« Te Deum laudamus » (« à toi Dieu, notre louange »). Ce mardi 31 décembre 2024, peu après 17 heures, après avoir écouté chanter les psaumes et avant le traditionnel Te Deum, François a pris la parole pour la dernière fois de l’année. « L’année qui s’achève a été très chargée pour la ville de Rome », a commencé son évêque, depuis la basilique Saint-Pierre, dont il avait ouvert le 24 décembre la porte sainte, inaugurant par ce geste – répété deux jours plus tard dans une prison romaine –, le Jubilé 2025.

Assis en chaire aux pieds d’une immense colonne, et revêtu d’une chape cousue de rectangles dorés, François a d’abord eu une pensée pour « les citoyens, les pèlerins, les touristes et tous ceux qui sont de passage (et qui) ont vécu la phase typique qui précède un Jubilé (…), avec la multiplication des chantiers, petits et grands. »

La plupart des monuments de la capitale italienne, de la fontaine de Trevi aux statues du pont Saint-Ange ou de la place Navone, étaient ces derniers mois recouverts d’échafaudages pour préparer l’arrivée des pèlerins – entre 30 et 40 millions pour le Jubilé, selon les estimations. La circulation automobile s’est un peu améliorée, et quelques chantiers comme celui de la piétonnisation de la « Piazza Pia » – le plus emblématique – ont été livrés à temps. D’autres devraient encore durer quelques mois.

Pèlerins de la fraternité

« Ce soir, c’est le moment de réfléchir avec sagesse, de considérer que tout ce travail, outre la valeur qu’il a en lui-même – pour autant qu’il s’agisse d’un travail (dans des conditions) dignes –, avait une signification qui correspond à la vocation spécifique de Rome, sa vocation universelle », a dit le pape, au sujet de l’ancienne capitale impériale.

François a développé le sens que peut avoir, aujourd’hui, cette vocation forgée dans l’Antiquité, quand cette cité dominait un empire allant de l’Écosse au Danube, de l’Afrique au Moyen-Orient. En 2025, Rome est « appelée à accueillir tous les hommes pour qu’ils se reconnaissent comme enfants de Dieu et comme citoyens de la terre », a-t-il dit, en faisant référence à Fratelli Tutti (Tous frères), l’encyclique qu’il avait publiée en 2020.

« Il est bon de penser que notre Ville, ces derniers mois, est devenue un chantier dans ce but, avec ce sens global : se préparer à accueillir des hommes et des femmes du monde entier, catholiques et chrétiens d’autres confessions, croyants de toutes les religions, chercheurs de vérité, de liberté, de justice et de paix, tous pèlerins de l’espérance et de la fraternité », a expliqué le pape, qui réitère inlassablement, chaque mercredi et chaque dimanche, ses appels à la paix au Moyen-Orient, en Ukraine, en Birmanie… Lors de sa bénédiction urbi et orbi, le 25 décembre, il avait cité pas moins de 18 pays où des conflits ou situations humanitaires préoccupantes sont en cours.

Humanité fraternelle

L’espoir d’une humanité fraternelle n’est pas « un slogan rhétorique », une idéologie, un projet économique ou qui passerait par la technologie, a encore assuré le pape, ce 31 décembre. Il s’agit d’abord et avant tout d’un projet spirituel, incarné dans le Christ que « la Sainte Mère de Dieu (nous) montre », a-t-il souligné, en ce jour de la fête de Marie « mère de Dieu », une dénomination qui occupa une bonne part des débats théologiques lors des conciles des premiers siècles du christianisme.

« L’espérance d’un monde fraternel, c’est lui, le Fils incarné, envoyé par le Père pour que nous puissions tous devenir ce que nous sommes, c’est-à-dire des enfants du Père qui est aux cieux. » Et donc des frères, a insisté François, avant de lever les yeux de son discours et de prononcer ses dernières paroles publiques - hors liturgie - de 2024 : « Seigneur, bénis-nous, pardonne nos péchés et donne-nous la force d’aller de l’avant dans notre pèlerinage. Merci. »