Pour sa première expérience au théâtre, Vassili Schneider interprète le personnage du roman de Panayotis Pascot, “La prochaine fois que tu mordras la poussière”, adapté par le frère de ce dernier, Paul Pascot.
Il arrive emmitouflé dans ses couches de pulls et d’écharpe. À force de travailler, il fallait bien que ça arrive : Vassili est tombé malade. Ce n’est pas ce qui empêchera le benjamin de la fratrie Schneider de “tout donner” ce soir au théâtre du Petit Saint-Martin. D’autant que le spectacle est quasi complet jusqu’en mars. Sur scène, il se surpasse.
Sur des musiques de Léo Nivot ou de Queen, le comédien se roule au sol, saute sur les meubles et déplace sans cesse le décor mobile d’hôpital ou de maison de campagne. En articulant un texte obsessionnel, entre quête identitaire et haine du père. Le théâtre a conquis son cœur : “Ici, on joue pour les gens, affirme l’acteur. Il y a quelque chose de magnifiquement poétique dans l’éphémère d’une représentation. C’est aussi frustrant que captivant.”
Du cinéma à la scène
Né à Montréal d’un père metteur en scène et d’une mère pianiste, Vassili Schneider a le spectacle dans le sang. Il travaille enfant dans le milieu du doublage, avant de faire une pause à 12 ans. “À cette époque, je ne m’intéressais qu’au skate !” Il ne s’éloigne jamais de l’art et réalise des courts métrages avec ses ami·es en enchaînant les castings. Après le lycée, il tente sa chance aux Ateliers du cinéma de Claude Lelouch, en France : “Je ne suis jamais revenu. J’ai continué à jouer ; il y a eu la série Mixte, puis Les Amandiers… Et Le Comte de Monte-Cristo a changé ma vie.”
“On m’a appris qu’il ne fallait pas pleurer pour être grand”
À la demande de Paul Pascot, Vassili est appelé pour un casting. Celui qui rêve de scène saute sur l’occasion et rayonne le jour J : “Paul nous avait demandé d’apprendre une page du roman de Panayotis. J’ai récité tout un chapitre : cette motivation a sans doute plu.” Interprète d’un texte intime, il garde une distance avec un personnage dont il partage pourtant certaines caractéristiques : “On m’a appris qu’il ne fallait pas pleurer pour être grand. Parfois, j’ai l’impression de ne pas me laisser autant traverser que je le pourrais.”
Verrouiller ses émotions
D’un air songeur, il avoue avec un sourire en coin avoir parfois la sensation de “passer à côté des couleurs de la vie”. Il s’amuse de sa phrase, se trouve trop poète, et continue : “Cette pudeur extrême me protège… Je suis quelqu’un de calme, qui relativise beaucoup.” Un calme qui l’aide à affronter un texte portant sur la honte de ne pas ressentir le deuil du père. “Je connais cette sensation. J’ai déjà eu honte d’avoir été moins touché que le reste de ma famille par la mort de mon frère aîné, Vadim. Même si je n’avais que 4 ans.”
Il évoque aussi le thème universel de l’amour-haine du père, un modèle que l’on admire et dont l’on veut s’émanciper : “La volonté de tuer le père peut être tellement violente qu’on peut en avoir honte.” Mais il précise : “Moi, j’adore mon père. Mes parents m’ont élevé avec une telle douceur que je n’ai que de l’amour pour eux.”
La famille avant tout
L’acteur tient à sa famille et ne peut s’empêcher d’en parler avec une douceur au fond de l’œil : “L’éducation que j’ai reçue, c’est l’exemple de ce que j’aimerais pour mes enfants. Tout ce que j’ai dans la vie, je le dois à mes parents.” Ses frères, bien sûr, ne sont pas en reste : “Ils ont été des modèles. Quand j’avais 8 ans, Niels était déjà à Cannes ! Ce sont des idoles qui m’ont poussé à me surpasser.”
Aujourd’hui, Vassili enchaîne les projets. Il continue les courts métrages, joue, et sera à l’affiche du prochain Cédric Klapisch en mai prochain. Il travaille aussi sur lui-même pour “prendre en maturité” et enfin dire aux gens qu’il les aime : “J’aimerais bien réussir à remercier ma mère pour tout ce qu’elle a fait pour nous. Mais c’est pas facile de sortir ces mots en face !”
La prochaine fois que tu mordras la poussière, au théâtre du Petit Saint-Martin, Paris, jusqu’au 8 mars 2025.
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