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Portrait

Devenir psychomotricienne : "On a l’impression de servir à quelque chose"

Emma espère ouvrir bientôt son cabinet libéral.
Emma espère ouvrir bientôt son cabinet libéral. © Photo fournie par le témoin
Par Amandine Sanial, publié le 07 octobre 2024
4 min

À 23 ans, Emma vient de décrocher son diplôme de l’Institut de formation de psychomotricité (IFP) de Bordeaux. Alors qu’elle se prépare à ouvrir son cabinet libéral, elle revient sur son parcours et détaille les contours d’un métier méconnu.

Dans quelques heures, Emma se rendra au gala de l’école pour fêter la fin de ses études. Mais elle pense déjà à l’après : "J’ai surtout hâte d’ouvrir mon cabinet et de commencer à travailler !" Pourtant, elle est arrivée là un peu par hasard : "Au départ je voulais être chirurgienne viscérale. J’aime aider les gens, je me disais qu’une carrière dans la santé était faite pour moi." Elle s’inscrit alors en PACES et tente de décrocher médecine. "J’ai toujours été bonne élève. Mais arrivée en PACES, c’était un autre monde : il faut être la meilleure."

À la fin du premier semestre, Emma réalise que les études de médecine ne sont pas faites pour elle. Au même moment, elle croise un ami de lycée qui lui parle de la psychomotricité. "Je ne savais même pas que ça existait. "

Au deuxième semestre, elle s’inscrit à la spécialité psychomotricité en PACES. "En parallèle, j’ai commencé à faire des recherches sur le métier et à rencontrer des étudiants de l’IFP." À 19 ans, après avoir redoublé une première fois, elle valide la PACES avec brio et intègre l’IFP de Bordeaux, l’un des 15 instituts de formation agréés pour obtenir le diplôme d’État. 

Se mettre à la place du patient

Là, elle découvre véritablement le métier de psychomotricien. "Le but est de ne pas exclure le corps ou l’esprit, mais de travailler en binôme avec ces deux entités", explique Emma. Le psychomotricien peut intervenir pour des problèmes moteurs, de repérage dans l’espace, ou encore suivre l’évolution d’un enfant. "Pour un bébé, on essaie de comprendre si des difficultés pour marcher sont de l’ordre psychologique ou moteur, par exemple. Souvent, on pense que la psychomotricité n’est que pour les personnes en situation de handicap, mais c’est en réalité très varié."

En plus de matières théoriques (anatomie, psychologie, psychiatrie…), la formation repose en grande partie sur de la pratique, intégrée tout au long de la formation. En plus de stages réalisés en crèche, en service oncologie ou auprès de patients souffrant d’Alzheimer, Emma se forme à travers des séances de mise en pratique.

Dès le début de la formation, les étudiants apprennent à se mettre à la place d’un patient : "On a fait une séance d’escalade les yeux bandés pour se mettre dans la peau d’une personne malvoyante." Des cours de clown sont aussi au programme, une technique de médiation pour des enfants timides ou stressés, ou pour permettre à des patients d’extérioriser leur tristesse en l’accentuant. 

L'importance du corps

À la différence du kiné, le psychomotricien ne manipule pas, il mobilise. Lors de séances de 30 à 40 minutes, la psychomotricienne fait travailler un patient en utilisant son propre corps. Pas besoin de gros muscles pour autant : "J’ai fait une séance de relaxation coréenne, où l’on prodigue des vibrations dans les membres, avec un homme de 100 kilos", explique Emma, pourtant petite et menue. 

Aujourd’hui, sa plus grande fierté est "d’avoir l’impression de servir à quelque chose". "Je me souviens d’un patient qui marchait en déambulateur à cause de neuropathies dues à la chimiothérapie, et rêvait de sentir le sable sous ses pieds. Après neuf mois de prise en charge, il s’est installé à Arcachon et marche sur la plage tous les jours. On se dit que c’est un peu grâce à nous…" 

Si le métier de psychomotricien est encore très féminin (92% de femmes en 2022), Emma est convaincue que les hommes y ont tout à fait leur place. "Je conseille ce métier à toute personne qui a envie d’aider l’autre."

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