C’était un peu le rendez-vous de trop. Après un long et épuisant tunnel de neuf mois d’analyses et de tests médicaux, peu de temps avant de donner un rein à sa femme, Olga, Christian Baudelot est face à la psychologue de l’hôpital où la greffe aura lieu. Il l’écoute poliment, répond à ses questions laconiquement. Et prend, sans conviction, le numéro de téléphone qu’elle lui tend à la fin de l’entretien. « Elle m’a dit : “Appelez-moi si vous en ressentez le besoin”, j’ai haussé les épaules et je suis parti. »
Après la greffe et une seconde opération jugée nécessaire par les médecins, ce sociologue à la retraite se retrouve au bout du rouleau. Complètement KO. Rattrapé par une dépression carabinée qui le cloue au lit, sans force. « La psychologue n’était pas étonnée. Elle m’a dit : “J’attendais votre coup de fil. Vous preniez cette greffe beaucoup trop à la légère…” En 20 min d’entretien, elle m’a fait sortir du déni et j’étais à nouveau debout… »
Donner un organe de son vivant n’est pas anodin. C’est même un acte tout à fait extraordinaire qui contrevient à un principe fondamental : notre cerveau, notre corps sont entièrement tournés vers la survie. Même si on peut vivre sans problème avec
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