Mort de Jean-Marie Le Pen : cinquante ans de fractures
Jean-Marie Le Pen est mort mardi 7 janvier, à l’âge de 96 ans. Acteur majeur de la politique française pendant des décennies, il a fait émerger les thèmes de l’extrême droite au sein de la société française.
Lecture en 1 min.
Il était sans conteste un monument de la vie politique française. D’abord parce qu’il en a été un acteur majeur pendant des décennies, suscitant la répulsion, moins souvent l’adhésion, faisant émerger les thèmes de l’extrême droite dans la société française. Par la violence de ses idées et de ses mots, condamné à plusieurs reprises pour avoir nié l’existence des chambres à gaz, il aura aussi marqué des décennies de débat politique. Ancien membre d’un régiment de parachutistes pendant la guerre d’Algérie, il reconnaîtra avoir « torturé parce qu’il fallait le faire » : c’est aussi une part sombre de l’histoire de France qui disparaît.
Jean-Marie Le Pen, qui se revendiquait catholique, a pourtant entretenu des relations pour le moins difficiles avec l’Église catholique et sa hiérarchie. En 2002, alors qu’il franchissait pour la première fois la barre du second tour de la présidentielle, sa réutilisation des fameux mots de Jean-Paul II (« N’ayez pas peur, entrez dans l’espérance ») avait suscité la réprobation unanime des évêques, tout comme ces derniers avaient combattu longtemps son parti, identifié comme promouvant le rejet de l’autre.
Aujourd’hui, et alors que le parti qu’il a fondé, en compagnie de nostalgiques de Vichy, est désormais aux portes du pouvoir, certains ne manqueront pas de dire que Jean-Marie Le Pen a eu raison avant tout le monde. Mais cette large adhésion n’empêche en rien de constater qu’une dimension manque au projet politique porté par le père de Marine Le Pen et par son parti : la fraternité. Une dimension qui demeure incompatible avec le projet frontiste, dont la préférence nationale est encore aujourd’hui la colonne vertébrale. Part de la devise de notre République, directement héritée des valeurs évangéliques, la fraternité ne peut être qu’universelle.
Réagissez
Vous devez être connecté afin de pouvoir poster un commentaire
Déjà inscrit sur
la Croix ?
Pas encore
abonné ?