Psycho

L’odyssée psychique du don d'organes

Donner ou recevoir un organe n’est pas un simple transfert de matière biologique. C’est une expérience profonde, intime, sensible qui bouleverse notre psychisme.
Anne Guion
Publié le 20/06/2024 à 07h23, mis à jour le 20/06/2024 à 07h23 • Lecture 5 min.
Afin de respecter au mieux le principe de l’anonymat du donneur, les équipes médicales qui prélèvent l’organe sont différentes de celles qui le transplantent.

Afin de respecter au mieux le principe de l’anonymat du donneur, les équipes médicales qui prélèvent l’organe sont différentes de celles qui le transplantent. • BURGER/PHANIE

C’était un peu le rendez-vous de trop. Après un long et épuisant tunnel de neuf mois d’analyses et de tests médicaux, peu de temps avant de donner un rein à sa femme, Olga, Christian Baudelot est face à la psychologue de l’hôpital où la greffe aura lieu. Il l’écoute poliment, répond à ses questions laconiquement. Et prend, sans conviction, le numéro de téléphone qu’elle lui tend à la fin de l’entretien. « Elle m’a dit : “Appelez-moi si vous en ressentez le besoin”, j’ai haussé les épaules et je suis parti. »

Après la greffe et une seconde opération jugée nécessaire par les médecins, ce sociologue à la retraite se retrouve au bout du rouleau. Complètement KO. Rattrapé par une dépression carabinée qui le cloue au lit, sans force. « La psychologue n’était pas étonnée. Elle m’a dit : “J’attendais votre coup de fil. Vous preniez cette greffe beaucoup trop à la légère…” En 20 min d’entretien, elle m’a fait sortir du déni et j’étais à nouveau debout… »

Donner un organe de son vivant n’est pas anodin. C’est même un acte tout à fait extraordinaire qui contrevient à un principe fondamental : notre cerveau, notre corps sont entièrement tournés vers la survie. Même si on peut vivre sans problème avec

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