analyse des relais dont disposent les négationnistes sur les juifs et le judaïsme.
  64. a et b Passage censuré dans Dieu et les Hommes, publié dans Le secret de l’abbé Pierre de Michel-Antoine Burnier et Cécile Romane, éd. Mille et une nuits, Paris 1996, p. 11. 10.
  65. « Chrétiens et Juifs - 4. juifs déicides, maudits, etc. », sur rivtsion.org.
  66. a et b Site officiel du Vatican.
  67. a et b « La mort de l'Abbé Pierre - L'ami du révisionniste Garaudy » sur Le Nouvel Observateur consulté le 27 mars 2010.
  68. a b et c GILLES SMADJA, « L'abbé Pierre persiste et s'exclut de la LICRA » [archive], L'Humanité, .
  69. Voir à cet égard la tribune Jean-Claude Duclos, conservateur du musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère, évoquant l’hommage national rendu aux Justes français au Panthéon, quelques jours avant la mort de l’abbé Pierre. Duclos affirme que l'action de l'Abbé Pierre en faveur des des Juifs pendant la guerre est incontestable., « Il aurait mérité dix fois d'être fait Juste parmi les nations »
  70. Avril 1945, conférence de Chaillot.
  71. col.fr | Mort de l’abbé Pierre.
  72. Libération daté du 23 janvier 2007, p. 4.
  73. En 1996 l’abbé Pierre perd une place au classement de la personnalité des français de l'institut de sondage IFOP, conservant tout de même la deuxième place. Cette chute de popularité dans l'opinion publique a été analysé comme une réaction à son soutien de Garaudy (Le Figaro 24/01/07, p. 9).
  74. « Le top 50 des personnalités », 12/06, sondage IFOP pour Le Journal du dimanche p. 12 et suivantes.
  75. Tribunal de Venise et de Rome en .
  76. Bernard Langlois (dir.), L'Abbé Pierre plaide le Dossier Mulinaris, collection Résistance, Éditions du Centurion, 1985.
  77. D'après le Corriere della Sera cité dans « La presse étrangère dénonce l'« indécente récupération » de son combat », courrierinternational.com, 23 janvier 2007.
  78. (it) « Abbé Pierre, il frate ribelle che scelse gli emarginati », Corriere della Sera,‎ (lire en ligne).
  79. AFP, « L'abbé Pierre et les Brigades rouges italiennes : un épisode méconnu », La Croix,‎  ; Alain Auffray, « D'inattendues amitiés brigadistes », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le ) ; (it) « Quel giorno in Tribunale con lui Difese i terroristi rossi e l'Hyperion », Corriere della Sera,‎ (lire en ligne).
  80. Henri Tincq, « L'abbé Pierre révèle qu'il a commis le « péché de chair » », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  81. « Son incompréhension était la même à l'égard des positions du magistère sur l'ordination des femmes : Quelles que soient leurs éminentes fonctions, ceux qui prennent de telles positions, estime le fondateur d'Emmaüs, n'ont jamais avancé un seul argument théologique décisif qui démontre que l'accès des femmes au sacerdoce serait contraire à la foi. » Lettre du 1er novembre 2005 à Benoît XVI, citée par Jean-Claude Lacaze, Le christianisme face à la crise écologique mondiale, L'Harmattan, 2009, p. 109-110.
  82. Caroline De Haas, « Rapport d’enquête Emmaüs International – Emmaüs France » [PDF], sur Emmaüs International, (consulté le ).
  83. Matthieu Lasserre, « L’abbé Pierre accusé d’agressions sexuelles par plusieurs femmes », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  84. a b et c Pierre Jova et Laurence Faure, « Révélations sur des agressions sexuelles commises par l'Abbé Pierre », La Vie,‎ (lire en ligne, consulté le )
  85. AFP, « L’abbé Pierre accusé d’agressions sexuelles sur au moins sept femmes, selon un rapport commandé par Emmaüs et la Fondation Abbé Pierre », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  86. Arthur Eryeh-Fort et Félix Pommier, « De quoi l’abbé Pierre est-il accusé ? Comprendre en trois minutes », Le Monde,‎ (lire en ligne Accès libre)
  87. Philippe Portier, Paul Airau, Thomas Boullu et Anne Lancien, « Révélations sur l’abbé Pierre : "La compulsion sexuelle du clerc catholique paraît indubitable" », Le Monde,‎ (lire en ligne Accès limité)
  88. « Emmaüs International, Emmaüs France et la Fondation Abbé Pierre rendent publics des faits graves commis par l’abbé Pierre », sur Fondation Abbé Pierre, (consulté le ).
  89. Décret du 13 juillet 2004 portant élévation aux dignités de grand'croix et de grand officier.
  90. « Fiche Pierre Henri Grouès », sur Ordre de la Libération - Base des Médaillés de la Résistance française (consulté le )
  91. « L'abbé Pierre », sur Ordre national du Québec (consulté le ).
  92. « Abbé Pierre (1912-2007), archives d'une vie : les sources écrites personnelles. », sur francearchives.gouv.fr (consulté le )
  93. « Le Prix Balzan à l'abbé Pierre », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  94. « Dévoilement de la statue de l’abbé Pierre, à Paris | Fondation Abbé Pierre », sur www.fondation-abbe-pierre.fr (consulté le )
  95. « Emmaüs: un 'label', mais un lourd héritage », Le Figaro, (consulté le )
  96. « Fonds 2010 018. Abbé Pierre (1912-2007). Archives d'une vie : les sources écrites personnelles : Répertoire numérique détaillé », lien Wayback Machine [PDF], sur Archives nationales du monde du travail, .
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Annexes

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Bibliographie

Livres de photographies

Livres jeunesse

Films

Documentaires, documents vidéos, entretiens filmés, etc.

Films de fiction

Articles connexes

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