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« Histoire de la chirurgie », sur Arte : l’art tranchant du scalpel

Des balbutiements sanglants à la révolution de l’anesthésie, ce documentaire retrace les jalons d’une discipline médicale longtemps méprisée, qui gagnera ses lettres de noblesse au fil des découvertes scientifiques.

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Publié le 20 juillet 2024 à 18h30, modifié le 21 juillet 2024 à 19h51

Temps de Lecture 2 min.

Mise en scène de la première opération utilisant l’anesthésie à l’éther réalisée à Boston en 1846 par William Thomas Morton. Image extraite du documentaire « Histoire de la chirurgie », de Nina Koshofer et Christian Twente.

ARTE – SAMEDI 20 JUILLET – 20 H 50 –DOCUMENTAIRE

« Ce lieu est le lieu où la mort se réjouit d’aider la vie. » La devise en latin du premier théâtre d’anatomie, créé en 1594 à l’université de Padoue en Italie, résume l’histoire que nous conte ce documentaire allemand, tissé d’archives et de reconstitutions. C’était à la Renaissance. Jusque-là, la chirurgie était dans une forme de bricolage empirique et sanglant. Un métier manuel assimilé à celui des bouchers et barbiers, méprisé donc par les « vrais » médecins, formés à l’université.

En France, Ambroise Paré (1509-1590) avait lui-même débuté comme apprenti boucher avant de devenir compagnon chirurgien à l’Hôtel-Dieu, puis premier chirurgien de quatre rois de France après son baptême du feu, en 1537, lors de la huitième guerre d’Italie, où il inventa la ligature des artères et les premières prothèses pour sauver les soldats amputés sur le champ de bataille.

L’Angleterre célèbre, elle, Robert Liston (1794-1847), la star des chirurgiens au XIXsiècle, qui opérait à toute vitesse pour limiter en temps sinon en intensité la douleur de ses patients, vêtu de sa redingote tachée de sang, « un élément de prestige, prouvant qu’il opérait bien lui-même », dit Sally Frampton, historienne de la santé.

« S’affranchir de la douleur »

Aux Etats-Unis, c’est William Morton (1819-1868) qui a droit à sa statue, à Boston où ce jeune dentiste expérimenta en 1846 le premier anesthésiant efficace, l’éther, sur un homme opéré d’un kyste de la mâchoire. « Du jour au lendemain, la chirurgie s’affranchit de la douleur », dit Ira Rutkow, chirurgien américain devenu historien, auteur entre autres livres de Empire of the Scalpel. The History of Surgery (« empire du scalpel, l’histoire de la chirurgie », Simon & Schuster, 2022, non traduit).

Un long chemin que celui de l’art de la chirurgie. Les premières traces de trépanation ont été identifiées sur des squelettes vieux de plus de 3 000 ans, en Israël, en Hongrie, en Chine. Durant des siècles, la discipline vécut de rebondissements en remises en cause du savoir, transmis depuis l’Antiquité par Hippocrate et Galien. Le corps humain fut longtemps « un continent inconnu », dit la voix off du documentaire.

Il faudra attendre 1686 pour que les chirurgiens gagnent leurs lettres de noblesse. Cette année-là, Louis XIV est opéré avec succès d’une fameuse fistule anale par Charles-François Félix, premier barbier-chirurgien du roi, qui obtiendra dans la foulée la séparation définitive de son art d’avec celui des bouchers et barbiers.

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L’Ecossais John Hunter (1728-1793) sera, lui, nommé « chirurgien extraordinaire » du roi d’Angleterre George III. Pénétré de sa « mission », selon l’historienne Wendy Moore, celui qui débuta comme profanateur de sépultures (pour trouver des corps sur lesquels s’exercer) « s’inscrivait dans une perspective évolutionniste qui annonçait la démarche de Darwin ». Il sera inhumé à Westminster Abbey, à côté du tombeau du savant Isaac Newton.

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Les patients servirent au fil des siècles de cobayes à tous ces apprentis chirurgiens « audacieux et visionnaires » − Galien mettait ses théories en pratique sur les gladiateurs. Dans l’Angleterre victorienne, une opération était même un spectacle très couru de la bonne société.

La révolution de l’anesthésie redonna finalement la parole aux patients. Ainsi le premier que Robert Liston amputa sous éther, en 1846 à Londres, demanda à son réveil quand devait commencer l’opération…

Histoire de la chirurgie, de Nina Koshofer et Christian Twente (All., 2024, 89 min). Et sur Arte.tv.

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