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[[File:Sarcophagus Prometheus Louvre Ma339.jpg|thumb|upright=2|Création de l'homme par [[Prométhée]]. Parmi les personnages, on peut reconnaître deux Moires (probablement [[Lachésis]] et [[Clotho]]), Poséidon et son trident, Artémis au croissant de lune et probablement [[Atropos]]. Sarcophage romain, v. 240 ap. J.-C.]] |
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Dans la [[mythologie grecque]], les '''Moires''' (en [[grec ancien]] {{grec ancien|Μοῖραι|Moîrai}}) sont trois [[divinité]]s du [[Moïra|Destin]] : '''Clotho''' (« la Fileuse »), '''Lachésis''' (« la Répartitrice ») et '''Atropos''' (« l'Inflexible »). Elles sont associées aux cycles cosmiques, aux grandes déesses de la nature, de la végétation et de la fertilité<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Vinciane|nom1=Pirenne-Delforge|lien auteur1=Vinciane Pirenne-Delforge|titre=L’Aphrodite grecque|sous-titre=Contribution à l’étude de ses cultes et de sa personnalité dans le panthéon archaïque et classique|lieu=Liège|éditeur=Centre international d'étude de la religion grecque|année=1994|pages totales=554|lire en ligne=http://web.philo.ulg.ac.be/kernos/wp-content/uploads/sites/21/2015/03/Pirenne_Aphrodite_grecque.pdf}} (revue ''Kernos'' - supplément {{n°|4}})</ref>. |
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[[Image:Puteal de la Moncloa (M.A.N. Madrid) 06.jpg|thumb|right|upright=1|Lachésis sur le ''Puteal de la Moncloa'', tête de puits en [[marbre]] de style néo-attique du {{IIe siècle}}, [[Musée archéologique national de Madrid]].]] |
[[Image:Puteal de la Moncloa (M.A.N. Madrid) 06.jpg|thumb|right|upright=1|[[Lachésis]] sur le ''Puteal de la Moncloa'', tête de puits en [[marbre]] de style néo-attique du {{IIe siècle}}, [[Musée archéologique national de Madrid]].]] |
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* '''Clotho'''{{Note|group=n|On verra son nom aussi francisé en '''Clothon''' à partir de la fin du {{s|XVI}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Travail collectif|titre=La tragédie à l'époque d'Henri III|tome=IV|éditeur=[[Leo S. Olschki (maison d'édition)|Olschki]]|année=|passage=237|isbn=}}</ref>.}} ({{grec ancien|Κλωθώ}} / {{Lang|grc-Latn|''Klôthố''}}, « la [[Filage textile|Fileuse]] ») tisse le fil de la vie ; |
* '''Clotho'''{{Note|group=n|On verra son nom aussi francisé en '''Clothon''' à partir de la fin du {{s|XVI}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Travail collectif|titre=La tragédie à l'époque d'Henri III|tome=IV|éditeur=[[Leo S. Olschki (maison d'édition)|Olschki]]|année=|passage=237|isbn=}}</ref>.}} ({{grec ancien|Κλωθώ}} / {{Lang|grc-Latn|''Klôthố''}}, « la [[Filage textile|Fileuse]] ») tisse le fil de la vie ; |
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Dans le premier passage de la ''[[Théogonie (Hésiode)|Théogonie]]''<ref>v. 217 et passim</ref>, leur rôle est en outre de {{citation|[poursuivre] les crimes des hommes et des dieux et [de] ne [déposer] leur terrible colère qu'après avoir exercé sur le coupable une cruelle vengeance}}. Cependant, l'enchaînement des vers 218 et 219, jugé maladroit, et le fait que cette mention suive une référence donnée aux [[Kères]], divinités chargées de traquer les criminels, font écarter ce passage comme une interpolation par {{qui|plusieurs spécialistes}} ; [[Martin Litchfield West]] l'a supprimé de son édition de la ''Théogonie''. |
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[[Lachésis]], fille d'[[Ananké (mythologie)|Ananké]] (la Nécessité), possède en outre une fonction spécifique dans ''[[la République]]'' de [[Platon]], livre X (voir le [[Mythe d'Er le Pamphylien]]), qui lui attribue le rôle d'avoir sur ses « genoux des sorts et des modèles de vie » qui sont distribués lors d'une cérémonie à l'issue de laquelle les âmes des défunts sur le point de revenir sur terre se voient présenter les « sorts » correspondant à leur réincarnation future en hommes ou en animaux. |
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== Culte == |
== Culte == |
Version du 6 septembre 2022 à 15:08
Dans la mythologie grecque, les Moires (en grec ancien Μοῖραι / Moîrai) sont trois divinités du Destin : Clotho (« la Fileuse »), Lachésis (« la Répartitrice ») et Atropos (« l'Inflexible »). Elles sont associées aux cycles cosmiques, aux grandes déesses de la nature, de la végétation et de la fertilité[1].
Elles deviennent les Parques, dans la mythologie romaine.
Mythe
Ascendance et premiers éléments
Leur ascendance est confuse : la Théogonie se contredit elle-même en citant Nyx seule au vers 217 (comme dans l’Hymne orphique qui leur est consacré et Les Euménides d'Eschyle), mais Zeus et Thémis plus loin (v. 904, repris par le pseudo-Apollodore). Cet attachement à Nyx se retrouve d'ailleurs chez les auteurs latins — dans la Préface d'Hygin et chez Cicéron — qui citent Érèbe pour père. D'autres traditions existent, qui toutes les rattachent à des divinités primordiales (Ouranos et Gaïa) d'après des fragments de Lycophron et d'Athénée, ou Chaos chez Quintus de Smyrne). Quant au poète crétois Épiménide, il les suppose, dans une tradition isolée, nées de Cronos et d'Évonymé et sœurs à la fois d'Aphrodite et des Euménides.
Dans sa République, Platon en fait les filles d'Ananké, déesse de la Nécessité[2].
Elles sont désignées sous le nom d'αἶσα / aîsa dans l’Iliade[3], et ne sont citées qu'une seule fois sous le nom collectif de Μοῖραι / Moîrai (XXIV, 49). Au vers 209 du même chant XXIV, le terme Moîra est employé au singulier pour désigner une déesse unique. L’Odyssée[4] associe quant à elle aisa et κλῶθες / klỗthes (« fileuses ») ; ce dernier terme est une référence probable aux Moires, même si cette épithète ne se rencontre nulle part ailleurs. Toujours dans l’Odyssée, il semble que le rôle de fileuses du destin ne leur soit pas réservé : Zeus[5] ou même les dieux tous ensemble[6] peuvent être impliqués. De manière générale, si le terme de moïra (« destinée ») est très présent dans les épopées homériques, celle-ci n'est que rarement personnifiée sous des traits divins.
Elles apparaissent individuellement chez Hésiode, qui dénombre trois Moires qui « donnent d'avoir le bien et le mal »[7] :
- Clotho[n 1] (Κλωθώ / Klôthố, « la Fileuse ») tisse le fil de la vie ;
- Lachésis (Λάχεσις / Lákhesis, « la Répartitrice ») le déroule ;
- Atropos (Ἄτροπος / Átropos, « l'Inflexible ») le coupe.
Dans le premier passage de la Théogonie[9], leur rôle est en outre de « [poursuivre] les crimes des hommes et des dieux et [de] ne [déposer] leur terrible colère qu'après avoir exercé sur le coupable une cruelle vengeance ». Cependant, l'enchaînement des vers 218 et 219, jugé maladroit, et le fait que cette mention suive une référence donnée aux Kères, divinités chargées de traquer les criminels, font écarter ce passage comme une interpolation par plusieurs spécialistes[Qui ?] ; Martin Litchfield West l'a supprimé de son édition de la Théogonie.
Fonctions et mythes associés
On peut se représenter leur travail de filage comme achevé au moment de la naissance ou se poursuivant pendant toute la vie jusqu'au moment où tout le fil a été entièrement dévidé de la quenouille. Les images employées par les poètes varient. Leur origine complexe traduit en fait le lien des Moires avec la naissance comme la mort et finalement avec le cycle complet de la vie dans une forme de cadencement du monde[10]. Dans la mythologie grecque, le Destin est parfois personnifié de façon distincte de Zeus, parfois confondu avec lui. Mais en général, Zeus et les autres dieux paraissent soumis au Destin, comme l'affirme Eschyle dans Prométhée enchaîné.
Les Moires sont présentes lors de plusieurs grands événements : lors de la gigantomachie (où elles tuent Agrios et Thoas)[11] ; lors du mariage de Pélée et de Thétis (au cours duquel elles chantent) ; pour ramener la paix dans l'Olympe, lorsque les dieux à l'unisson réclament à Zeus l'immortalité pour leurs conjoints ou leurs enfants mortels[réf. nécessaire].
Lachésis, fille d'Ananké (la Nécessité), possède en outre une fonction spécifique dans la République de Platon, livre X (voir le Mythe d'Er le Pamphylien), qui lui attribue le rôle d'avoir sur ses « genoux des sorts et des modèles de vie » qui sont distribués lors d'une cérémonie à l'issue de laquelle les âmes des défunts sur le point de revenir sur terre se voient présenter les « sorts » correspondant à leur réincarnation future en hommes ou en animaux.
Culte
Les Moires pouvaient être honorées comme déesses de la naissance ; les jeunes mariées athéniennes leur offraient des boucles de cheveux, et les femmes les invoquaient en prêtant serment.
Dans la culture populaire
- Le nom générique de la belladone (Atropa belladona) est donné par Linné en référence à Atropos, la moire qui coupait le fil de la vie. En effet, la belladone est une plante très toxique et la consommation de ses baies peut s'avérer mortelle.
- Elles ont pu influencer Shakespeare lors de l'écriture des trois sorcières présentes dans la pièce Macbeth (1623)[réf. nécessaire].
- Les Moires sont des ennemis récurrents de la série de jeux vidéo Shin Megami Tensei (1992) et ses spin-off
- Le trio de personnages surnaturels du roman Insomnie (1994), de Stephen King, reprend le nom et les particularités des Moires.
- Les trois Moires apparaissent dans le dessin animé Hercule des studios Walt Disney, sorti en 1997.
- L'une d'entre elles, Atropos, apparaît dans la série télévisée Supernatural.
- Les Moires sont trois sorcières antagonistes du jeu vidéo The Witcher 3: Wild Hunt (2015), développé par CD Projekt. Si elles portent bien le nom des divinités grecques et sont au nombre de trois, leurs caractéristiques se rapprochent également de la Baba Yaga issue du folklore slave.
- Moira, héros de soutien dans le jeu Overwatch (2016), est nommée ainsi d'après les Moires, étant à la fois capable de rendre de la vie à ses alliés et d'absorber celle de ses ennemis.
- Les Moires sont nommées les « Sœurs du Destin » dans le jeu vidéo God of War II (2007).
- Les Moires sont nommées les « Nordes » dans le jeu vidéo Dofus. Leurs noms respectifs sont Clothurde, Lachandi et Atroskulda, et elles sont apparues lors d'une mise à jour en 2013.
- Elles sont présentes dans la série Les Nouvelles Aventures de Sabrina de Roberto Aguirre-Sacasa. Elles ont été rebaptisées les sœurs du destin et portent les noms de Prudence, Dorcas et Agatha.
- Les Moires sont librement adaptées dans la saison 5 de la série DC : Legends of Tomorrow qui met en scène un groupe de super-héros et de criminels repentis qui voyagent dans le temps pour réparer les altérations temporelles. L'une d'entre elles, Clotho, a choisi d'abandonner sa fonction de fileuse et a rejoint l'équipe pour mettre ses talents de métamorphe au service du bien après avoir détruit le métier à tisser du destin. Ses sœurs Lachésis et Atropos finissent par se lancer à sa poursuite pour le récupérer.
- Dans le jeu Golden Sun : l'Âge perdu sorti sur GameBoy Advance en 2002, certaines reliques (armes ayant un pouvoir spécial) font également référence aux Moires : La Règle de Lachésis, le Bâton d'Atropos et le Ankh Clotho.
- Dans la saison 13 de la série télévisée Doctor Who, apparaissent une espèce appelée Mouris ,en référence aux Moires qui font en sorte que le temps soit fluide et qu'il n'engendre pas le chaos (appelé le Flux dans la série) sur la planète Temps dans le temple d'Atropos.
- Dans la série Blood of Zeus les Moires font leur apparition dans le but d'éclairer Heron.
Notes et références
Notes
- On verra son nom aussi francisé en Clothon à partir de la fin du XVIe siècle[8].
Références
- Vinciane Pirenne-Delforge, L’Aphrodite grecque : Contribution à l’étude de ses cultes et de sa personnalité dans le panthéon archaïque et classique, Liège, Centre international d'étude de la religion grecque, , 554 p. (lire en ligne) (revue Kernos - supplément no 4)
- Brisson 2002, p. 1788
- Homère, Iliade [détail des éditions] [lire en ligne], XX, 127.
- Homère, Odyssée [détail des éditions] [lire en ligne], VII, 196.
- Odyssée, IV, 207.
- Odyssée, I, 17-18.
- Hésiode 1993, p. 75
- Travail collectif, La tragédie à l'époque d'Henri III, t. IV, Olschki, p. 237
- v. 217 et passim
- Vinciane Pirenne-Delforge et Gabriella Pironti, « Les Moires entre la naissance et la mort : de la représentation au culte », Études de lettres, nos 3-4, , p. 93–114 (ISSN 0014-2026, DOI 10.4000/edl.143, lire en ligne, consulté le )
- Pseudo-Apollodore, Bibliothèque [détail des éditions] [lire en ligne] (I, 6, 2)
Annexes
Bibliographie
- L’Odyssée (trad. du grec ancien par Victor Bérard), Éditions Gallimard, (1re éd. 1955) (ISBN 2-07-010261-0).
- (fr) L’Iliade (trad. du grec ancien par Robert Flacelière), Éditions Gallimard, (1re éd. 1955) (ISBN 2-07-010261-0).
- Émile Chambry, Alain Billault, Émeline Marquis et Dominique Goust (trad. Émile Chambry, préf. Alain Billault), Lucien de Samosate : Œuvres complètes, Éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1248 p. (ISBN 978-2-221-10902-1), « Le Tyran ».
- Luc Brisson, Platon : La République : Introduction, GF Flammarion, , 799 p. (ISBN 978-2-08-121810-9)
- Georges Leroux (dir.) et Luc Brisson, La République, Éditions Gallimard, (1re éd. 2006) (ISBN 978-2-08-121810-9)
- Hésiode (trad. Annie Bonnafé, préf. Jean-Pierre Vernant), Théogonie, Paris, Payot & Rivages, coll. « La Petite Bibliothèque », , 184 p. (ISBN 978-2-7436-2138-4).
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Liens externes
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Ressource relative à la bande dessinée :
- Pseudo-Apollodore, Bibliothèque [détail des éditions] [lire en ligne] (I, 3, 1)
- Cicéron, De natura deorum [détail des éditions] [lire en ligne] (III, 17)
- Eschyle, Euménides [détail des éditions] [lire en ligne] (v. 973)
- Pseudo-Hésiode, Bouclier d'Héraclès [détail des éditions] [lire en ligne] (v. 258-263)
- Théogonie [détail des éditions] [lire en ligne] (v. 217-219 ; 901-906)
- Homère, Iliade [détail des éditions] [lire en ligne] (IV, 517 ; V, 83 et 613; XII, 116 ; XIV, 849; XVI, 433 ; XIX, 87 ; XX, 127-128 ; XXIV, 49, 132 et 209)
- Odyssée [détail des éditions] [lire en ligne] (I, 17-18 ; III, 269 ; IV, 207-208 ; VII, 196-198 ; XI, 292)
- Hygin, Fables [détail des éditions] [(la) lire en ligne] (Préface, I ; CCXXVII)
- Hymnes orphiques [détail des éditions] (lire en ligne) (LVI aux Moires)
- Nonnos de Panopolis, Dionysiaques [détail des éditions] [lire en ligne] (VI, 94 ; VII, 106 ; VIII, 351 ; XI, 255)
- Pindare, Odes [détail des éditions] (lire en ligne) (Olympiques, I, VI, VII, X)
- Platon, La République [détail des éditions] [lire en ligne] , Livre X (617c)
- Quintus de Smyrne, Suite d'Homère [détail des éditions] [lire en ligne] (III, 755)
- Stace, Thébaïde [détail des éditions] [lire en ligne] (III, 556)
Articles connexes
- Moïra, la notion de destinée
- Parques, dans la mythologie romaine
- Nornes, dans la mythologie nordique
- Ananké (mythologie)
- (273) Atropos