Jiang hu
Le terme jiang hu (chinois simplifié : 江湖 ; pinyin : ; Wade : chiang¹ hu² ; EFEO : kiang hou ou tsiang hou ; cantonais Jyutping : gong¹ wu⁴), parfois écrit jianghu, signifie en mandarin « fleuve et lac », mais est plus généralement traduit par « rivières et lacs ». Ce terme est utilisé pour désigner, dans la Chine impériale, une société parallèle à la société traditionnelle, essentiellement constituée :
- des combattants, artistes martiaux, qui forment la « forêt de la guerre » ou wulin (chinois simplifié : 武林 ; pinyin : ) :
- des chevaliers errants (wuxia),
- des bandits, formant le domaine des « vertes forêts », lulin (chinois simplifié : 绿林 ; pinyin : ), certains sont des bandits honorables et justiciers (équivalents de Robin des bois), les « chevaliers des vertes forêts » (chinois simplifié : 绿林好汉 ; pinyin : ) ;
- de manière plus générale, des personnes vivant en marge de la société : prostitué(e)s, vagabonds, colporteurs, charlatans, moines errants ;
- de fiefs loin des centres administratifs importants, et gérés de manière féodale.
Cette société marginale étant le refuge des combattants ne faisant pas partie des armées régulières, on l'appelle parfois le monde des arts martiaux.
Histoire
Le jiang hu date de la dynastie Zhou (de -1045 à -256). Au début de la dynastie, le système est féodal (chinois simplifié : 封建 ; pinyin : ). Les guerres deviennent de plus en plus fréquentes et ce phénomène entraîne une centralisation du pouvoir. Ce pouvoir commence à s'appuyer sur des fonctionnaires ; c'est à cette époque que naît Confucius (-551, mort en -479).
Le mode de combat change également. Initialement, on a une noblesse chevaleresque, les shi (chinois simplifié : 士 ; pinyin : ), qui a également des fonctions civiles en temps de paix. Leurs attributs sont le char, l'épée, l'arc et la lance ; la guerre est alors une « affaire de spécialistes », le reste des troupes apportant surtout un appui logistique. Dans la période des Royaumes combattants (de -481 à -221), on passe à des affrontements de masse, cavalerie et infanterie armée d'arbalètes, donc à des armées de roturiers commandée par les shi. Les shi sont donc employés comme gestionnaire et non plus comme combattants.
Ces transformations du mode de gouvernement et du mode de combat entraîne une transformation sociale. Certains shi évoluent donc vers une classe de lettrés, les wenshi (chinois simplifié : 文士 ; pinyin : ) et deviennent fonctionnaires. Ces lettrés deviennent la classe sociale la plus prestigieuse, désignée par la suite simplement par le terme shi dans le système des « quatre occupations » (chinois simplifié : 士农工商 ; pinyin : ). À l'inverse, d'autres, les wushi (chinois simplifié : 武士 ; pinyin : ), restent attaché au code de l'honneur de la chevalerie (chinois simplifié : 武德 ; pinyin : ) et à l'excellence martiale (chinois simplifié : 功夫武术 ; pinyin : ) et sont marginalisés. En effet, alors que le confucianisme prône la prééminence de la société sur l'individu, l'obéissance à celui qui a reçu le « mandat du ciel » (l'empereur), la supériorité de l'érudition wen (chinois simplifié : 文 ; pinyin : ) sur la guerre wu (chinois simplifié : 武 ; pinyin : ) et la piété filiale, les wushi mènent une vie individualiste, dont les valeurs principales sont la liberté, l'indépendance, l'excellence martiale et la camaraderie. Ils sont en cela plus proches du taoïsme qui se développe à la même époque.
Cette frange marginale, les wushi, est à l'origine du jiang hu. Certains deviennent mercenaires, gardes du corps, ou bien bandits ; d'autre deviennent des youxia (chinois simplifié : 游侠 ; chinois traditionnel : 遊俠 ; pinyin : ), des chevaliers errants.
Le jiang hu dans les œuvres de fiction
Dans la littérature
- Au bord de l'eau, roman chinois du XIVe siècle
Au cinéma
- La Voie du Jiang Hu, film de Wong Ching Po (2004)
- Jiang hu: The Triad Zone, film de Dante Lam (2000)
- Le Règne des assassins (Jianyu Jianghu), film de Chao-Bin Su et John Woo (2010)
- Swordsman (Xiaoao Jianghu), film de Ching Siu-tung, King Hu, Ann Hui, Andrew Kam et Tsui Hark (1990)
Dans les jeux
- Jeux de rôle sur table
- The Celestial Empire (Alephtar Games, 2010), un cadre de campagne pour le Basic Role-Playing
- Qin (Florrent et Neko, 7e cercle, 2005), et son supplément Shaolin et Wudang (2008)
- Wuxia (Christophe Schreiber et Roland Breuil, Studio Mammouth, 2006)
- Wulin (Nicolas Henry, Pulp Fever, à paraître en 2014)[1]
En musique
- Yúlè jiānghú (娱乐江湖) est un album du groupe chinois Èrshǒu méigui (Second Hand Rose) (2006)
Autre
- Jiānghú (江湖) est une classe de frégate de la Marine chinoise.
Notes et références
- « Souscriptions>Wulin », sur Pulp Fever