Paramédical : une journée dans la peau d’une auxiliaire de puériculture
Héloïse, 26 ans, travaille aux "Petits Petons", une crèche iséroise, auprès d’enfants âgés de deux mois et demi à trois ans. Elle nous raconte son quotidien.
C'est une jeune femme douce et attentive. Héloïse, 26 ans, est auxiliaire de puériculture dans la commune de Froges, près de Grenoble (38). Elle exerce aux "Petits Petons", une crèche gérée par un centre social qui propose un multi-accueil : certains enfants sont là tous les jours, d’autres ponctuellement.
Au maximum 28 enfants, répartis en deux unités : 10 bébés et 18 grands. La jeune femme travaille sept heures par jour, cinq jours par semaine, avec des horaires variables selon les jours, entre 7h15 et 18 heures. Retour sur une journée-type à la crèche.
7h15 - ouverture : mise en place de la crèche et accueil des premiers enfants
La première arrivée met tout en place : replace les chaises, aère, sort les petites voitures, la dinette, etc. "Il faut que la pièce soit agréable quand les enfants arrivent", résume Héloïse. Arrivent ensuite les enfants, au fur et à mesure. Chaque parent raconte la nuit du sien. Des moments de transmission primordiaux.
"Certains parents ont besoin de vider leurs sacs ou d’être accompagnés dans leur parentalité. D’autres sont plus distants", décrit Héloïse. Pour les enfants, c’est pareil : il faut s’adapter aux tempéraments. Certains auront besoin de plus d’attention que d’autres à leur arrivée. Une fois que tout le monde est présent, place à une chanson pour se souhaiter la bienvenue et lancer cette journée.
9h45 - Début des activités dirigées
Ensuite chaque professionnelle propose une activité dirigée aux enfants : bricolage, transvasement, peinture, sortie à la ludothèque, etc. "Ce que je préfère, ce sont les activités en rapport avec la motricité : mettre en place des parcours, par exemple, détaille Héloïse. Et les comptines et chansons !".
Ce jour-là, c’est atelier pâte à modeler : un petit groupe malaxe de petites boules colorées. Héloïse les accompagne. Ici, chaque enfant choisit l’activité qu’il veut réaliser. Et dès qu’il fait beau, tout le monde va au maximum dehors.
10h30/11h - Le temps du change
Toutes les deux heures - et plus si nécessaire - les auxiliaires changent les couches des plus petits. Un moment privilégié entre l’auxiliaire et l’enfant dont elle s’occupe.
"C’est pour ces moments de soins que j’ai choisi ce métier, confie Héloïse, en changeant Diego, allongé sur la table à langer. Au début, je pensais même travailler en maternité." Une autre possibilité offerte par son diplôme.
11h30 - C'est l'heure du repas des grands
Après un lavage de mains collectif, c’est déjà l’heure de déjeuner. Ce midi-là, Kameron, Diego, Marion, Emile et Kessim mangent à la table d’Héloïse. La jeune femme leur sert des pâtes aux lentilles, mais ce sont eux qui débarrassent leurs assiettes. Pendant le repas, elle les encourage à découvrir de nouvelles saveurs, et recadre, si nécessaire. "Kessim, assieds-toi face à ton assiette", lance-t-elle au petit garçon qui a du mal à tenir en place.
C’est aussi pour Héloïse l’occasion d’échanger avec sa collègue Agnès, responsable de la table voisine. "On est vraiment dans un travail d’équipe. Ce qui n’est pas toujours facile ! Ici, nous avons la chance d’avoir une équipe fixe, soudée, mais il y a parfois des désaccords, et il faut réussir à se dire les choses", explique-t-elle. Une fois par mois un psychologue de la petite enfance intervient en soutien, propose des idées vis-à-vis des enfants ou en cas de tensions dans l’équipe.
12h45 - Après un temps de lecture, direction le dortoir !
Après le repas, place à la digestion. Héloïse s’assoit sur la terrasse, avec un livre. Rapidement une nuée d’enfants s’approche, certains montent sur ses genoux pour écouter les aventures de Monsieur Zouglouglou.
Ensuite, c’est la sieste. Si certains s’endorment quasi immédiatement, d’autres ont besoin d’être accompagnés patiemment par les professionnelles. Le calme tombe enfin sur la crèche. C’est aussi le moment pour les auxiliaires de prendre leur pause, à tour de rôle, pour souffler avant de retourner auprès des enfants. Car la sieste ne dure pas forcément longtemps !
14h30/15h - Premiers levers et activités libres pour les enfants
Très vite, les premiers se réveillent et reprennent des activités libres, toujours accompagnés d’Héloïse et ses collègues, qui encadrent, consolent, calment, chouchoutent au besoin.
"Ce n’est pas un métier facile. D’un point de vue physique, on est souvent au sol, on est amenés à porter les enfants, énumère Héloïse. Et on évolue dans un environnement très bruyant, il faut savoir se mettre dans sa bulle ! ».
15h30 - L’heure du goûter puis des parents
Dernier moment partagé : le goûter. La journée est presque finie pour les petits bouts. Leurs parents arrivent au fur et à mesure, selon leurs horaires. Retour à la maison jusqu’au lendemain ! Héloïse déplore le manque de reconnaissance de ce métier. Pas des parents, mais plutôt de la société dans son ensemble. Même de ses amis : "certains me disent 'toi, tu es payée à jouer toute la journée !' Ils ne se rendent pas compte de tout ce qu’il y a autour". Un métier exigeant, pour une rémunération qui débute au Smic pour certains. Héloïse, elle, touche 1.600 euros net mensuel.
Pour autant, la jeune fille ne se verrait pas travailler ailleurs - sans ces contacts humains. "J’apprécie la vie, la joie de vivre des enfants. Les voir grandir, s’épanouir, les suivre de trois mois à trois ans, ça fait toujours quelque chose !" Bientôt les plus grands laisseront la place à de plus jeunes. De nouveaux liens à tisser pour Héloïse.
Quelle formation pour devenir auxiliaire de puériculture ?
Pour devenir auxiliaire de puériculture, il faut obtenir un diplôme d’Etat, le DEAP. Héloïse l’a passé après un bac pro ASSP (Accompagnement, soins, services à la personne), mais il est également accessible après un CAP.
Et après ?
Les auxiliaires de puériculture peuvent bénéficier de la validation des acquis de l’expérience (VAE). Au bout de deux ans, il est ainsi possible de présenter un dossier pour devenir EJE - éducateur de jeunes enfants. Un titre qui permet de prendre davantage de responsabilités d’encadrement au sein des crèches, et même, à terme, de devenir adjoint puis directeur de l’établissement. Autre évolution possible : rejoindre un IFSI, pour devenir infirmier.