Mosquée des Bleuets à Marseille : l’arrêté de fermeture suspendu, l’édifice va rouvrir ses portes

Le Figaro Marseille

C’est un bras de fer qui aura marqué la fin de l’été marseillais. Ce mardi 10 septembre, trois semaines après avoir annoncé l’ouverture d’une procédure administrative visant la mosquée des Bleuets, le préfet de police des Bouches-du-Rhône a confirmé suspendre la prise de l’arrêté de fermeture de l’édifice situé dans les quartiers nord de Marseille.

Dans un communiqué, Pierre-Édouard Colliex a indiqué que la mosquée se conformait désormais «aux exigences de l’État», l’imam Smaïn Bendjilali, dit «Ismaïl» ayant confirmé lundi soir se retirer «temporairement»  des lieux afin de suivre «une formation universitaire sur la laïcité». «Le préfet de police des Bouches-du-Rhône prend acte et se félicite du retrait de l’imam principal de la mosquée des Bleuets dans le 13^e arrondissement de Marseille et de la suppression des publications qui portaient atteinte aux principes de la République et qui légitimaient la violence sur ses réseaux sociaux», écrit la préfecture de police.

«Dans ces conditions, et pour ne pas pénaliser les pratiquants du lieu de culte, conformément à la liberté constitutionnelle d’exercice du culte, le préfet de police, sur instruction du ministre de l’Intérieur, suspend la prise de l’arrêté de fermeture de la mosquée puisqu’elle se confirme aux exigences de l’État», poursuit le communiqué.

Un nouvel imam

Mis en cause par Gérald Darmanin depuis fin août dernier pour ses prêches et ses «propos légitimant la violence» ainsi que sa «pratique radicale de l’islam», Smaïn Bendjilali avait été sommé la semaine dernière de quitter ses fonctions d’imam au sein de la mosquée sous peine de fermeture définitive de l’édifice, comme révélé par Le Figaro . Dos au mur, sa défense a été contrainte de se plier aux exigences des autorités et d’écarter le religieux de la mosquée afin «de préserver la structure». Ce dernier va s’inscrire à l’université d’Aix-Marseille afin de préparer un diplôme universitaire sur «la laïcité». Un travail qui devrait durer au moins neuf mois.

Sollicitée par Le Figaro, la défense de Smaïn Bendjilali a indiqué être «satisfaite» par la décision du préfet de police des Bouches-du-Rhône de rouvrir la mosquée. «C'est une satisfaction pour nous, évidemment puisque le préfet abandonne son projet de fermeture. Cela prouve que les mesures de la mosquée sont suffisantes pour garantir l'ordre public. Je souhaite que tout ceci mette un terme à toute la polémique et aux accusations à l'encontre de cette institution qui était dans le viseur de la préfecture de police», indique M^e Sefen Guez Guez, avocat de l'association des Bleuets et de Smaïn Bendjilali.

Les services de l’État demeureront toutefois extrêmement vigilants quant au respect de ces engagements dans le temps et resteront attentifs à ce qu’aucun propos ou agissement ne déroge au respect des principes républicains

La préfecture de police des Bouches-du-Rhône

Lundi, l'imam Ismaïl a expliqué travailler avec le conseil départemental du culte musulman, auquel la mosquée a récemment adhéré juste après cette menace de fermeture, pour trouver un nouvel imam aux Bleuets. La procédure est «en cours de finalisation» selon M^e Guez Guez. La préfecture de police a précisé que les services de l’État resteraient «extrêmement vigilants» quant au «respect de ces engagements dans le temps» et resteront attentifs «à ce qu’aucun propos ou agissement ne déroge au respect des principes républicains».

La fin de ce bras de fer n’est toutefois pas synonyme de quiétude pour le religieux, qui comparaîtra le 3 octobre prochain devant le tribunal correctionnel de Marseille pour des faits «d’apologie du terrorisme» en raison de publications sur les réseaux sociaux en lien avec la situation dans la bande de Gaza. Le prédicateur est également cité dans une affaire de détention de produits stupéfiants, de la résine de cannabis et du matériel de conditionnement ayant été retrouvés au domicile de l’imam à la suite d’une tentative d’assassinat perpétrée sur son propre fils.