En dépit de quelques passages pesants, assez dignes de l’idée qu’un maire se fait d’un journal municipal, le livre de Louis Aliot Impossible n’est pas français (Quid Novi, 196 pages, 20 euros) n’est pas sans intérêt. Le maire de Perpignan, la seule ville de plus de 100 000 habitants enlevée par le Rassemblement national (RN) en 2020, y règle quelques comptes internes au milieu du discours habituel et souvent soporifique du parti, et vise d’une part à conforter sa stature, en soulignant sa relative indépendance à l’intérieur du mouvement, d’autre part à réaffirmer sa totale loyauté à Marine Le Pen, dont il a été le compagnon pendant plus de dix ans.
Louis Aliot, 51 ans, a un triple héritage : ariégeois par son père, juif pied-noir par sa mère (son grand-père, André Salomon Sultan, était un petit commerçant de Bab el-Oued), espagnol par sa grand-mère, la femme de Salomon, et il se veut « le fruit de toutes ces différences ». Les Aliot sont d’origine modeste, le père est plâtrier, la mère surveillante générale de collège ; vaguement de gauche, ils sont devenus franchement d’extrême droite après la « trahison » de De Gaulle sur l’Algérie française. Le petit Louis en est le digne héritier, regrette « le temps des veillées », s’inquiète de « la perte des repères », juge le système éducatif « trop politisé » et craint la « submersion migratoire ».
Il estime que Jean-Marie « Le Pen a ramassé le drapeau français dans le caniveau pour le remettre à sa place, en haut du mât », et adhère au Front national (FN) à 20 ans, en 1990. Il assure n’avoir jamais été membre de la très droitiste Union nationale interuniversitaire (UNI), encore moins du Groupe union défense (GUD) qui étaient « par leurs outrances, des alliés objectifs du système », juge le jeune homme qui est bientôt docteur en droit, professeur à l’université, puis avocat et parlementaire.
Une rupture « aimable » avec Jean-Marie Le Pen
Louis Aliot a des liens ambivalents avec le patron du FN, qu’il voit comme « un anar de droite, attachant et désolant », « incroyablement libre ». Mais, avec les années, « je lui en ai voulu de déconstruire ainsi, écrit M. Aliot, par son goût du verbe qui claque, ce que les militants s’échinaient à bâtir ». Louis Aliot est même « au bord de la rupture » en 2008, lorsque Jean-Marie Le Pen réitère son commentaire sur les chambres à gaz, « point de détail » de l’histoire de la seconde guerre mondiale : il condamne auprès des adhérents « ces propos particulièrement stériles, politiquement suicidaires » qui n’apportent rien si ce n’est « des suspicions d’antisémitisme ».
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