Ces laïcs qui se battent pour garder les églises ouvertes
Partout en France, des milliers de laïcs s’occupent quotidiennement des églises et des chapelles. À les ouvrir, les fermer, les nettoyer, les rénover… Une charge parfois chronophage, qui raconte bien l’importance des laïcs aujourd’hui dans l’Église.
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Comme tous les matins pendant les vacances, Jeannine, 63 ans, vient aux alentours de 7 h 30 pour ouvrir l’église du Valtin, village des Vosges de 75 habitants où elle réside. Tous les week-ends durant l’année et tous les jours pendant les vacances d’été, cette secrétaire de mairie à la retraite ouvre et ferme la petite église Saint-Sylvestre, nommée d’après le patron du village. Au Valtin, ce sont les laïcs qui ont repris la gestion de l’église depuis la mort du curé, en 1993. D’abord le maire, puis une association de paroissiens et, progressivement, depuis 2017, Jeannine.
« Pour moi, je ne fais pas grand-chose, dit-elle. J’ouvre la porte, c’est tout. » Mais cette Vosgienne, qui se revendique haut et fort comme catholique dans son village, installe également la crèche de Noël l’hiver, prépare le nécessaire pour la célébration des messes, trouve des subventions pour rénover le clocher, etc. « Je me bats pour qu’on garde l’église ouverte parce que c’est important pour moi », résume-t-elle simplement.
Le travail de milliers de laïcs
Comme Jeannine, ils sont des milliers de laïcs en France à se charger d’ouvrir et de fermer les églises et autres chapelles toutes les semaines, si ce n’est tous les jours. Une charge qui leur est progressivement revenue face au manque de prêtres dans les paroisses et qui peut parfois se révéler chronophage. De l’autre côté de la France, dans le diocèse de Carcassonne, les paroissiens ont préféré porter cette charge à plusieurs. À Leucate (Aude), Christophe, 54 ans, se relaie avec quatre autres familles pour aller ouvrir et fermer l’église de Notre-Dame-de-l’Assomption tous les jours.
Si Leucate a encore la chance d’avoir une messe tous les dimanches, elle n’a, en revanche, plus de prêtre en activité. « Ça manque », remarque Christophe. Dans la région, la population vieillissante se déplace peu, et il est donc important pour la paroisse d’avoir un ancrage local avec une église ouverte tous les jours. « Les gens sont ravis, cela répond à un réel besoin des habitants », souligne Christophe. Animé par cette mission, il a créé avec sa femme un groupe de louanges qui se déplace dans les villages aux alentours où il n’y plus de messes, pour, précisément, « essayer de faire vivre un maximum nos églises ».
« C’est une démarche de foi »
Garder les églises ouvertes, c’est aussi une façon de mettre en avant le patrimoine local pour ces laïcs souvent fins connaisseurs de l’histoire religieuse de leur région. Anne, 73 ans, s’occupe, depuis 1995, avec l’association des amis du Breuriez de Rozegat, de la chapelle Saint-Guénolé à Plougastel-Daoulas (Finistère). « Pour moi qui suis croyante et pratiquante, c’est une démarche de foi, mais c’est surtout important pour le patrimoine – l’histoire de la chapelle mérite d’être connue. » Un lieu avec lequel la retraitée entretient un lien particulier, elle qui a toujours vécu à un moins d’un kilomètre de Saint-Guénolé, « la chapelle de ses ancêtres ».
Aujourd’hui, ils sont une quinzaine de membres dans l’association à s’organiser pour ouvrir et fermer la chapelle tous les dimanches et pour accueillir les nombreux visiteurs. « C’est un plaisir de faire visiter ce lieu et les gens sont aussi heureux de découvrir la chapelle, sa fontaine, son calvaire… », raconte Anne.
Une attention appréciée dans la région, surtout en période de vacances. « Le Finistère est une destination touristique et un effort est fait au niveau local pendant l’été pour garder les églises ouvertes. Dans les cahiers de prière et des livres d’or, on remarque que les touristes remercient les personnes qui ouvrent », note Antoine Fortin, responsable de la pastorale du tourisme dans le diocèse de Quimper. « Et puis au-delà des chapelles, c’est aussi l’Église en tant qu’institution qui est ouverte », affirme le diacre, engagé par ailleurs dans une association de préservation du patrimoine religieux catholique breton, Sauvegarde du patrimoine religieux en vie (SPREV).
Quand le patrimoine religieux est sauvegardé, c’est aussi la culture chrétienne qui perdure. Chaque année, Patrick Levard, fondateur et président de l’Association pour la restauration et la valorisation de l’église de Saint-Marcouf-du-Rochy (Calvados), s’efforce de maintenir le lieu ouvert en organisant des conférences, concerts et autres expositions. L’objectif ? Pouvoir organiser chaque 1er mai la saint Marcouf. « Une fête emblématique de la Normandie et du Cotentin qui mérite bien que l’église soit ouverte », estime Patrick Levard. Bien que ce soit la seule messe de l’année que ce village de 90 habitants environ accueille, l’association normande y tient : « On fait tout pour la maintenir ouverte parce qu’une église fermée, c’est une église qui meurt. »
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