Hélène Carrère d’Encausse, figure de l’Académie française, est décédée
Première femme élue au poste de secrétaire perpétuel en 1999, l’historienne, ancienne députée et Grand-croix de la Légion d’honneur s’est éteinte ce samedi 5 août à l’âge de 94 ans.
“Il faut faire vivre le français, l'enrichir, faire de sa préservation le devoir de toutes nos vies”, avait-elle déclaré. Russe par sa mère, Géorgienne par son père, Hélène Carrère d’Encausse a rapidement maîtrisé les us et coutumes de la langue de Molière. Ce samedi 5 août, elle s’est éteinte “paisiblement entourée de sa famille”, d’après le communiqué relayé par ses proches. Historienne spécialiste de la Russie, elle est la troisième femme membre de l’Académie française. Le 21 octobre 1999, elle est la première élue au poste de secrétaire perpétuel. Elle naît à Paris en 1929. Son arbre généalogique compte des grands noms associés à l’Empire, des partisans comme des opposants. Toutefois, la gloire passée de sa famille, les Zourabichvili n’est plus lorsqu'ils émigrent en France.
Apatride, elle obtient la nationalité française en 1950. Deux ans plus tard, elle épouse, Louis Carrère d’Encausse, un assureur. Ensemble ils deviendront les parents d’Emmanuel, écrivain, scénariste et réalisateur, Nathalie, avocate, et Marina, médecin, animatrice de télévision et chroniqueuse radio. En parallèle, Hélène Carrère d’Encausse excelle et sort diplômée de l’Institut d’études politiques de Paris et un doctorat ès-Lettres. Elle renoncera à passer le concours d'entrée à l'École nationale d'administration mais plus tard, enseigne à la Sorbonne puis au collège d’Europe de Bruges. Sa réputation la précède et elle est invitée à transmettre son savoir dans des établissements au Japon et aux États-Unis.
Plus d’une trentaine d’ouvrages
Spécialiste des époques tsariste et soviétique, Hélène Carrère d’Encausse se fait remarquer en 1978 grâce à L’Empire éclaté. Sa vision avant-gardiste sur la fin de l’URSS documentée par un grand nombre d’archives lui vaudra le prix Aujourd’hui, le prix Louise Weiss en 1987 et le prix Comenius en 1992 pour l’ensemble de son œuvre étalée sur plus de trente livres. Elle est également la biographe de Lénine, Staline, Catherine II, Alexandre II, et est récompensée du prix des Ambassadeurs en 1997 pour Nicolas II. Parmi ses autres ouvrages, Hélène Carrère d’Encausse a écrit La Gloire des nations ou la fin de l’Empire soviétique, Russie, la transition manquée (2005), Les Romanov - Une dynastie sous le règne du sang (2013), La Russie et la France (2019) et Alexandra Kollontaï. La Walkyrie de la Révolution, son dernier ouvrage publié en 2021 chez Fayard.
“Comme elle, son legs est immortel”
Engagée en politique, Hélène Carrère d’Encausse devient présidente du Comité national pour le "oui" à Maastricht, créé par Jack Lang en 1992. Deux ans plus tard, elle est élue députée européenne, et est vice-présidente de la commission des Affaires étrangères et de la Défense. Dans le cadre de ses fonctions à l’Académie française, elle se lance en croisade pour défendre la langue qu’elle aime tant et qu’elle considère la propriété de tous. Dès son élection au poste de secrétaire perpétuel, elle s’oppose à la féminisation des titres et fonctions pour les femmes, à l’écriture inclusive et milite pour l’enseignement du grec ancien et la francophonie. “Comme elle, son legs est immortel”, a écrit Emmanuel Macron sur Twitter, rebaptisé X en guise d’hommage à sa mémoire.